La Tunisie (arabe : تونس) est un pays d'Afrique du Nord appartenant au Maghreb. Elle est bordée au nord et à l'est par la mer Méditerranée. Sa frontière ouest s'ouvre sur l'Algérie (965 km) et sa frontière sud-est sur la Libye (459 km). Son nom est dérivé de celui de sa capitale, Tunis, située dans le nord-est du pays.
Près de 40 % de la superficie du territoire est occupée par le désert du Sahara, le reste étant constitué de terres fertiles, berceau de la civilisation carthaginoise qui atteignit son apogée au IIIe siècle av. J.-C., avant de devenir le « grenier à blé » de l'Empire romain.
Longtemps appelée Régence de Tunis, notamment sous la domination ottomane, la Tunisie passe sous protectorat français en 1881. Avec l'avènement de l'indépendance, le , le pays prend l'appellation officielle de Royaume de Tunisie à la fin du règne de Lamine Bey qui, cependant, ne porta jamais le titre de roi. Avec la proclamation de la république, le , c'est le leader nationaliste Habib Bourguiba qui devient le premier président de la République tunisienne et modernise le pays. Toutefois, au terme de trente ans à la tête du pays dont la fin est marquée par le clientélisme et la montée de l'islamisme, le Premier ministreZine el-Abidine Ben Ali finit par le déposer mais poursuit dès lors les principaux objectifs du « bourguibisme » tout en libéralisant l'économie. Ben Ali, après vingt-trois ans d'une présidence souvent jugée autoritaire et policière, cède à la pression de la rue le , fuyant le pays et trouvant refuge en Arabie saoudite. Avec son épouse, il fait l'objet d'un mandat d'arrêt international.
Il devient à l'âge de 31 ans le leader du mouvement pour l'indépendance de la Tunisie. En 1956, son but étant atteint, il s'emploie à mettre sur pied un État moderne en tant que président, fonction qu'il exerce du à sa destitution le . Durant sa présidence, un culte de la personnalité se développe autour de sa personne et il porte alors le titre de « combattant suprême ». Toutefois, l'éducation et la défense de l'égalité entre hommes et femmes sont une priorité pour lui, ce qui en fait une exception parmi les dirigeants arabes. Néanmoins, la fin de sa présidence est marquée par la montée du clientélisme et de l'islamisme.
L'économie de la Tunisie est inscrite dans un processus de réformes économiques et de libéralisation depuis 1986 après trois décennies de dirigisme et de participations de l'État à l'économie. Avec, à partir du 1er janvier2008, l'ouverture à la concurrence mondiale par l'entrée en vigueur de l'accord de libre-échange conclu avec l'Union européenne en 1995, l'économie tunisienne fait face à des défis de mise à niveau de pans entiers de son économie tout en bénéficiant d'une croissance économique annuelle soutenue de l'ordre de 5 % par an depuis une dizaine d'années.
L'économie de la Tunisie est historiquement liée à l'agriculture (blé, olives, dattes, agrumes et produits de la mer), aux mines et à l'énergie (grand producteur de phosphates et dans une moindre mesure d'hydrocarbures), au tourisme (6,5 millions de touristes en 2006) et aux industries manufacturières (textiles, agroalimentaire et électro-mécaniques) dans une perspective extravertie (grand nombre d'entreprises industrielles totalement ou partiellement exportatrices). Ainsi, son économie diversifiée la distingue de celle de la plupart des États des régions africaine, nord-africaine et moyen-orientale. Par rapport aux autres pays du Maghreb (Algérie et Maroc), elle se hisse à la 1re place pour le revenu par habitant comme pour le niveau de développement. De plus, la Tunisie est, au même titre que le Maroc, l'un des seuls pays de la région à être entré dans la catégorie des « pays à revenus moyens ».
Tunis est la capitale économique et commerciale de la Tunisie. La densité de son réseau routier, autoroutier et sa structure aéroportuaire en font un point de convergence pour les transports nationaux. Cette situation est issue d'une longue évolution, en particulier des conceptions centralisatrices qui donnent un rôle considérable à la capitale et tendent à y concentrer à l'extrême les institutions.
En 2014, la population de la municipalité de Tunis intra-muros est de 638 845 habitants d'après le recensement de l'Institut national de la statistique. Néanmoins, au cours du XXe siècle, l'agglomération s'est largement développée hors des limites de la municipalité, s'étendant sur quatre gouvernorats, Tunis, l'Ariana, Ben Arous et La Manouba. Le Grand Tunis compte 2 643 695 habitants en 2014, soit environ 24 % de la population du pays.
En 2017, Tunis est classée comme la cinquième ville arabe où il fait bon vivre.
Hannibal Barca (en phénicienHanni-Baal signifie « qui a la faveur de Baal » et Barca, « foudre »), généralement appelé Annibal ou Hannibal, né en 247 av. J.-C. à Carthage (au nord-est de l'actuelle Tunis) et mort par suicide en 183 av. J.-C. en Bithynie (près de l'actuelle Bursa en Turquie), est un général et homme politiquecarthaginois généralement considéré comme l'un des plus grands tacticiens militaires de l'histoire.
Il grandit durant une période de tension dans le bassin méditerranéen alors que Rome tente d'établir sa suprématie sur d'autres puissances tels que Carthage, la Macédoine, Syracuse et l'empire séleucide. Le principal exploit qu'on lui reconnaît a lieu durant la deuxième guerre punique : il quitte alors l'Hispanie avec son armée et traverse les Pyrénées puis les Alpes pour gagner le nord de l'Italie. Pourtant, il ne parvient pas à prendre Rome. Selon certains historiens, Hannibal ne possède alors pas le matériel nécessaire à l'attaque et au siège de la ville. Pour J. F. Lazenby, ce ne serait pas le manque d'équipements mais celui de ravitaillement et son propre agenda politique qui empêchent Hannibal d'attaquer la cité. Néanmoins, il réussit à maintenir une armée en Italie durant plus d'une décennie sans toutefois parvenir à imposer ses conditions aux Romains. Une contre-attaque de ces derniers le force à retourner à Carthage où il est finalement défait à la bataille de Zama (ayant lieu entre Constantine et Tunis en Numidie).
L'historien militaire Theodore Ayrault Dodge lui donne le surnom de « père de la stratégie » du fait que son plus grand ennemi, Rome, adopte par la suite des éléments de sa tactique militaire dans son propre arsenal stratégique. Cet héritage lui confère une réputation forte dans le monde contemporain et il est considéré comme un grand stratège par des militaires tels que Napoléon Ier et le duc de Wellington. Sa vie sert plus tard de trame à de nombreux films et documentaires. Bernard Werber lui rend ainsi hommage au travers du personnage du « Libérateur » et d'un article de L'Encyclopédie du savoir relatif et absolu mentionné dans son ouvrage Le Souffle des dieux.
La culture de la Tunisie forme une synthèse des différentes cultures punique, romaine, juive, chrétienne, arabe, musulmane, turque et française, qu'elle a intégrées à des degrés divers, ainsi que l'influence des dynasties successives qui ont régné sur le pays. La Tunisie a en effet été un carrefour de civilisations et sa culture, héritage de quelque 3 000 ans d'histoire, témoigne d'un pays qui, par sa position géographique en plein bassin méditerranéen, a été au cœur du mouvement d'expansion des grandes civilisations du Mare nostrum et des principales religionsmonothéistes.
Il donne à la femme une place inédite dans la société tunisienne et dans le monde arabe en général, abolissant notamment la polygamie, créant une procédure judiciaire pour le divorce et n'autorisant le mariage que sous consentement mutuel des deux époux.
Le successeur de Bourguiba, Zine el-Abidine Ben Ali, ne remet pas en cause le CSP et lui apporte même des modifications qui le renforcent, en particulier avec l'amendement du 12 juillet1993. Mais cette politique féministe, s'inscrivant incontestablement dans une politique de modernisation du pays, reste confrontée aux mentalités conservatrices d'une partie de la société tunisienne influencée par la montée de l'islamisme politique durant les années 1980.
Il est dominé par la colline de Byrsa qui était le centre de la cité punique. Aujourd'hui, il se distingue par la silhouette massive de la cathédrale Saint-Louis édifiée, à la fin du XIXe siècle, à l'emplacement présumé de la sépulture du roi Louis IX (saint Louis) qui y mourut au cours de la huitième croisade. À proximité de la cathédrale, en face de cette tombe vide dont les restes ont été rapatriés en France, se trouvent les vestiges du plus important quartier de la ville. Il n'en subsiste que quelques fondations et quelques fragments de colonnes mais on peut y mesurer la puissance qui émanait alors de la cité : dimensions immenses, grands espaces, vues panoramiques et organisation des rues.
Le développement rapide de la ville moderne risquant de détruire à jamais les vestiges, de grands archéologues tunisiens ont alerté l'opinion et l'UNESCO a lancé une vaste campagne internationale entre 1972 et 1992 afin de sauver Carthage. Ce tournant est parachevé avec le classement au patrimoine mondial.
Il ne sera question ici que de l'état actuel du site archéologique, un grand nombre d'éléments ayant été perdus anciennement ou plus récemment. La difficulté pour le visiteur réside désormais dans l'extrême dispersion des vestiges même si certains pôles peuvent être distingués. Pour la ville et le pays, la problématique est plus complexe : protéger les témoignages du passé tout en gênant le moins possible la vie quotidienne de la population.
Le président de la République tunisienne est le chef d'État de la République tunisienne depuis l'instauration de la fonction le . À ce titre, il est le chef de l'exécutif national qu'il dirige avec l'aide d'un Premier ministre qui est formellement le chef du gouvernement. Selon l'article 44 de la Constitution, il est également le chef suprême des forces armées.
Il est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans. Il est rééligible sans limitation du nombre de mandats contrairement à la période antérieure à la réforme constitutionnelle du où ce nombre était limité à quatre puis trois, exception faite de la présidence à vie instaurée de 1975 à 1988. L'élection du président de la République tunisienne n'est pas libre à l'heure actuelle en raison du contrôle des médias par le pouvoir, la violation des droits de l'homme et la répression des opposants politiques selon des médias internationaux, des associations de défense des droits de l'homme, la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) française et des dirigeants internationaux tels que la secrétaire d'État américaine.
Présenté par la plupart des sources antiques comme un tyran particulièrement cruel, n'hésitant pas à faire massacrer par ses troupes les habitants des cités désireuses d'échapper à son emprise, Agathocle est le seul tyran de Syracuse qui soit devenu roi de Sicile. Son ambition ne se limita d'ailleurs pas à cette île, mais avait une dimension méditerranéenne. Agathocle se positionna nettement comme un imitateur d'Alexandre le Grand en Occident, désireux de lutter contre les barbares — les Carthaginois dans son cas — au point d'entreprendre la première expédition militaire en Afrique du Nord, sur le territoire-même de Carthage.
L'histoire de la Tunisie est celle d'une nation d'Afrique du Nord indépendante depuis 1956. Mais elle s'inscrit au-delà pour couvrir l'histoire du territoire tunisien depuis la période préhistorique du Capsien et la civilisation antique des Puniques, avant que le territoire ne passe sous la domination des Romains, des Vandales puis des Byzantins. Le VIIe siècle marque un tournant décisif dans l'itinéraire d'une population qui s'islamise et s'arabise peu à peu sous le règne de diverses dynasties qui font face à la résistance des populations berbères.
De par son emplacement stratégique au cœur du bassin méditerranéen, la Tunisie devient l'enjeu de la rivalité des puissances successives, l'Espagne de Charles Quint, le jeune Empire ottoman puis la France, qui prend le contrôle de la province ottomane pour devancer sa rivale italienne. Marquée par de profondes transformations structurelles et culturelles, la Tunisie voit s'affirmer rapidement un mouvement nationaliste qui conclut avec la puissance tutélaire les accords aboutissant à l'indépendance en 1956. Depuis, le pays est conduit à marche forcée vers la modernisation et l'intégration économique sous l'impulsion d'un parti politique resté dominant.
L'Unesco a classé ce site sur la liste du patrimoine mondial en 1997, considérant qu'il s'agit de la « petite ville romaine la mieux conservée de l'Afrique du Nord ». La cité, qui se trouve en pleine campagne, est bien protégée de l'urbanisme moderne, contrairement, par exemple, à Carthage, pillée et reconstruite à de nombreuses reprises.
Le site de Dougga est remarquable par sa taille — 70 hectares —, la bonne conservation de ses monuments et la richesse historique de son passé punique, numide, romain et byzantin. Parmi les monuments qui font la renommée de Dougga, se trouvent le mausolée libyco-punique, le Capitole, le théâtre ainsi que les temples de Saturne et de Junon Caelestis.
Bulla Regia (arabe : بولا ريجيا) est un site antique situé dans le Nord-Ouest de la Tunisie, plus précisément au lieu-dit anciennement dénommé Hammam-Derradji — ce toponyme fixé par Charles Tissot n'étant plus usité depuis Gilbert Charles-Picard — à 5 kilomètres au nord de Jendouba.
Autrefois placé sur la route reliant Carthage à Hippone, le site a fait l'objet de recherches archéologiques partielles, qui ont cependant permis de mettre en évidence l'ancienneté de l'occupation et de mettre au jour un élément caractéristique de l'architecture domestique à l'époque romaine : la construction d'un étage souterrain reprenant le plan des maisons, particularité posant problème en raison de l'absence d'utilisation de plans similaires dans d'autres régions chaudes de l'Empire romain.
Inspiré de l'idéologie des Jeunes-Turcs et par des expériences réformistes menées en Tunisie dans la deuxième moitié du XIXe siècle, le rassemblement de notables traditionalistes — avocats, médecins ou journalistes — cède peu à peu sa place à une organisation politique de mieux en mieux structurée par les nouvelles élites formées en France et capable de mobiliser ses partisans pour affronter, si le besoin s'en fait sentir, les autorités du protectorat afin de faire avancer ses revendications auprès du gouvernement français. La stratégie adoptée par le mouvement alternera entre négociations et affrontements armés, au gré des événements touchant le bassin méditerranéen dans la première moitié du XXe siècle. L'appui fourni au mouvement politique par les puissants syndicats ouvriers ou les mouvements féministes, dans le contexte d'un renouveau de la culture tunisienne, aux plans intellectuel ou musical, contribue à l'affirmation de l'identité nationale qui sera renforcée par les systèmes politiques et éducatifs après l'indépendance.
Ainsi, le mouvement national fut un ensemble composé de groupes très divers mais unis car il était le fait de forces sociales montantes à partir des années 1930 : petite bourgeoisie engagée dans l'économie capitaliste, nouvelles élites « occidentalisées » et classe ouvrière organisée et donc sensible aux revendications sociales.
Fondée par des Phéniciens sur les rives du golfe de Tunis, Carthage a pris peu à peu l'ascendant sur les cités phéniciennes de la Méditerranée occidentale, avant d'essaimer à son tour et de développer sa propre civilisation. Celle-ci est cependant moins connue que celle de sa rivale, en raison de la destruction de la cité par l'armée romaine à la fin de la troisième guerre punique, une fin relatée par des sources gréco-romaines qui furent largement et durablement relayées dans l'historiographie. Bien que décriée au travers de la célèbre punica fides, préjugé issu d'une longue tradition de méfiance envers les Phéniciens à partir d'Homère, cette civilisation suscita néanmoins des avis plus favorables :
« Par leur puissance, ils égalèrent les Grecs, par leur richesse, les Perses. »
Cette civilisation résulte du mélange de la culture indigène, constituée par les Berbères en Afrique, et de la civilisation qu'apportèrent avec eux les colons phéniciens.
Il n'est ainsi pas aisé de distinguer ce qui relève des Puniques de ce qui relève des Phéniciens dans le produit des fouilles archéologiques, dont le dynamisme depuis les années 1970 a ouvert de vastes champs d'études où apparaît l'unité de cette civilisation en dépit de particularismes locaux. Malgré ces progrès, de nombreuses inconnues sur la civilisation non-matérielle perdurent, liées à la nature des sources : toujours secondaires, par la perte de toute la littérature punique, lacunaires et souvent subjectives.
La Grande Mosquée de Kairouan (arabe : الجامع الكبير بالقيروان), également appelée mosquée Oqba Ibn Nafi (arabe : جامع عقبة بن نافع) en souvenir de son fondateur, est l'une des principales mosquées de Tunisie située à Kairouan, parfois considérée comme la quatrième ville sainte de l'islam. L'édifice reste le sanctuaire le plus ancien et le plus prestigieux de l'Occident musulman. Il a été classé, avec la ville de Kairouan, au patrimoine mondial de l'Unesco en 1988.
Élevée par Oqba Ibn Nafi al-Fihri à partir de 670 (correspondant à l'an 50 de l'hégire), alors que la ville de Kairouan est fondée, elle est considérée, dans le Maghreb, comme l'ancêtre de toutes les mosquées de la région aussi bien que l'un des plus importants monuments islamiques et un chef-d'œuvre universel d'architecture. D'un point de vue esthétique, la Grande mosquée de Kairouan apparaît comme le plus bel édifice de la civilisation musulmane au Maghreb. Son ancienneté et la qualité de son architecture font d'elle un joyau de l'art islamique. Nombreux sont les ouvrages et les manuels d'art musulman qui font référence à la mosquée…
Construit vraisemblablement vers le premier tiers du IIIe siècle, même si sa datation a fait l'objet de débats, il prend la succession de deux édifices du même genre, dont l'étude a permis d'analyser la genèse de ces constructions monumentales destinées aux loisirs. Il a probablement abrité des combats de gladiateurs ainsi que des courses de chars et autres jeux du cirque, mais surtout des exhibitions de bêtes sauvages et des reconstitutions de chasses aux fauves particulièrement prisées.
Selon Jean-Claude Golvin, l'édifice marque avec quelques autres l'apogée de ce genre de monument, au « terme d'une évolution architecturale étalée sur près de quatre siècles ». Cependant, la situation de Thysdrus, avec ses trois amphithéâtres étudiés scientifiquement, « paraît unique au monde » selon Hédi Slim.
Ce « Grand amphithéâtre », le monument romain le plus célèbre de la Tunisie, est l'amphithéâtre le mieux conservé d'Afrique du Nord. Il a fait l'objet d'un classement au patrimoine mondial par l'Unesco en 1979. L'amphithéâtre accueille chaque année environ 530 000 visiteurs.
Attestée au IIe siècle mais sans doute plus ancienne, la communauté juive en Tunisie croît à la suite de vagues d'immigration successives et d'un prosélytisme important avant que son développement ne soit freiné par les mesures anti-juives à l'époque byzantine.
Après la conquête musulmane de la Tunisie, le judaïsme tunisien passe de périodes de relative liberté voire d'apogée culturelle à des temps de discrimination plus marquée. L'arrivée sur son sol de Juifs expulsés de la péninsule Ibérique modifie considérablement son visage. Sa situation économique, sociale et culturelle s'améliore fortement à l'avènement du protectorat français avant d'être compromise durant la Seconde Guerre mondiale, avec l'occupation du pays par l'Axe. L'indépendance d'Israël en 1948 suscite une réaction antisioniste généralisée du monde arabe sur laquelle se greffent l'agitation nationaliste, la nationalisation d'entreprises, l'arabisation de l'enseignement et d'une partie de l'administration. Les Juifs quittent la Tunisie en masse à partir des années 1950, suite aux problèmes évoqués et au climat hostile engendré par la crise de Bizerte en 1961 et la guerre des Six Jours en 1967. La population juive de Tunisie, estimée à environ 100 000 individus en 1948, n'est plus que de 1 500 individus en 2003, soit moins de 0,1 % de la population totale. Ces Juifs vivent principalement à Tunis, avec des communautés présentes à Djerba, Sfax, Sousse et Nabeul.
La diaspora juive de Tunisie est répartie entre Israël et la France où elle a préservé son identité communautaire, au travers de ses traditions, majoritairement tributaires du judaïsme séfarade mais conservant ses spécificités propres. Le judaïsme djerbien en particulier, considéré comme plus fidèle à la tradition car resté hors de la sphère d'influence des courants modernistes, joue un rôle dominant.
Le site abrite un navire grec échoué à la suite d'une tempête survenue au Ier siècle av. J.-C. Ce dernier renfermait un riche chargement d'œuvres d'art et d'éléments architecturaux dont l'ensemble a posé de nombreuses questions aux chercheurs depuis sa découverte : outre de nombreuses colonnes et d'autres éléments de construction, le chargement était très hétéroclite, avec en particulier de nombreuses sculptures de marbre et de bronze.
Si la découverte au début du XXe siècle est plus ou moins due au hasard, des campagnes de fouilles successives ont lieu au milieu puis dans la dernière décennie du siècle. De ce fait, le site a pu être considéré comme un témoin de l'évolution des techniques d'archéologie sous-marine : si les premières fouilles ont utilisé un matériel qui n'avait guère évolué depuis le milieu du XIXe siècle, le tournant peut être daté des années 1940, avec l'invention du scaphandre autonome qui rend les plongeurs beaucoup plus libres de leurs mouvements.
Les fouilles du navire de Mahdia, avec celles de celui d'Anticythère, découvert en 1900, ont ainsi donné naissance à la discipline. En outre, le navire d'Anticythère, qui a sombré dans le second quart du Ier siècle av. J.-C. est assez similaire au navire de Mahdia, avec une cargaison constituée d'œuvres d'art anciennes mais aussi d'autres œuvres contemporaines du naufrage, l'ensemble attestant d'un changement dans les goûts du public.
Outre le fait qu'elles soient un « maillon de choix dans la longue chaîne des découvertes subaquatiques » selon Nayla Ouertani, les fouilles ont mis au jour une collection exceptionnelle d'œuvres d'art et posent aux spécialistes des questions tant techniques que liées à l'histoire de l'art avec le problème de la transition entre périodes artistiques ; le contenu du chargement évoque également la circulation de l'art.
L'essentiel des découvertes est exposé au musée national du Bardo dans la proche banlieue de Tunis ; le musée de la ville la plus proche du site n'accueille quant à lui que peu d'éléments.
Très jeune, Chebbi voyage à travers la Tunisie. En 1920, il entre à la Zitouna où il connaît de difficiles conditions de vie. En parallèle à l'écriture de ses poèmes, il participe aux manifestations anti-zitouniennes qui agitent alors Tunis. Ayant terminé ses études, il commence à fréquenter des cercles littéraires et, le 1er février1929, tient une conférence à la Khaldounia avec pour sujet l'imagination poétique chez les Arabes. Il y critique la production poétique arabe ancienne et cette conférence, bien qu'elle déclenche dans tout le Proche-Orient des réactions violentes à son encontre, participe au renouvellement de la poésie arabe. Mais son père meurt en septembre de la même année et, en janvier 1930, Chebbi veut donner à nouveau une conférence qui soit à la hauteur de celle de la Khaldounia. Toutefois, celle-ci est boycottée par ses adversaires, ce qu'il ressent comme un véritable échec. Sa santé, déjà fragile, se dégrade encore considérablement et il meurt subitement à l'âge de vingt-cinq ans.
Abderrazak Cheraït considère Abou el Kacem Chebbi comme « l'un des premiers poètes modernes de Tunisie ». Ses poèmes apparaissent dans les plus prestigieuses revues de Tunisie et du Moyen-Orient. Fortement influencé par le romantisme européen du XVIIIe et XIXe siècles, Chebbi, qu'on a pu surnommer « le Voltaire arabe », se penche sur des thèmes comme la liberté, l'amour et la résistance, notamment dans son fameux Ela Toghat Al Alaam qui s'adresse « aux tyrans du monde » et qu'il écrit en plein protectorat français de Tunisie.
Djerba, parfois orthographiée Jerba (arabe : جربة), est une île de 514 km2 (25 kilomètres sur 20 et 150 kilomètres de côtes) située dans le golfe de Gabès, au sud-est de la Tunisie. C'est la plus grande île des côtes d'Afrique du Nord. Sa principale ville, Houmt Souk, compte à elle seule 44 555 habitants.
Ulysse l'aurait traversée, les Carthaginois y ont fondé plusieurs comptoirs et, aux alentours de 587 av. J.-C., l'île aurait accueilli, selon la légende, des réfugiés juifs après la destruction du Temple de Jérusalem, même si leur existence n'est attestée qu'au XIe siècle. Les Romains y construisent plusieurs villes et y développent l'agriculture et des ports commerciaux. Par la suite vandale, byzantine puis arabe, Djerba est devenue, depuis les années 1960, une destination touristique populaire. Il s'agit de l'une des dernières régions de Tunisie où une langue berbère est encore parlée.
L'île est reliée au continent, d'une part par un bac assurant la traversée en une quinzaine de minutes entre Ajim, au sud-ouest de l'île, et Jorf et, d'autre part, par une voie de sept kilomètres reliant l'extrémité sud-est de l'île (localité d'El Kantara) à la péninsule de Zarzis. Cette dernière voie daterait de la fin du IIIe siècle av. J.-C., et fut restaurée à l'époque romaine.
Le musée national du Bardo (arabe : المتحف الوطني بباردو) est un musée de Tunis, capitale de la Tunisie, situé dans la banlieue du Bardo. C'est l'un des plus importants musées du bassin méditerranéen et le second musée du continent africain après le musée égyptien du Caire. Il retrace l'histoire de la Tunisie sur plusieurs millénaires et à travers plusieurs civilisations par le biais d'une large variété de pièces archéologiques. Abrité dans un ancien palais beylical depuis 1888, il offre un prestigieux et magnifique cadre à l'exposition de nombreuses œuvres majeures découvertes depuis les débuts des recherches archéologiques dans le pays. Initialement appelé musée Alaoui (المتحف العلوي), du nom du bey régnant à l'époque, il prend sa dénomination actuelle de musée du Bardo après l'indépendance du pays même si la dénomination est attestée avant cette date.
Le musée rassemble l'une des plus belles et des plus grandes collections de mosaïquesromaines du monde grâce aux fouilles entreprises dès le début du XXe siècle sur les différents sites archéologiques du pays dont Carthage, Hadrumète, Dougga ou encore Utique. Certaines des œuvres exposées n'ont pas d'équivalent, telle la mosaïque « dite de Virgile ». Plus généralement, les mosaïques du Bardo représentent une source unique pour les recherches sur la vie quotidienne en Afrique romaine. De l'époque romaine, le musée renferme aussi une riche collection de statues en marbre représentant les divinités et les empereurs romains retrouvées sur les différents sites notamment ceux de Carthage et Thuburbo Majus.
Le musée possède aussi de riches pièces découvertes lors des fouilles de sites libyco-puniques dont principalement Carthage, même si le musée national de Carthage a la vocation d'être le musée de ce site archéologique majeur. Les pièces essentielles de ce département sont les masques grimaçants, les statues de terre cuite et les stèles d'un intérêt majeur pour l'épigraphie sémitique, la stèle du prêtre et l'enfant étant la plus célèbre. Le musée abrite également des œuvres grecques découvertes en particulier dans les fouilles du navire de Mahdia, dont la pièce emblématique reste le buste d'Aphrodite en marbre, rongé par la mer et pourtant toujours d'une beauté émouvante.
Le département islamique contient, outre des œuvres fameuses comme le Coran bleu de Kairouan, une collection de céramiques en provenance du Maghreb et d'Asie Mineure. Afin d'augmenter les capacités d'accueil et d'optimiser la présentation des collections, le musée fait l'objet d'une vaste opération qui devrait s'achever en 2011. Les travaux concernent l'augmentation des surfaces d'exposition par l'ajout de nouveaux bâtiments et un redéploiement des collections. Le projet tend à faire du musée un pôle majeur pour un développement culturel de qualité, afin que le visiteur puisse apprécier les pièces artistiques déposées.
La mosaïque est un damier alternant entre de petits tableaux figurés, en majorité des représentations de chevaux, et des compositions géométriques. Ce « riche catalogue iconographique [est] jusqu'ici sans pareil » selon Azedine Beschaouch.
La composition de mosaïque et d'opus sectile ainsi que son thème original en font l'une des œuvres les plus intéressantes livrées par le site au XXe siècle. Elle n'est cependant pas sans poser des questions aux spécialistes qui s'interrogent sur sa datation précise, son inspiration et son rayonnement hors d'Afrique, certains détails se retrouvant en particulier sur les mosaïques de la villa romaine du Casale en Sicile.
L'œuvre, depuis sa découverte deux ans avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale, fait l'objet de commentaires élogieux qui évoquent divers aspects des qualités de cette découverte. Il fait l'objet d'une monographie importante par Louis Poinssot, en 1929, qui reste fondamentale près d'un siècle après sa publication.
Au milieu du XXe siècle, Jean Charbonneaux considère pour sa part que l'œuvre est un bel exemple de l'art populaire romain, avec « la clarté et [la] simplicité naïve » qui le caractérisent selon lui, d'autant plus important que « peu de reliefs monumentaux du siècle d'Auguste ont subsisté ».
Les spécialistes récents confirment l'importance de la pièce archéologique. « Document important pour connaître l'idéologie impériale » selon Abdelmajid Ennabli, il est considéré comme un manifeste de l’art augustéen, « alliance entre le réalisme romain et l’idéalisme grec » selon Mohamed Yacoub et témoignage le plus spectaculaire à ce jour de cet art en Afrique romaine selon Yann Le Bohec.
Retrouvée en fragments, la statuette est restaurée avec soin et exposée dans un petit musée de site, le musée paléo-chrétien de Carthage. « En dépit de sa petite taille, le groupe [statuaire] est remarquablement expressif » et dans un « incroyable bon état de conservation » selon Elaine K. Gazda, qui l'a étudié. « Trouvaille sans précédent » sur le site archéologique de Carthage, cette sculpture est également emblématique de la qualité des œuvres circulant dans l'Afrique romaine durant l'Antiquité tardive.
Son histoire la plus récente, avec le vol dont elle fait l'objet au début du mois de dans son lieu de conservation, en fait également un témoignage non seulement des menaces qui pèsent sur le patrimoine historique et archéologique des pays concernés par la transition du Printemps arabe mais surtout des conséquences de moyens insuffisants mis à disposition des instances chargées de la conservation du patrimoine.
Située au nord-ouest du Chott el-Jérid, près de la frontière algérienne, Tozeur se trouve à 450 kilomètres au sud-ouest de Tunis. Ville au passé religieux important, elle accueille de nombreux lettrés. Ibn Chabbat lui lègue le système d'irrigation des palmeraies, et le poète Abou el Kacem Chebbi y compose son célèbre Ela Toghat Al Alaam, en plein protectorat français. La topographie contemporaine de Tozeur leur rend hommage, ainsi qu'aux marabouts. La ville de Tozeur connaît une importante croissance démographique, doublée d'une extension considérable, durant la seconde moitié du XXe siècle, avec la sédentarisation des Bédouins. Elle passe en quelques décennies d'une population d'environ 11 000 habitants à 37 365 habitants, selon le recensement de 2014.
L'architecture de son patrimoine bâti, en particulier celle de sa médina caractérisée par des motifs de briques en relief, est unique en Tunisie, avec celle de la ville voisine de Nefta. L'agriculture, et en particulier la monoculture des dattes de la variété deglet nour, constitue sa principale ressource, représentant le tiers de la production dattière tunisienne. Sa briqueterie est toujours en activité, pour répondre aux besoins de nombreux chantiers de construction. Depuis les années 1990, la municipalité de Tozeur développe le tourisme, sous l'impulsion du maire de l'époque, Abderrazak Cheraït. Ce développement s'appuie entre autres sur la présence d'un aéroport international et de nombreux hôtels, sur la valorisation du patrimoine et des lieux de tournage, et sur l'organisation du Festival international des oasis.
L'œuvre, qui présente de manière très réaliste les activités d'un grand domaine agricole d'Afrique dans l'Antiquité tardive, figure également le couple de propriétaires au milieu de personnes à leur service, ce qui en fait un témoignage précieux sur la vie sociale dans la région. La mosaïque montre un serviteur remettant un courrier à un personnage dont les premières lettres signifient « Au seigneur Julius ». Les lacunes de l'œuvre, modestes sauf à quelques endroits très localisés, n'en empêchent toutefois pas une compréhension globale. Elle constitue encore, un siècle après sa découverte, une source essentielle de connaissances sur le monde rural de l'Afrique romaine à la fin de l'Antiquité.
Le cippe fait partie des très rares documents épigraphiques retrouvés sur ce site à avoir un texte poétique gravé, avec la célèbre inscription du moissonneur de Makthar mise au jour à la fin du XIXe siècle et conservée pour sa part au musée du Louvre.
Le document, qui évoque la mémoire d'une jeune femme décédée, est daté du IIIe siècle et donne des informations sur la vie sociale et religieuse de la ville, en dépit d'une formulation maladroite car issue d'un contexte provincial. C'est un indice précieux sur la romanisation de cette partie de l'Afrique romaine et l'intégration des populations d'origine numide à la fin du Haut-Empire romain.
La découverte fortuite est liée à des travaux de nivellement du terrain dans l'exploitation d'une carrière occupant le terrain sur lequel le site archéologique est situé. L'exploitation a endommagé les vestiges du complexe religieux à laquelle appartenait la cuve, même si les sources divergent sur l'état initial du site ; quoi qu'il en soit, ce dernier n'a pas pu être étudié de façon satisfaisante.
Le baptistère constitue désormais une pièce majeure du département paléochrétien du musée archéologique situé à Sousse. En effet, les cuves baptismales pourvues de mosaïques sont extrêmement rares parmi les vestiges connus. La forme polylobée, très singulière dans le contexte d'un édifice religieux, en fait également un élément original. Ainsi, selon le père Silvio Gaston Moreno, « par sa forme polylobée et cruciforme ce baptistère […] est un cas unique en Afrique du Nord ».
Il se rend à Paris à la fin des années 1950. Hébergé en échange de petits travaux, il perfectionne alors ses techniques de la confection. Il complète son apprentissage chez Guy Laroche. Fin 1959, il rencontre Christoph von Weyhe, son compagnon durant toute sa vie. Il crée son atelier de couture rue de Bellechasse en 1964, et y développe une clientèle privée. Quatre ans plus tard, il débute une vocation de collectionneur de robes ou d'objets de design. Dans les années 1970, Azzedine Alaïa collabore avec plusieurs marques de mode. Vers la fin de cette période, il fait plusieurs rencontres décisives telles Thierry Mugler, qui l'encourage rapidement à se développer, ou Carla Sozzani, amie indéfectible de toute une vie. Michel Cressole publie en 1979 le tout premier article sur Alaïa. Par la suite, plusieurs rédactrices de mode le soutiennent. En pleine période de renouveau de la mode à l'aube des années 1980, il décide finalement de créer la marque Azzedine Alaïa. Sa première petite collection est présentée de façon intimiste en 1981. Dès septembre de l'année suivante, il rencontre le succès aux États-Unis.
Ami des plus célèbres mannequins, dont Stephanie Seymour, Veronica Webb ou Naomi Campbell, il est rapidement remarqué puis « adulé » par les magazines de mode. Connu plus largement par le public en une dizaine d'années, il déplace en 1984 ses activités dans un hôtel particulier rue du Parc-Royal. Il retourne aux États-Unis l'année suivante pour un défilé orchestré par Jean-Paul Goude devant un millier d'invités et dont la presse américaine fait l'éloge. Accompagné de Grace Jones dans une robe rose devenue célèbre, il reçoit par la suite deux Oscars de la mode à Paris. New York voit l'ouverture de la première boutique à son nom, décorée par Julian Schnabel. Ces années-là, il décide de ne plus se soucier du calendrier officiel de la mode et de créer à son rythme.
Une fois de plus, Azzedine Alaïa déménage ses appartements-ateliers et part en 1990 pour l'angle de la rue de la Verrerie et de la rue de Moussy. Il collabore avec Tati en 1991, utilisant le motif de l'enseigne à bas coûts. Vers le milieu de la décennie, Azzedine Alaïa est moins présent sur la scène de la mode, la presse se montrant critique, puis absente. Malgré tout, il présente des collections à ses clients fidèles. Une première rétrospective a lieu à Florence en 1996. Dans les années 2000, Azzedine Alaïa s'associe pour quelques années avec la marque italienne Prada, tout en conservant son indépendance de création. Il se lie au groupe Richemont sept ans plus tard. Azzedine Alaïa entre dans la très stricte haute couture en 2003. Il est fait chevalier de la Légion d'honneur en 2008. Une rétrospective est inaugurée au Palais Galliera fin 2013, la première en France.
Azzedine Alaïa devient en un demi-siècle, sans publicité ni promotion pour ses vêtements qu'il présente le plus souvent de façon privée, internationalement reconnu pour ses robes sculpturales.
Fouillé par Alfred Louis Delattre dans les conditions de fouilles usuelles à l'époque mais très dommageables pour la compréhension globale du site, le cimetière réservé à une classe sociale privilégiée de la cité punique a livré des sarcophages de marbre, qui constituent des pièces maîtresses du musée national de Carthage et du musée du Louvre, et un riche mobilier funéraire dont des bijoux et des céramiques, le tout constituant selon Salah-Eddine Tlatli« les plus merveilleux chefs-d'œuvre de tout l'art punique ».
En dépit de conditions de fouilles préjudiciables, les spécialistes ont pu étudier les rites ayant prévalu lors des inhumations et appréhender les caractères spécifiques de la nécropole par rapport aux autres lieux d'inhumation connus de la métropole punique et appartenant à d'autres époques de l'histoire de Carthage.
Le site archéologique de la nécropole n'existe plus au début du XXIe siècle, dans le contexte d'urbanisation intense de la ville qui a suivi l'installation sur son rivage du palais présidentiel.
Le contexte archéologique de la trouvaille est très mal connu, les archéologues se concentrant alors sur l'objet découvert, et l’on ne sait pas grand chose de l'édifice qui la contenait, même s'il est permis de penser qu'il peut s'agir d'une domus vu sa situation non loin d'un secteur résidentiel mis en valeur de nos jours au sein d'un parc archéologique.
L'œuvre représente à la fois un cirque vu de l'extérieur et le spectacle qui se déroule à l'intérieur, offrant une double perspective de l'édifice et une représentation unique. Le mosaïste a représenté l'édifice de manière déformée mais en accord avec les critères esthétiques de son temps, permettant de représenter de manière non réaliste l'édifice et les personnages. Ces derniers sont unis dans une scène de course de cirque qui se termine : la mosaïque représente un instantané du moment de la victoire de l'équipe des Bleus.
La mosaïque, déposée aussitôt après sa découverte au musée national du Bardo, est considérée par la plupart des spécialistes comme une représentation du cirque de la ville qui n'a laissé que de faibles traces sur le site archéologique. Cet édifice de la capitale de la province d'Afrique a fait l'objet de fouilles partielles au cours du XXe siècle et la mosaïque permet de se représenter l'édifice selon des critères de vraisemblance, en particulier l'étude exhaustive de la manière dont ont été figurés certains de ses éléments comme la spina, permettant de rattacher l'édifice à une série présente dans d'autres villes d'Afrique romaine disposant du même type d'édifice de spectacles.
La mosaïque de Neptune est conservée au musée national du Bardo, dont elle constitue l'une des pièces maîtresses en raison de sa taille et de son état de conservation. Elle est déplacée lors des travaux d'extension de ce musée au début des années 2010, de la salle de Sousse où elle était jusqu'alors exposée au sol, à un nouvel espace où elle est désormais placée en position verticale.
Le site de la maison de Sorothus, fouillé partiellement, a également livré d'autres œuvres sur mosaïque riches d'enseignements sur le contexte historique et social du bâtiment ; ces artefacts sont répartis entre une salle aménagée dans la caserne de Sousse, le musée archéologique de cette même ville et le musée national du Bardo. Certaines œuvres ont été détruites ou abîmées durant les combats de la Seconde Guerre mondiale, en particulier le bombardement de la citadelle de Sousse par les forces alliées en 1943. Des fragments d'œuvres réputées perdues ont été retrouvés lors de recherches menées dans les réserves par un spécialiste tunisien de la mosaïque dans les années 1980, et certains ont pu être à nouveau présentés au public, notamment après la restructuration du musée archéologique de Sousse dans les années 2010.
La mosaïque représente une course de chevaux et, outre le spectacle sur la piste, figure des spectateurs de façon stylisée. Cette représentation des spectateurs fait de la mosaïque une œuvre exceptionnelle.
Elle constitue, en outre, selon Mohamed Yacoub, spécialiste des mosaïques tunisiennes antiques relatives au monde du cirque, « l'exemplaire le plus tardif d'une importante série de pavements africains inspirés par le monde du cirque ».
Le tophet de Carthage, plus spécifiquement appelé tophet de Salammbô, désigne le tophet de la cité antique de Carthage. Il fait désormais partie de son site archéologique.
Le sujet ne peut se distinguer de la question de la religion phénicienne et punique ainsi que de la manière dont les rites religieux — et au-delà la civilisation phénicienne et punique — ont été perçus par les autres peuples auxquels ils ont eu affaire : les Juifs pour les Phéniciens et les Romains lors du conflit séculaire qui opposa la cité à Carthage.
Le « tophet » désigne au départ un lieu proche de Jérusalem : Tophet, dans la vallée de la Géhenne, est synonyme de l'enfer. Le nom du lieu provient de sources bibliques et il induit une interprétation sur les rites supposés y avoir lieu, à tort ou à raison. Cette dénomination corrobore donc un postulat partagé par les divers interlocuteurs qui ont livré des sources sur les Phéniciens en général et les Puniques en particulier : la religion à Carthage était infernale. Dans l'imaginaire collectif, le roman de Gustave Flaubert, Salammbô (1862), a joué un rôle important, la fiction donnant son nom au quartier où fut découvert le sanctuaire. De même, encore récemment, Le spectre de Carthage, partie des aventures d'Alix écrites par Jacques Martin, reprend cette interprétation.
Une difficulté majeure réside dans le fait que les seules sources écrites qui citent le rite du sacrifice des enfants à Carthage sont partiales. Les sources archéologiques sont quant à elles sujettes à de multiples interprétations : ces sources sont les stèles et les cippes ainsi que le lieu dénommé « tophet » situé à proximité des ports puniques. Le débat fut longtemps vif et n'est pas encore totalement tranché entre les historiens. La plus grande prudence s'impose donc, tant les arguments des uns et des autres semblent imparables, l'historien de l'Antiquité se trouvant face à des sources écrites et archéologiques sinon divergentes, du moins soumises à interprétations.
Durant l'Antiquité, la cité phénicienne et punique de Carthage est souvent qualifiée d'« empire de la mer » en raison de la nature de sa puissance : une thalassocratie d'abord fondée sur la prééminence de son commerce maritime, trait commun à de nombreuses cités du bassin méditerranéen comme le rappelle Serge Lancel : « maintes cités du monde antique [ayant] vécu pour et par la mer ».
Produit d'une colonisation orientale, Carthage ou Qart Hadasht (Nouvelle Ville) tire ses origines de Tyr, comme le raconte la légende de Didon, et voit le jour en 814 av. J.-C. selon la date la plus communément admise. Elle n'est pas la première colonie phénicienne sur la côte africaine puisque Utique est fondée vers 1100 av. J.-C. Dès lors, Carthage a largement essaimé dans le bassin occidental de la mer Méditerranée, ne développant son « hinterland » africain qu'à la fin de sa période de domination punique. Par son identité, Carthage est un point d'ancrage entre les deux bassins de la Méditerranée : le bassin oriental, berceau de l'univers phénicien, et le bassin occidental, espace de son expansion et de sa chute.
Les ports d'une telle cité, traits d'union avec l'extérieur, revêtent une importance fondamentale. La source écrite essentielle dont disposent les historiens et les archéologues est la description qu'en a faite l'historiengrecAppien au IIe siècle. Elle ne permet cependant pas de les localiser de façon certaine et il fallut attendre l'archéologie moderne, en particulier les fouilles effectuées à l'occasion de la campagne internationale de l'Unesco qui débuta dans les années 1970, pour clore le débat en prouvant l'identification des deux lagunes du quartier de Salammbô comme une partie des ports antiques, du moins dans leur état final.
La fusillade de Soliman est un incident violent survenu le dans la région tunisienne de Soliman au sud-est de Tunis. Il oppose les forces de l’ordre à un groupe armé se faisant appeler « armée d’Assad Ibn Fourat » et d’abord qualifié par le gouvernement de « criminels dangereux ». Une précédente fusillade impliquant ce même groupe avait déjà eu lieu le , le plaçant dans un contexte de terrorisme djihadiste et de militance islamiste anarchique-insurrectionnelle.
Présentée dans un premier temps comme une affaire de grand banditisme, phénomène très peu connu dans le pays, la presse tunisienne et internationale parvient rapidement à pointer le lien du groupe avec le terrorisme islamiste de type salafiste implanté au Maghreb dans le contexte de l’après-11 septembre, notamment sur le territoire de l’Algérie voisine, d’où le groupe composé majoritairement de Tunisiens s’est infiltré.
Pour le politologue français Vincent Geisser, cette apparition de l’islamisme international de type violent en Tunisie marquerait une rupture avec l’islamisme politique tunisien, réprimé dans les années 1990 au travers du mouvement Ennahdha. Cette évolution serait selon lui le résultat de la « stratégie de répression systématique des opposants » qui se développerait en marge des partis politiques tout en permettant de justifier la stratégie sécuritaire du gouvernement en place aux yeux des Occidentaux.
Hormis l’attentat de la Ghriba contre la synagogue de Djerba au printemps 2002, jamais le pays n’avait été pris pour cible par la mouvance islamiste. Mais, à l’instar des autres sociétés arabes, la Tunisie voit le retour du hidjab, la montée de la religiosité et le succès des émissions religieuses et plusieurs centaines de jeunes Tunisiens se sont enrôlés sous la bannière du djihad en Irak. À la suite de la révolution de 2011, les membres de l’armée Assad Ibn Fourat sont libérés, et s’expriment au sein de la mouvance salafiste tunisienne.
Généralement à sec durant une bonne partie de l'année, il draine les précipitations touchant la dorsale tunisienne aux côtés des oueds Zeroud et Nebhana ; il figure ainsi parmi les principaux cours d'eau qui débouchent dans la plaine de Kairouan. Durant les mois humides, il irrigue cette importante région agricole où la nappe phréatique joue un grand rôle.
Longtemps source de crues dévastatrices, il a été maîtrisé au cours du XXe siècle par la construction de divers aménagements de protection, dont le barrage d'El Haouareb, ce qui n'est pas toutefois sans impact sur l'équilibre de l'environnement régional en termes de gestion de l'eau et d'érosion.
Les thermes d'Antonin, situés à Carthage (Tunisie), sont le plus vaste ensemble thermal romain construit sur le sol africain. C'est aussi le seul bâtiment thermal de Carthage dont il subsiste quelques vestiges, en dépit de la prédation féroce qui a sévi sur le site archéologique et dépouillé le monument de ses matériaux.
Même si le bâtiment constitue l'ensemble thermal le plus important construit à Carthage, et le « plus grand édifice balnéaire du monde provincial, à l'image de la mégapole carthaginoise », il n'était pas le seul. Cependant, aucune partie en élévation ne subsiste de la dizaine d'autres édifices du même type ayant pu exister et dont la localisation est incertaine ou inconnue, en particulier les thermes dits de Gargilius, attestés par les textes mais non reconnus avec certitude sur le terrain.
Des installations d'origine ne subsistent plus que quelques vestiges du rez-de-chaussée, constitué des espaces de service, situés à proximité du rivage de Carthage. En effet, le site a servi de carrière de pierres pendant des siècles afin d'édifier de nombreux monuments, tant à Tunis que dans de nombreuses villes du nord du bassin méditerranéen comme Pise, sa proximité du rivage ayant aggravé la prédation. Abdelmajid Ennabli et Hédi Slim ont pu dire de l'édifice qu'il n'était plus qu'« un colosse abattu et dépouillé de presque tous ses éléments tant architecturaux qu'ornementaux »...
Les deux premières guerres (264-241 av. J.-C. et 218-202 av. J.-C.) aboutissent à la perte des possessions méditerranéennes de Carthage, qui se limitent au nord de l'Afrique au début du IIe siècle av. J.-C. En dépit de ce repli, la cité punique connaît une phase d'expansion économique durant le dernier demi-siècle de son existence, croissance qui entraîne à Rome la crainte d'un réarmement, même si les raisons du conflit sont plus complexes et discutées par les historiens. La croissance de l'État numide de Massinissa, qui se construit en partie aux dépens de Carthage, change également la donne : le jeu d'alliance entre cet État et Rome a pu entraîner Carthage, vaincue en 202, à se défendre et à violer de fait l'une des clauses du traité, donnant ainsi le casus belli.
Le conflit se solde, à l'issue d'une courte campagne et d'un long siège qui dure de 149 à 146 av. J.-C., par l'anéantissement de la cité punique, dont la capitale est rasée. En dépit des destructions matérielles, la civilisation carthaginoise ne disparaît pas pour autant et nombre de ses éléments ont été intégrés à la civilisation de l'Afrique romaine.
Issu d'une famille modeste de la communauté juive tunisienne, il se passionne assez tôt pour la boxe, un sport alors très populaire dans son pays, et se lance sous la protection de son entraîneur Joe Guez. S'illustrant vite sur la scène locale, il part pour Paris où, devenu champion de France des poids mouches en battant Valentin Angelman, il finit par affronter Frankie Genaro pour le titre de champion du monde de cette même catégorie. Sacré le 24 octobre1931, à l'âge de vingt ans, il est accueilli en véritable héros à son retour à Tunis. Il entame durant cette période une relation amoureuse avec l'actrice française Mireille Balin, qui finit toutefois par décliner sa demande en mariage...
L'histoire de Carthage n'est guère facile à étudier du moins dans sa composante phénico-punique en raison de son assujettissement par les Romains à la fin de la troisième guerre punique en 146 av. J.-C. Il ne reste en effet que peu de sources primaires carthaginoises et celles disponibles posent davantage de questions qu'elles n'aident à la compréhension de l'histoire de la ville qui se posa en rivale de Rome.
Certains textes puniques ont été traduits en grec ou en latin, comme des inscriptions sur des monuments d'Afrique du Nord. Cependant, la majorité des sources reste disponible par le biais d'auteurs grecs et romains : Tite-Live, Polybe, Appien, Cornélius Népos, Silius Italicus, Plutarque, Dion Cassius et Hérodote. Ces auteurs proviennent de cultures souvent en rivalité avec Carthage : les Grecs lui disputèrent la suprématie en Sicile et les Romains entrèrent en guerre contre la cité. Ces sources rédigées par des étrangers ne sont donc pas toujours dénuées de préjugés. Toutefois, des excavations récentes ont mis au jour des sources primaires plus fiables, même si elles restent insuffisantes ; le produit de certaines fouilles confirme des aspects de la vie à Carthage telle que la décrivaient les auteurs anciens, mais d'autres non, beaucoup de découvertes restant encore peu probantes...
Complexe architectural chrétien le plus important connu au sein de la capitale de l'Afrique proconsulaire, il est selon Noël Duval à la fois l'un des « plus célèbres monuments paléochrétiens » mais aussi l'un des « plus maltraités et mal connus ». Le complexe architectural a en effet constitué l'un des ensembles cultuels chrétiens les plus conséquents de l'Afrique du Nord de l'Antiquité tardive et alto-médiévale. Outre deux églises, l'ensemble a comporté au moins un martyrium, des hypogées et une rotonde souterraine à l'interprétation complexe et qui fait débat.
Il s'agit du premier monument chrétien découvert à Carthage mais l'ensemble a été fouillé « incomplètement [et] dans des conditions désastreuses » selon Noël Duval. Si la construction est dégagée à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle par le père Alfred Louis Delattre, la fouille du complexe n'a jamais été achevée ; des études partielles ont encore eu lieu à la fin des années 1990 sur la rotonde par une étude tuniso-autrichienne sous la direction d'Heimo Dolenz...
La colline, présente dès les premiers jours de la cité punique selon les sources écrites et les récits de fondation dont l'héroïne est Elissa-Didon, a vraisemblablement été le lieu de la citadelle qui constitua le dernier réduit des Carthaginois lors de la troisième guerre punique. À l'époque romaine le lieu est occupé par de vastes constructions publiques après un réaménagement considérable de l'espace naturel qui est adapté au projet urbanistique de l'empereur Auguste. Après un long abandon, le site est réoccupé sur le plateau sommital par de nouvelles constructions à finalité religieuse, dans le contexte colonial du XIXe siècle, principalement une cathédrale et un séminaire des pères blancs, dont l'objectif est à la fois apostolique et archéologique. Ce séminaire abrite le produit des fouilles effectuées à Carthage et abrite toujours le musée national de Carthage. Une chapelle dédiée au roi français Louis IX, mort à Tunis en 1270, a occupé une partie du sommet durant un siècle (1850-1950)...
La constitution de Carthage est le régime politique de la cité à l'époque punique. Il a fait l'objet de vastes débats en raison de sa longue évocation par Aristote dans son ouvrage La Politique, parallèlement aux institutions de Sparte et de Crète. Ce texte, unique exemple de l'époque à évoquer in extenso des institutions politiques non grecques, a suscité de nombreuses polémiques entre historiens, polémiques qui se sont atténuées de nos jours.
L'organisation politique de Carthage était louée par de nombreux auteurs antiques qui mettaient en avant sa « réputation d'excellence ». Si peu de détails sont connus sur le gouvernement de la grande cité, on dispose néanmoins du précieux texte d'Aristote : ce dernier la dépeint comme un modèle de constitution « mixte », équilibrée et présentant les meilleures caractéristiques des divers types de régimes politiques, c'est-à-dire mêlant des éléments des systèmes monarchique (rois ou suffètes), aristocratique (Sénat) et démocratique (assemblée du peuple)…
La guerre des Mercenaires est une révolte organisée par les mercenaires constituant une grande partie de l'armée carthaginoise, à la suite de la Première guerre punique (264-241 av. J.-C.) qui s'est achevée par la défaite de la cité punique. La guerre suit immédiatement la paix conclue avec la République romaine, et dure trois ans et quatre mois (automne 241- fin 238 av. J.-C.).
La Première guerre punique se termine en raison de la volonté des membres de l'oligarchie carthaginoise de mettre fin au coût exorbitant du conflit, et non sur une défaite décisive, même si les affrontements auraient entraîné la perte de 500 navires en 23 ans, et même si la défaite des îles Égates est sévère. La paix de 241 av. J.-C. a un prix élevé pour Carthage, une crise économique sévit et les caisses de l'État sont vides.
La révolte vient initialement du fait que les mercenaires, d'origines ethniques variées, qui avaient servi durant cette guerre ne parvinrent pas à être payés. Les autorités de Carthage louvoyant, le conflit s'envenime et aboutit à un conflit ouvert avec les anciens contingents qui avaient combattu en Sicile…
La Première guerre punique ou Guerre de Sicile est la première de trois guerres qui opposent Rome et Carthage, deux puissances majeures en Méditerranée occidentale. L'adjectif punique vient du nom Poenici que les Romains donnent à leurs adversaires, assimilés aux Phéniciens (Phoenici). Ce conflit, engagé pour le contrôle de la Sicile et qui dure 23 ans de 264 av. J.-C. à 241 av. J.-C., est un des plus longs menés par Rome. Son déroulement est connu par les auteurs grecs et latins, principalement Polybe.
La guerre commence par un débarquement des Romains à Messine, qui soumettent ensuite la partie orientale de l'île, et construisent une flotte de guerre. Les premiers succès maritimes des Romains les incitent à débarquer près de Carthage pour forcer sa capitulation, expédition qui finit en désastre pour les Romains en 255 av. J.-C. La guerre s'éternise alors, les Carthaginois tiennent solidement la côte occidentale de Sicile, tandis que les Romains assiègent leurs positions et alternent succès et désastres en mer. En 241 av. J.-C., une ultime bataille navale aux îles Égates donne l'avantage à Rome, qui impose à Carthage épuisée l'abandon de la Sicile et un tribut élevé.
Rome devient une nouvelle puissance navale en Méditerranée, mais de l'avis des historiens, elle engendre un sentiment revanchard par ses empiètements sur les possessions carthaginoises de Sardaigne et de Corse.
Chemtou ou Chimtou (arabe : شمتو) est un site antique du nord-ouest de la Tunisie où se trouvent les ruines de Simitthu (Simithu ou Simitthus), cité rattachée à la province d'Afrique proconsulaire à l'époque romaine.
Bourgade numide fondée au IVe – Ve siècle av. J.-C., elle se romanise avant de s'éteindre vers le IXe – Xe siècle. Localisée à une vingtaine de kilomètres de l'actuelle ville de Jendouba, à proximité de la frontière tuniso-algérienne, elle se trouve au carrefour de deux importantes routes : celle qui relie Carthage à Hippo Reggius (actuelle Annaba) et celle qui relie Thabraca (actuelle Tabarka) à Sicca Veneria (actuelle Le Kef). Elle est surtout connue pour ses carrières, d'où le marbre jaune antique (marmor numidicum ou giallo antico) était extrait ; il s'agissait de l'un des marbres les plus précieux de l'Empire romain.
Avec des vestiges s'étendant sur une période de 1 500 ans, le site est vaste de plus de 80 hectares et fouillé de façon incomplète : après une fouille partielle à la fin du XIXe siècle, une campagne de fouilles réalisée depuis la fin des années 1960 par une équipe archéologique tuniso-allemande a permis de mettre au jour certains éléments de la cité, ainsi qu'une voie la reliant à Thabraca et permettant d'acheminer le marbre vers la mer Méditerranée. Les vestiges exhumés sont typiques des cités romaines avec temples, thermes, aqueduc, amphithéâtre ainsi que logements pour les ouvriers carriers dont le nombre pouvait dépasser un millier.
En 2012, le gouvernement tunisien propose deux éléments du site pour un futur classement sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco : la nécropole numide, en tant que partie des mausolées royaux de Numidie, de la Maurétanie et des monuments funéraires pré-islamiques, ainsi que les carrières antiques de marbre numidique.
Bien que retrouvée hors contexte archéologique, car en réemploi dans des éléments d'époque romaine, cette inscription est fondamentale pour la connaissance des institutions et de l'urbanisme de Carthage à l'époque punique ; elle évoque des magistrats et toute une frange de la population, corporations et artisans.
La datation en est disputée selon les divers spécialistes, allant du IVe au IIe siècles av. J.-C., tout comme sont discutés les travaux réalisés, du fait de la difficulté de lecture de la langue phénicienne et des lacunes du document.
Le site fouillé, bien que daté principalement du début de l'époque impériale, est considéré comme caractéristique des lieux de culte puniques. Il témoigne d'une continuité dans les lieux de culte jusqu'à l'époque romaine y compris tardive et du mouvement de syncrétisme religieux alors à l'œuvre. Dédié à l'origine au culte de Ba'al Hammon et de sa parèdre Tanit, les divinités honorées par la suite sont Saturne, Cælestis mais aussi Cérès et d'autres divinités de la sphère hellénistique.
Le bâtiment dégagé alors est très complexe et utilisé sur une très longue période, de l'époque punique à l'Antiquité tardive. Ainsi, le site se présente comme un sanctuaire extra-urbain possédant une succession de cours et de portiques. Cette caractéristique complique l'interprétation du site et l'une des tâches les plus ardues est l'interprétation de l'histoire du site et de ses développements successifs. Le site a concouru également de façon non négligeable au débat sur les caractères originaux des lieux de culte d'Afrique du Nord et sémitiques.
Les fouilles ont permis de livrer de remarquables statues de terre cuite conservées au musée national du Bardo et au musée de Nabeul. Les pièces retrouvées en fragments épars ont pu, la plupart du temps, être restituées et témoignent de l'art des coroplathes. L'ensemble des terres cuites découvertes, par son ampleur, est sans équivalent au XXIe siècle dans la sphère phénico-punique.
Les fouilles ont été réalisées par des militaires au début du XXe siècle et le site ne semble plus être visible, comme le souligne dès 1960 le directeur des antiquités de Tunisie. Les détails notés lors des fouilles anciennes, fait très exceptionnel à l'époque, permettent cependant un réexamen du dossier à la lueur des analyses les plus récentes et de nouvelles pistes de recherches.
La basilique de Saint-Cyprien appelée aussi basilique près de Saint-Monique est une basilique chrétienne en ruines située à la lisière du site archéologique tunisien de Carthage, sur le plateau de Bordj Djedid et en bordure de la mer.
Les basiliques chrétiennes de Carthage ont été fouillées de manière intensive par les pères blancs à partir des années 1880. Le complexe basilical le plus grand est la basilique de Damous El Karita dégagée à partir de 1878 par le père Alfred Louis Delattre. La basilique attribuée majoritairement à saint Cyprien est retrouvée en 1915 par le même personnage et fait partie des dernières fouilles effectuées par ce dernier.
La basilique est fouillée selon les pratiques en usage à l'époque, donc avec peu de précautions, ce dont la connaissance de l'édifice souffre. De plus, les vestiges actuels sont à la fois maigres et d'une interprétation malaisée du fait d'interventions intempestives au moment du congrès eucharistique de Carthage de 1930.
L'édifice bénéficie d'un panorama sur le golfe de Tunis et le Djebel Boukornine et a pu être identifié grâce à des sources littéraires comme l'édifice dédié à saint Cyprien, mort le lors de la persécution de Valérien. Cette identification proposée dès les fouilles a été confirmée par la plupart des chercheurs dont Charles Saumagne, en raison des anciens textes connus. Cependant, cette interprétation n'est pas sans poser problème du fait de l'absence de sources épigraphiques pouvant confirmer formellement cette identification, donc certains chercheurs restent très prudents, parmi lesquels Noël Duval.
L'édifice actuel a succédé à une construction datée de la fin du IVe siècle et a eu une durée d'utilisation assez longue dans l'Antiquité tardive, y compris durant l'époque vandale et jusqu'au VIIe siècle. L'édifice et le cimetière adjacent sont sans doute utilisés jusqu'à la conquête arabo-musulmane de 698.
L'âne en Tunisie est historiquement un animal de travail, déjà présent à Carthage dans l'Antiquité, et très répandu à la fin du XIXe siècle. Il est mis à contribution pour une foule de tâches domestiques, liées aux besoins de déplacement, au portage de l'eau et à l'agriculture, plus particulièrement à la culture et au pressage des olives. La motorisation des modes de transport en a considérablement réduit les effectifs, qui sont divisés par deux entre 1996 et 2006, avec 123 000 têtes dénombrées en 2006. Dans les régions rurales, l'usage de l'âne est désormais cantonné à de petits travaux agricoles spécialisés, tels que la cueillette des olives. La consommation de sa viande a toujours été controversée, la tradition islamique la considérant comme interdite. L'Association pour la culture et les arts méditerranéens (ACAM) estime en 2010 que l'âne est menacé d'extinction en Tunisie.
L'âne est culturellement dévalorisé, son nom étant souvent utilisé comme une insulte en arabe tunisien. Il a également inspiré des œuvres littéraires telles que La Dispute de l'âne d'Anselm Turmeda (1417), et des contes populaires.
Cette pièce d'armure, datée généralement du IIIe siècle av. J.-C., est d'origine italiote et provient du sud de l'Italie. Sa découverte en Tunisie a amené les chercheurs à la rattacher aux expéditions de la deuxième guerre punique menées en Italie par le général carthaginois Hannibal Barca entre 211 et 203 av. J.-C. Cette hypothèse est aujourd'hui largement remise en cause à la suite de l'examen approfondi, au tournant des XXe et XXIe siècles, des différents objets découverts dans la tombe.
La cuirasse est conservée de nos jours au musée national du Bardo à Tunis, tout comme le matériel archéologique retrouvé dans la même sépulture. Elle constitue encore, un siècle après sa découverte, l'une des pièces emblématiques de son département antique.
Cette pièce archéologique reste au début du XXIe siècle particulièrement importante, malgré la découverte au début des années 1990 du baptistère de Bekalta qui lui est postérieur. Le site de Demna n'a toutefois pas livré que cette pièce emblématique, puisqu'une collection de mosaïques funéraires, étudiée en contexte archéologique, a également rejoint les collections du même musée.
De même, sa stratégie de défense médiatisée de deux jeunes femmes victimes en 1974 d'un viol collectif jugé en 1978, Anne Tonglet et Araceli Castellano, contribue à l'adoption d'une nouvelle loi en 1980, définissant clairement l'attentat à la pudeur et le viol, permettant de reconnaître ce dernier comme un crime, alors qu'il était traité jusque-là le plus souvent comme un délit en droit français.
À partir de 1985, elle occupe plusieurs fonctions successives à l'UNESCO (ambassadrice de la France, présidente du comité des conventions et des recommandations) puis à l'Organisation des Nations unies (conseillère spéciale de la délégation française à l’Assemblée générale, rapporteuse pour la parité entre hommes et femmes dans la vie politique). Elle est en outre l'une des fondatrices de l'association altermondialisteATTAC en 1998.
Le trésor a été fouillé méthodiquement et a été entièrement préservé, ce qui a permis une étude à la fois historique, archéologique et numismatique.
Le trésor est contemporain du « premier raid de l'armée musulmane » de 647, préalable à la conquête musulmane du Maghreb. Par les conditions de sa découverte, sa datation et le lien qu'il permet d'établir avec des événements cités dans les sources littéraires, le trésor est, selon Hédi Slim, « organiquement lié à l'une des dates charnières de histoire de l'Afrique du Nord ».
Bien que déprécié du fait de son style architectural, l'édifice fait l'objet de plusieurs campagnes de restauration dans son histoire. À partir de l'installation des pères blancs, il constitue un centre à partir duquel s'exerce une activité pastorale, médicale à destination des populations locales et également archéologique avec la naissance des premières collections de ce qui devient par la suite le musée national de Carthage.
C'est un témoignage de la période charnière de l'histoire commune entre la France et la Tunisie, du Moyen Âge avec la tradition entourant la mort de Louis IX lors de la huitième croisade sur le site en 1270 au renouveau au XIXe siècle de la vénération de ce souverain reconnu saint. L'histoire de l'édifice témoigne aussi de la période du protectorat français à partir de 1881, et sa destruction intervient à la veille de l'indépendance du pays.
Découvert en - par Louis Carton, et après des velléités de mise en valeur touristique, le site est depuis lors situé dans la zone de sécurité du palais présidentiel de Carthage après les aménagements du secteur dans les années 1960. Selon Jean-Pierre Laporte, elle est « en principe disparue » après avoir été oubliée très vite après sa découverte.
L'histoire ancienne du site n'est connue que par l'étude archéologique effectuée lors de la découverte et à l'occasion de la reprise du dossier à la fin des années 2010. Sur une source aménagée dès l'époque punique, un équipement assez complexe a été réalisé à l'époque romaine, appelé « Fontaine » par son inventeur et qui a été interprété au début du XXIe siècle comme étant probablement un nymphée poursuivant des objectifs non seulement de fourniture d'eau mais également religieux.
L'édifice, dont la fonction est inconnue même si, selon les spécialistes, il devait assurer tout à la fois des fonctions liturgiques et funéraires, était auparavant situé sur le plateau de Sayda, anciennement connu sous le nom de « colline de sainte-Monique ». Le monument était localisé au cœur d'un secteur qui a livré tout à la fois une nécropole tardive et des édifices aux fonctions cultuelles. C'est un témoin de l'époque charnière entre l'époque du royaume vandale et la reconquête byzantine de l'actuelle Tunisie.
Lors des fouilles dans les années 1950, il est décidé de le déplacer dans le parc archéologique étant donné son état de conservation, afin que le décor de mosaïques ne soit pas perdu à cause des aménagements urbanistiques du secteur de la ville.