Une élection présidentielle a lieu au Mali en 1997. Inscrites dans un processus électoral incluant les élections législatives et les élections communales, elle se déroule dans un climat tendu entre l’opposition et le pouvoir, le premier tour des élections législatives du ayant été annulé par la Cour constitutionnelle pour graves irrégularités[1]. Malgré la demande de l’opposition, le processus électoral se poursuit avec la tenue de l’élection présidentielle le . Les principaux candidats de l’opposition retirent leur candidature et le président sortant Alpha Oumar Konaré est réélu dès le premier tour avec plus de 95 % des voix face à Mamadou Maribatrou Diaby.
Quelques mois avant les élections, le gouvernement malien procède à une révision du code électoral. Un projet de loi est présenté à l’Assemblée nationale et adopté uniquement par les députés de la majorité. La Cour constitutionnelle, saisie par des députés de l’opposition, censure le certains aspects, notamment :
le monopole de présentation des candidatures par les partis politiques
la composition de la Commission électorale nationale indépendante
un mode de scrutin différencié selon l’importance de la population des circonscriptions électorales[3],[4].
Un nouveau projet est élaboré en concertation avec différents partis de la majorité et de l’opposition et est adopté par l’Assemblée nationale le [3].
Ce nouveau code électoral maintient le mode de scrutin de liste majoritaire à deux tours par circonscription électorale, autorise les candidatures indépendantes et institue une Commission électorale nationale indépendante (CENI)[3].
Elle a comme mission la préparation et l’organisation des élections et notamment l’établissement de la liste électorale, l’organisation matérielle du vote, l’impression et la répartition dans les bureaux de vote du matériel électoral (bulletins de vote et enveloppes)[3].
Annulation des législatives
Le premier tour des élections législatives, qui ouvre le processus électoral, se tiennent le . Elles se déroulent dans la confusion avec notamment l’absence d’une liste électorale faible. L’opposition, qui se regroupe dans le Collectif de l’opposition (Coppo) demande l’annulation du scrutin, la démission du gouvernement, la dissolution de la CENI et la suspension du processus électoral[6].
Le , la Cour constitutionnelle annule le scrutin du 13 avril pour graves irrégularités[1]. Des nouvelles élections législatives sont programmées pour le mois de juillet et le processus électoral se poursuit.
L'élection présidentielle
Mode de scrutin
La Constitution malienne de 1992 prévoit que Le Président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct et au scrutin majoritaire à deux tours. Il n'est rééligible qu'une seule fois. Tout candidat aux fonctions de Président de la République doit être de nationalité malienne d'origine et jouir de tous ses droits civiques et politiques[7].
Les candidats
Dans un premier temps, dix candidats se sont présentés[8] :
Après le premier tour contesté des élections législatives du , l’opposition a décidé de retirer ses représentants au sein de la CENI pour protester contre la mauvaise organisation et réclame la suspension du processus électoral. Les neuf candidats déclarés pour l’élection présidentielle ont retiré leur candidature, laissant seul le président sortant[9]. Cependant, Mamadou Maribatrou Diaby est revenu sur sa décision et devient l’unique adversaire d’Alpha Oumar Konaré.
L'avant scrutin
L’opposition n’a cessé de demander la suspension su processus électoral jusqu’à la réunion des conditions nécessaires pour la tenue d’élections régulières, transparentes et crédibles[6].
Trois représentants des associations de défense des droits de l'homme au sein de la CENI, Mamadou Danté, Seydou Coulibaly et Djeneba Diop Sidibé demandent dans une lettre ouverte adressée au président Alpha Oumar Konaré le report d’un an de l’élection présidentielle et la formation d'un gouvernement de transition composé de personnalités de la majorité et de l’opposition et de représentants de l'armée[10].
Le gouvernement et le parti du président, l’Adéma-Pasj souhaitent eux le maintien de l’élection.
Le , le gouvernement a publié un arrêté repoussant les dates de l’élection, initialement prévue les 4 et au 11 et [11].
Le et le , l’opposition déposent des requêtes en annulation auprès de la Cour constitutionnelle mais celle-ci les juge non recevables le , et maintien la date du premier tour au [12],[11].
Le scrutin
Malgré la demande des candidats de l’opposition qui se sont retirés, les bulletins en leur nom étaient présents dans les bureaux de vote.
Les observateurs de la mission de l’Organisation internationale de la francophonie déclarent dans leur rapport que « des progrès importants et significatifs ont été enregistrés lors de ces élections présidentielles, par rapport aux élections législatives du 13 avril 1997. Une nette amélioration a été constatée au niveau de l’organisation matérielle du scrutin et au
niveau du fonctionnement des bureaux de vote. Les opérations électorales se sont déroulées dans le respect des règles légales et des principes relatifs à la régularité du scrutin, malgré certaines imperfections, constatées ici et là »[11].
Le lendemain du scrutin, le Collectif de l’opposition maintenait sa décision de ne pas reconnaître les résultats du scrutin et espérait son annulation par la Cour constitutionnelle[11].
Résultats
La Cour constitutionnelle a annulé les votes en faveur des huit candidats de l'opposition qui s'étaient retirés et elle a proclamé les résultats définitifs[13] :
Résultat de l’élection présidentielle malienne de 1997[14]
Le , le président Alpha Oumar Konaré, est investi pour un second mandat de 5 ans. Une manifestation de l’opposition se déroule à Bamako à proximité du lieu de l’investiture. Les forces de l’ordre dispersent quelques centaines manifestants qui avaient érigé des barricades et brûlé des pneus[15].
Le processus électoral se poursuit avec les élections législatives qui se tiennent le et le , boycotté par une grande partie de l’opposition. Elles se déroulent dans un climat extrêmement tendu où se succèdent manifestations interdites, violences contre les biens (incendie du siège de l’Adéma-Pasj) et les personnes, arrestations des dirigeants de l’opposition. L’Adéma-PASJ obtient la majorité absolue dans la nouvelle assemblée[16].
Le collectif de l’opposition n’a cessé, les années qui ont suivi l’élection, de contester la réélection d’Alpha Oumar Konaré.
↑Des dissidents de l'Adema créent un parti, le MIRIA, Afrique-Express, 23 décembre 1994 [1]
↑ abc et dOrganisation internationale de la francophonie, Rapports de la mission exploratoire et de la mission d’observation des élections législatives du 13 avril 1997 - rapport de la mission exploratoire du 10 au 16 février 1997 [2]
↑Nouveau projet de code électoral, Afrique express N° 128, 9 décembre 1996
↑ a et bCommuniqué des responsables de la CPP, du PARI, du PUDP, des Partis du FCD, du RFP et les Candidats aux Elections Présidentielles, réuni au siège du MIRIA à Bamako le 14 avril 1997 [3]
↑Constitution de la République du Mali de 1992, Article 30 et 31, consultable sur le site du Prodej [4]
↑Élection présidentielle : dix candidats, dont le président Konaré Afrique express N° 143, 10 avril 1997
↑Législatives ratées : le sort du premier tour dans les mains de la Cour Constitutionnelle, Afrique express N° 144, 24 avril 1997 [5]
↑Présidentielle contestée : après l'opposition, des personnalités indépendantes en demandent le report, Afrique express N° 145, 8 mai 1997 [6]
↑ abc et dOrganisation internationale de la Francophonie, Rapport de la mission d’observation à l’occasion du premier tour des élections présidentielles du 11 mai 1997
↑Les résultats de l'élection présidentielle : Konaré sans surprise, Afrique express N° 146, 15 mai 1997
↑Les résultats de l'élection présidentielle : Konaré sans surprise, Afrique express N° 146, 15 mai 1997 [7]
↑Manifestations lors de l'investiture du président Konaré N° 148 du Jeudi 19 juin 1997 [8]
↑Législatives : campagne électorale tendue, Afrique express N° 150, 10 juillet 1997 ; Législatives : écrasante victoire du parti au pouvoir en l'absence de l'opposition, Afrique express N° 151, 24 juillet 1997 ; Troubles post-électoraux, Afrique express N° 152, 11 septembre 1997 [9]