La société s'est diversifiée en transposant ses franchises de jeux vidéo dans les domaines de la bande dessinée depuis 2009 avec Les Deux Royaumes et du cinéma et de la télévision depuis 2011 avec sa filiale Ubisoft Motion Pictures.
Histoire
Fondation
Dans les années 1980, les cinq frères Guillemot (Claude, Michel, Yves, Gérard et Christian) veulent diversifier les activités de l'entreprise familiale spécialisée dans les produits agricoles. Ils se tournent alors vers des secteurs plus technologiques[6]. Lors d'un voyage en Angleterre, Michel Guillemot découvre que les jeux vidéo y sont moins chers qu'en France, et voit tout le potentiel du marché[7]. Les frères créent Guillemot International, une société spécialisée dans la distribution de jeux vidéo[8], notamment sur Amstrad et Atari[9],[10].
Après avoir achevé ses études de commerce à l'Institut des petites et moyennes entreprises de San Francisco, Yves Guillemot rentre en France en 1986 et fonde Ubisoft avec ses frères[6] à Carentoir, en Bretagne[11]. La société distribue les jeux des grandes sociétés américaines et européennes telles qu'Elite, Electronic Arts, Sierra ou LucasArts[12]. En parallèle de son activité de distribution, Ubisoft se lance dans le développement de ses propres jeux vidéo[7]. En 1986, la société sort son premier jeu, basique, mais novateur, Zombi, sur Amstrad CPC. Les ventes démarrent en France, puis au Royaume-Uni, en Allemagne et aux États-Unis[6]. Avec ce succès commercial, Ubisoft connaît une croissance rapide et enchaîne les titres[7], comme le jeu médiéval Iron Lord sorti en 1989 et vendu à 100 000 exemplaires[8]. En 1990, Ubi Soft loue un château en Bretagne pour réunir les différents développeurs de jeux avec lesquels ils travaillent[13].
Origine du nom
Le nom de la société est composé du préfixe « Ubi », que certains interprètent comme étant l'acronyme d'Union des Bretons indépendants[14],[15]. La société fait toutefois état d'une racine liée au terme d'ubiquité[16], collant parfaitement à son catalogue de titres variés[17]. Le suffixe « soft » rappelle le mot « software » signifiant « logiciel » en anglais. Christian Guillemot, l'un des cinq frères cofondateurs d'Ubisoft a déclaré à ce sujet en novembre 2014 : « Il y a beaucoup de Bretons qui aimeraient que Ubi signifie Union des Bretons Indépendants, Union pour une Bretagne indépendante ou intelligente. En réalité, Ubi est un nom inventé par mon frère Gérard parce qu'il trouvait que ça sonnait bien »[18]. En 2012, lors d'une interview, Yves Guillemot dévoile que le terme « ubiquité », qui signifie exister partout à la fois, est choisi, car les quatre frères veulent qu'Ubisoft se développe « dans le monde entier de cette manière-là », sur une proposition de Gérard[19].
L'éditeur investit plusieurs millions de francs dans le développement du jeu Rayman[7], créé par le français Michel Ancel. En 1995, c'est le premier jeu à sortir simultanément en Europe, au Japon et aux États-Unis sur la PlayStation, toute nouvelle console de Sony[6]. Rayman rencontre un succès mondial, se retrouve classé dans les dix premières ventes mondiales, et devient la mascotte de l'éditeur[7]. En dix ans, les différentes versions du jeu se vendent à près de quinze millions d'exemplaires[8].
Le , Ubisoft Entertainment fait son entrée au Second Marché de la Bourse de Paris avec succès : en un jour, la valeur du titre est multipliée par 252, dégageant 50 millions de francs pour de nouveaux investissements[22],[23]. Avant l'entrée en bourse, les cinq frères Guillemot possédaient chacun 20 % de la société[13]. Le chiffre d'affaires de l'exercice 1995-1996 était alors de 250 millions de francs[13].
En 2002, elle sort le jeu Tom Clancy's Splinter Cell qui rencontre un tel succès que les stocks européens sont épuisés en moins de 24 h[11]. Le jeu est récompensé du titre de Jeu d'action et aventure de l'année au salon de l'E3[25]. L'année suivante, elle sort Prince of Persia : Les Sables du temps[30] qui rencontre également le succès avec 1,1 million de jeux vendus en trois mois sans être sorti sur toutes les consoles[31]. Les deux jeux connaitront plusieurs suites.
En , à l'occasion de la vente de son cent millionième jeu, Ubisoft dévoile son nouveau logo et sa nouvelle identité visuelle[32],[33].
En , Electronic Arts acquiert 19,9 % du capital d'Ubisoft et en devient actionnaire principal devant les fondateurs du groupe, les frères Guillemot (15 %)[34]. La première confrontation entre l'éditeur américain et le français date de l'année précédente lorsqu'il avait tenté de débaucher les cinq principaux créateurs de Splinter Cell. Mais Ubisoft avait obtenu raison devant la justice canadienne, et les quatre créateurs avaient dû attendre un an[8]. La même année, une équipe d'Ubisoft aide à la création de l'équipe féminine Frag Dolls, qui reste active jusqu'en 2015[35].
En 2006, les Lapins crétins créés par Michel Ancel font leur apparition dans Rayman contre les lapins crétins. Conçus pour être les gentils ennemis de Rayman, l'engouement du public autour d'eux en fera un véritable phénomène marketing, présents dans des publicités pour diverses marques, et déclinés en jouet, bande dessinée, série télévisée et même en une attraction au Futuroscope, La Machine à voyager dans le temps[40]. En 2007, Ubisoft sort le jeu d'action-aventureAssassin's Creed qui se voit salué par la critique pour son ambition, son audace et son esthétique. Le jeu est également un succès commercial, il se vend à 3 millions d'exemplaires en moins de deux mois et dépasse largement les objectifs de l'éditeur. Le jeu connait de multiples suites et la série Assassin's Creed devient la plus grosse franchise d'Ubisoft[41],[42]. Cette année-là, Ubisoft devient le 3e éditeur indépendant de jeux vidéo au monde[21].
En 2009, Ubisoft dévoile Just Dance, un jeu de rythme basé sur la danse. Ce dernier rencontre un franc succès avec 2 millions d'unités vendues en cinq mois, créant une nouvelle franchise qui cumule en 2014 42 millions de jeux vendus[54],[55]. En , l'éditeur annonce la création d'une maison d'édition de bande dessinée, baptisée Les Deux Royaumes, chargée de transposer les franchises de jeux vidéo dans l'univers de la BD, tel qu'Assassin's Creed. Ubisoft s'associe avec les éditions Dargaud, Dupuis et Le Lombard pour la diffusion et le conseil[56],[57]. La même année, la société lance sa plateforme de services en ligne Uplay où les joueurs peuvent acheter des contenus, obtenir des récompenses et gérer leurs droits[58].
Années 2010
En , Electronic Arts revend ses parts dans Ubisoft, alors 14,8 %, pour un montant approximatif de 94,36 millions d'euros[59],[60]. Après ce départ, la Société générale de financement du Québec prend une participation de 4,5 % dans la société pour un montant estimé à 40 millions de dollars. Ubisoft emploie alors plus de 2 700 personnes au Québec[61]. Au même moment, le fonds d'investissementaméricain Harbinger Capital Partners acquiert 9 % du capital et devient le second actionnaire derrière la famille Guillemot[62]. En , ayant perdu 48 % de sa valeur boursière depuis le début de l'année, l'entreprise annonce le rachat de 286 000 de ses titres, provoquant une hausse de 3,55 % de la valeur de son action[63].
En 2011, le groupe annonce la création de sa propre société de production, Ubisoft Motion Pictures, chargée de porter les franchises de jeux vidéo à la télévision et au cinéma. Cela confirme la stratégie de développement transmédia qu'a commencé à mettre en place Ubisoft depuis plusieurs années[64]. Leur première production est la série télévisée d'animation Les Lapins Crétins : Invasion qui est diffusée en 2013 aux États-Unis et en France. En parallèle, le studio travaille sur des projets de films adaptés des franchises Assassin's Creed, Splinter Cell et Watch Dogs[65].
Le , Ubisoft annonce le report de la sortie de deux nouveaux jeux : le jeu d'action-aventureWatch Dogs et le jeu de courseThe Crew. L'éditeur dégringole alors de plus de 23 % en Bourse, ce report affectant les résultats de l'année 2013[73]. Watch Dogs sort en et rencontre un succès commercial avec quatre millions d'unités vendues en une semaine, devenant selon l'éditeur la franchise de jeu vidéo la plus vendue au monde à son lancement[74]. The Crew sort en décembre de la même année et se vend à deux millions d'exemplaires[75].
En 2015, elle se définit comme le troisième plus grand éditeur indépendant du monde[11],[Note 1], derrière les américains Electronic Arts et Activision Blizzard. Également en 2015, elle est le plus gros éditeur français de jeux vidéo devant Gameloft[76], une autre société de jeux vidéo créée en 1999 par la famille Guillemot.
Le , le groupe Vivendi dirigé par Vincent Bolloré prend une participation minoritaire non sollicitée de 6,6 % dans Ubisoft en achetant 7,36 millions d'actions pour un montant de 140,3 millions d'euros. En parallèle, il prend une participation de 6,2 % dans la société sœur d'Ubisoft, Gameloft[77]. Le PDG d'Ubisoft, Yves Guillemot, réagit dans un mail interne adressé à ses équipes : il exprime sa volonté de rester indépendant et affirme que le risque est que l'entreprise soit « dirigée par des gens qui ne comprennent pas notre expertise ni ce qu'il faut faire pour avoir du succès dans cette industrie ». Dès la semaine suivante, Vivendi augmente sa participation dans l'éditeur de jeux vidéo à 10,39 % et devient son actionnaire principal. Le groupe parle alors de « convergence opérationnelle » entre les deux entreprises[78],[79]. Vivendi continue d'augmenter sa participation au fil des mois jusqu'à atteindre plus de 25 % en [80]. De son côté, la famille Guillemot augmente également sa participation à 13,22 % pour essayer de contrer l'arrivée de ce nouvel actionnaire[81], et ne pas voir Ubisoft rachetée comme sa société sœur en au terme d'une offre publique d'achat hostile[82].
En novembre 2017, lors de la présentation de ses résultats financiers, Vivendi confirme que sa direction ne désire pas déposer d'offre publique d’achat sur Ubisoft dans les six mois à venir, alors qu'elle en a l'occasion[83]. Le groupe annonce finalement en mars 2018 vendre cette participation, pour deux milliards d'euros, à la société elle-même, et à d'autres actionnaires dont la Famille Guillemot, Tencent et le fonds de pension Ontario Teachers[84]. En mars 2019, Vivendi vend sa participation résiduelle de 5,9 % dans Ubisoft pour 429 millions d'euros[85].
En mai 2019, Ubisoft annonce un bénéfice net record de cent millions d'euros sur un chiffre d'affaires de 1,8 milliard d'euros pour le compte de son exercice décalé 2018-2019. L'entreprise juge ses revenus « records » mais « conformes » aux prévisions[86]. Ubisoft prévient que ses ventes seront dopées pour l'exercice 2019-2020, avec le lancement de nouveaux jeux à grosses productions comme Ghost Recon Breakpoint[87],[88].
Fin 2019, Ubisoft annonce que les résultats ne seront finalement pas si hauts qu'attendus, le groupe ayant pris du retard dans le développement de plusieurs titres majeurs, tout en ayant accumulé des ventes décevantes[89]. Le groupe anticipe désormais un chiffre d'affaires de 1,45 milliard d'euros au lieu des 2,185 milliards d'euros espérés initialement[90],[91].
Années 2020
En mai 2020, Ubisoft annonce porter plainte contre Ejoy, un éditeur de jeux vidéo chinois, pour le plagiat supposé du jeu Rainbow Six Siege[92]. Ubisoft porte également plainte contre Apple et Google, en les accusant de ne pas être intervenus contre la distribution du jeu[93].
En septembre 2022, l'entreprise chinoise, Tencent a acquis une participation minoritaire dans Guillemot Brothers Limited, la holding familiale qui contrôle Ubisoft. L'acquisition s'élève à 300 millions d'euros (200 millions d'euros d'acquisition de titres et 100 millions d'euros d'augmentation de capital) et donne à Tencent 49,9 % du capital et 5 % des droits de vote[94].
Après une accélération boursière, liée au contexte économique favorable dans l'industrie vidéoludique lors de la crise du coronavirus de 2020, l'entreprise subit des difficultés. Ces dernières sont liées à des décisions stratégiques qui n'ont pas rencontré le succès espéré (comme les NFT ou le développement de jeux-services), une baisse perçue de qualité dans les productions. En résultent d'importantes pertes [95]. Face à ces difficultés, Ubisoft se lance dans un programme de réduction des coûts, de licenciements avec un retour au présentiel imposé, et annule des projets internes comme la suite de Immortals Fenyx Rising [96]pour se concentrer sur des projets plus rentables. Le choix est fait notamment de se concentrer sur la licence Assassin's Creed, avec une forte accélération du rythme des sorties prévues. Parralèlement à ces difficultés économiques, Ubisoft fait face à une crise sociale avec des grèves et des faits de harcèlement[97]. Les jeux Ubisoft, et la politique de la société, sont également accusés de Wokisme par une partie de la presse et des joueurs[98].
Suite à la forte baisse de 85 % entre février 2021 et septembre 2024 de la valorisation boursière, des rumeurs de rachat par Tencent se font entendre, provoquant une légère remontée de l'action[99]. Face à ces rumeurs, Ubisoft déclare « prendre note des récentes spéculations de la presse concernant des intérêts potentiels autour de la Société [et] examiner régulièrement toutes ses options stratégiques »[100]. Un groupe d'investisseurs minoritaire se plaint de la trajectoire boursière d'Ubisoft et réclame une optimisation des coûts, et le départ de Yves Guillemot en tant que PDG[101].
Identité visuelle (logo)
Logo utilisé du 28 mars 1986 à 1989.
Logo utilisé de 1989 à novembre 1994, la couleur de fond et du texte varie en fonction des jeux.
Logo utilisé de novembre 1994 au 8 septembre 2003.
Logo utilisé du 9 septembre 2003 au 30 mai 2017.
Logo actuel, utilisé depuis le 31 mai 2017.
Organisation de la société
Gouvernance et effectif
Cette section doit être actualisée. (Dernière mise à jour : Août 2022)
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Administratrice indépendante, Présidente du Comité RSE, Membre du Comité des nominations, des rémunérations et de la gouvernance : Corinne Fernandez-Handelsman
Administratrice indépendante, Présidente du Comité des nominations, des rémunérations et de la gouvernance, Membre du Comité d’audit : Laurence Hubert-Moy (depuis 2013)
San Francisco (États-Unis) accueille le siège de la région Amérique du Nord, Centrale et du Sud (NCSA) depuis 1996. La structure compte 350 collaborateurs travaillant dans les domaines du marketing, de la vente, de la communication, de la création, de la finance[108].
Le groupe possède une vingtaine de filiales de distribution à travers le monde :
Amérique : Ubisoft Canada à Montréal pour la région du Canada et de l'Amérique latine en collaboration avec Ubisoft San Francisco[121], Ubisoft Mexique à Mexico (depuis 2006) pour la région du Mexique et de l'Amérique centrale[122], et Ubisoft Brésil à São Paulo (depuis 1999) pour la région d'Amérique du Sud[123].
En 2018, Ubisoft possédait 45 studios de développement de jeux vidéo dans 30 pays[128].
Ubisoft investit aussi dans des entreprises d'infrastructures, notamment avec le rachat de l'entreprise i3D.net, dans le top 10 des entreprises fournissant des serveurs à l'industrie du jeu vidéo[129].
La première bande dessinée, Assassin's Creed : 1.Desmond, sort le . Le scénario est confié à Éric Corbeyran et le dessin à Djillali Defali[197],[198]. La maison d'édition a publié les collections Assassin's Creed, The Lapins crétins, Might & Magic Heroes et Watch Dogs.
En 2011, Ubisoft crée sa propre société de production nommée Ubisoft Motion Pictures. Elle est chargée de porter les franchises de jeux vidéo à la télévision et au cinéma[199]. L'éditeur avait déjà fait un pas dans le domaine audiovisuel en faisant l'acquisition, en , d'Hybride Technologies, un studio spécialisé dans la création d'effets visuels pour le cinéma, la télévision et la publicité[50].
Ubisoft a ouvert, en août 2016, un parc d’attractions au Québec à Montréal autour du thème des Lapins crétins. Ce parc s'étend sur une surface de 1 400 m2[204].
L'entreprise souhaite également ouvrir un parc d'attractions basé sur ses licences les plus connues, à Kuala Lumpur, pour 2020[205].
Ubisoft développe plusieurs escape-game en nouant des partenariats avec 300 lieux spécialisés. Ubisoft Blue Byte a donc créé trois escape-game en réalité virtuelle basés sur les licences Assassin's Creed (Beyond Medusa's Gate et Escape the Lost Pyramide) et Prince of Persia (Dagger of Time)[206].
Ubisoft possède dans son catalogue plusieurs grandes franchises : certaines ont été créées par l'éditeur lui-même et d'autres ont été acquises par l'achat de studios de développement.
Note : entre parenthèses figurent les chiffres de vente des franchises, mais ils peuvent aussi bien indiquer le nombre de jeux vendus aux consommateurs que le nombre d'unités fournies aux distributeurs.
Controverses
Ubi Free
De à , des employés d'Ubisoft protestent anonymement contre les méthodes d'administration de l'entreprise en lançant sur internet Ubi Free, le « premier syndicat virtuel »[224]. Suscitant de nombreux articles dans la presse française, Ubi Free fustigeait dans ses articles et ses chroniques signées « Albert » le management des dirigeants d'Ubisoft et dénonçait une communication interne « infantilisante », des contrats de travail « précaires », le non-paiement du temps de travail supplémentaire, l'inégalité salariale entre hommes et femmes, et surtout l'absence de structures permettant le dialogue social au sein du groupe. Une tribune y publiait des réactions et commentaires de salariés, ex-salariés ou simples internautes.
La direction d'Ubisoft a réagi en organisant des « réunions de dialogue » avec le personnel, en annonçant l'organisation d'élections de délégués du personnel et en mettant en place les 35 heures[225]. En mars 1999, les créateurs d'Ubi Free ont gelé le site, estimant avoir rempli leur mission qui était « une prise de parole, pas une prise de pouvoir »[226]. Sorti de l'anonymat, Jérémie Lefebvre, l'un des créateurs de Ubi Free, a ensuite publié un roman inspiré de cette expérience[227].
Enquête sur des faits de harcèlement et d'agressions sexuelles
En 2020, une enquête de Libération révèle de multiples faits de harcèlement et d'agressions sexuelles au sein de l'entreprise, connus et couverts par le service des ressources humaines[228].
L'enquête permet une libération de la parole, de nombreuses femmes se mettent à porter plainte et à témoigner sur les réseaux sociaux. La plateforme de jeux vidéo a ouvert des enquêtes internes[229]. Le directeur de la création de l'entreprise, Serge Hascoët, est notamment mis en cause par le journal[230]. Le 26 juin 2020, deux vice-présidents, Maxime Béland et Tommy François sont mis à pied[231]. Le 11 juillet, Serge Hascoët démissionne ainsi que la responsable aux ressources humaines Cécile Cornet et le PDG des studios canadiens du groupe Yannis Mallat[232],[233]. Le 3 août, un mail envoyé aux employés par le PDG lui-même annonce le départ définitif et immédiat de Tommy François, le vice-président chargé des services créatifs du département éditorial[234].
Le 14 août 2020, un autre directeur de la création, Ashraf Ismail, est licencié à la suite d'une enquête interne[235]. Il est accusé par une salariée d'avoir menti au sujet de sa situation maritale et d'avoir abusé de sa position hiérarchique afin d'obtenir des relations extra-conjugales[236]. Alors qu'il avait pris du recul depuis fin juin et l'ouverture de l'enquête, Ashraf Ismail s'est déclaré sur Twitter « profondément désolé pour tous ceux qui ont été blessés ». Yves Guillemot, le PDG d'Ubisoft, a reconnu « qu'Ubisoft n'a pas été en mesure de garantir à ses collaborateurs un environnement de travail sûr et inclusif [...]. Ce n'est pas acceptable. Tout comportement toxique est en opposition totale avec les valeurs avec lesquelles je n'ai jamais transigé et avec lesquelles je ne transigerai pas[237]. »
En septembre 2020, Michel Ancel, directeur de la création historique de l'entreprise démissionne « sur fond d'enquête interne »[238]. Dans une enquête, Erwan Cario et Marius Chapuis pour Libération évoquent « un directeur de la création aux méthodes toxiques »[239].
En octobre 2024, Ubisoft annonce le retour de Michel Ancel comme consultant sur un nouveau projet de Rayman, ce qui suscite la controverse[240].
Grèves de 2023 et 2024
Le 27 janvier 2023, un mouvement de grève a lieu pour dénoncer les pratiques managériales de l'entreprise[241].
Le 14 février 2024, entre 400 et 500 salariés de l'entreprise font grève pour réclamer des « salaires dignes »[242].
Du 15 au 17 octobre 2024, partout en France, les syndicats appellent à la grève pour lutter contre la limitation du télétravail que la direction veut imposer[243]. Les syndicats dénonce un « plan social déguisé » puisque certains salariés ont emménagé loin de leurs bureaux grâce au télétravail et n'ont aujourd'hui plus de possibilité d'y retourner[244]. Avec plus de 700 grévistes, un représentant syndical avance qu'il s'agirait de la plus grosse grève de l’histoire du jeu vidéo[245].
Les employés d'Ubisoft Milan se joignent au mouvement le 18 octobre 2024[246]. Le 25 novembre, la CGT espagnole annonce porter plainte contre Ubisoft au nom des salariés d'Ubisoft Barcelona à cause de négociations sociales bloquées[247].
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↑ ab et cUbi Soft : le club des cinq, juillet/août 1996, PC Team no 15, pp. 22-27.
↑Daniel Ichbiah et Sébastien Mirc, Michel Ancel : Biographie d'un créateur de jeux vidéo français, Châtillon, Pix'n Love, coll. « Les Grands noms du jeu vidéo » (no 2), , 193 p. (ISBN978-2-918272-16-8, BNF42379914).
↑AFP, « Jeu vidéo : Ubisoft dépose plainte contre le développeur d’une copie conforme de « Rainbow Six Siege » », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).