Symbolisme du coqLe symbolisme du coq est lié au comportement habituel des coqs, à leur panache et à leur caractère. Il remonte à l'Antiquité. Le coq gaulois est un des symboles allégoriques et un des emblèmes de la France. Symbole chrétien, il surmonte beaucoup de clochers d'église et, du fait de sa vaillance, bon nombre de monuments aux morts érigés aux citoyens morts pour la France lors des guerres mondiales[1]. Caractères attribués au coqSelon les auteurs, le coq a différents traits de caractère qui sont déduits de son comportement, mais il en ressort les éléments suivants : annonceur du jour et de la fin de la nuit par son chant, batailleur, orgueilleux, conquérant et agressif, toujours en noise et turbulent[2]. La loi du 9 avril 1791, sous la Révolution, le qualifie de « symbole de vigilance ». Symbolique du coq gauloisÀ la suite de nombreux raids gaulois en Italie et sur la Rome antique depuis le VIe siècle av. J.-C., une légende gallo-romaine / auvergnate liée à l'histoire du coq au vin de chanturgue raconte que le chef de la tribu des Arvernes Vercingétorix fait envoyer pour le narguer un coq gaulois, en symbole de la combativité, agressivité, hargne, vaillance et orgueil... de ses guerriers gaulois à son assiégeant, le général romain Jules César, lors du siège de Gergovie[3] en 52 av. J.-C., durant la guerre des Gaules[4]. Jules César le nargue à son tour en l'invitant à une cena (dîner du soir romain) où tout en lui proposant une alliance militaire, il lui fait servir son coq mijoté au vin[5]. Galvanisés par le son de leurs carnyx, Vercingétorix et ses 30 000 guerriers arvernes infligent alors une défaite militaire historique écrasante, cuisante et humiliante à Jules César et aux 30 000 hommes de ses légions romaines, avant le siège d'Alésia de l'été suivant… Le coq au vin est à ce jour un des emblèmes de la France et de la cuisine française. L'utilisation politique faisant du coq gaulois un emblème ethnique ou géographique est une invention tardive d'érudits de la Renaissance (Paul Émile, Jean Lemaire) qui diffusent cette expression, pensant à tort que cet animal était l'emblème de la Gaule indépendante, avant la conquête romaine et, par là, le plus ancien emblème français[6]. En réalité, cette expression apparaît chez les poètes romains qui créent un jeu de mots basé sur l'homophonie gallus, « le coq » et Gallus, « le Gaulois » habitant la Gallia, la Gaule. Le coq est à cette époque un attribut de plusieurs dieux romains (Jupiter, Mars, Apollon et surtout Mercure, la plupart des images de coq ou des objets en forme de coq que les archéologues ont mis au jour étant des coqs votifs, offerts dans toute la Gaule romaine) dont les qualités de bravoure, de vigueur sexuelle et de vigilance sont louées. Suétone ou Jules César reprennent ce calembour, créant une association flatteuse des Gaulois avec l'animal[7]. Ce jeu de mots de lettrés disparaît dans les textes du haut Moyen Âge. Le coq est devenu à cette époque un animal dévalorisé associé à la luxure, la colère, la bêtise ou son côté belliqueux. Isidore de Séville, père de l'étymologie médiévale, n'établit aucune relation entre le coq et la Gaule. Pour lui, le terme gallus dérive du latin castratio, le coq étant le seul oiseau que l'on castre. Ce n'est qu'au début du Bas Moyen Âge (XIIe siècle) que des auteurs au service du roi d'Angleterre ou de l'empereur germanique réutilisent le calembour dans une littérature de type pamphlétaire et satirique, faisant remarquer que les Français (tout particulièrement les chevaliers ou leur roi Louis VII et Philippe Auguste) sont tout aussi orgueilleux que l'animal de basse-cour. Au XIIIe siècle, l'Italie gibeline recourt également à cette comparaison péjorative pour discréditer la politique expansionniste de Charles d'Anjou dans le sud de la péninsule. Les textes polémiques opposent alors souvent le coq gaulois et l'aigle de ses ennemis, roi des airs, cette opposition restant une des constantes de l'emblématique européenne jusqu'à la Première Guerre mondiale[8]. Symboles religieuxDans le christianismeLe coq, dans la symbolique chrétienne, a de multiples entrées :
Ce sont sans doute plusieurs aspects de cette symbolique qui sont à l'origine d'une représentation de ce volatile au faîte de très nombreux clochers d'églises catholiques, partout en Europe occidentale et pas seulement en France[11]. On appelle ces coqs de clocher « cochets »[12]. Attestées depuis le VIe siècle par saint Eucher[13], son rôle est de désigner les églises qui sont orientées, c'est-à-dire tournées vers l’orient, le soleil levant, l’est et donc Jérusalem. Le plus ancien coq de clocher se trouve à Brescia en Italie, et date de 820[14],[15]. Le coq à la queue étalée devient la girouette la plus répandue des clochers à partir du IXe siècle. De plus, le coq-girouette du clocher, toujours face au vent, symboliserait ainsi le Christ rédempteur qui protège le chrétien des péchés et des dangers[16]. À tous les symboles évoqués, il faut ajouter l'épisode, relaté dans les quatre Évangiles, du reniement de saint Pierre qui raconte comment l'apôtre Pierre a renié à trois reprises le Christ en niant le connaître (car il craignait pour sa propre vie) avant que le chant du coq ne retentisse, comme le lui avait prédit Jésus lui-même quelques heures auparavant. De ce récit biblique a découlé une légende qui raconte que l'apôtre aurait empalé tous les gallinacés imprudents lorsqu'ils venaient l'importuner et lui rappeler sa lâcheté. Puis, repentant, Saint Pierre se serait avisé de les exposer en belle place et cette coutume se serait transmise de les installer sur le sommet des clochers[17]. De très nombreux saints catholiques ont comme attribut un coq, à commencer bien sûr par saint Pierre lui-même, mais aussi saint Guy, sainte Odile, saint Jacques le Majeur, saint Corneille, pape et martyr en 253, guérisseur, saint Gall, saint Tropez, saint Landry de Soignies, saint Charlemagne (canonisé en 1165 à l'initiative de Frédéric Barberousse par l'anti-pape Pascal III, mais sorti des listes des saints catholiques par l'Église, il bénéficie d'une tolérance de culte local[18]), saint Dominique de la Calzada[19].
Dans l'islamLe coq est symbole de lumière et de résurrection du jour du jugement dernier. Il est celui qui avertit en criant. Mahomet aurait dit : « Le coq blanc est mon ami ; il est l’ennemi de l’ennemi de Dieu ». Ce hadîth se trouve dans le recueil Sahih al-Bukhari 11,326. L'ennemi de Dieu c'est évidemment le Shaitan (arabe : شَيْطَان) même racine sémitique que l'hébreu שָׂטָן (Sātān) c'est-à-dire Satan en français. C'est lui qui empêche le croyant de se lever pour faire sa prière du matin. Une croyance populaire musulmane dit qu’au paradis un très grand coq d’une éclatante blancheur se dresse sur ses ergots pour chanter les louanges d'Allah et que ce serait pour cela que les coqs des basses-cours terrestres poussent leurs cocoricos en chœur quand l'aube point[19]. Le coq tient un rôle important dans le rituel Ahl-al Haqq[20]. Symbole de la WallonieLe coq gaulois a également inspiré des peuplés désireux de rattacher leur identité à celle de la France. En effet, en Wallonie, l'association entre les mots « gaulois » et « coq »[21] séduit les militants wallons qui, réunis lors d'un congrès en 1912, cherchent un symbole pour leur Région. Soucieux de souligner les origines gallo-romaines des Wallons et leur proximité avec la France[22], ils adoptèrent un coq comme symbole dès lors que le coq gaulois est depuis plusieurs siècles, en particulier depuis la Révolution et la monarchie de Juillet puis la République, un symbole de la France. On pense que le coq était avant tout un symbole chez les Véromandues, un peuple gaulois de l'ancienne Gaule Belgique, avant de s'imposer comme emblème à toutes les nations gauloises. Cette hypothèse vient d'une pièce de monnaie, découverte dans leur région d'implantation, sur laquelle on voit un coq, « dans le paroxysme du mouvement, dressé sur ses ergots, le cou tendu, battant des ailes et chantant ». Afin d'apporter une nuance au coq wallon par rapport au coq gaulois, ils choisirent le coq hardi, dont la patte droite est levée et le bec est fermé, ce qui permet de rappeler l'adhésion de la Wallonie à la culture française tout en soulignant sa particularité[23]. Les partisans de la réunion de la Wallonie à la France utilisent d'ailleurs le drapeau français marqué en son centre du coq wallon.
Le 3 juillet 1991, la Communauté française de Belgique adopte par décret le drapeau wallon comme symbole de la Communauté, confirmant un premier décret du de la ci-devant communauté culturelle française de Belgique. Le , le drapeau wallon est reconnu officiellement comme celui de la Région wallonne. Symbole de la FranceEmblème politique et patriotiqueAu XVIe siècle, la tradition française veut que le roi de France Henri IV institue et démocratise la poule au pot comme « plat national français » en citant : « Si Dieu me donne encore de la vie, je ferai qu’il n’y aura point de laboureur en mon royaume qui n’ait moyen d’avoir une poule dans son pot » ou « Je veux que chaque laboureur de mon royaume puisse mettre la poule au pot le dimanche ». Ce plat est à ce jour avec le coq au vin, un des emblèmes de la France et de la cuisine française. Bien que des tentatives aient eu lieu pour en faire le symbole de la France à la fin de l’époque médiévale, c'est à partir de l'époque de la Renaissance que le coq commence à symboliser le roi de France, puis son royaume[24]. Sous le règne des Valois et des Bourbons, l'effigie des rois est souvent accompagnée de cet animal censé représenter la France dans les gravures, sur les monnaies. En 1659, Louis XIV décide de la création d'un ordre architectural et décoratif, l'ordre français. Le projet, retenu, de Le Brun alterne les fleurs de lys et le coq : même s'il reste un emblème mineur, le motif architectural est présent au Louvre et à Versailles[25].
Le coq gagne une popularité particulière à l'occasion de la Révolution française et de la monarchie de Juillet, où il est introduit en remplacement du lys dynastique. À la période révolutionnaire, la loi du 9 avril 1791 stipule que le revers des monnaies d'or, des écus et des demi écus aura pour empreinte « ...un coq, symbole de vigilance... ». On le voit figurer, sur le sceau du Premier consul et l'allégorie de la fraternité porte souvent un bâton surmonté d'un coq.
Napoléon Bonaparte substitue l'Empire à la République et dès lors l'aigle remplace le coq car pour l'empereur : « Le coq n'a point de force, il ne peut être l'image d'un empire tel que la France ». Après une période d'éclipse, les « Trois Glorieuses » de 1830 réhabilitent l'image du coq français et le duc d'Orléans, c’est-à-dire Louis-Philippe, signera une ordonnance indiquant que le coq devrait figurer sur les drapeaux et les boutons d'uniformes de la garde nationale. En 1848, le sceau de la Deuxième République représente la figure de la Liberté tenant un gouvernail marqué du coq.
Le coq est, ou a été parfois, dans le logo de partis politiques. En 2016, il est présent dans le logo du Centre national des indépendants et paysans. L'insigne des mairesCréé par un décret du , l'insigne officiel des maires aux couleurs nationales est conforme au modèle ci-après : « Sur un fond d'émail bleu, blanc et rouge portant « MAIRE » sur le blanc et « R.F. » sur le bleu ; entouré de deux rameaux de sinople, d'olivier à dextre et de chêne à senestre, le tout brochant sur un faisceau de licteur d'argent sommé d'une tête de coq d'or barbée et crêtée de gueules[26]. » Le port de l'insigne officiel des maires aux couleurs nationales, dont l'usage est facultatif, est réservé aux maires dans l'exercice de leurs fonctions et ne dispense pas du port de l'écharpe lorsque celui-ci est prescrit par les textes en vigueur[27]. Monuments aux morts et mémoriaux françaisLe coq gaulois est un des motifs assez fréquents parmi les ornements des monuments aux morts de France. Ce symbole patriotique n'est pas privilégié dans une région plutôt que dans une autre. Il peut être représenté :
« Patrimoine sensoriel » depuis 2020En 2019, une assignation pour nuisance sonore de voisinage à Saint-Pierre-d'Oléron (Charente-Maritime) propulse un coq domestique (Gallus gallus domesticus), dénommé Maurice, au-devant de la scène médiatique[28],[29]. Le 5 septembre de la même année, le tribunal de Rochefort donne raison à la propriétaire du coq Maurice en déboutant un couple de voisins de leur plainte[30], les condamnant même à verser 1 000 € de dommages et intérêts à Corinne Fesseau, la propriétaire de Maurice[31]. Le chant matinal du coq devient à cette occasion un symbole de la ruralité menacée, face aux exigences grandissantes de la part des vacanciers, avides de calme. La population locale, soutenue par le maire de la commune et plus de 100 000 signataires de pétitions, s'insurge contre les plaintes à propos des bruits de la campagne tels que les cloches d'église, les ânes qui braient, les vaches qui meuglent ou encore le chant des oiseaux[32],[33]. Cette affaire inspire[31] une proposition de loi qui modifie l'article L110-1 du Code de l'environnement pour intégrer le « patrimoine sensoriel », c'est-à-dire les bruits et les odeurs de campagne, dans la protection du patrimoine naturel de la nation, adoptée en première lecture à l'Assemblée nationale le [34]. Emblème sportif françaisLe Français Pierre de Coubertin, rénovateur des Jeux olympiques, était un adversaire du symbolisme du coq qu'il jugeait en 1902 humiliant et grotesque[35]. Le coq fait son apparition sur un maillot sportif national en 1909[36]. C'est le Comité français interfédéral, représentant de la France à la FIFA depuis 1908, qui initie cette innovation. Il devient l'emblème de la sélection olympique française à partir de 1920, avant de se généraliser sur les logotypes et les maillots des autres équipes et fédérations françaises. En 1997, le CNOSF décide de retirer le coq du logotype officiel ; certaines personnalités célèbres, dont la plus indignée était Alain Mimoun, sportif français le plus titré de l'histoire, s'élevèrent pour dénoncer cette atteinte aux valeurs de la France. Néanmoins le coq redevient l'emblème du CNOSF en avril 2015[37]. Pour les sportifs français, porter un maillot frappé du coq constitue un honneur suprême. Logos de fédérations françaises de sport
Mascottes (coqs personnifiés)
Cinéma françaisEn 1905, la société de cinéma française Pathé Frères crée son logo représentant un coq gaulois[39]. Le coq reste aujourd'hui encore son emblème avec un changement de design intervenu en mars 1999. Le coq s'appelle « Charlie » (en référence au fondateur Charles Pathé) et fait figure de mascotte pour la société, proclamant fièrement le nom de l'entreprise avec l'utilisation de phylactères (« Pathé »). Il apparaît dans diverses poses et est censé symboliser l'histoire de l'entreprise. Tourisme en France
Logos d'entreprises ou d'associationsHormis les entreprises de ventes de volailles, plusieurs entreprises désirant mettre l'accent sur le caractère français de leurs produits, présentent — ou présentaient — un coq dans leur logo :
Monnaie et timbre
BibliographieArticles
Monographies
Notes et références
Voir aussiArticles connexes
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