Banque ottomane

Banque ottomane
logo de Banque ottomane

Création 1856
Dates clés 1924 : devient banque centrale en Turquie pour une durée de dix ans
Disparition 2001
Siège social ConstantinopleVoir et modifier les données sur Wikidata
Actionnaires Paribas (1920-1996)
Activité Banque
Société mère Garanti Bankası
Société suivante Banque centrale de la République de TurquieVoir et modifier les données sur Wikidata

La Banque ottomane (en turc Osmanlı Bankası) est une banque fondée en 1856 à Constantinople grâce à un accord actionnarial entre des investisseurs britanniques, français et le gouvernement ottoman. De 1863 à 1924, elle est nommée Banque impériale ottomane (en turc osmanli Bank-ı Osmanî-i Şahane), avant de retrouver son nom initial.

Originellement chargée de gérer la dette souveraine de l'Empire, elle remplit peu à peu les fonctions de banque centrale jusqu'à la création en 1931 de la Banque centrale de la république de Turquie. Elle mène alors des activités de banque commerciale, puis est rachetée en 1996 à Paribas par le Doğuş Holding, avant de fusionner en 2001 avec le groupe Garanti Bank.

Historique

La difficile réforme financière de l'Empire (1839-1847)

Billet de 20 kuruş (« piastres ») émis à Constantinople en 1852, l'un des nombreux papiers monétaires que l'Empire imprime, sans la garantie d'une banque centrale.

Les origines de la fondation de cette banque remontent à l'époque du Tanzimat (les réformes), durant laquelle le sultan Abdülmecid promulgua le rescrit impérial (Hatti-Cherif) de Gulkhane le 3 novembre 1839 qui prévoit une nouvelle planification fiscale et une réorganisation complète des finances impériales, et précise qu'« on s’occupera de la création de banques et d’autres institutions semblables pour arriver à la réforme du système financier et monétaire, ainsi que de la création de fonds destinés à augmenter la source de la richesse publique et matérielle de l’Empire... Pour arriver à ces buts, on recherchera les moyens de mettre à profit les sciences, les arts et les capitaux de l’Europe... »[1]. Il n'existait, officiellement, aucune banque d'affaires, commerciale ou d'investissement d'importance, mais l'équivalent du Trésor public, énorme structure administrative chargée de collecter différents impôts et taxes à travers l'Empire, structure que trois hommes vont tenter de réformer, Moustapha Reschid Pacha, Ali Pacha et Fuad Pacha, occupant tour à tour durant trente ans, le poste de grand vizir[2]. En 1839, pour accélérer ces réformes, une première émission de « billets équivalent à la monnaie » a lieu pour un montant de 16 millions de piastres de Constantinople, il s’agissait d’une sorte de bon du Trésor, remboursable au bout de 8 ans et portant intérêt à 8 %. En 1845, à la suite de la réforme monétaire — l'Empire ne possède alors aucune réelle unité monétaire, un peu comme l'Allemagne avant 1871 —, le gouvernement, souhaitant stabiliser le cours du change et empêcher la dépréciation de sa monnaie de compte, conclut un accord à cet effet avec deux banquiers du quartier de Galata (Karaköy), J. Alléon et Th. Baltazzi. Ceux-ci s’engageaient, en contrepartie d’une subvention annuelle de 2 millions de piastres, à maintenir le change au cours de 110 piastres pour 1 livre sterling ou 25 francs-or. En 1847, leur association prend le nom de Banque de Constantinople, mais, après la crise politique européenne de 1848, elle fut liquidée en 1852[3].

La guerre de Crimée et la dette souveraine turque

La guerre de Crimée déclenchée en octobre 1853, oppose l'Empire russe à une coalition formée essentiellement d'intérêts ottomans, français et britanniques, celle-ci est donc à l'origine de la fondation de la Banque ottomane. En effet, à la veille du conflit, un projet de « banque centrale turque » avait été déposé par Ariste Jacques Trouvé-Chauvel auprès du grand vizir, mais restait en suspens quand, à partir de 1854, une série d'emprunts très important est émise sur la place de Londres au nom du gouvernement ottoman. Les sommes accumulées atteignent 8,5 millions de £ en quelques mois, augmentant du même coup le poids de la dette publique. En 1857, après la fin des hostilités, l'empire se retrouve dans une situation difficile : sans parler de l'intérêt de la dette, circulent 480 millions de papier-monnaie émis et non garantis. Deux personnalités se portèrent garantes, Alexandre de Plœuc et Vere Henry Hobart (en) (1818-1875), et ce duo franco-britannique a donc l'idée de créer la Banque ottomane dans le but de rassurer les porteurs de bons d'emprunt. Plusieurs projets concurrents vont alors se positionner, celui de Londres, plus avancé, mais totalement britannique, va entrer en compétition avec celui de Paris, monté par les frères Pereire, mais réunissant des banques françaises et britanniques et d'un montant de plusieurs millions de £. Un protocole d'accord est signé entre ces derniers et Constantinople « pour négocier avec le gouvernement ottoman un traité ayant pour objet la réforme des monnaies de l’Empire, le retrait du papier-monnaie actuel, la fabrication et l’émission de toute monnaie de papier de banque nouveau, la concession du privilège de fonder et d’exploiter une banque de circulation et d’industrie sur des bases analogues à celles de la Banque de France et de la Société générale de Crédit mobilier de Paris, la concession de tous autres droits et privilèges ». En définitive, le grand vizir choisit la solution londonienne et l'Ottoman Bank, société de droit anglais, est définitivement incorporée par charte le 24 mai 1856, avec l'appui des financiers Austen Henry Layard, la maison Glyn, Mills and Co. et un certain Hankey pour un montant initial plus modeste de 500 000 £. La banque avait la faculté d’exercer son activité sur tout le territoire de l’Empire ottoman, à l’exception de l’Égypte. Le siège social était établi à Londres, 26, Old Broad Street, sous le nom de « Ottoman Bank Layard ». A.H. Layard présidait le conseil d’administration et Charles Ede occupait à Constantinople les fonctions de directeur. Si Ali Pacha donne son accord, il ne cessera durant la brève existence de cette première banque, de consolider ses rapports avec les intérêts français[3].

La Banque impériale ottomane

Siège de la Banque impériale ottomane situé quartier Galata (Constantinople), œuvre de l'architecte Alexandre Vallaury vers 1890.
Billet de 1 livre ottomane émis sous Abdülhamid II par la BIO en 1880 à Constantinople, en cinq langues (sources : SALT Research).

Dès 1856, la Banque ottomane ouvre ses principaux bureaux à Galata, puis des filiales à Smyrne, Beyrouth, et en Roumanie. Quelques mois plus tard, d'autres filiales ouvrent à Alep, Salonique et Andrinople[3]. Sur le plan politique, la situation va se dégrader, avec la multiplications des conflits dans tout l'Empire, entraînant une crise financière en 1861, contraignant Londres à publier un avis de liquidation[4]. Sur la place de Paris, un emprunt diligenté par Jules Mirès est lancé, mais, peine perdue, la confiance du public est ébranlée quand ce dernier est arrêté pour escroquerie ; en 1857, un consortium dirigé par le Britannique Joseph Paxton avait obtenu du grand vizir l'aval pour lancer la Banque de Turquie au capital de 7 millions de £, mais la Banque ottomane refusa de s'y associer, n'ayant pas confiance en Mirès — le groupe Paxton liquida sa banque en catastrophe[5]. Après la crise de 1861, l'arrivée aux affaires du grand vizir Mehmed Fuad Pacha permet de restaurer la confiance des marchés. En mars 1862, un emprunt de 8 millions de £ est souscrit quatre fois, dont 68 % fermes par l'Ottoman Bank. Près d'un milliard de piastres arrive dans les caisses du Trésor turc, permettant dès octobre d'apurer une bonne partie de la dette publique. Le 16 novembre, l'Ottoman Bank signe à Paris un accord important avec un consortium de banques françaises, principalement représenté par Rodolphe Hottinguer, qui prévoit la dissolution de cette première et la création de la Banque impériale ottomane impériale (BIO), qui prend donc en charge tous les actifs. Un conflit éclate bientôt au sujet de la nationalité des dirigeants de la banque et du lieu du siège social. Le renvoi temporaire de Fuad Pacha faillit, dès janvier 1863, faire annuler l'opération, mais l'accord définitif est signé le 4 février, avec comme capital initial 2,7 millions de £[6].

Les nouvelles missions de la BIO sont triples : elle est à la fois banque centrale, banque d’affaires et banque commerciale. Elle se voit confier le monopole de l’émission des billets dans l’Empire ottoman. Dès 1875, le gouvernement élargit ses prérogatives en lui confiant le contrôle du budget de l’État et l’assainissement de la situation financière : elle devient trésorier-payeur général de l’Empire. Vers 1890, elle contribue largement à financer l’économie et la promotion d’entreprises ferroviaires et minières. On compte vers 1900, près d'une centaine de filiales dans l'Empire et en Europe[7].

Place de la Bourse à Paris, la Banque ottomane ouvre son siège dans le même immeuble que la Banque franco-serbe. Plus tard, la nouvelle maison-mère, la Financière ottomane, était cotée à Paris, mais aussi à Londres et au Luxembourg[8].

En 1876, une insurrection bosniaque déclenche un conflit militaire entre la Russie et l'empire ottoman[9]. Les investisseurs dans la Banque ottomane sont en difficulté car la Turquie refuse de signer le protocole élaboré à Londres par les grandes puissances[9]. En un mois, l'emprunt public français de référence perd quatre points, l'italien six points et le russe dix points[9].

En 1890, est inauguré le siège de Constantinople, commandé à l'architecte franco-turc Alexandre Vallaury.

Le 26 août 1896 a lieu la prise du siège de la banque à Constantinople (Osmanlı Bankası Baskını) par un groupuscule de 25 activistes menés par Papken Siuni et Armen Garo, appartenant à la Fédération révolutionnaire arménienne, désireux d'attirer l'attention de l'opinion publique sur le sort réservé à leur communauté : en effet, depuis 1894, sont perpétrés les massacres hamidiens, durant lesquels 250 000 arméniens ont été tués. Les autorités reprennent la banque, puis, durant deux jours, ce sont plusieurs milliers d'Arméniens qui sont pourchassés et massacrés dans la capitale par une foule déchaînée, que le sultan Abdülhamid II peine à calmer[10]. Le Français Jean Jaurès dénonça le massacre des populations arméniennes dans un discours à la Chambre des députés le [11],[12].

En 1909, dans le cadre de l'Entente cordiale et à la suite de la révolution des Jeunes-Turcs, les Britanniques, afin de renforcer leur contrôle financier dans la région et contrer les intérêts allemands, fondent la National Bank of Turkey (en), et d'investir dans l'Anglo-Persian Oil Company[13].

L'Empire ottoman entre en guerre en octobre 1914 aux côtés des Empires centraux. Durant la Première Guerre mondiale, le tandem formé à Paris par le baron Rodolphe Hottinger (président) et Charles de Cerjat (directeur-administrateur délégué) permet à la BIO de maintenir ses activités malgré son statut de société turque. Pierre de Margerie, directeur des affaires politiques au ministère français des Affaires étrangères, recommande néanmoins à la banque de s’en tenir à l’exécution des engagements qui la lient au gouvernement turc, et de ne lui consentir aucune nouvelle facilité[14].

Le 19 octobre 1920, la Banque de Paris et des Pays-Bas prend la majorité des parts de la BIO[7].

Banque ottomane

Le Centre de recherches et des archives de la Banque ottomane, ancien siège social historique de la banque (Istanbul).

Une convention est signée avec le gouvernement turc à Ankara le 23 mars 1924 qui confirme les prérogatives de la Banque ottomane pour une durée de dix ans. En 1931, la création de la Banque centrale de la république de Turquie dans laquelle la Banque ottomane est actionnaire, restreint ses activités. La Première Guerre mondiale et l’éclatement de l’Empire ottoman avaient modifié considérablement le rôle de la Banque ottomane. Elle possède toujours des capitaux majoritairement français et britanniques, et la double direction entre Paris et Londres perdure longtemps. Après 1945, elle est la seule institution financière à racheter ses propres billets payables en or, opération inouïe qu'elle prolonge jusqu'en 1947. Son seul privilège est désormais, qu'en tant qu'institution étrangère, elle est la seule à pouvoir opérer en Turquie dans les mêmes conditions que les banques turques. Cependant, face à la concurrence croissante des banques à financement public et, à partir des années 1940, des banques privées locales, sa part de marché va régulièrement diminuer. La banque ottomane devient une banque moyenne répondant aux besoins d’une clientèle restreinte mais fidèle[15].

Dans les années 1970, la Compagnie financière de Paris et des Pays-Bas en devient le seul actionnaire important. Recentrée sur la Turquie, la BO est vendue au groupe turc Dogus (1996) puis fusionne avec la Garanti Bankası en septembre 2001 au moment de la crise financière turque[7]. Elle disparaît après 145 ans d'existence.

En 2011, la Garanti Bankası et le curateur Vasif Kortun (en) décident de fonder SALT, une institution turque consacrée à l'art contemporain et à des conférences, qui occupent désormais, dans le Bankalar Caddesi, les locaux de l'ancien siège de la BO, conjointement avec le Centre de recherche et des archives de l'ancienne banque (Ottoman Bank Archives and Research Centre (en) - OBARC)[16].

Dirigeants

Liste des présidents

Banque ottomane (1856-1863)

Banque impériale ottomane (1863-1924)

Présidents français :

Présidents britanniques :

Banque ottomane (1924-2001)

Présidents français :

Présidents britanniques :

Liste des directeurs généraux à Constantinople

Autres dirigeants notables

Notes et références

  1. G. Young, Corps de droit ottoman, tome V, p. 1-3 et AN 207 AQ 167 - Rapport sur l’exercice 1866 — cité par Autheman (1996).
  2. A. du Velay, Essai sur l’histoire financière de la Turquie : depuis le règne du sultan Mahmoud II jusqu'à nos jours, Paris, A. Rousseau, 1903, p. 120-131sur Gallica.
  3. a b et c « Les finances de l’Empire ottoman au temps d’Abd-ul-Medjid », dans La Banque impériale ottomane par André Autheman, Paris, Institut de la gestion publique et du développement économique, 1996, pp. 1-20 — lire sur openedition.org.
  4. (en) Albert Stephen James Baster, The International Banks, Londres, P. S. King & son, 1935, pp. 82-92.
  5. Roland Caty, Éliane Richard et Pierre Échinard, Les Patrons du second Empire, Paris, Picard, 1999, p. 205-208.
  6. « Chapitre II. Création de la Banque impériale ottomane », dans La Banque impériale ottomane, par André Autheman, Paris, Institut de la gestion publique et du développement économique, 1996, pp. 21-32 — lire sur openedition.org.
  7. a b et c « La Banque ottomane : une structure originale au service de l’Empire ottoman », Histoire de BNP-Paribas.
  8. "Le groupe Paribas cède la banque ottomane pour 1,2 milliard de francs" dans Les Échos du 02 avril 1996, page 16 [1]
  9. a b et c Colling 1949, p. 295
  10. (en) Peter Balakian, The Burning Tigris: The Armenian Genocide and America's Response, New York, HarperCollins, 2003, pp. 107–108.
  11. « Discours de Jean Jaurès à la Chambre des Députés, Paris, le 3 novembre 1896 », sur jaures.eu (consulté le ).
  12. Jean Jaurès, Il faut sauver les Arméniens, Mille et une nuits, 2006 (ISBN 978-2-84205-994-1), p. 13.
  13. Marian Kent, « Agent of Empire? The National Bank of Turkey and British Foreign Policy », in: The Historical Journal, 18, 1975, pp. 367-389.
  14. Comité pour l'Histoire Économique et Financière de la France, La banque impériale ottomane, Broché, , 294 p. (lire en ligne), p. 231-248
  15. (en) Ottoman Bank: Epilogue, sur le site obmuze.com, Musée de la Banque ottomane (Istanbul).
  16. (en) SALT Research, Ottoman Bank Archives and Research Centre, sur archives.saltresearch.org.
  17. Sir William Clay (1791-1869) est un important armateur et négociant, membre du Parlement britannique — (en) The Peerage, UK Archives.

Voir aussi

Bibliographie

  • Document utilisé pour la rédaction de l’article André Autheman, La Banque impériale ottomane, collection Études générales, Paris, Comité pour l'histoire économique et financière de la France, 1996, (ISBN 9782110878410).
  • Aurélien Chevallier, Banque Impériale Ottomane : inventaire commenté des archives, Institut Français d'études anatoliennes, 1994.
  • Aurélien Chevallier, La Banque ottomane dans l'Entre-Deux-Guerres. La Banque Ottomane et le règlement allié de la fin de l'Empire Ottoman 1918-1920, Mémoire de maîtrise sous la direction de F. Caron, Paris, Université de Paris-Sorbonne, Paris IV, 1994.
  • Aurélien Chevallier, « L'entrée de la Banque de Paris et des Pays-Bas dans le capital de la Banque impériale Ottomane, en octobre 1920 », dans Études et documents, CHEFF, VII, 1995, pp. 267-296.
  • (en) Alfred Colling, La Prodigieuse Histoire de la Bourse, Paris, Société d'éditions économiques et financières, .
  • (en) Edhem Eldem, A 135 -Year-Old Treasure. Glimpses from the past in the Ottoman Bank archives, Istanbul, Osmanlı Bankası, 1998.
  • (en) Edhem Eldem, A History of the Ottoman Bank, Istanbul, Ottoman Bank Historical Research Center, 1999.

Articles connexes

Liens externes

Read other articles:

Church in Saxony-Anhalt, GermanyAll Saints' ChurchSchlosskirche (German)Apse and belfry of the SchlosskircheLocationWittenberg, Saxony-AnhaltCountryGermanyDenominationLutheranPrevious denominationRoman CatholicWebsiteschlosskirche-wittenberg.de/HistoryFounder(s)Frederick III, Elector of SaxonyDedicationAll SaintsConsecrated17 January 1503ArchitectureArchitect(s)Conrad PflügerStyleLate GothicGroundbreaking1490Completed1511UNESCO World Heritage Site UNESCO World Heritage SitePart ofLuther Me…

Counter revolutionary move to curtail the elections for the Duma vte1905 Russian Revolution Bloody Sunday Poland Łódź Latvia [ru; lv] Riga [ru] Verkhneudinsk [ru] Potemkin mutiny Armenian–Tatar massacres Peasants Sevastopol Kiev Pogrom Vladivostok [ru] 1st Kronstadt Tikhoretskaya [ru] Moscow Gorlovka [ru] Shuliavka Motovilikha [ru] 2nd Kronstadt [ru] Sveaborg Coup Nicholas II's opening sp…

Bank Internasional untuk Rekonstruksi dan PembangunanLogoTanggal pendirian1944StatusTraktatTipeInstitusi keuangan pembangunanTujuanBantuan pembangunan, pengentasan kemiskinanKantor pusatWashington, D.C.Jumlah anggota 188 negaraPresiden Bank DuniaMantanOrganisasi indukWorld Bank GroupSitus webworldbank.org/ibrd Bank Internasional untuk Rekonstruksi dan Pembangunan (bahasa Inggris: International Bank for Reconstruction and Development, disingkat IBRD) adalah institusi keuangan internasional ya…

2020年夏季奥林匹克运动会波兰代表團波兰国旗IOC編碼POLNOC波蘭奧林匹克委員會網站olimpijski.pl(英文)(波兰文)2020年夏季奥林匹克运动会(東京)2021年7月23日至8月8日(受2019冠状病毒病疫情影响推迟,但仍保留原定名称)運動員206參賽項目24个大项旗手开幕式:帕维尔·科热尼奥夫斯基(游泳)和马娅·沃什乔夫斯卡(自行车)[1]闭幕式:卡罗利娜·纳亚(皮划艇)[2…

المطبخ الكاريبي هو نتاج انصهار المطابخ الأفريقية والأوروبية[1] والهندية والصينية والاميركية التي جلبها المستعمرون معهم وقام الشعب الكاريبي بإضافة خليطهم الخاص ونكهاتهم المفضلة لخلق مأكولات كاريبية مميزة. ومن أشهر الأطباق الكاريبية خارج منطقتهم هي اللحوم المقددة، وبخ…

Untuk negara Islam yang dipimpin oleh para khalifah ini, lihat Kekhalifahan Rasyidin. Khulafaur RasyidinArab: الخلفاء الراشدونMuhammad (atas), dan para Khulafaur Rasyidin. Abu Bakar (kiri), Umar, Ali, dan Utsman (kanan). Dari Subhat al-Akhbar, Perpustakaan Nasional Austria.GelarKhalīfat ar-Rasūl (masa Abu Bakar)Amirul Mukminin (sejak masa Umar)KediamanMadinah (632–656)Kufah (656–661)Ditunjuk olehSyurāPejabat perdanaAbu BakarDibentuk8 Juni 632Pejabat terakhirAli bin Abi …

本條目存在以下問題,請協助改善本條目或在討論頁針對議題發表看法。 此條目需要編修,以確保文法、用詞、语气、格式、標點等使用恰当。 (2013年8月6日)請按照校對指引,幫助编辑這個條目。(幫助、討論) 此條目剧情、虛構用語或人物介紹过长过细,需清理无关故事主轴的细节、用語和角色介紹。 (2020年10月6日)劇情、用語和人物介紹都只是用於了解故事主軸,輔助讀…

 本表是動態列表,或許永遠不會完結。歡迎您參考可靠來源來查漏補缺。 潛伏於中華民國國軍中的中共間諜列表收錄根據公開資料來源,曾潛伏於中華民國國軍、被中國共產黨聲稱或承認,或者遭中華民國政府調查審判,為中華人民共和國和中國人民解放軍進行間諜行為的人物。以下列表以現今可查知時間為準,正確的間諜活動或洩漏機密時間可能早於或晚於以下所歸類…

American college football season 2017 Boston College Eagles footballPinstripe Bowl, L 20–27 vs. IowaConferenceAtlantic Coast ConferenceDivisionAtlantic DivisionRecord7–6 (4–4 ACC)Head coachSteve Addazio (5th season)Offensive coordinatorScot Loeffler (2nd season)Defensive coordinatorJim Reid (3rd season)CaptainJon Baker, Charlie Callinan, Kamrin MooreHome stadiumAlumni StadiumUniformSeasons← 20162018 → 2017 Atlantic Coast Conference football standin…

Peta Pulau Futuna dan Alofi Futuna (bahasa Prancis: [fy.ty.na]) adalah sebuah pulau dengan luas sebesar 80 km2 di Samudra Pasifik. Pulau ini merupakan bagian dari Wallis dan Futuna yang merupakan komunitas seberang laut Prancis. Pulau ini memiliki jumlah penduduk sekitar 4.871 jiwa berdasarkan sensus tahun 2003 dan juga merupakan salah satu pulau di Kepulauan Hoorn atau Îles Horne (pulau lainnya adalah Pulau Alofi). Keduanya merupakan sisa dari gunung berapi purba yang sudah tidak akt…

Part of a series onAnarchism History Outline Schools of thought Feminist Green Primitivist Social ecology Total liberation Individualist Egoist Free-market Naturist Philosophical Mutualism Postcolonial African Black Queer Religious Christian Jewish Social Collectivist Parecon Communist Magonism Without adjectives Methodology Agorism Illegalism Insurrectionary Communization Expropriative Pacifist Platformism Especifismo Relationship Syndicalist Synthesis Theory Practice Anarchy Anarchist Black Cr…

Part of a series on theHistory of Hawaii Early history (pre–1795) Discovery and settlement c. 1219–1266 Battle of Kealakekua Bay 1779 Hawaiian Kingdom (1795–1893) Kamehameha dynasty 1795–1874 Unification of Hawaii 1810 Laplace affair 1839 Paulet affair 1943 French invasion of Honolulu 1849 American Civil War 1861–1865 Kalākaua dynasty 1874–1893 Reciprocity Treaty 1875 Bayonet Constitution 1887 Rebellions and revolutions 1887–1895 Overthrow 1893 Provisional (1893–1894) Lepe…

Overview of the legality and prevalence of abortions in the Philippines This article needs to be updated. The reason given is: It is missing the provisions of the RA 10354, the Responsible Parenthood and Reproductive Health Act of 2012, on abortion and treatment of post-abortive complications. Please help update this article to reflect recent events or newly available information. (March 2018) Abortion is illegal in the Philippines.[1] Abortion The constitutional provision that [The Stat…

Labor pool in employment Several terms redirect here. For other uses, see Workforce (disambiguation), Worker (disambiguation), and Working Man (disambiguation). Not to be confused with Forced labour or Labour power. Labour force participation rate In macroeconomics, the labor force is the sum of those either working (i.e., the employed) or looking for work (i.e., the unemployed): Labour force = Employed + Unemployed {\displaystyle {\text{Labour force}}={\text{Employed}}+{\text{Un…

Waterfall on the Snake River, Idaho Shoshone FallsShoshone Falls in August 2018Location in the United StatesShow map of the United StatesLocation in IdahoShow map of IdahoLocationJerome/Twin Falls County, Idaho, U.S.Coordinates42°35′43″N 114°24′03″W / 42.59528°N 114.40083°W / 42.59528; -114.40083[1]TypeBlockElevation3,255 ft (992 m) at crest[1]Total height212 ft (65 m)[2]Number of drops1Total width925 ft (282…

العلاقات السعودية الموريتانية   موريتانيا   السعودية السفارات   السفير : الدكتور محمد الأمين ولد الشيخ   العنوان : الرياض، السعودية   السفير : الدكتور هزاع بن زبن بن ضاوي المطيري   العنوان : نواكشوط، موريتانيا تعديل مصدري - تعديل   ال…

La grande ideaDaffy Duck e il Dr. LorreTitolo originaleBirth of a Notion Lingua originaleinglese Paese di produzioneStati Uniti d'America Anno1947 Durata7 min Rapporto4:3 Genereanimazione RegiaRobert McKimson SceneggiaturaWarren Foster ProduttoreEdward Selzer Casa di produzioneWarner Bros. MusicheCarl Stalling Animatori Richard Bickenbach Cal Dalton I. Ellis Rod Scribner Anatole Kirsanoff Fred Jones Doppiatori originali Mel Blanc: Daffy Duck, Joe Besser Duck Stan Freberg: Peter Lorre Doppia…

إرنست وايلد   معلومات شخصية الميلاد 10 أغسطس 1879   الوفاة 10 مارس 1918 (38 سنة)   كالكارا  [لغات أخرى]‏  سبب الوفاة حمى التيفوئيد  مواطنة المملكة المتحدة لبريطانيا العظمى وأيرلندا  الحياة العملية المهنة مستكشف  الخدمة العسكرية الفرع البحرية الملكية البريطا…

يفتقر محتوى هذه المقالة إلى الاستشهاد بمصادر. فضلاً، ساهم في تطوير هذه المقالة من خلال إضافة مصادر موثوق بها. أي معلومات غير موثقة يمكن التشكيك بها وإزالتها. (ديسمبر 2018) هولندا كأس العالم 1990 الاتحاد المشرف اتحاد هولندا لكرة القدم البلد المضيف  إيطاليا المدرب مونديال 1986 مون…

Brest БрэстБрест BenderaLambangNegara BelarusVoblastBrest VoblastRaionBrest RaionDidirikan1019Pemerintahan • MayorAlexander PalishenkowLuas • Total145 km2 (56 sq mi)Ketinggian280,4 m (9,199 ft)Populasi (2010) • Total310.800 • Kepadatan2.143/km2 (5,550/sq mi)Zona waktuUTC+2 (EET) • Musim panas (DST)UTC+3 (EEST)Postal code224000Kode area telepon+375 (0)162License plate1Situs webwww.brest.g…