La Société des Amis du Muséum national d'histoire naturelle et du Jardin des plantes (plus communément appelée « Les Amis du Muséum ») est une association loi de 1901[3], créée en 1907, et reconnue d’utilité publique par décret en date du . Selon ses statuts, elle a pour but de donner son appui moral et financier au Muséum national d'histoire naturelle, d’enrichir ses collections, ménageries, laboratoires, serres, jardins et bibliothèques, et de favoriser les travaux scientifiques et l’enseignement qui y est dispensé[4].
La Société est fondée en 1907 par l’anatomiste et zoologiste Edmond Perrier, alors directeur du Muséum[5],[6]. À cette époque déjà, le Muséum manque de moyens publics pour enrichir ses collections, améliorer ses présentations et organiser des expositions thématiques et c’est pourquoi Edmond Perrier, pour soutenir les actions du Muséum, crée la Société des Amis du Muséum qui, de par la loi, peut organiser des souscriptions, rechercher des partenaires privés et des mécènes. Son premier président est le sculpteur Léon Bourgeois, alors ministre, sénateur, président du Sénat et sera plus tard président du premier Conseil de la Société des Nations et lauréat du prix Nobel de la paix[6],[5]. Parmi les premiers Amis du Muséum on compte de nombreuses autres personnalités en vue qui utilisent leur notoriété pour obtenir des aides financières. Parmi elles, Aristide Briand, Raymond Poincaré, Émile Loubet, Paul Doumer, les princes Albert Ier de Monaco et Roland Bonaparte ainsi qu’Edmond de Rothschild. En 1909, le premier don que les Amis offrent au Muséum est un fossile d’ichthyosaure, toujours exposé dans la galerie de Paléontologie. En outre, dès ses débuts, la Société organise diverses activités pour ses membres.
À partir de 1913 paraît la première publication des Amis du Muséum : les Nouvelles du Muséum[7]. Elle informe les membres des activités du Muséum et de la Société : c’est l’ancêtre de l’actuel Bulletin. En 1933 déjà elle inclut au moins un article scientifique par numéro, parfois partagé avec d’autres revues scientifiques[8]. C’est en 1935 que le cachet des Amis de Muséum est dessiné, représentant les trois règnes minéral, végétal et animal en évoquant la silhouette du Cèdre de Jussieu poussant sur les flancs du « Labyrinthe »[5],[9],[10],[11]. De nombreux numéros ont paru depuis ces débuts, avec des interruptions dues aux guerres et parfois au manque de fonds. Le Bulletin continue d’être publié chaque trimestre et reste gratuit pour les membres de la Société. Depuis 2012 le Bulletin inclut un supplément : « L’Espace Jeunes », mais déjà en 1935 une « section juniors » existait pour les moins de quinze ans[12].
En 1926, sous la présidence de Paul Doumer, à l’époque ministre des finances, les Amis du Muséum reçoivent la reconnaissance d'utilité publique qui leur permet de recevoir des dons et legs du gouvernement français. Dans les années 1930, deux filiales sont ouvertes à Arcachon et Tananarive[13] avec pour but d'y relayer localement l'action du Muséum. En outre, la Société tient un rôle notable en 1926, à l’occasion de la « Journée Pasteur », en organisant une souscription pour financer le Vivarium de la Ménagerie du Jardin des plantes et en 1934 pour financer la création de ce que l’on appelait alors le Zoo de Vincennes.
Le secrétariat ferme lors de l’invasion de 1940 mais la Société survit : les conférences reprennent en 1941 (une par mois) et Marcel Duvau, secrétaire général de 1932 à 1957, réussit en 1942 à obtenir de la préfecture de Paris le permis de publier un numéro du bulletin qui sera le seul jusqu’en 1948 lorsqu’il reparaît sous le nom de Feuille d'information. Dans les années 1950, la Société connaît une grande activité et atteint environ 12 000 membres vers 1955. Le Muséum, alors dirigé par le mycologue Roger Heim (ancien résistant, déporté à Mathausen), l’accueille dans la maison de Cuvier fin 1953. Dans les années 1960, l’activité de la Société diminue quelque peu, mais son conseil d’administration s’enrichit de personnalités comme le biologiste Jean Rostand et l’écrivain Maurice Genevoix qui assure la présidence de 1970 à 1980.
Après la disparition de Maurice Genevoix, la présidence du professeur Maurice Fontaine est marquée par l’obtention de la gratuité d’entrée dans tous les sites du Muséum, dont les membres de la S.A.M. ont bénéficié de 1907 à 1923 et de 1990 à 2023, ce qui, durant ces périodes, a notablement élargi la notoriété du Muséum (sans que cela puisse être évalué comptablement)[14]. De 1991 à 2004, sous la présidence d’Yves Laissus secondé par le professeur Raymond Pujol, secrétaire général, l’effectif de la Société atteint 2500 membres. Depuis 2004 et son centenaire en 2007, la Société, présidée par le professeur Jean-Pierre Gasc, augmente sa visibilité à travers notamment l’univers numérique, tout en développant ses missions traditionnelles : aides au Muséum, sorties et excursions scientifiques, conférences ouvertes à tous, participation annuelle à la Fête de la Nature et à la Fête de la Science organisées par le Muséum, projet de reconstitution du bassin historique des nymphéas de l’esplanade Milne-Edwards[15]. Ces activités font partie des missions statutaires de la Société : faire connaître au plus large public possible et aux média l’importance du Muséum en particulier et de l’histoire naturelle en général, ainsi que le caractère indispensable des recherches sur l’environnement global, dans un contexte où les sciences naturelles continuent à être le plus souvent considérées comme marginales en regard des exigences de l’activité économique, ou encore d’« importance mineure » en regard des « sciences exactes » (terme inapproprié supposant qu’il existerait des « sciences inexactes »)[16],[17],[18],[19].
Une autre mission statutaire est la sensibilisation et la recherche de financements pour les travaux de rénovation et de mise aux normes des présentations et des collections du Muséum, alors que les moyens publics sont toujours aussi insuffisants, entraînant des fermetures prolongées (galerie de Zoologie : 28 ans de 1966 à 1994 ; galerie de Minéralogie et de Géologie : 10 ans de 2004 à 2014 ; musée de l'Homme : 6 ans de 2009 à 2015 ; zoo de Vincennes : 6 ans de 2008 à 2014 ; grandes Serres : 5 ans de 2005 à 2010). Bien souvent, les pouvoirs publics tutélaires n’agissent que lorsque la vétusté ou l’indigence de moyens sont subitement médiatisées à la suite d’accidents dans les installations. C’est là que l’activité de la Société est plus jamais d’actualité au XXIe siècle car en dépit des prises de conscience récentes (surtout dans la jeunesse) et des discours environnementalistes à la mode, la tradition du « compte-gouttes » budgétaire n’a pas disparu et les appels à partenariat et mécénat restent indispensables pour sauver des éléments du patrimoine du Muséum tels que le mobilier, les grands tableaux à l’huile et le mobilier de la galerie de Minéralogie et de Géologie[20], la gloriette de Buffon devenue dangereuse[21] ou encore l’abri des chevaux de Przewalski dans la Ménagerie[22].
Chronologie des acquisitions et de divers autres évènements
1991 - 2004 : Yves Laissus, archiviste paléographe, ancien directeur de la bibliothèque centrale du Muséum, inspecteur général honoraire des bibliothèques
2004 - 2016 : Jean-Pierre Gasc, spécialiste de la locomotion des vertébrés, professeur émérite du Muséum national d'histoire naturelle
Depuis 2016 : Bernard Bodo, spécialiste de la chimie des substances naturelles, professeur émérite du Muséum national d'histoire naturelle.
Services
La Société des Amis du Muséum comptait en 2022 plus de 4 000[2] adhérents et son action comprend[26],[27] :
le financement de projets scientifiques et de mission de chercheurs du Muséum, souvent de jeunes doctorants ;
l'acquisition de spécimens pour les collections du Muséum ;
l' acquisition d’ouvrages pour la bibliothèque du Muséum ;
le financement de projets éditoriaux et d’ouvrages ;
l'organisation de conférences hebdomadaires durant l’année scolaire, fréquemment données par des chercheurs ayant reçu une aide financière de la Société.
La société offre à ses adhérents des facilités :
entre 1907 et 1923, et entre 1990 et 2023, gratuité sur l’ensemble des sites parisiens du Muséum[28] ;
voyages d’études et sorties en France et à l’étranger ;
réductions sur de nombreux ouvrages d’histoire naturelle (35% sur les Publications scientifiques du Muséum ainsi que d’autres réductions) ;
Cours de dessin animalier pour les jeunes (En partenariat avec le Muséum) ;
Le Bulletin des Amis du Muséum, magazine trimestriel qui inclut un supplément Espace Jeunes ;
Le secrétariat de la Société, sis dans la Maison de Cuvier, rue Cuvier, est ouvert de 14h30 à 17h30, du mardi au samedi inclus : il accueille et informe les sociétaires, enregistre les adhésions, organise et planifie les activités et les sorties.
↑ abcde et fYves Laissus, Spécial Centenaire (1907-2007). Bulletin des Amis du Muséum national d'Histoire naturelle n° 230 (Historique), p. 12-42, 2007.
↑Société des Amis du Muséum, Bulletin du Muséum national d'histoire naturelle (1947)], Imprimerie nationale, 1947 - [1].
↑Exemples : P. Lester, « La Mission scientifique de l’Omo » in : Journal de la Société des Africanistes n° 3 (3-2), 1933, p. 347-348Lien ; Dr. René Jeannel, Mission scientifique de l’Omo. Un cimetière d'éléphants avec 48 planches de photographies et une carte hors texte, Éditions de la Société des Amis du Muséum, 1934, in-8, broché (270 x 185 mm), 159 pp, ASIN B0000DSYFT.
↑Dessiné d'après cette photographie [2], ce cachet apparait dans le Bulletin du Muséum national d'histoire naturelle : [3], Paris, Imprimerie nationale 1935.
↑Les Amis du Muséum National d'Histoire Naturelle, vol. 227, cote Pr-1926 de la Direction des bibliothèques et de la documentation du Muséum national d'histoire naturelle
↑Yves Laissus, « Spécial Centenaire (1907-2007) » in Bulletin des Amis du Muséum national d'Histoire naturelle n° 230 (Historique), p. 12-42, 2007.
↑Société des Amis du Muséum, La Terre et la vie, n° 9 (4) ; 1939 ; publié par la Société des Amis du Muséum et la Société nationale d’acclimatation de France.
↑Jean Ferrette, art. « L’avenir de la recherche du point de vue des jeunes chercheurs » dans Les sciences humaines et sociales dans la recherche, APIDOC & confédération des jeunes chercheurs - [5]
↑Thierry Rogel (pr. de sciences économiques et sociales), Durcir les « sciences molles », mollir les « sciences dures » ?, IUFM d'Aix-Marseille - [6].