Saint-Marc (Brest)
Saint-Marc est une ancienne commune du Finistère située à l'est de Brest. Elle forme depuis le un quartier de la ville de Brest. GéographieLe bourg de Saint-Marc s'est développé initialement en bordure de la grève de Saint-Marc, au pied des falaises bordant le plateau sur lequel s'étendait la majeure partie du territoire paroissial, au débouché de l'un des ravins permettant un accès pentu, mais néanmoins relativement aisé, entre le bord de mer et le plateau (actuelle "Rampe du Vieux Bourg"). D'autres ravins échancrent le bord de ce plateau, le plus important étant celui de la rue Pierre-Semard qui a longtemps été une véritable séparation physique entre la ville de Brest et le quartier du Guelmeur avant la construction du pont du Forestou, ou le ravin boisé de Dour Braz, espace naturel méconnu des Brestois.
HistoireMoyen ÂgeLa première mention de Treninez (ou Trénivez[réf. nécessaire]) remonte à 1449. Ce nom signifie probablement « trève neuve » (une trève est une subdivision d'une paroisse), dépendait du vicariat des Sept-Saints à Brest (l'un des prieurés de l'abbaye de Saint-Mathieu), et était consacrée à saint Ignace (Inez). Elle fait référence à un village situé au bord de la rade à l'emplacement actuel de la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Port (connue aussi sous le vocable de « chapelle du Vieux-Saint-Marc » désormais). Du XVIe au XVIIIeEn 1635 Treninez devient une trève du prieuré des Sept-Saints (paroisse de Brest). En 1681 elle est cédée à Lambézellec, mais le recteur de Lambézellec se plaint régulièrement que l'état des chemins l'empêche de s'y rendre. Au XVIIIe siècle, Saint-Marc est une trève dépendant de la paroisse de Lambézellec[1]. Les autorités ecclésiastiques imposèrent le changement de nom, substituant celui de saint Marc en remplacement de saint Ninez par volonté de francisation des saints bretons au XVIIe siècle. Le nom de Saint-Marc apparaît en 1721 et celui de Treninez disparaît à l'époque de la Révolution française. Saint-Marc devient une paroisse en 1823. En 1759, une ordonnance de Louis XV ordonne à la paroisse de Saint-Marc-Trenivez de fournir cinq hommes et de payer 32 livres pour « la dépense annuelle de la garde-côte de Bretagne »[2]. La Révolution françaiseEn 1789, les deux députés chargés de représenter la paroisse de Saint-Marc lors de l'élection des députés du Tiers-État de la sénéchaussée de Brest pour les États généraux sont Yves Le Goff et Pierre Quéméneur[3]. Le XIXe siècleEn 1862, le remblai de la ligne de chemin de fer Paris-Brest traversant le village, à quelques mètres de l'église, le conseil municipal décide de construire une nouvelle église et de transférer le bourg sur la hauteur de la commune. En 1864, à la suite d'une demande du conseil municipal de Saint-Marc qui déclare que « le choix de l'emplacement du nouveau bourg a été judicieusement choisi (...) à égale distance des extrémités de la commune ; mais attendu qu'à la partie du nouveau bourg (à 92 mètres), on arrive sur le territoire de Lambézellec » et que pour cette raison « il a demandé l'annexion de 26 ha appartenant à Lambézellec », le Conseil général du Finistère émet un avis favorable à cette demande, les 200 habitants concernés étant tous favorables à cette demande[4]. Ce transfert est officialisé par le décret du . En 1868, une partie des habitants du village du Rody, commune de Guipavas, demandent à leur tour leur rattachement à Saint-Marc[5], mais cette demande est rejetée, 12 habitants seulement se déclarant favorables et 122 habitants opposés. Parmi les autres arguments avancés pour le rejet de la demande, « l'annexion entraînerait de graves préjudices pour les habitants de Guipavas (...) ; ils se verraient dépossédés d'une grève si riche pour leur agriculture ; Saint-Marc est pourvu d'une étendue de grève qui suffit et au-delà aux besoins de l'agriculture pour son territoire »[6]. En 1872, une salle d'asile publique est créée à Saint-Marc[7]. En 1879, les deux maisons d'école de Saint-Marc, « construites depuis quatorze ans seulement, se trouvent aujourd'hui dans un état de délabrement qui exige des réparations urgentes et nécessaires »[8]. Au XIXe siècle, Saint-Marc est peu concerné par les épidémies successives de choléra qui frappent à maintes reprises Brest (2 267 morts), Saint-Pierre-Quilbignon (89 morts), Lambézellec (314 morts) et maintes autres communes du Finistère comme Guipavas (122 morts) : seule l'épidémie de 1885-1886 y provoque trois morts[9] (un enfant, un tanneur domicilié au Pont-Neuf, un journalier agricole). Pour lutter contre l'alcoolisme, une surtaxe est perçue par la commune de Saint-Marc à son octroi, elle était de 21 francs par hectolitre d'alcool pur vers 1870 mais à partir du , la surtaxe est abaissée à dix-neuf francs par hectolitre d'alcool pur contenu dans les eaux-de-vie, esprits, liqueurs et fruits à l'eau-de-vie, et par hectolitre d'absinthe pour compenser l'augmentation de deux francs de la taxe principale perçue par le Conseil général[10]. En 1896, Benjamin Girard écrit : « La côte de Saint-Marc, de Poullic-ar-Lor au Moulin-Blanc, offre un aspect très pittoresque : elle est couverte de villas et d'habitations bourgeoises et cette partie de la commune tend à devenir, de plus en plus, un véritable faubourg de la ville de Brest »[11]. La population passe de 1000 habitants en 1789 à 8000 en 1939. À cette époque, Saint-Marc se transforme rapidement d'une commune rurale en une banlieue de Brest, habitée par les ouvriers de l'arsenal, où l'on trouve une usine à gaz (depuis 1841), une usine d'eau potable, un casino. Dès 1863 au moins, une chocolaterie de la Compagnie espagnole y est implantée[12]. Le port de commerce de Brest s'est, à partir du Second Empire, développé en bonne partie sur le territoire de la commune de Saint-Marc. Albert Clouard le décrit ainsi en 1892 :
Entre 1882 et 1894 est construit le château néogothique de Ker Stears, accroché à la falaise, en surplomb du port de commerce. Il fut construit par John-Burnett Stears, créateur de l'usine à gaz voisine, et terminé par son épouse Béatrice de Kérédern de Trobriand qui épouse en secondes noces le comte Olivier Marie-Joseph de Rodellec du Portzic[14]. Un établissement d'enseignement privé, le lycée Fénelon[15], y est désormais implanté aussi appelés le Poudlard de Brest Vers 1890, Saint-Marc possède deux écoles publiques, deux écoles privées, l'une tenue par les Frères de la Doctrine Chrétienne, l'autre par les Sœurs de Saint-Joseph[16]. En 1896, un document indique que les Sœurs de l'Immaculée Conception de Saint-Méen assistaient et soignaient gratuitement les malades de Saint-Marc à domicile[17]. Le XXe siècleEn 1921, un Comité National d'Action Laïque est créé (CNAL), puis en 1926 le Comité de défense laïque du Finistère voit le jour ainsi qu'un comité des patronages, celui-ci a pour fonction de regrouper les patronages et d'en créer d'autres. Vers 1930, des guinguettes prisées des Brestois existaient encore en bordure de la grève de Saint-Marc, à proximité de la chapelle du Vieux Bourg de Saint-Marc. Elles ne disparurent que lors de la poldérisation de l'anse de Saint-Marc en raison de l'extension progressive de la zone industrialo-portuaire. S. Castel décrit ainsi l'urbanisation et l'industrialisation de Saint-Marc au début du XXe siècle[18] dans un texte datant de 1932 :
Le , les obsèques de Joseph Baraër, ouvrier de l'arsenal, tué les jours précédents lors d'une violente manifestation, qui habitait rue Paul-Doumer se déroulent en présence de plus de 4 000 personnes et son inhumation au cimetière de Kerfautras se transforme en véritable manifestation politique[19]. Le , des avions de la R.A.F. bombardent le quartier de Saint-Marc, des bombes tombant en particulier rue Saint-Marc et rue Cuvier, dévastant quelques appartements et quelques commerces, la plus grosse bombe tombant à 100 mètres du fort du Guelmeur dans un jardin. « L'émotion et l'indignation des Brestois sont extrêmes » commente le journal Ouest-Éclair[20]. Le , André Garrec, Marcel Boucher (de Brest) et Guy Raoul (de Saint-Marc), qui ont tué un gendarme allemand et blessé un autre en tentant d'échapper à un contrôle d'identité, sont abattus par deux autres gendarmes allemands[21]. L'indépendance communale de Saint-Marc prend fin par l'ordonnance du avec la création du "Grand Brest", Brest absorbant les trois communes voisines : Lambézellec, Saint-Marc et Saint-Pierre-Quilbignon afin de faciliter sa reconstruction. Saint-Marc a conservé sa mairie-annexe. Le le liberty-ship Ocean Liberty, chargé de nitrate d'ammonium explose à faible distance de la grève de Saint-Marc causant 29 morts et d'importants dégâts. Yann Camus, gérant du « Café du Bot », au bourg de Saint-Marc, organise une tournée de collecte de fonds pour les sinistrés avec le cercle celtique de Brest. C'est l'acte de naissance de la Kevrenn Brest-Sant-Mark, formation qui marquera profondément l'histoire des bagadoù. Dans les années 1960, l'anse de Saint-Marc est comblée par un terre-plein qui s'étend du port de commerce de Brest au port de plaisance du Moulin-Blanc et constitue aujourd'hui la zone industrielle portuaire de Brest. DémographieEn 1886, la commune de Saint-Marc, d'une superficie de 363 hectares, comptabilise 2291 habitants dont 465 agglomérés. Le nombre des maisons recensées est alors de 227, celui des ménages de 516. En 1885, la consommation de vin y est estimée 38 litres par personne et par an, celle du cidre à 8 litres et celle d'alcool à 6,5 litres[22]. AdministrationMonuments et sites
Notes et références
Voir aussiArticles connexesLiens externes
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