46e cérémonie des César
La 46e cérémonie des César du cinéma, organisée par l'Académie des arts et techniques du cinéma, s'est déroulée à Paris, à l'Olympia (et non, comme habituellement, à la salle Pleyel), le et a récompensé les films sortis en France en 2020. Cette année ayant été marquée par la fermeture des salles de cinéma à cause de la pandémie de Covid-19, la cérémonie a rendu « hommage à ceux qui, au cours de l'année 2020, ont sorti leurs films malgré les incertitudes et les obstacles ». Elle est présidée par Roschdy Zem[1] et présentée par Marina Foïs[2], tandis que les sketches sont écrits par Laurent Lafitte et Blanche Gardin[3]. Pour capter la soirée diffusée sur Canal+, Tristan Carné succède à Jérôme Revon, aux commandes de l'émission depuis une vingtaine d'années[4]. Cette année, le mode de visionnage des films éligibles est modifié[5] et le César du public supprimé[6], tandis qu'un nouveau César[7] apparaît : le César anniversaire[8]. La cérémonie réalise l'une des pires audiences de son histoire, et essuie de nombreuses critiques quant à la vulgarité et l'impréparation des interventions, ainsi que sur le sentiment donné que seul le milieu du cinéma, porté par ses discours revendicatifs, a souffert de l'épidémie de Covid. Présentateurs et intervenantsPar ordre d'apparition :
PalmarèsLe , les nominations sont publiées sur le site de l'Académie à 10 h[10].
Récompenses spéciales
Nominations et victoires multiplesRéformes dues au changement de gouvernance de l'AcadémieEn 2020, l’Académie fait peau neuve avec de nouveaux statuts[13], un nouveau système de vote[14],[15], de nouveaux représentants de l'assemblée générale[16], une nouvelle présidente et un nouveau vice-président[17] afin — selon Margaret Menegoz, alors présidente par intérim — d'introduire « plus de diversité, plus de parité, et plus de démocratie » dans le fonctionnement de l'Académie et de renforcer l’implication de ses 4 600 membres qui déploraient n’avoir « aucune voix au chapitre » dans les décisions de leur organisation[14],[15]. Disparition du César du publicCette année, le César du public disparaît. Très contesté[18], ce prix avait récompensé en 2020 Les Misérables de Ladj Ly (2 116 719 entrées[19]) alors que la comédie Qu'est-ce qu'on a encore fait au Bon Dieu ? de Philippe de Chauveron était no 1 au box-office français avec plus de 6,7 millions d'entrées[20],[6]. Modification du mode de visionnage des films éligiblesCette année également, les projections privées et publiques sont annulées du fait de la situation sanitaire créée par la pandémie de Covid-19[5] et, pour des raisons à la fois économiques et sécuritaires, les membres de l'académie ne reçoivent pas non plus le traditionnel coffret de DVD qui leur permettait de procéder au vote[21]. L'accès aux films se fait aujourd'hui via la plateforme privée de visionnage César mise en ligne en décembre 2020 pour chaque membre de l’académie[5] à la demande de plusieurs sociétés de production. Le coût à débourser afin de faire figurer un film dans ce coffret est de 7 000 €[22] et de nombreux intervenants ont déjà demandé dans le passé de le remplacer par une plateforme fermée de films en streaming, à la manière de l'académie des Lumières[22]. Un autre reproche est que les films inclus sont très rapidement piratés malgré les mesures prises (avertissements, cryptage des DVD…)[23],[24],[25]. Fait marquant : Corinne Masiero se dénude sur scèneAlors qu'elle doit décerner le César des meilleurs costumes, l'actrice Corinne Masiero se présente tout d'abord déguisée en Peau d'Âne pour finalement se dévêtir et se présenter entièrement nue, des tampons hygiéniques usagés accrochés aux oreilles et recouverte de faux sang pour dénoncer la souffrance des intermittents du spectacle[26],[27]. Sur son corps, deux messages sont peints. Côté face : « No culture, no future », et côté pile : « Rend nous l'art Jean ! » (sic)[28], allusion à Jean Castex, alors Premier ministre, accusé de réduire les artistes au silence au cours de la pandémie de Covid-19 en France[29]. Réception critique et audimatLe Monde déplore une « languissante cérémonie », « dialoguée lourdement », rythmée par de nombreux discours revendicatifs « donnant l’impression un peu agaçante que seuls les professionnels du septième art, prenant l’audience à témoin, avaient souffert de la pandémie »[30]. Le journal revient quelques jours plus tard sur la cérémonie en ces termes : « beaucoup ont parlé de naufrage, voire de suicide collectif, après la cérémonie des Césars qui a eu lieu il y a une semaine à l’Olympia : vulgarité, nombrilisme, arrogance. »[31]. Pour L'Obs, si la première demi-heure de la cérémonie a fait mouche, le reste est accablant : « vannes bâclées ou mal jouées, prime à la vulgarité (…), décomposition lente d’une maîtresse de cérémonie naviguant à vue entre deux punchlines scatologiques et croulant sous le poids des quatre heures de direct »[32]. Pour Le Figaro, « il n'est pas impossible qu'on ait assisté à la soirée la plus calamiteuse depuis la création des César ». Entre tribunes politiques et blagues douteuses, la 46e édition de la prestigieuse cérémonie aurait oublié l'essentiel : parler de cinéma[33]. Le Huffington Post constate que, servant de tribune politique, la cérémonie n'a pas plu à tout le monde[34], et La Voix du Nord parle de « démonstrations plus ou moins heureuses, revendicatives, vulgaires, émouvantes. »[35]. La cérémonie est également critiquée par de nombreuses personnalités du cinéma et de la culture. Sidonie Dumas, directrice générale de Gaumont, dit « regretter l’image du cinéma qu’elle a donnée, même si le milieu a incontestablement souffert. C’était un procès à charge, il y manquait la part de rêve que les gens attendent du cinéma, surtout dans une période aussi éprouvante pour tout le monde »[36]. Pour Gérard Jugnot, co-lauréat d'un César d'honneur : « Ce n’est pas ça qui va donner envie aux gens de retourner au cinéma. La soirée aurait pu être militante et politique avec un peu de légèreté et d’humour. C’est vrai qu’on souffre mais nous ne sommes pas les seuls. Il ne faudrait pas faire croire aux gens qu’il n’y a que les artistes qui souffrent dans cette période »[37]. L'agent Dominique Besnehard avance que « la cérémonie n'intéresse plus personne car ça ne ressemble plus au cinéma. C'est un truc d'entre-soi pour bobos parisiens »[38]. Émilie Dequenne, sacrée lors de la soirée, déplore le manque de glamour de la cérémonie et sa dimension politique, contre-productive[39]. La cérémonie est également qualifiée de « navrant[e] » par la ministre de la culture, Roselyne Bachelot, estimant que la soirée « n'a pas été utile au cinéma français »[40]. Jean Castex, premier ministre, visé par Corinne Masiero dans ses revendications, estime quant à lui qu'il a connu « des cérémonies de meilleure tenue »[41]. Cette édition n'a été suivie que par 1 643 000 personnes, soit 9,1 % du public[42]. Sachant que le record d'audience historique fut de 3,9 millions de téléspectateurs en 2012 — avec un pic de 4,6 millions[43] —, il s'agit d'une des plus mauvaises parts d'audimat jamais enregistrées pour une cérémonie des César[44],[45]. Notes et références
AnnexesArticles connexes
Liens externes
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