Diomède

Diomède
Fonction
Roi d'Argos (d)
Biographie
Père
Mère
Fratrie
Cométhô (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoints
Égialée
Evippè (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Diomède (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Vénéré par
Conflits
Guerre de Troie
War of the Epigoni (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Diomède, copie romaine d'un original grec attribué à Crésilas (v. 440-430 av. J.-C.), Glyptothèque de Munich (Inv. 304).

Dans la mythologie grecque, Diomède (en grec ancien Διομήδης / Diomếdes), fils de Tydée et de Déipyle, dit le Tydéide (Τυδείδης / Tudeídês), est roi d'Argos. Il est l'un des héros grecs de la guerre de Troie.

Mythe

Épigones

Diomède est le fils de Tydée, roi d'Argolide[1], et de Déipyle, fille du roi Adraste. Alors qu'il est encore enfant, son père prend part à l'expédition des Sept contre Thèbes, dans laquelle il trouve la mort. Devenu adulte, Diomède rejoint les fils des autres participants pour venger son père : c'est l'expédition des Épigones, littéralement « les descendants »[2]. Là où leurs pères ont échoué, ils réussissent à prendre Thèbes[3]. Diomède fait ensuite la guerre en Étolie contre les enfants de son oncle Agrios, usurpateur du trône d'Œnée : c'est pendant cette absence qu'Agamemnon envahit son royaume, pour ne le lui rendre qu'en échange de sa participation à la guerre à Troie. Ce n'est pas Diomède qui ensuite succède à son grand-père sur le trône de Calydon, mais Andrémon, qui avait épousé une fille d'Œnée, Gorgé (es). Diomède succèdera à son père sur l'Argolide.

Guerre de Troie

Ulysse et Diomède dérobent le Palladion, œnochoé du Cercle du Peintre de l'Ilioupersis, vers 360-350 av. J.-C., musée du Louvre.

Il part avec les autres chefs grecs à Troie, emmenant avec lui 80 vaisseaux[4], avec un des équipages d'Argolide. C'est l'un des plus grands guerriers grecs, et également le plus jeune. On compte seize morts de sa main dans l’Iliade, ce qui le place en deuxième position derrière Achille[5] ; son aristie se déroule au chant V. Curieusement, il n'a jamais d'échange avec Achille : il ne lui parle jamais ni au combat ni aux conseils, et lors des jeux funéraires en l'honneur de Patrocle, c'est son écuyer qui reçoit pour lui son prix des mains d'Achille. Seul entre tous, il est constamment protégé par Athéna.

Toujours victorieux, il pousse l'audace jusqu'à s'attaquer aux dieux : il blesse Arès[6] et Aphrodite[7], et Apollon, poursuivi, doit lui rappeler que les hommes et les dieux sont deux races différentes[8]. Dans l'épopée, c'est le guerrier absolu. Dans le chant V, on le compare, lors de son aristie, aux forces naturelles :

« Il va, furieux, par la plaine, pareil au fleuve débordé, grossi des pluies d'orage, dont les eaux ont tôt fait de renverser toute levée de terre. Les levées formant digue ne l'arrêtent pas plus que les clôtures des vergers florissants, quand il arrive tout à coup, aux jours où la pluie de Zeus s'abat lourdement sur la terre. (…) Ainsi sont bousculés, sous le choc du fils de Tydée, les bataillons compacts des Troyens, et, pour nombreux qu'ils soient, devant lui ils ne tiennent pas[9]. »

Sthenelos bande les doigts de Diomède.
Sthenelos bande les doigts de Diomède.

Diomède a l'habitude de combattre à pied, suivi par son second Sthénélos, qui se tient constamment derrière lui sur un char.

Lors des jeux funéraires de Patrocle, il prend part à la course de chars avec les chevaux de Tros qu'il a pris à Énée[10] ; il concourt contre Eumélos, Ménélas, Antiloque et Mérion. Lors de la course, il talonne Eumélos quand Apollon, irrité contre lui, fait tomber son fouet ; Athéna intervient pour le lui rendre et pour briser le joug du char d'Eumélos[11]. Ainsi Diomède remporte-t-il le prix : un trépied en bronze et une captive[12]. Il se bat ensuite en duel contre Ajax le Grand pour les armes de Sarpédon, prince lycien tué par Patrocle[13]. Il l'emporte quand les Achéens, craignant pour Ajax, mettent fin au combat[14]. Diomède reçoit alors la moitié des armes de Sarpédon ainsi qu'un poignard de Thrace à clous d'argent[15].

Par la suite, Diomède assiste Ulysse lorsqu'il pénètre de nuit dans Troie pour dérober le Palladion, une effigie d'Athéna qui, selon le devin Hélénos, est indispensable aux Grecs pour faire tomber la ville[16].

Retour

Vénus blessée par Diomède
remonte à l'Olympe

Ingres, vers 1803,
Kunstmuseum (Bâle)[17].

Pour se venger de la blessure qu'il lui a infligée, Aphrodite pousse sa femme à lui être infidèle pendant qu'il combat à Troie[18]. Rentré chez lui, Diomède est attaqué et chassé[19] par Cométès, fils de l'Épigone Sthénélos, amant en titre de sa femme, auquel Diomède avait confié le soin de veiller sur ses intérêts pendant son absence ; le héros doit se réfugier auprès d'un autel d'Héra pour sauver sa vie. Diomède quitte alors la Grèce pour fonder Argyrippa (ou Arpi) en Grande-Grèce. Là, il est tué à la chasse par le roi Daunos (ou l'un de ses fils). Athéna lui confère alors l'immortalité et transforme ses compagnons en hérons — Diomède donne ainsi son nom à l'espèce Calonectris diomedea, ou puffin de Scopoli.

Dans l’Énéide de Virgile

Virgile rapporte comment Énée a rencontré Diomède bien des années après la fin de la guerre de Troie : au chant XI, les partisans de la reine Amata et Turnus apprennent que Diomède ne les aidera pas contre les Troyens. En effet, il ne veut plus avoir à subir la colère de Vénus[20],[21], qui a suscité une passion pour d'autres dans le cœur de la reine Ægialé : devenu roi par son mariage, Diomède a quitté la Grèce dès son retour de Troie.

Ulysse et Diomède traînent Iphigénie de force vers le lieu du sacrifice. Fresque antique de Pompéi, peut-être une copie du tableau de Timanthe.

Culte

Diomède fait l'objet d'un culte héroïque, en particulier dans la région de l'Adriatique[22]. Il est par exemple honoré à Corcyre[23], Brindisi[23], chez les Peucètes en Illyrie[24], à Bénévent[25] ou encore à Arpi[26]. Les îles Tremiti, dans les Pouilles, étaient autrefois appelées « îles de Diomède »[27]. À ce sujet, De mirabilibus auscultationibus (Sur les choses merveilleuses entendues) (en), ouvrage faussement attribué à Aristote[28], dit :

« On raconte que dans l'île de Diomède, dans l'Adriatique, se trouve un sanctuaire remarquable et sacré dédié à Diomède, et que des oiseaux de grande taille, aux becs larges et durs, se tiennent autour de ce sanctuaire en cercle. On dit aussi que si jamais des Grecs débarquent sur place, ils se taisent, mais si des barbares qui habitent aux alentours débarquent là, ils se lèvent et, en faisant volte-face, attaquent leurs têtes et les blessent avec leur bec, les tuent. La légende raconte que ces oiseaux descendent des compagnons de Diomède, qui firent naufrage près de l'île, lorsque Diomède fut assassiné par traîtrise par Énée, roi de ces contrées à l'époque. »

Selon Théophraste, dans son ouvrage Histoire des plantes, au Livre IV, le platane est plus fréquent autour de son sanctuaire que partout ailleurs en Italie[19].

De nos jours, il existe des îles Diomède dans le détroit de Béring.

Arbre généalogique de Diomède


Zeus
 
?
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Ethlios
 
Calycé
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Endymion
 
Nymphe
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Aetolos
 
Pronoé
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Calydon
 
Pleuron
 
Xanthippé
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Agénor
 
Epicaste
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Porthaon
 
Euryté
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Œnée
 
Périboea
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Déipyle
 
Tydée
 
Olénias
 
Thersite
 
Onchestos
 
Prothoos
 
Céleutor
 
Lycopée
 
Mélanippos
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Diomède
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


Notes et références

  1. Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne] (VI, 134-169).
  2. Pseudo-Apollodore, Bibliothèque [détail des éditions] [lire en ligne] (III, 7, 2-3) ; Hygin, Fables [détail des éditions] [(la) lire en ligne] (LXXI) ; Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne] (II, 20, 5).
  3. Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne] (IV, 404-410).
  4. Iliade (II, 559-568)
  5. Pierre Vidal-Naquet, « L’Iliade sans travesti », introduction à l'édition de l’Iliade aux éditions Gallimard (Collection « Folio », Paris, 1975, p. 27.)
  6. Iliade (V, 846-857)
  7. Iliade (V, 351-339)
  8. Iliade (V, 431-470)
  9. Iliade (V, 87-94). Extrait de la traduction de Paul Mazon.
  10. Iliade (XXIII, 290-292)
  11. Iliade (XXIII, 376-400).
  12. Iliade (XXIII, 499-508).
  13. Iliade (XXIII, 799-817).
  14. Iliade (XXIII, 818-823).
  15. Iliade (XXIII, 824-825).
  16. Premier récit dans la Petite Iliade de Leschès de Pyrrha, repris notamment par Pseudo-Apollodore, Épitome [détail des éditions] [lire en ligne] (V, 13).
  17. Musée de Bâle
  18. L'histoire est narrée de manière vague par le poète Lycophron et beaucoup plus détaillée par une scholie de l’Iliade. ΣbT Il. (V, 412) ; Lycophron, Alexandra [détail des éditions] [lire en ligne] (562-632).
  19. a et b Amigues 2010, p. 149, note 76
  20. Diomède avait blessé Aphrodite dans l’Iliade
  21. V (297-431)
  22. Amigues 2010, p. 149
  23. a et b Héraclide du Pont, De rebus publicis (XXVII) = FHG II, 220.
  24. Pseudo-Aristote, De mirabilibus auscultationibus (110).
  25. Virgile, Énéide [détail des éditions] [lire en ligne] (VIII, 9).
  26. Scholie de l’Énéide (Chant XI, 246).
  27. Beaumont, p. 172.
  28. De mirabilibus auscultationibus (en), 79, lire en ligne le texte grec, ainsi que sa traduction en anglais.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes