San Millán de la Cogolla
San Millán de la Cogolla est une commune de la région de Rioja Alta, dans la Communauté autonome de La Rioja, situé dans le Nord de l’Espagne. Sa population était de 278 habitants en 2010. Il est réputé pour son groupe monastique des deux monastères de Suso et Yuso. Le nom de San Millán de la Cogolla, dont le premier nom était San Millán de la Cogulla, fait référence à saint Emilien ou San Millàn en espagnol, ermite qui vécut dans ces lieux (né vers 474 - mort vers 574), et à la "cuculla", capuche monastique[1]. GéographieAu pied de la sierra de la Demanda à 728 m d’altitude, à 20 km de Nájera. Le petit village est situé au bord du río Cárdenas, dans un cadre de collines verdoyantes. À l'automne, les arbres prennent des tons roux qui mettent en valeur les pierres des maisons. AdministrationConseil municipalLa ville de San Millán de la Cogolla comptait 230 habitants aux élections municipales du 26 mai 2019. Son conseil municipal (en espagnol : Pleno del Ayuntamiento) se compose donc de 5 élus.
Maires
HistoirePendant l'occupation arabe, du milieu du VIIIe siècle à 923, année de la reconquête de la région par Ordoño II et Sanche Ier de Navarre, la vie monastique ne s'interrompit pas à Suso comme l'atteste la continuité de l'activité du scriptorium : une copie des Commentaires de l'Apocalypse de Beatus de Liebana est datée du VIIIe siècle, la chronique de San Millán et les écrits de Léovigild de Cordoue, du IXe siècle. En 959, la basilique primitive de Suso était achevée par des maîtres d’œuvre mozarabes. À la fin du Xe siècle, al-Mansûr mit le feu à cette basilique qui fut restaurée et agrandie par Sanche III le Grand (1000-1035) qui imposa, au monastère, la règle bénédictine et fit placer les reliques de san Millán dans un reliquaire d'argent. L'influence spirituelle de Suso était immense. De toute la Castille et de la Rioja, affluaient les pèlerins et nombreux étaient les jacquets qui faisaient le détour par la Cogolla. De multiples sépultures ont été découvertes près de Suso, la croyance voulant que plus on était enterré près du saint plus ses chances de salut étaient grandes. Cette influence spirituelle n'avait d'égal que son influence culturelle puisque Suso est, aussi, considéré comme le berceau de la langue castillane. Ce fut, en effet, dans cet endroit très reculé, que des annotations en langue romane, datées de 977, furent portées dans la marge d'un paragraphe d'un codex des Glosas Emilianenses. En 1040, le prieur de Suso, Domingo de Cañas, le futur santo Domingo de Silos, s'opposait à Don Garcia « el de Nájera », peut être trop influencé par les idées clunisiennes, et abandonna sa charge. En 1054, Don Garcia voulut transporter les reliques de san Millán à Nájera pour doter le monastère de Santa Maria la Real qu'il venait de fonder. Cent soixante ans plus tard, le moine Fernando, dans sa Translatio Sancti Aaemiliani, rapporte les faits. Le reliquaire quitta Suso en procession. Dans la vallée, où se trouve le monastère de Yuso, le reliquaire se dressa telle une pierre immobile. Puis les hommes du roi durent faire face à la résistance armée de la population. Autre version, selon la Chronique de Nájera, le reliquaire fut placé dans un char tiré par des bœufs qui, une fois dans la vallée, refusèrent d'avancer. Don García, se pliant à la volonté divine, fit construire, en cet endroit, le monastère de Yuso. Culture et patrimoineLe pèlerinage de CompostelleSur le Camino francés du Pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, on vient de Nájera ; la prochaine commune est Azofra. Mais on peut rejoindre directement Santo Domingo de la Calzada, en passant par Cañas et son abbaye. San Millán de la Cogolla n'est pas exactement situé sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, mais les pèlerins avaient coutume de faire ce détour pour se recueillir sur le tombeau de saint Émilien (Millán) un berger, qui se fit ermite (473 - 574) et qui avait réuni une communauté d'ermites en 537. Patrimoine religieuxDeux groupes monastiques distincts forment le monastère de San Millán de la Cogolla :
Depuis le , Suso et Yuso sont inscrits au patrimoine mondial de l'Humanité de l'Unesco. Origine du castillanDans la bibliothèque du monastère dormait depuis des siècles un codex latin, « Aemilianensis 60 », dans les marges duquel un copiste avait écrit des notes (gloses) en langue romane, basque et dans un latin que nous pourrions aujourd'hui qualifier de « macaronique » (ou de latin de cuisine). Un exemple d’une glose :
Ce document aurait été écrit au Xe siècle, bien que des recherches récentes laissent supposer qu’il aurait été écrit au début du XIe siècle. Ce codex 60, qui est actuellement gardé à l’ « Academia de la Historia », est celui qui est traditionnellement connu comme « Glose Emilianenses ». Puisque deux de ces gloses sont écrites en basque, on peut aussi dire que dans le monastère de San Millán a eu lieu la naissance de la langue basque écrite. Cependant, les chercheurs Claudio y Javier García Turza ont réalisé des études sur le « codex 46 », aussi trouvé dans la bibliothèque d'Yuso, qui est daté du , pensent que l’on peut fixer dans ce document les origines du castillan. Le codex 46 est un dictionnaire encyclopédique avec plus de 20 000 entrées ordonnées de A à Z, dans lequel ces écrits en langue romane font partie non seulement des annotations dans la marge, mais aussi de la partie du texte écrit en latin. Ce manuscrit rassemble le savoir populaire et clarifie de nombreuses lacunes sur le haut Moyen Âge. Trois siècles plus tard, un autre moine de la Cogolla, Gonzalo de Berceo rédigeait « Los Milagros de Nuestra Señora » donnant à cette langue ses lettres de noblesse. Sources
Références
Voir aussiArticles connexesLiens externes
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