Sarpédon

Sarpédon
Le corps de Sarpédon emporté par Hypnos et Thanatos (le Sommeil et la Mort), sous le regard d'Hermès. Face A du « cratère d'Euphronios », cratère en calice attique à figures rouges signé par Euxithéos (potier) et Euphronios (peintre), v. 515 av. J.-C.
Le corps de Sarpédon emporté par Hypnos et Thanatos (le Sommeil et la Mort), sous le regard d'Hermès. Face A du « cratère d'Euphronios », cratère en calice attique à figures rouges signé par Euxithéos (potier) et Euphronios (peintre), v. 515 av. J.-C.

Décès Tué par Patrocle
Sexe Masculin
Espèce Demi-dieu
Arme favorite épée
Famille Zeus (père)+ Cousin Glaucus+ Oncle Cilix
Ennemi de Tlépolème et Patrocle

Dans la mythologie grecque, Sarpédon (en grec ancien Σαρπηδών / Sarpêdốn) est un fils de Zeus et d’Europe[1],[2] ou de Laodamie selon Homère[3]. Il apparaît dans les fragments des Cariens, tragédie perdue d'Eschyle, et un fragment de Bacchylide (fr. 10 SM). C'est la version principale reprise par le pseudo-Apollodore[4]. Il est le frère de Minos et Rhadamanthe, Virgile lui donne deux frères, Claros et Thémon, qui combattent les Rutules aux côtés d’Énée dans les troupes d’Évandre et que Turnus tuera.

Mythe

Henri-Léopold Lévy, Sarpédon, 1874, Musée d'Orsay, Paris

Sarpédon et ses frères Minos et Rhadamanthe furent adoptés par le roi crétois Astérion ou Astérius[5]. D'après les scholies du livre 12 de l'Iliade, lorsque Zeus amena Europe en Crète, il la donna comme épouse à Astérion, le roi de Crète[6]. De leur coté, les mythographes Diodore de Sicile et Apollodore écrivent qu'Europe épousa Astérion, qui adopta ses trois fils Minos, Sarpédon et Rhadamanthe[7],[8].

Dans sa jeunesse, il se querelle avec ses frères pour l’amour d’un garçon, Milétos ou Atymnios. Milétos préféra Sarpédon. Vaincu par Minos, il doit s'exiler et rejoint alors son oncle Cilix, établi dans une contrée à laquelle il donne son nom : la Cilicie. Avec ce dernier, il combat les Lyciens et fait de la région du fleuve Xanthos son royaume[9]. Hérodote rapporte une version historicisée très proche[10]. Zeus lui accorde alors le privilège de vivre pendant trois générations d’hommes[11].

Quand éclate la guerre de Troie, il vient au secours de Priam à la tête des troupes lyciennes. Pendant la dixième année de la guerre, il est blessé à la cuisse dans son affrontement avec l'Héraclide Tlépolème ; Zeus intervient pour le sauver.

Par la suite, il rencontre Patrocle revêtu de l'armure divine d'Achille[12]. Patrocle abat d'abord son cocher, Thrasydème, ainsi que l’un de ses chevaux. Dès le début du combat, Zeus, qui observe la scène, sait que son fils est voué à périr sous les coups de Patrocle. Pris de pitié, il veut le sauver mais est arrêté par les remontrances d'Héra, qui lui rappelle que chacun des Immortels a un descendant dans la bataille. Cédant à Héra, Zeus décide d'abandonner son fils à son destin. Il fait néanmoins pleuvoir une averse de sang pour lui rendre hommage[11].

Sarpédon est abattu d'un coup de pique en plein cœur. Avant de mourir, il demande à Glaucos, son compagnon d'armes, de ne pas laisser sa dépouille aux mains des Achéens. Lui-même blessé, Glaucos ne peut qu'exhorter les Troyens à défendre le corps, mais Patrocle repousse finalement Hector et les Lyciens. Sarpédon est alors dépouillé de ses armes. Aussitôt, Apollon, sur l'ordre de Zeus, intervient pour emporter le corps. Il le lave dans les eaux du Scamandre, l'oint d'ambroisie, le revêt d'habits immortels, et le remet entre les mains des dieux jumeaux Hypnos (le Sommeil) et de Thanatos (la Mort) qui le portent en Lycie, au milieu de son peuple.

Culte héroïque

Il existait un temple de Sarpédon à Xanthos, en Lycie, peut-être associé à un lieu de sépulture supposé[13],[14]. Il y avait aussi un temple et un oracle d'Apollon Sarpédonios et d'Artémis Sarpédonia à Séleucée en Cilicie[15],[16],[17],[18], un sanctuaire et un oracle de Sarpédon dans la Troade, bien que Tertullien ait pu confondre ce dernier avec l'oracle de Cilicie[16]. Il existe des preuves suggérant que Sarpédon était l'objet d'un culte non grec pré-homérique[13].

Représentations

Johann Heinrich Füssli, Le Sommeil et la Mort portant le corps de Sarpédon en Lycie, 1803, Sammlung Haus Rechberg (Zurich)

La mort de Sarpédon est un thème courant dans l'iconographie des vases antiques. Un vase protolucanien du Peintre de Policoro (cf. fig. 1) montre la mort du héros conformément à la scène décrite par Homère : Sarpédon a été abattu par la pique de Patrocle, lequel achève le héros en retirant sa pique.

Cependant, la représentation la plus courante est celle de l'enlèvement du corps par Hypnos et Thanatos, qui apparaît sur plusieurs vases attiques à figures noires et à figures rouges de la fin du VIe siècle av. J.-C. et du début du Ve siècle[19]. Dans ces représentations, les dieux jumeaux, glabres ou barbus selon les cas, semblent enlever le corps du champ de bataille. Sur une hydrie lucanienne, on les voit porter le corps dans les airs. Sur un cratère apulien, ils apportent le corps à Europe, mère du héros — épisode probablement tiré des Cariens d'Eschyle.[réf. nécessaire] Cette scène devient ensuite une scène funéraire générique, notamment sur des lécythes à fond blanc.

Sarpédon est également représenté par Polygnote sur une fresque aux côtés de Memnon[20].


Sources

Notes et références

  1. La version majoritaire est rapportée par le Catalogue des femmes (fr. 140 MW) et corroborée par une scholie de l’Iliade
  2. ΣAb Il. XII, 292
  3. Iliade, VI, 197-199.
  4. Bibliothèque, I, 1, 1.
  5. Hard, p. 337.
  6. Gantz, p. 210; Hesiod fr. 89 Most = Schol. D in Hom. Il. 12.397 = Hesiod fr. 140 Merkelbach-West.
  7. Diodore de Sicile, 4.60.2–3
  8. Apollodore, Bibliothèque 3.1.1–2.
  9. Iliade (II, 876-877)
  10. Hérodote, Histoires [détail des éditions] [lire en ligne] (I, 173)
  11. a et b (en) Nick. J. Allen, Dyaus and Bhïṣma, Zeus and Sarpedon. Towards a history of the Indo-european and sky god, GAIA. Revue interdisciplinaire sur la Grèce ancienne, Année 2004, 8, pp. 29-36
  12. Pour le duel avec Patrocle et le combat autour du corps de Sarpédon : Iliade, XVI, 419-683.
  13. a et b Janko, p. 372; Rose, s.v. Sarpedon, p. 952; Smith, s.v. Sarpedon 2
  14. Appien, Les Guerres Civiles 4.10.78.
  15. Janko, p. 372
  16. a et b Renberg, p. 530
  17. Strabon, 14.5.19
  18. Diodore de Sicile, 32.10.2.
  19. En figures noires, on peut citer une amphore à col du Peintre de Diosphos (Louvre F388) ; en figures rouges la représentation la plus connue est sans doute le cratère en calice d'Euphronios au Metropolitan Museum of Art (Inv. 1972.11. 10).
  20. Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne] (X, 31, 5)

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