Syméon II de Jérusalem

Syméon II (ou Siméon, ou Simon) est patriarche melkite de Jérusalem au temps de la première croisade (fin du XIe siècle).

Les dates de son pontificat sont très incertaines. Il succéda à Euthyme Ier en 1085 ou 86 selon Anton Michel[1], en 1089 selon Venance Grumel[2]. Il participa au synode des Blachernes (fin 1094 ou début 1095), qui régla la crise ouverte par la confiscation des biens d'Église décidée par Alexis Comnène en 1081 et les accusations d'iconoclasme lancées par le métropolite Léon de Chalcédoine[3].

Selon des chroniqueurs occidentaux, Pierre l'Ermite aurait fait un pèlerinage à Jérusalem en 1093 ou 1094 et aurait eu une entrevue avec le patriarche Syméon qui lui aurait remis des lettres pour le pape ; il aurait constaté à quel point les Turcs (les Seljoukides de Damas), qui occupaient la ville sainte depuis 1071, y maltraitaient même le pontife. Cependant la réalité de cet épisode a été fortement mise en doute par des historiens modernes[4].

Après sa participation au synode de Constantinople, Syméon regagna son siège. Fin 1097, alors que les croisés étaient arrivés devant Antioche, il rédigea une lettre conjointement avec le légat pontifical Adhémar de Monteil, puis une autre le avec des clercs grecs et latins de Jérusalem[5]. Ensuite (selon les chroniqueurs occidentaux), il se serait réfugié à Chypre d'où il aurait contribué au ravitaillement de l'armée des croisés (alors qu'elle assiégeait toujours Antioche, donc avant juin 1098)[6].

Selon Albert d'Aix, Syméon serait mort à Chypre avant la prise de Jérusalem par les croisés le [7]. En revanche, Michel le Syrien rapporte qu'il assista à la prise de la ville[8], et Matthieu d'Édesse prétend qu'il était toujours en vie en 1101 (au moment d'un miracle qui se serait produit cette année-là au Saint-Sépulcre). En tout cas son successeur, sous le nom de Jean VII ou Jean VIII, fut le métropolite de Tyr, qui s'était réfugié à Jérusalem au moment de la prise de sa ville par les Fatimides d'Égypte (mai 1097) ; comme il semble avoir été élu sous administration musulmane, il l'a peut-être été avant la mort de Syméon, après la fuite de ce dernier à Chypre.

On conserve du patriarche Syméon un traité sur les azymes[9].

Notes et références

  1. Anton Michel, « Die byzantinische und römische Werbung um Symeon II. von Jerusalem », Zeitschrift für Kirchengeschichte 62, 1943-49, p. 164-169.
  2. Venance Grumel, « Jérusalem entre Rome et Byzance : une lettre inconnue du patriarche de Constantinople Nicolas III à son collègue de Jérusalem (vers 1089) », Échos d'Orient 38, 1939, p. 104-117 (Selon cet auteur, la lettre en question serait une réponse à la lettre d'intronisation de Syméon II. Mais c'est une conjecture, car cette lettre est anépigraphe et non datée, et Jean Darrouzès la croyait plutôt du XIIIe siècle).
  3. Paul Gautier, « Le synode des Blachernes (fin 1094) : étude prosopographique », Revue des études byzantines 29, 1971, p. 213-284.
  4. René Grousset, Histoire des croisades et du royaume franc de Jérusalem, tome I (Paris, Perrin, 1934), p. 74.
  5. Heinrich Hagenmeyer, Die Kreuzzugsbriefe aus den Jahren 1088-1100 ; Eine Quellensammlung zur Geschichte des ersten Kreuzzugs. Mit Erläuterungen, Innsbruck, 1901 (lettres VI, p. 141, et IX, p. 146).
  6. Albert d'Aix, VI, 39 ; Guillaume de Tyr, VII, 23. Selon ces chroniqueurs, Syméon avait à redouter les mauvais traitements que les Turcs infligèrent à son collègue d'Antioche Jean l'Oxite.
  7. Albert d'Aix, Ibid. Indication confirmée par Nicéphore Calliste Xanthopoulos, qui dit simplement que le siège était vacant avant la prise de la ville (PG 146, 1096d).
  8. Dans un récit qui paraît fantaisiste : « Le patriarche suivit une rue et, massacrant sur son chemin les infidèles, il arriva à l'église de la sainte Résurrection ».
  9. Bernard Leib (éd.), « Deux inédits byzantins sur les azymes au début du XIIe siècle », Orientalia Christiana 9, Rome, 1924, p. 157-176.

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