Composée à Paris pendant l'époque napoléonienne et créée à Paris[1], puis en version allemande à Vienne en 1810, elle est traduite en italien à Naples, le .
Tout comme la Norma de Bellini, Julia, ayant fait vœu de chasteté, est condamnée à être enterrée vivante après avoir profané le temple de Vesta. Sauvée par un signe des dieux, la Ville fête ce dénouement, rappelant le destin heureux de La Sonnambula[2].
Historique
Installé à Paris en 1803[3], Gaspare Spontini, après avoir donné trois opéras-comiques au Théâtre Feydeau, cherchait un sujet romain pour un grand opéra qui s'accorderait à l'esprit de l'heure, à la nouvelle synthèse entre monarchie et république, entre Ancien régime et Révolution, que Napoléon Ier cherchait à réaliser. Étienne de Jouy lui proposa le livret de La Vestale qui avait déjà été refusé par Étienne Nicolas Méhul et François-Adrien Boïeldieu. Spontini vit le parti qu'il pouvait en tirer et l'accepta.
Comme l'indique de Jouy dans sa préface, le sujet de La Vestale est tiré de textes de Johann Joachim Winckelmann. Il s'inspire également de la tragédie Éricie ou la Vestale de Joseph-Gaspard Dubois-Fontanelle. Le sujet est d'une grande intensité dramatique, mais autorise le déploiement d'une vaste liturgie scénique, et les références romaines, avec aigles, sceptres, soldats et marches triomphales, s'accordent avec la symbolique impériale au prix de quelques anachronismes. On peut ainsi transposer le personnage de Joséphine avec celui de Julia[4].
Lorsque La Vestale fut donnée à l'Opéra le mardi , l'ouvrage parut incarner de manière presque miraculeuse l'esprit de l'Empire et fit aussitôt sensation. Servi par une distribution brillante, comprenant notamment Madame Branchu en Julia, l'opéra eut près de cent représentations d'affilée. L'Institut de France le déclara meilleur ouvrage lyrique de la décennie. Le dimanche à 15 h, une représentation de La Vestale[5] fut donnée au Théâtre des Arènes, à Béziers, devant 30 000 spectateurs selon L'Officiel des Théâtres.
L'histoire se déroule à Rome. Licinius tombe amoureux de Julia, devenue vestale pendant une guerre opposant les Gaulois et les Romains. La Grande Vestale prévient donc Julia des dangers de cet amour. Sachant que Julia doit veiller sur le temple de Vesta, Licinius l'enlève. À l'issue d'un duo d'amour, Cinna accourt pour prévenir Licinius que le peuple viendra punir le couple qui a profané le temple. Julia qui perd connaissance est retrouvée seule à l'autel où elle accepte la punition.
Julia est alors condamnée à être enterrée vivante. Assistant à la scène, Licinius avoue sa faute et implore le Souverain Pontife. Pour sauver Julia, la condition est telle qu'elle doit déposer un voile sur l'autel qui, s'il prend feu, signifiera le pardon des dieux. Alors que Licinius donne l'ordre à l'armée de sauver Julia, la foudre allume le voile et le peuple célèbre leur amour[7].
1964 - Julia - Renée Mazella, La Grande Vestale - Micheline Grancher, Licinius - Jean Mollien, Cinna - Joseph Peyron, Le Grand Pontife - André Vessières, direction musicale : Jean Paul Kreder et l'orchestre de l'ORTF - Version française. Réédition en CD en 2004 sous le label "Le Chant du monde".
1969 - Giulia - Leyla Gencer, Gran Vestale - Franca Mattiucci, Licinius - Robleto Merolla, Cinna - Renato Bruson, Grande Vestale - Agostino Ferrin, Un Console - Enrico Campi, Aruspice - Sergio Sisti, direction musicale : Fernando Previtali - orchestre et chœurs du Teatro Massimo di Palermo - Version italienne.
1974 - Julia - Gundula Janowitz, La Grande Vestale - Ruza Baldani, Licinius - Gilbert Py, Cinna - Giampaolo Corradi, Le Grand Pontife - Agostino Ferrin, Le Chef des Auspices - Alfredo Colella, Un Console - Giovanni Sciarpeletti, direction musicale : Jesús López Cobos, orchestre et chœur de la RAI Roma, Version française
1993 - Julia - Karen Huffstodt, La Grande Vestale - Denyce Graves, Licinius - Anthony Michaels-Moore, Cinna - J Patrick Raftery, Le Grand Pontife - Dimitri Kavrakos, Le Chef des Auspices - Aldo Bramante - Direction musicale: Riccardo Muti, chœur et orchestre du Teatro alla Scala, Sony Classical - Version française
2002 - Julia - Jane Eaglen, Licinius - John Hudson, Cinna - Andrew Rees, Grand Vestal - Anne-Marie Owens, High Priest - Gerard O'Connor, Soothsayer - Andrew Tinkler, Consul - Edward Caswell, direction musicale : David Parry, chœurs et orchestre de l'ENO - Version anglaise.
↑Le monde musical, n° 17 du 15 septembre 1906, p. 242; ibid., n° 18 du 16 septembre 1906, p. 1152 ; L'Officiel des Théâtres, n° 95 du 2 septembre 1906.