Ce petit village de l'Avant-Pays savoyard[Note 1] sans rôle particulier dans la grande Histoire, comme l'observe en « Avant-propos » de son ouvrage l'historien local Paul Guichonnet, fait tout de même l'objet de deux monographies, en 1881 puis 1985. La commune n'est peut-être pas le théâtre des grands événements qui se déroulent dans le Faucigny ou le duché de Savoie, mais participe à son niveau des différents mouvements profonds de l'histoire. Ainsi de l'Antiquité à nos jours, quelques traces issues de fouilles, de l'observation du bâti ou encore de l'aménagement de l'espace agricole permettent de comprendre l'évolution de cette communauté.
Géographie
Localisation
Arthaz-Pont-Notre-Dame est une commune située dans la province historique du Faucigny et appartenant à la sous-région naturelle de l'avant-Pays savoyard[2],[3],[4]. Installée sur un plateau en rive droite de la rivière de l'Arve, elle appartient à la « Basse-Arve »[3]. Elle se trouve sur l'axe traditionnelle menant de Genève vers vallée de l'Arve et du mont Blanc[4].
Arthaz-Pont-Notre-Dame s'étend sur 596 hectares, à une altitude moyenne de 475 m, sur un plateau entre les rivières de l'Arve et son affluent la Ménoge[4]. La partie centrale du plateau est occupée par le chef-lieu et les hameaux de la Chapelle, de Pilly de Truaz et du Pont. Au sud, une cuvette sur la rive droite de l'Arve, où nous trouvons le hameau de Nant, que l'on peut atteindre par la fameuse côte des Échelettes. Au nord, sur les hauteurs, nous avons les villages de Rossat, du Cry, de la Forge et des Cormants.
Communes limitrophes
Arthaz-Pont-Notre-Dame possède une frontière communale à l'ouest avec le village de Monnetier-Mornex, au sud, sur la rive gauche de l'Arve avec celui de Reignier-Ésery, puis en continuant vers l'est avec les villages de Nangy, Cranves-Sales et Bonne, et au nord, sur la rive droite de la Menoge, avec celui de Vétraz-Monthoux.
La situation d'Arthaz-Pont-Notre-Dame, d'une altitude médiane de 596 m, se trouve dans un climat continentalmontagnard caractérisé par une humidité marquée[5]. L'historien Paul Guichonnet précise cette appartenance, dans sa monographie du village, se trouve sous un climat de type d'avant-pays préalpin, tempéré, caractérisé par sa situation entre les climats plus rudes du Jura et des Alpes[6].
Au , Arthaz-Pont-Notre-Dame est catégorisée ceinture urbaine, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[7].
Elle appartient à l'unité urbaine de Genève (SUI)-Annemasse (partie française)[Note 2], une agglomération internationale regroupant 34 communes, dont elle est une commune de la banlieue[Note 3],[8],[9]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Genève - Annemasse (partie française), dont elle est une commune de la couronne[Note 4],[9]. Cette aire, qui regroupe 158 communes, est catégorisée dans les aires de 700 000 habitants ou plus (hors Paris)[10],[11].
Occupation des sols
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de donnéeseuropéenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (52,6 % en 2018), en diminution par rapport à 1990 (56,4 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante :
forêts (30,7 %), zones agricoles hétérogènes (21,9 %), terres arables (21 %), zones urbanisées (16,7 %), prairies (9,7 %)[12].
L'IGN met par ailleurs à disposition un outil en ligne permettant de comparer l’évolution dans le temps de l’occupation des sols de la commune (ou de territoires à des échelles différentes). Plusieurs époques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aériennes : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Carte des infrastructures et de l'occupation des sols en 2018 (CLC) de la commune.
Carte orthophotogrammétrique de la commune.
Toponymie
Le toponyme Arthaz-Pont-Notre-Dame est un nom issu de la fusion des communes de Pont-Notre-Dame avec Arthaz, en 1818[13].
Le toponyme Arthaz serait dérivé du mot gauloisartos, qui signifie « ours » (arta, « ourse »), soit un « lieu fréquenté par les ours » ou le nom d'un homme ayant ce nom ou ce sobriquet[14],[15]. Peut-être l'ours était-il l'animal totem des Allobroges, le peuple celte de la région. Une racine indo-européenne *rk-s-o-s, rk-to-s, possède le même sens[15]. Le village est mentionné sous la forme Artas (1275, 1344) et le restera jusqu'à la fin du XVIIIe siècle[14],[15]. On trouve parfois la forme Dardel par substitution, porté par les seigneur d'Arthaz, dit Dardel (mentionnée en 1119 selon le Regeste genevois, n°250, puis en 1279 selon l'armorial de Foras, t. V). D'autres toponymes de la commune ont une origine gauloise[14].
Pont-Notre-Dame est quant à lui un toponyme composé du mot pont et de l'ancienne paroisse dédiée à Marie. Il n'existe aucune source mentionnant la présence d'un pont en ce lieu, mais comme les auteurs de l'Histoire des communes savoyardes l'indiquent, celui-ci a « dû exister puisqu'il donne son nom à une minuscule paroisse instituée en 1446 »[4].
En francoprovençal, le nom de la commune s'écrit Artâ selon la graphie de Conflans ou encore Arta selon l'ORB[16].
Histoire
Préhistoire et Antiquité
Paul Guichonnet souligne que la situation de la commune en position de plateau associée à des terres fertiles en ont permis une installation humaine précoce[17].
Arthaz se trouve dans le territoire des Allobroges qui contrôlent l'avant-pays plat, entre le Rhône et les Alpes[18].
Période médiévale
Au Moyen Âge, le territoire de la commune relevait de deux seigneuries ; celle d'Arthaz et celle de Truaz.
Arthaz était le siège d'une seigneurie, au centre de laquelle on trouvait la bâtie ou maison forte dite de La Bastie-Dardel, ou Bâtie-Dardel, ou Bâthie Dardel (Bastida (Bastita) Dardellorum, la Batiaz, cadastre n°1241), du XIIe siècle, dont il ne subsiste pratiquement plus aucune trace (quelques pans de mur et trace de fossés)[19]. Elle contrôlait le chemin d'Annemasse et fut ruiné par les Genevois en 1589. Il était situé sur promontoire au dessus de la Menoge[19]. Les sires d'Arthaz, surnommés Dardel[20], sont mentionnés depuis 1119 (Régeste genevois, n°256[21]) et sont considérés comme parents des comtes de Genève[19].
Elle est mentionnée en 1350[22] dans un inventaire après décès avec : « un moulin et un battoir sur la Menoge[23], le verger de l'Essert, sous la bâtie[24], dans la cuisine quatre harnais et des éperons[25] et une grande quantité de bois pour le pèle[26] »[27].
Dans la cour de la maison on trouve le four, complété d'un pétrin et d'une pâtière[28].
Il y a également trois granges, la première est « jointe à ladicte maison » dans laquelle est entreposé du froment, avoine, seigle, fèves, pois et paille de blé. La seconde est distante de la maison, elle est entourée de fossés dans lesquels il y a du poisson, la troisième du nom de « Chancol » est cernée de vignes et contient un pressoir[29].
Histoire administrative : vers la fusion des communes
Entre 1780 et 1837, Arthaz fait partie de la province de Carouge, division administrative des États de Savoie. En 1818, Pont-Notre-Dame est incorporée à cette même province[13]. Cette dernière est supprimée en 1837 et les communes sont intégrées à la province de Faucigny[13].
En 1803, les paroisses de Pont-Notre-Dame et Arthaz sont réunies pour donner naissance à la nouvelle entité[4].
Il semble que la paroisse de Pont-Notre-Dame soit incapable de faire vivre une paroisse. La distance entre les deux chefs-lieux n'était que de 1,5 km, Arthaz comptait alors 464 habitants contre 75 à Pont-Notre-Dame, et un seul propriétaire pouvant remplir les fonctions de maire, la fusion fut décrétée le , par arrêté du baron Capelle, préfet du Léman[30]. Pont-Notre-Dame reste autonome tout en étant administrée par le maire d'Arthaz[30]. La fusion est définitive en 1818[13].
Lors des débats sur l'avenir du duché de Savoie, en 1860, la population est sensible à l'idée d'une union de la partie nord du duché à la Suisse. Une pétition circule dans cette partie du pays (Chablais, Faucigny, Nord du Genevois) et réunit plus de 13 600 signatures[Note 5], dont 112 pour Arthaz[33]. Le duché est réuni à la suite d'un plébiscite organisé les 22 et 23 avril 1860 où 99,8 % des Savoyards répondent « oui » à la question « La Savoie veut-elle être réunie à la France ? »[34].
Les habitants sont appelés les Arthaziennes et les Arthaziens[39].
Démographie
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[40]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2005[41].
En 2021, la commune comptait 1 657 habitants[Note 6], en évolution de +15,07 % par rapport à 2015 (Haute-Savoie : +5,99 %, France hors Mayotte : +1,84 %).
La ville abrite les bâtiments d'un Point « Info-Familles », d'un centre communal d’action sociale, d'un Espace emploi, d'un Service d'entraide aux anciens qui s'occupe des personnes âgées (depuis 1996) et des personnes handicapées (depuis 2003).
Médias
Radios et télévisions
La commune est couverte par des antennes locales de radios dont France Bleu Pays de Savoie, ODS Radio, etc. Enfin, la chaîne de télévision locale TV8 Mont-Blanc diffuse des émissions sur les pays de Savoie. Régulièrement, l'émission La Place du village expose la vie locale. France 3 et sa station régionale France 3 Rhône-Alpes peuvent parfois relater les faits de vie de la commune.
Arthaz Pont-Notre-Dame a été récompensée pour sa politique Internet par le label « Ville Internet » en 2010 (@@)[Note 7].
Économie
Tourisme
En 2015, la capacité d'accueil de la station, estimée par l'organisme Savoie Mont Blanc, est de 31 lits touristiques répartis dans 7 structures[Note 8], dont 1 meublé, les autres étant des hébergements non marchands[45].
Charles Pellevat (1845-1900), salésien, évêque de Nagpur (Inde) de 1893 à 1900[48].
Héraldique
Blason
Parti ; au premier de gueules à l’ours rampant contourné de sable, au second coupé, au I d’or à Notre Dame à l’Enfant au naturel, vêtue d’azur issant du trait de partition et au II de sinople à deux rivières d'azur mouvant du chef, l'une à dextre enjambée d'un pont d'une arche d'argent, l'autre à senestre enjambée d'un pont de quatre arches du même, et se rejoignant en pointe.
Détails
Armes parlantes (Arthur = ours + pont + Notre-Dame). Le statut officiel du blason reste à déterminer.
Voir aussi
Bibliographie
Henri Baud, Jean-Yves Mariotte, Alain Guerrier, Histoire des communes savoyardes : Le Faucigny, Roanne, Éditions Horvath, , 619 p. (ISBN2-7171-0159-4), p. 86-99 « Arthaz-Pont-Notre-Dame », p. 79-85, « Le canton d'Annemasse ».
Abbé Adolphe-François Brachet, Monographie de la paroisse d'Arthaz-Pont-Notre-Dame, t. 3 de l'Académie salésienne, J. Niérat, , 31 p.
Élisabeth Sirot, Noble et forte maison : L'habitat seigneurial dans les campagnes médiévales du milieu du XIIe au début du XVIe, Paris, Editions Picard, , 207 p. (ISBN978-2-7084-0770-1, BNF41038785)
↑Il s'agit ici des plaines et plateaux de l'avant-pays de la Haute-Savoie plutôt que la quasi-province historique de l'Avant-Pays savoyard situé dans le département de la Savoie. Pour une définition de cet avant-pays savoyard[2].
↑Une unité urbaine est, en France, une commune ou un ensemble de communes présentant une zone de bâti continu (pas de coupure de plus de 200 mètres entre deux constructions) et comptant au moins 2 000 habitants. Une commune doit avoir plus de la moitié de sa population dans cette zone bâtie.
↑Dans une agglomération multicommunale, une commune est dite de banlieue lorsqu'elle n'est pas ville-centre, à savoir que sa population est inférieure à 50 % de la population de l’agglomération ou de la commune la plus peuplée. L'unité urbaine de Genève (SUI)-Annemasse (partie française) comprend une ville-centre et 33 communes de banlieue.
↑Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2024, millésimée 2021, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2023, date de référence statistique : 1er janvier 2021.
↑Le palmares des Villes Internet (1999 à aujourd'hui) sur le site officiel de l’association « Ville Internet » indique pour Arthaz PND[44] :
2010 « @@ ».
↑La structure Savoie Mont Blanc, pour ces données statistiques de capacité d'accueil en termes de lits touristiques d'une station ou d'une commune, additionne les établissements marchands, qui appartiennent au secteur de l'hôtellerie, et les hébergements non marchands, qui n'impliquent donc pas de transaction commerciale comme les résidences secondaires[45].
Cartes
↑IGN, « Évolution de l'occupation des sols de la commune sur cartes et photos aériennes anciennes. », sur remonterletemps.ign.fr (consulté le ). Pour comparer l'évolution entre deux dates, cliquer sur le bas de la ligne séparative verticale et la déplacer à droite ou à gauche. Pour comparer deux autres cartes, choisir les cartes dans les fenêtres en haut à gauche de l'écran.
Références
↑Le -az final ne se prononce pas, mais indique que l'accentuation du mot va sur la première syllabe, Henri Dénarié, « Berlioz ne rime pas avec myxomatose », La Voix des Allobroges, (lire en ligne) (Article publié dans le numéro 13 de La Voix des Allobroges, été 2007) et Jean-Baptiste Serron avec Marc Bron, « Comment bien prononcer les noms de nos communes? », L'Essor savoyard, (lire en ligne) .
↑ a et bLire notamment l'article de Paul Guichonnet, « L'avant-pays savoyard. Essai de délimitation régionale », Revue de géographie alpine, vol. 46, no 3, , p. 517-526 (lire en ligne).
↑ ab et cHenry Suter, « Artas, Athaz », sur le site d'Henry Suter, « Noms de lieux de Suisse romande, Savoie et environs » - henrysuter.ch, 2000-2009 (mis à jour le 18 décembre 2009) (consulté en ).
↑Lexique Français - Francoprovençal du nom des communes de Savoie : Lé Kmoune in Savoué, Bruxelles, Parlement européen, , 43 p. (ISBN978-2-7466-3902-7, lire en ligne), p. 15
↑ abc et dLouis Blondel, Châteaux de l'ancien diocèse de Genève, vol. Volume 7, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, coll. « Mémoires et documents », , 486 p., p. 321.
↑« Amédée d'Arthaz, dit Dardel, [...] vend au Chapitre de Genève des vignes et des droits à Colonges » dans un acte de vente du (REG 0/0/1/1178), publié dans le Régeste genevois (1866), que l'on peut consulter en ligne dans le Répertoire chronologique des sources sur le site digi-archives.org de la Fondation des Archives historiques de l'Abbaye de Saint-Maurice.
↑Acte de donation du (REG 0/0/1/256), publié dans le Régeste genevois (1866), que l'on peut consulter en ligne dans le Répertoire chronologique des sources sur le site digi-archives.org de la Fondation des Archives historiques de l'Abbaye de Saint-Maurice.