L'abbaye[2] est fondée le par l'abbé Bon-Henry Onfroy (1777-1857). Fils du fermier du Houguet, où il est élevé, ordonné prêtre en 1806, curé de Digosville, celui-ci désirait se consacrer à la vie monastique. Son évêque accepta à condition qu'il fonde un monastère dans le diocèse qui comptait de nombreuses et belles abbayes abandonnées depuis la Révolution, mais Bon Onfroy n'avait pas d'argent pour les acheter. Enfin, un terrain inculte et marécageux lui est proposé à Bricquebec par un meunier qui devint novice les premières années, avant de se raviser et de vendre en partie son terrain au monastère. Une affiche de détaille les biens en présence : trois moulins (froment, orge, sarrasin) dans le Bois du Pied-Duval pour une surface de 4 ha et 80 a, et une terre, triage des Luzernes, contenant une maison, un cabinet, des chambres, des étables, une grange, un pressoir, un cellier et des cours sur environ 8 ha.
Bon Onfroy désirant se rattacher à un ordre monastique existant, l'abbaye de Port-du-Salut (Mayenne) lui prête trois moines pour aider le jeune monastère à vivre la vie cistercienne. Le , le pape Léon XII reconnaît celui-ci comme prieuré et l'affilie à l'ordre de Cîteaux, congrégation de Notre-Dame de la Trappe (qui est le futur ordre cistercien de la stricte observance), dépendant de l'abbaye de Melleray en Loire-Atlantique. En 1834, l'église est construite suivant les plans érigés par Charles Robert (1804-1885), chanoine et doyen du chapitre de Rouen.
En 1836, Rome érige le prieuré en abbaye et son fondateur devient le premier abbé sous le nom de Dom Augustin Onfroy. Parmi les successeurs de l'abbé fondateur, Dom Vital Lehodey fit connaître l'abbaye par ses ouvrages spirituels à la diffusion importante.
Les moines de Bricquebec assèchent les marécages, créent une ferme de vaches laitières, des moulins, une fromagerie, un élevage porcin, un élevage avicole, un laboratoire de charcuterie et un magasin monastique. Ils ont longtemps été célèbres en Normandie pour leur fromage, la Trappe de Bricquebec.
Pendant la Première Guerre mondiale, l'abbaye abrite l'hôpital auxiliaire 117, comprenant 60 places, qui accueillera une majorité d'hommes du Nord de la France et de Belgique[3].
Avec l'ouverture du Japon au XIXe siècle viennent les missionnaires. Deux prieurés sont créés dans le Hokkaido (Japon)[4]: en 1896 à Tobetsu (moines)[5] et en 1898 à Tenshien (moniales)[6],[7]. Les débuts y sont difficiles, mais avec l'acceptation de la paternité des maisons du Japon par Dom Vital Lehodey (1857-1948)[8], ces fondations vont s'épanouir et essaimer sur le territoire nippon :
En 2023, la communauté compte 9 moinescistercienstrappistes, le supérieur est Dom Simon-Marie Nguyen (à partir du 14 septembre 2024). Les trappistes de Bricquebec ont fondé plusieurs abbayes filles au Japon et chaque année, le supérieur se rend au Japon pour leur rendre visite.
Vue du clocher et d'une cour de l'abbaye.
Vue de l'église abbatiale et de l'hôtellerie de l'abbaye.
Vue du cloître depuis l'hôtellerie.
Charcuterie de la Trappe
Un moine de la communauté, le père Marc, passionné par l'élevage du porc, a monté une petite entreprise élevant des porcs et confectionnant de la charcuterie[14].
Listes des supérieurs depuis la fondation
1824 - 1825 : Père Augustin Onfroy, Fondateur
1825 - 1826 : Dom Pierre Gauban, Prieur provisoire
1826 - 1836 : Dom Augustin Onfroy, Prieur titulaire
1836 - 1857 : Dom Augustin Onfroy, abbé
1857 - 1858 : Dom Bernard Bazin, supérieur provisoire
1858 - 1872 : Dom Bernard Bazin, abbé
1872 - 1874 : Dom Germain Furet, supérieur provisoire
1939 - 1940 : Dom Marie-Joseph Marquis, prieur administrateur
1940 - 1981 : Dom Marie-Joseph Marquis, abbé
1981 - 1996 : Dom René Bonpain, abbé
1996 - 2011 : Dom Charles Robilliard, abbé
2011 - 2015 : Dom Paul Houix, supérieur ad nutum (abbé émérite de Timadeuc)
2015 - 2017 : Dom Charles Robilliard, supérieur ad nutum (abbé émérite)
2017 - 2024 : Père Bernard Duymentz, de l’Abbaye de la Trappe, Commissaire Apostolique du Monastère de Bricquebec
2024 - ... : Dom Simon-Marie Nguyen, supérieur ad nutum
Bibliographie
Jean-Baptiste Vaschy, Vie cénobitique du Père Paul-Marie, religieux-profès de la Trappe de Notre-Dame-de-Grâce, près Bricquebec, Lyon, Mothon aîné, 1844 [lire en ligne].
Le Révérend Père Dom Augustin Onfroy et la Fondation de Notre-Dame de Grâce, Cherbourg, Impr. Saint-Joseph, 1902, 496 p..
P. Irénée Vallery-Radot, La mission de Dom Vital Lehodey, Paris, Les Éditions du Cerf, 1956, 246 p.
P. Bruno Brard, Dom Vital Lehodey : Abbé de Notre-Dame-de-Grâce, Bricquebec Manche, 1857-1948, Paris, J. Gabalda, , 256 p. (ASINB000WQNBYO).
Gérard Vivier, Le moine et le soldat : l'abbaye Notre-Dame de Grâce de Bricquebec au cours de la Seconde Guerre mondiale, Bricquebec, Abbaye N.-D. de Grâce, 2004, 93 p..
Père Michel Niaussat, Frère Vital ou le triomphe de la grâce : Suivi de Autobiographie originale de Dom Vital Lehodey, Desclée De Brouwer, , 212 p. (ISBN978-2-2200-5816-0).
Alain Cruchet, Antoinette Duboc, Maurice Lécrivain, « Histoire de la fromagerie de la Trappe de Bricquebec » in La Passion des Etiquettes de Fromage, , no 176, p. 8-9.
Collectif, Histoire de l'abbaye Notre-Dame de Grâce de Bricquebec, Coutances, Ocep, 104 p. (ASINB00P9I32FS).
Dom Vital Lehodey, Le saint abandon, Artège Editions, , 640 p. (ISBN979-1-0336-0362-7).
Notes et références
Notes
↑Louis Furet (1845-1893), né à La Colombe. Il assura l'existence économique de l'abbaye avec une ferme, une porcherie et la première fromagerie de la région[15].
↑Dom Vital Lehodey (1857-1948), né à Hambye, était entré à la Trappe en 1890, élu abbé en 1895. Auteur du Le Saint Abandon, Gabalda, 6e édition, 1930, Il y mourut en 1948.
↑René Gautier et al. (préf. Jean-François Le Grand, postface Danièle Polvé-Montmasson), 601 communes et lieux de vie de la Manche : Le dictionnaire incontournable de notre patrimoine, Bayeux, Éditions Eurocibles, coll. « Inédits & Introuvables », , 704 p. (ISBN978-2-35458-036-0), p. 280.