Théâtre des ArènesÀ l'initiative du mécène biterrois Fernand Castelbon de Beauxhostes (1859-1934)[1], des opéras furent créés ou représentés au début du XXe siècle dans les nouvelles arènes de Béziers (implantées au Pech de Valras)[2],[3]. Bien entendu, le rôle d'un mécène n'est pas seulement financier. L'enseignement (vocal et musical) collectif étant alors inexistant, Castelbon avait déjà proposé à la municipalité la création d'une « École municipale professionnelle de musique vocale » (1890), mettant à sa disposition gratuitement une salle aménagée à cet effet dans l'ancien couvent des Ursulines[4]. Y donnant ses concerts, la « Société Sainte-Cécile » avait là ses instruments et matériel ; elle était dès 1887 sous la présidence de Castelbon. Et d'ailleurs, il allait rapidement lui joindre « l'Orphéon Sainte-Cécile ». En 1893, Castelbon prenait la présidence de la « Lyre biterroise », la réorganisant avec succès. Il se servit de toutes ces formations, et bien d'autres, pour les chœurs de son Théâtre des Arènes. Aussi, les Fêtes de Déjanire connurent dès la première année un grand succès, laissant supposer son renouvellement les années suivantes. La période des représentations fut ensuite nommée « Fêtes d'août » ou « Grande Semaine d'août » : des spectacles en ville accompagnaient alors les représentations aux arènes. Béziers en tira un tel renom qu'elle fut surnommée la « Bayreuth française » par la presse et le milieu artistique[5]. En 1910, le Dr Joseph Charry[6], directeur de l'Œuvre de Décentralisation Artistique des Théâtres de Plein Air, dont le délégué général est Gabriel Boissy, prend pour un an la direction du Théâtre des Arènes[7]. Glorification d'une culture méditerranéenne.Le début du XXe siècle est marqué partout en France par un rejet de la culture germanophone depuis la défaite de 1870 pour un retour en grâce de la culture gréco-latine. C'est notamment au sein de ce lieu patrimonial languedocien et méditerranéen, comme les arènes de Béziers ici présentées mais aussi le théâtre antique d'Orange et les arènes de Nîmes, que sont mis en avant des créations dramaturgiques[8]. Un public provincial et socialement mixte.C'est dans une optique de démocratisation et de décentralisation de la culture de Paris vers la Province que des lieux de théâtre en plein air sont investis, accueillant un large public[8]. Représentations
Les Fêtes de Déjanire (28-30 août 1898 et 27-29 août 1899)Programme au Théâtre des Arènes 1898Dimanche à 15 h : première représentation de Déjanire[18]. Lundi à 15 h : deuxième représentation de Déjanire. Une tragédie en 4 actes de Louis Gallet, musique de scène, chœurs et divertissement chorégraphique de Camille Saint-Saëns, sous sa direction (image ci-contre), mise en scène de M. Dherbilly (régisseur général de l'Odéon)[19], avec des décors (3 000 m2) de Marcel Jambon (Opéra de Paris) et des costumes de P. Steck exécutés à Paris par A. Julien. Distribution : Armande Bourgeois et Valentin Duc de l'Académie Nationale de Musique (Coryphées), Dorival (Hercule), Dauvilliers (Philoctète), Segong-Weber (Iole), Cora Laparcerie (Déjanire), Odette de Fehl (Phénice) - Ballet de 60 danseuses (maitre de Ballet : Van Hamme) - Musique de la garde municipale de Barcelone (1er orchestre, chef : Sadurni), la Lyre biterroise (2e orchestre), orchestre (à cordes) de la Ville de Barcelone et du Grand-Théâtre de Béziers, orchestre de harpes (18 instrumentistes de Barcelone et Paris) - Chef des chœurs : Jean Nussy-Verdier[20]. Programme hors Théâtre des Arènes 1898
Reprise au Théâtre des Arènes 1899Dimanche à 15 h : première représentation de Déjanire[21]. Mardi à 15 h : deuxième représentation de Déjanire[22]. L'œuvre de Louis Gallet (†, récemment), musique de Camille Saint-Saëns, est donnée avec la même interprétation que lors de sa création en 1898 mais sous la direction de Gabriel Fauré (en présence de Camille Saint-Saëns), mise en scène de M. Dherbilly (régisseur général de l'Odéon), avec les mêmes décors (3 000 m2) de Marcel Jambon (Opéra de Paris). L'orchestre augmenté se compose d'un orchestre à cordes, de deux musiques d'harmonie, 20 harpistes et 40 trompettes soit au total 500 musiciens. Le ballet amélioré et également augmenté est dansé par 70 ballerines (chef de ballet : Vasquez, de l'Opéra). Les chœurs sont chantés par 200 choristes sous la direction de Jean Nussy-Verdier. Plusieurs ministres sont annoncés en ville. Le dimanche à 20 h., la musique du 17e R.I. donne un concert sur la place de la Citadelle, suivi par celle du 2e Génie à 21 h. 30 (Saint-Saëns, Weber et Sellenick), chant d'Armande Bourgeois accompagnée par la Lyre Biterroise devant 25 000 personnes[23]. Nouvelle programmation le mardi à 21 h. Prométhée (26-29 août 1900)Programme au Théâtre des ArènesDimanche à 15 h : première représentation de Prométhée[24], sous une pluie orageuse. Mardi à 15 h : deuxième représentation de Prométhée[25]. Une tragédie lyrique en 3 actes de Jean Lorrain et Ferdinand Hérold, musique de Gabriel Fauré, avec un prologue symphonique de Camille Saint-Saëns, mise en scène de Pierre Baudu (régisseur général du Métropolitan-House (New-York) et du Covent-Garden (Londres), avec des décors de Marcel Jambon (Opéra de Paris). Livret[12] illustré par George Roux. Distribution : de Max (Prométhée), Cora Laparcerie (Pandore), Odette de Fehl (Hermès), tous trois de l'Odéon, Caroline Fiérens-Peters (Bia), Valentin Duc (Kratos), tous deux de l'Opéra, Amélie Torrès (Knoë) de l'Opéra-Comique - Ballet de 50 danseuses (Vasquez, maitre de Ballet de l'Opéra) - Trois orchestres d'harmonie et un orchestre quintetti à cordes, 18 harpes, chefs : Eustace du 2e Génie et Weinberger du 17e R.I. - Chœurs de femmes de Paris et 200 choristes biterrois (chef des chœurs : Bian). Programme hors Théâtre des Arènes
Parysatis (17-19 août 1902)Programme au Théâtre des ArènesDimanche à 15 h : première représentation de Parysatis[26] au bénéfice des Œuvres Patriotiques et de Bienfaisance. Mardi à 15 h : deuxième représentation de Parysatis. Un drame en 3 actes et un prologue de Jane Dieulafoy, musique de Camille Saint-Saëns avec une orchestration traitée par Eustace du 2e Génie, sous la direction de Paul Viardot (Opéra), mise en scène de M. Dherbilly (régisseur général de l'Odéon), avec des décors (3 000 m2) de Marcel Jambon et A. Bailly (Opéra de Paris) et des costumes exécutés à Paris par Léon Cousin. Distribution : M. Rousselière (Opéra), Lucette Korsoff et Alexis Boyer (Opéra-Comique), tous trois Coryphées, Segond-Weber (Parysatis), Cora Laparcerie-Richepin (Aspasie), Lucie Brille (Phédyme), Catherine Fonteney (Artaynte), Odette de Fehl (travestie en Darius) tous de l'Odéon sauf Segond-Weber de la Comédie Française - Ballet de 60 danseuses (maitre de Ballet : Bucourt, de l'Opéra) - 1er orchestre d'Harmonie, chef : Giraud), la Lyre biterroise (2e orchestre, chef : Alicot), orchestre à cordes, 20 harpes (chef : Louis Hasselmans, Conservatoire de Paris) soit 450 instrumentistes - Chœurs des Femmes de l'Opéra-Comique et de Monte-Carlo (chef des chœurs : Jean Nussy-Verdier). Programme hors Théâtre des Arènes
Armide (28-30 août 1904)Programme au Théâtre des ArènesDimanche à 15 h : première représentation d'Armide[27], plus de 12 000 spectateurs. Mardi à 15 h : deuxième représentation d'Armide. Interruption par la pluie dès le premier acte, représentation reportée au lendemain à 15 heures[28]. Un drame en 5 actes tiré d'un poème de Philippe Quinault (image ci-contre), musique de Gluck, d'après la partition de Fanny Pelletan, Camille Saint-Saëns et O. Thierry-Poux, sous la direction de Paul Viardot (Opéra), mise en scène de M. Dherbilly (régisseur général de l'Odéon), avec des décors de Marcel Jambon et A. Bailly (Opéra de Paris). Distribution : Félia Litvinne (Armide), Armande Bourgeois et Valentin Duc (Renaud), tous trois de l'Opéra, Étienne Billot de l'Opéra-Comique, Céleste Gril (Sidonie), Berges (Phénice), Josépha Gozategui (Lucinde), Loventz (Mélisse) - Ballet de 60 danseuses de Milan (maitre de Ballet : d'Allessandri) - Orchestre symphonique de 300 instrumentistes - 250 choristes dont La Chorale Biterroise (chef : Thalio), l'Orphéon L'Avenir (chef : Escudié), chœurs des Femmes de Paris et de Monte-Carlo (chef des chœurs : Jean Nussy-Verdier). Programme hors Théâtre des Arènes
Les Hérétiques (27-29 août 1905)Programme au Théâtre des ArènesDimanche à 15 h : première représentation des Hérétiques, au bénéfice des Œuvres Patriotiques et de Bienfaisance. Mardi à 15 h : deuxième représentation des Hérétiques, « contrarié par un vent impérieux »[29]. Un opéra en 3 actes de Ferdinand Hérold, musique de Charles Gaston Levadé, sous la direction de Jean Nussy-Verdier, mise en scène de M. Dherbilly (régisseur général de l'Odéon), avec des décors de Marcel Jambon, peintre décorateur de l'Opéra de Paris (image ci-contre). Distribution : Mlle Mazarin (Daphné), Valentin Duc (Comte de Béziers) de l'Opéra, Harriet Strasy, Mlle Charbonnel (l'abbesse), Billot, Vallier (Lychas, le Légat), Dufranne de l'Opéra-Comique (Simon de Monfort) - Ballet de danseuses de la Scala de Milan (maitre de Ballet : Belloni) - Chœurs des Femmes des Concerts Colonne et les élèves du Conservatoire de Paris (chef des chœurs : également Jean Nussy-Verdier). Programme hors Théâtre des Arènes
La Vestale (26-28 août 1906)Programme au Théâtre des ArènesDimanche à 15 h : première représentation de La Vestale[30], au bénéfice des Pauvres de Béziers, 30 000 spectateurs selon L'Officiel des Théâtres. Mardi à 15 h : deuxième représentation de La Vestale. Une tragédie lyrique en 3 actes de Gaspare Spontini sur des paroles d'Étienne de Jouy et des ballets de Gardel, divertissement réglé par Belloni (Scala de Milan), sous la direction de Jean Nussy-Verdier, mise en scène de M. Dherbilly (régisseur général de l'Odéon), avec des décors (6 000 m2) de Marcel Jambon et A. Bailly (Opéra de Paris). Distribution : Georgette Bastier (La Grande Vestale) et Harriet Strasy (Julia) toutes deux de la Monnaie, Valentin Duc (Licinius) et F. Delmas (Le Grand Pontife) tous deux de l'Opéra, Émile Cazeneuve (Cinna) des Concerts Colonne, Louis Vaurs (Chefs des Auspices) - Ballet réglé par Berthe Keller et Céline Rozier, 60 danseuses de la Scala de Milan (maitre de Ballet : Belloni) - Orchestre symphonique de 200 instrumentistes - 250 choristes (chef des chœurs : Jean Nussy-Verdier). Programme hors Théâtre des Arènes
Le Premier Glaive (30 août-1er septembre 1908)Programme au Théâtre des ArènesDimanche à 15 h. : première représentation du Premier Glaive[31], au bénéfice des Œuvres Patriotiques et de Bienfaisance. Mardi à 15 h. : deuxième représentation du Premier Glaive. Un drame lyrique en 3 actes, poème de Lucien Nepoty, musique d'Henri Rabaud, sous sa direction, avec des décors (4 000 m2) de Marcel Jambon et A. Bailly (Opéra de Paris). Distribution : Affre (Dulberg) de l'Opéra, Laffont (Le Vieillard) et Isabeau Catalan (Une femme) du Théâtre de Bordeaux pour les rôles chantés, Madeleine Roch (Malia), Paul Mounet (Rhang) et Fenoux (Vargas) tous trois de la Comédie Française, Henry Perrin (La Brenn), Mlle Barjac (Mira), Louise Prévor (Kiorama) et Morsenn, tous de l'Odéon, Desmarès, Dupront, Teste, Taldy - Orchestre de 400 instrumentistes, dont la musique de l'École d'Artillerie de Toulouse[32], 12 harpes - Ballet de danseuses de la Scala de Milan, Aïda Boni, danseuse étoile de la Scala - Chœurs des Femmes de Paris, 250 choristes (chef des chœurs : Jean Nussy-Verdier). Programme hors Théâtre des Arènes
La Fille du Soleil (29-31 août 1909)Programme au Théâtre des ArènesDimanche à 15 h : première représentation de La Fille du Soleil[33] au profit des Pauvres, 12 000 spectateurs. Mardi à 15 h : deuxième représentation de La Fille du Soleil. Une tragédie lyrique en 3 actes, poème de Maurice Magre, musique d'André Gailhard, précédée d'une Ode à Béziers (Dr Vabre), sous la direction de Jean Nussy-Verdier, mise en scène de M. Dherbilly (régisseur général de l'Odéon), avec des décors (4 000 m2) d'A. Bailly (Opéra de Paris). Distribution : Jenny Spennert (Lycia) du Théâtre de Monte-Carlo, Noté (Hiérophante) baryton de l'Opéra, Mme Laute-Brun, Madeleine Roch (Hélia) de la Comédie Française, Gilda Darthy, Dorival (le roi Elpénor), Joubé (Euristès), Valbel (Arkinoos) - Ballet milanais, Mlle Popinet danseuse étoile - Chœurs (chef des chœurs : Jean Nussy-Verdier). Programme hors Théâtre des Arènes
Héliogabale (tragédie lyrique) (21-23 août 1910)Programme au Théâtre des ArènesDimanche à 15 h. : première représentation d'Héliogabale (tragédie lyrique) . Mardi à 15 h. : deuxième représentation d'Héliogabale (tragédie lyrique). Une tragédie lyrique en trois actes en vers, poème d'Émile Sicard, musique de Déodat de Séverac avec une orchestration de J. Lignon, précédée d'un prologue de Charles Guéret [34], sous la direction d'Louis Hasselmans (Opéra-Comique), mise en scène de M. Dherbilly (ex-régisseur général de l'Odéon), avec des décors d'Eugène Lucien Ronsin et L. Darlot (peintres-décorateurs pour les salles parisiennes). – Orchestre symphonique de 407 instrumentistes dont les musiques de la Flotte (Toulon), des Équipages, de l'École d'Artillerie et du 2e Génie, l'"Estudiantina Biterroise" – Ballet en 5 scènes La résurrection d'Adonis, Nina Séréni danseuse étoile de la Scala de Milan, Jeanne Barbier de l'opéra de Paris (remplaçant in extremis Stascia Napierkowska) et Ea Karité première danseuse de l'Opéra-Comique, 60 danseuses (maître de ballet : Belloni) - 160 choristes avec le Chœur des Enfants de Béziers (chefs des chœurs : Georges Nussy-Verdier, Carelles et Biau). Distribution : Germaine Le Senne (Cinthia) et Paul Franz (Lucinius) tous deux de l'Opéra, Demangane (Proetextat), Edouard de Max (Héliogabale), Alexandre (Rusca) et Madeleine Roch (Soemias) tous deux de la Comédie Française, Lucie Brille (Julia) et Henry Perrin (Calixte) tous deux de l'Odéon, Jean Hervé (Claudien) et Marcelle Schmitt (Coelia). Programme hors Théâtre des Arènes
Tirs aux pigeons (22- le matin).
Les Esclaves (27-29 août 1911)Programme au Théâtre des ArènesDimanche à 15 h. : première représentation des Esclaves. Mardi à 15 h. : deuxième représentation des Esclaves. Une tragédie lyrique en trois actes, poème de Louis Payen, musique d'Aymé Kunc, sous la direction de Jean Nussy-Verdier, mise en scène d'Hubert Genin (régisseur général), avec des décors d'A. Bailly (Opéra de Paris). – Orchestre symphonique de 400 instrumentistes – Ballet de 60 danseuses de Milan, Sonia Pavlova (Naïs) danseuse étoile du Théâtre de Monte-Carlo et Mlle Bos (Mylissa) danseuse de l'Opéra (maître de ballet : Belloni) - 250 choristes. Distribution : Altchevski (Faustusa), Journet (Elissar), Lucile Panis (Œnoé) et Mlle J. Campredon (Karita) tous de l'Opéra, Alexandre (Himéral) et Madeleine Roch (Semia) tous deux de la Comédie Française, Joubé (Marcus), Dupont (Damon) et Gilda Darthy (Tamyris) tous trois de l'Odéon, Bourny (Ennias). Programme hors Théâtre des Arènes
DiscographieIconographieUne importante collection de cartes postales a été émise à ces occasions[35]. Les différents livrets sont illustrés par Gaston Cugnenc (portraits au fusain pour Déjanire en 1899), par George Roux (Prométhée en 1900), par C. Betout (Le Premier Glaive en 1908), et par L. Darlot (Héliogabale en 1911). Galerie des représentations
Galerie des interprètes
Lien externe
Références
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