Selon l'historien arménien Moïse de Khorène, ils descendraient d'ancien rois d'Assyrie, prétention qu'ils partagent avec la famille Gnouni. Il semble en fait qu'ils descendent plus sûrement des anciens princes de Sophène[1] de la dynastie orontide[2]. À l'origine, leur fief est la montagneuse principauté d'Aghbak[3], mais ils profitent de la disparition des Rechtouni au IVe siècle puis des Ervandouni vers 451, de telle sorte que vers 500, leurs possessions couvrent déjà le noyau du futur royaume du Vaspourakan et les placent parmi les quatre grandes familles arméniennes (avec les Mamikonian, les Bagratouni et les Siouni)[2].
Le plus ancien Arçrouni attesté est un certain Vacé, tué avec sa famille sur l'ordre du roi Tigrane VII. Il semble cependant qu'il s'était révolté contre le roi avec Zora Rechtouni. Seul un fils, Savasp, survit sauvé par Artavazd et Vasak Mamikonian dont il épouse une fille. Vers 357, Savasp tue le roi Tigrane.
Savasp a un fils, Mérouzhan, qui est nommé gouverneur d'Arménie en 363, mais qui trahit son pays en appelant Shapur II, roi sassanide de Perse[1].
La famille apparaît ensuite en 414 avec Savasp qui s'oppose à Châhpûhr, prince sassanide d'Arménie, qui persécute les chrétiens. La famille doit provisoirement s'exiler à Byzance, mais le prêtre Alan Arçrouni et son frère Mérouzhan reviennent ensuite en Arménie.
Un Sahak Arçrouni est cité en 484, puis on ne parle plus de cette famille avant 594, quand un Vardan Arçrouni se rend à la cour de Perse. Varaz-Sapouh entreprend le même voyage en 607.
Après l'instauration de l'Arménie arabe, la famille continue son expansion[4]. En 705, les Arabes organisent une campagne de répression en Arménie et exécutent, entre autres, Grigor et Koruim Arçrouni. Il semble qu'ils aient un frère, Vahan, père de Sahak et de Hamazasp, tous deux nakharark en 762, qui combattent les pillards arabes mais sont tués et vengés par leur frère Gagik Arçrouni. Ce dernier est capturé peu avant la bataille de Bagrévand, en 772 et meurt en prison. Le fils aîné, Hamazasp, réussit à s'emparer du Vaspourakan, mais est emprisonné par les Arabes en 782 avec ses frères Sahak et Mérouzhan. Hamazasp et Sahak sont décapités en 785 et Mérouzhan libéré.
La famille de l'empereurLéon V l'Arménien : il est fils d'un Bardas (v. 735 † 792), stratège des Anatoliques, puis patrice. Il a également deux neveux, Bardas († 821), duc de 813 à 820, et Grégorios († 823), stratège. Le patriarche Nicéphore Ier écrivit une notice sur Léon V, lequel l'avait fait déposer, qui relate que ce dernier était arménien et descendant d'« un mauvais rejeton parricide de Sennacherib, roi des Assyriens ». Cette référence au roi assyrien renvoie aux familles arméniennes Arçrouni et Gnouni, qui revendiquaient également cette ascendance. La documentation de l'époque ne permet pas de trancher entre les deux familles, mais les prénoms de Bardas et Gregorios sont les traductions des prénoms arméniens Vardan et Grigor, portés par des princes Arçrouni[10],[11].
↑Selon Pʿawstos Biwzandac̣i, Šavasp Arçrouni, fils de Vacé, fut le seul survivant du massacre de sa famille ordonné par le roi Tiran. Il fut sauvé par Artavazd et Vasak Mamikonian, et épousa la fille d'un de ses sauveurs. Christian Settipani pense plus probable que ce soit la fille de Vasak Mamikonian, étant donné que son prénom se retrouve dans la descendance (Settipani 2006, p. 311-312).
↑Selon Christian Settipani, Šavasp, étant l'unique survivant du massacre de la famille, ne peut pas avoir eu de frère ayant eu une postérité (Settipani 2006, p. 313).
↑Plusieurs textes arméniens permettent de reconstituer ce fragment de généalogie. Il semble que Toumanoff ait confondu deux Šavasp. Outre que cela est contredit par le fait que Šavasp, prince en 350, ne pouvait pas avoir de frère (voir note précédente), cette identification pose un problème chronologique, le Šavasp étant oncle du prêtre Alan cité en 450 (Settipani 2006, p. 313-315).
↑ a et bContrairement à Cyrille Toumanoff qui les confond, Christian Settipani fait la distinction entre Isaac/Sahak cité en 484 et son homonyme père de Vasak tué par les Perses en 610 (Settipani 2006, p. 316).
↑ abc et dEn 705, les Arabes s'emparent de plusieurs nobles et les pendent, parmi lesquels Šoušan Kamsarakan, Grigor Arçrouni, Korium Arçrouni, Varaz-Šapouh Amatoumi et son frère. Christian Settipani considère comme possible une parenté entre Grigor Arçrouni, Korium Arçrouni et Varaz-Šapouh Amatoumi, étant donné que ce dernier porte le même prénom qu'un ancêtre Arçrouni (Settipani 2006, p. 319). Un peu plus tard, Gagik Kamsarakan fonde à Vardanakert une église en mémoire des martyrs de 705, notamment sa sœur Šoušan. Christian Settipani estime possible qu'une parenté relie Šoušan Kamsarakan à Grigor et Korium Arçrouni, puisqu'ils furent suppliciés ensemble, et suggère qu'elle soit leur mère. Cela pourrait expliquer l'apparition des prénoms Vahan et Gagik dans la famille (Settipani 2006, p. 321).
(en) Richard G. Hovannisian (dir.), Armenian Van/Vaspourakan, Costa Mesa, Calif., Mazda Publishers, coll. « Historic Armenian Cities and Provinces », (ISBN978-1-568-59130-8).