Agathe Kanziga est née le à Giciye dans l'ancienne province de Gisenyi, au nord-ouest du Rwanda[1]. Sa famille descend de l’un des clans hutu du nord du Rwanda, considéré comme une haute lignée parmi les hutus, les Abahinza. Le 17 août 1963, elle épouse Juvénal Habyarimana, un militaire de carrière qui prend le pouvoir le 5 juillet 1973 par un coup d'État militaire.
Au début des années 1990, l'Akazu (« petite maison », en kinyarwanda) est un cercle politique et financier composé d'extrémistes hutu, parmi lesquels son frère aîné Protais Zigiranyirazo, qui se constitue autour d'elle[2],[3],[4]. Elle est souvent considérée comme la véritable patronne de l'Akazu[5], accusation qu'elle nie[6].
En octobre 2009, le Rwanda émet un mandat d'arrêt international pour « génocide » et « crimes contre l'humanité » à son encontre. Elle est interpellée le en Essonne sur la base de ce mandat d'arrêt international[21],[22]. La demande d'extradition est rejetée le 28 septembre 2011 par la cour d'appel de Paris[23],[18].
En mai 2011, la préfecture de l'Essonne rejette une nouvelle demande de permis de séjour en raison d'une « menace à l'ordre public » que constituerait la présence d'Agathe Habyarimana. Ce rejet est annulé par le tribunal administratif de Versailles en octobre 2011. La préfecture fait appel devant la Cour administrative d'appel mais la décision est confirmée en novembre 2012[24]. La préfecture de l'Essonne fait alors appel devant le Conseil d'État, qui soutient la préfecture dans son refus de délivrer un permis de séjour le 4 juin 2013[25],[19]. Agathe Habyarimana saisit alors la Cour européenne des droits de l'Homme en décembre 2013[26],[25].
Le 21 décembre 2018, les juges d'instruction Jean-Marc Herbaut et Nathalie Poux rendent une ordonnance de non-lieu concernant l'attentat du 6 avril 1994[27],[28], comme l'avait requis le Parquet le 10 octobre 2018 [29]« en l’absence de charges suffisantes »[30]. Agathe Kanziga annonce vouloir faire appel par la voix de son avocat, Philippe Meilhac[31],[28]. En juillet 2020, la cour d'appel de Paris confirme la décision des juges antiterroristes qui avaient ordonné en décembre 2018 d'abandonner les poursuites contre neuf membres ou anciens membres de l'entourage du président rwandais Paul Kagamé[32].
En août 2021, la cour d'appel de Paris juge « irrecevable » la demande de non-lieu d’Agathe Habyarimana, soupçonnée d’être impliquée dans le génocide commis contre les Tutsis au Rwanda[33],[25].
Le 15 février 2022, la Cour de cassation valide l'ordonnance de non-lieu de 2018 et rejette ainsi les pourvois déposés par les familles de victimes de l'attentat[34]. Le même jour, la juge d'instruction chargée de l'enquête pour « complicité de génocide et de crimes contre l'humanité » visant Agathe Habyarimana met un terme aux investigations contre elle, prélude à un possible non-lieu, aucune mise en examen n'ayant été prononcée[35].
↑André Guichaoua, « 3. Une transition politique obligée », dans Rwanda : de la guerre au génocide, La Découverte, coll. « Cahiers libres », , 83–126 p. (ISBN978-2-7071-5370-8, lire en ligne)
↑Radio France internationale, Demande d'asile à nouveau rejetée, 15 février 2007, [1] : « En situation illégale sur le territoire français depuis 1998 » ; Christophe Ayad, Libération, jeudi 15 février 2007, Pas d'asile pour Agathe Habyarimana : « La veuve du président Habyarimana, qui vit en France depuis 1994 sans aucun papier ni statut [...] ».
↑(en) Commission des Recours des Réfugiés (CRR), « CRR, 15 février 2007, 564776, Mme Agathe Kanziga veuve Habyarimana », sur Refworld (consulté le ) : « Ces éléments [...] constituent également des raisons sérieuses de penser que Mme Agathe KANZIGA veuve HABYARIMANA a participé en tant qu'instigatrice ou complice à la commission du crime de génocide, entendu au sens des stipulations de l'article 1er, F, a) de la convention de Genève comme la réalisation d'un crime contre l'humanité au sens des instruments internationaux élaborés pour prévoir des dispositions relatives à ces crimes tels la convention du 9 décembre 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide, qui punit au même titre que le génocide, la complicité de génocide ; il y a lieu dès lors d'exclure Mme Agathe KANZIGA veuve HABYARIMANA du bénéfice des dispositions protectrices de la convention de Genève par l'application de l'article 1er, F, a) de ladite convention [...] »
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Christophe Ayad, Libération, jeudi 15 février 2007, Pas d'asile pour Agathe Habyarimana : « La veuve du président Habyarimana [...] a l'intention de se pourvoir devant le Conseil d'État [...]. Mais un tel recours n'est pas suspensif d'une éventuelle expulsion. Il n'y a toutefois presque aucune chance que l'encombrante hôte soit contrainte de quitter la France. [...] Paris ne peut pas l'expédier dans un pays, où la peine de mort est toujours en vigueur et où un jugement équitable n'est pas garanti. »
↑RTL info, mercredi 16 mai 2007, La veuve Habyarimana visée par une information judiciaire en France : « le Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR) [...] avait déposé [mi-février] une plainte avec constitution de partie civile contre Mme Habyarimana ».
↑ ab et cRaphaël Doridant et François Graner, L’État français et le génocide des Tutsis au Rwanda, Agone, , 6 mars 2020 (ISBN9782748903935), p. 291-293