« Coudenberg », ou en néerlandais moderne Koudenberg, signifie « colline froide ». C'est la plus haute des collines du Bruxelles médiéval. Le lieu fut aussi connu sous les appellations de :« Frigidus mons », à l'ablatif « Frigido Monte »[1] ou de « Froidmont »[2] (traduction française de Koudenberg). Jusqu'au XIXe siècle, on écrivait aussi Caudenberg[2].
Pendant le XVe siècle et les périodes bourguignonne et autrichienne, les évènements religieux liés à la cour de la Maison de Bourgogne prennent place dans l'église priorale, tels le baptême de Marie de Bourgogne en 1457, les obsèques d'Isabelle de Bourbon en 1465, les funérailles et l'inhumation, en 1481, de François de Habsbourg fils de Maximilien de Habsbourg et de Marie de Bourgogne décédé à l'âge de quatre mois. À partir du XVIe siècle et la construction, par Charles Quint, d'une chapelle dans le prolongement de l'Aula Magna du palais, les évènements religieux vont se dérouler dans cette chapelle palatine.
En 1618, l'église du monastère devient paroissiale.
Naissance de l'abbaye du Coudenberg
En 1731, la prévôté devient le bâtiment principal d'un ensemble monastique, élevé au rang d'abbaye. Adrien Touron[note 1]devient père-abbé mais l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche lui reproche d'avoir marié clandestinement (à l'insu de ses parents) un prince avec sa lingère. Il en meurt de chagrin en 1743[7].
L'église abbatiale, qui est gravement endommagée par un incendie en 1743, soit douze ans après celui du palais du Coudenberg, ne sera jamais restaurée car, bien que l'abbaye de la Cambre ait, pour ce faire, prêté 150 000 florins, le père-abbé du Coudenberg ne peut rembourser cette dette et se voit obligé de céder trente-cinq bonniers de terrain à la Cambre[8].
Il est rapporté qu'en 1774 l'abbé maltraite ses religieux mais consent des dépenses énormes pour la construction de bâtiments[9]. C'est ainsi que lors de l'aménagement de la place Royale, entre 1776 et 1781, l'abbaye fait démolir l'église incendiée, dont l'axe de la nef était perpendiculaire à l'actuelle rue de Namur et avec le parvis donnant sur celle-ci[note 2], et la fait reconstruire perpendiculairement à la nouvelle place. C'est l'église Saint-Jacques-sur-Coudenberg telle que nous la connaissons aujourd'hui, achevée en 1787. Elle fait également bâtir les deux hôtels particuliers attenants à l'église[9] — les Hôtels de Coudenberg — qu'elle revend en 1784 à cause de la difficulté financière créée par tous ces financements[10]. Ces bâtiments sont, actuellement, ceux, aux nos 7-8, de la Cour constitutionnelle[11] et, aux nos 5-6, de l'espace culturel ING.
Lors de la période belge, entre 1834 et 1870, les bâtiments de l'ancienne abbaye sont occupés par l'état-major de l'École militaire fraichement créée par le roi Léopold Ier.
Quant à l'église, si officieusement elle est considérée comme « paroisse royale », elle devient en 1986 la cathédrale du diocèse auprès des Forces armées belges.
Adrien de Touron (+1743) [14] : juge synodal de l'archidiocèse de Malines, il est nommé chapelin héréditaire (sic) des ducs de Brabant et de Bourgogne car il a accepté pour son abbaye de s'occuper de la chapelle Saint-Hubert de la Vénerie à Watermael-Boitsfort, ayant d'ailleurs confié cette tâche à son neveu Michel Meeûs, prêtre de la communauté[15]. Il rencontre là le jeune prince Maximilien de Rubempré, comte de Merode-Montfort, marquis de Trélon, et grand veneur du Brabant qu'il marie clandestinement en son abbaye avec l'autorisation écrite du cardinal d'Alsace[16]. Ce fut le grand scandale bruxellois de 1743 avec le long internement du prince à la forteresse d'Anvers et le décès de l'abbé (mort de chagrin après avoir été destitué pour le motif qu'une fille est née un mois après le mariage).
Nicolas Cloquet (+1769)
Gilles Warnots est admis comme membre des États de Brabant en 1775[4]. Le , les religieux décident de construire l'église de la place Royale en reconnaissance de cette admission[4], mais en fait, c'est Charles de Lorraine qui invita l'abbé à participer à l'édification de l'église, ce qui ruina le monastère[4].
Grégoire Joseph Van der Heyden est cité comme sous-diacre et prélat de l'abbaye parmi les autorités ecclésiastiques présentes lors d'une procession en souvenir du Saint-Sacrement de miracle en 1781[17].
Aspects architecturaux et culturels
L'abbaye contenait autrefois des tableaux de Pierre Paul Rubens. On peut noter par contre qu'il subsiste[4],[18] :
l'église édifiée par l'architecte Guimard de 1776 à 1785, et desservant la paroisse royale en 1973 ;
au 10, rue de Namur, un bâtiment de style Louis XVI qui servit successivement de lycée, de collège, d'athénée puis d'école militaire jusqu'en 1874. Dans ce bâtiment, Léopold II réunissait souvent les pionniers du Congo.
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Galerie d'illustrations
Le domaine de l'abbaye au XVe siècle.
L'abbaye, dans la partie inférieure-droite, en 1659.
Les bâtiments de l'ancienne abbaye et l'église en 1837.
L'ensemble architectural construit par l'abbaye sur la place Royale.
Notes et références
Notes
↑Une estampe aux armes d'Adrien Touron, montrant un écu contenant un ouroboros (serpent se mangeant la queue) surmonté d'une mitre et de deux crosses posées "en sautoir", symbole d'une "double dignité", est présente dans le livre de Cafmeyer racontant l'histoire des hosties profannées de 1370. Le tableau représente un texte de la Genèse (18, 1-10a) : Abraham donne l'hospitalité au Seigneur et à deux autres hommes aux chênes de Mambré. Le Seigneur lui promet un fils dans l'année. Sous le tableau, on peut lire : reverendissimus ac amplissimus dominus Adrianus Touron abbas sancti Jacobi in Coudenbergh Bruxellis, ducum Brabantiae & burgundiae sacellarius hereditarius : per archidiaecefim Mecchlinienfem judex synodalis.
↑Le parvis se trouvait à l'endroit de l'actuel no 10 de la rue de Namur et faisait face à la rue des Aveugles (devenue plus tard rue de l'Arsenal) aujourd'hui disparue dans les bouleversements urbanistiques de la bruxellisation.
↑« Vue de la façade du chalet norvégien », Rue Brederode no 10, sur reflexcity.net (consulté le ) : « À droite, un mur, vestige de la première enceinte »
↑Comte Henri de Calenberg, Journal pour l'année 1743, Société des Bibliophiles de Belgique, Bruxelles, tome 1, 1913.
Joseph Delmelle, Abbayes et béguinages de Belgique, Bruxelles, Rossel Édition,
Émile Poumon, Abbayes de Belgique, Bruxelles, Office de Publicité, S. A.,
Jean-Pierre Félix, Orgues, cloches et carillon de l'abbaye puis paroisse St. Jacques sur Coudenberg à Bruxelles, Bruxelles, Jean-Pierre Félix, , 363 p. (OCLC499297491)
Denise van Derveeghde, Inventaire analytique des archives ecclésiastiques du Brabant, t. II : Inventaire des archives de Saint-Jacques sur Coudenberg, Bruxelles, Archives Générales du Royaume, coll. « Archives de l’État Région de Bruxelles-Capitale / Abbayes et chapitres » (no 1), , 456 p. (OCLC311783740), 1 : Inventaire analytique des chartes (1190 - 1756) (KBR code B 2003 1.022)
Placide Lefèvre, « L'Obituaire de la Prévôté de Saint-Jacques-sur-Coudenberg à Bruxelles », Cahiers bruxellois / Brusselse cahiers : Revue d'histoire urbaine, archives de la ville de Bruxelles / Tijdschrift voor stadsgeschiedenis, archief van de stad Brussel, Bruxelles, Mina Martens, no 1, , p. 97 à 160 (ISSN0007-9626 et 1784-5157) (OCLC174733619) (KBR code B 13.143)
Eugène Bacha et Hector De Backer, Le journal du comte Henri de Calenberg pour l'année 1743, tome 1, Société des Bibliophiles et Iconophiles de Belgique (3 volumes), Bruxelles, 1913.
Pergameni, Inventaire (liasse 796, n°13, p 191) aux Archives de la Ville de Bruxelles. Acte du prélat Touron du 2 octobre 1737.