Le à Saint-Méen-le-Grand, Pélagie Lebreton de Maisonneuve (1789-1874) et le Père Jean-François Corvaisier (1780-1849) curé de la paroisse, ouvrent une école pour l'éducation des filles des classes moyennes et aisées alors dépourvues d’un établissement pour les recevoir[1]car les Filles de la charité de Saint-Vincent-de-Paul installées dans la commune reçoivent des filles pauvres ou orphelines et s’efforcent de leur apprendre à lire mais les autres filles ne sont pas prises en charge[2].
Le , Grégoire XVI publie l'encycliqueMirari vos qui condamne le catholicisme libéral et l'’indifférentisme. Bien qu'il ne soit pas cité dans l'encyclique, les thèses libérales de Félicité de La Mennais, frère de Jean-Marie de La Mennais, sont sévèrement critiqués[5]. Le , Grégoire XVI adresse un bref à Paul d'Astros, archevêque de Toulouse, qui dénonce clairement les rédacteurs et les théories du journal français L'Avenir, or depuis 1829, Félicité est supérieur des prêtres de Saint Méen, qu'il a renommés « prêtres de saint Pierre »[6]. Cet institut est supprimé en 1834 par Claude-Louis de Lesquen, évêque de Rennes, ce qui jette le discrédit sur les œuvres de Jean-Marie de La Mennais dont les Filles de la Providence de Saint-Brieuc[7].
Sur le conseil de Lesquen, Pélagie quitte les Filles de la Providence en 1835 avec deux compagnes. Elles ouvrent une autre école à Saint Méen et d'autres jeunes filles les rejoignent tandis que les Filles de la Providence sont bientôt rappelées à Saint-Brieuc. Avec l'autorisation de Godefroy Brossay-Saint-Marc, nouvel évêque de Rennes, Pélagie et quatre compagnes prononcent leur vœux et prennent l'habit religieux le . La fondatrice choisit le nom de Mère Saint-Félix et elles conviennent de s'appeler sœurs de la Providence de Saint-Méen. En 1849, l'évêque de Rennes leur donne pour supérieur le Père Maupoint, son vicaire général, qui sera plus tard évêque de La Réunion ; c'est lui qui change le nom de la congrégation pour la placer sous le vocable de l'Immaculée Conception[4].
La congrégation est autorisée par décret de l'État français du en stipulant que les membres doivent se conformer aux statuts approuvés par décret impérial du pour la congrégation des Sœurs de la charité de Notre-Dame d'Évron. Mère Saint-Félix s'occupe de la rédaction des constitutions en s'inspirant de celle d'Évron ; elles sont reconnues en par l'évêque de Rennes[4].
À la suite des lois anticongrégationistes de 1901, les sœurs doivent s'exiler en Angleterre, en Belgique et aux Pays-Bas. En , des sœurs sont envoyées au Congo pour répondre aux appels venant à la fois de Rome et de quelques pays d'Afrique[10]. En 1969, elles s'installent en République démocratique du Congo et au Gabon. En 1994, le chapitre général choisit d’accueillir de jeunes Africaines qui désirent faire partie de la congrégation[11].
Fusion
Deux congrégations ont fusionné avec l'Immaculée Conception de Saint-Méen :
1970 : Les Sœurs de l'Immaculée Conception de Buzançais fondées le à Buzançais dans le diocèse de Bourges par Mère Marie Julie d'Auvergne et le Père Jean-François Oudoul pour l'enseignement et le soin des malades[12]. Elles fusionnent avec les sœurs de Saint-Méen le [13] ;
2011 : Les Sœurs de l'Adoration perpétuelle de Quimper. En décembre 1821, François-Marie Langrez (1787-1862) chanoine de Quimper, laisse deux petites filles malades et sans logement à la garde de Michelle Guillou, une pieuse ouvrière. L'œuvre grandissante, qui porte le nom de Providence, est ensuite confiée à Marguerite Lemaître[14]. Elle prononce ses vœux le 21 novembre 1829 avec deux compagnes. En 1832, Marie Olympe de Moëllien (1786-1843) entre à la Providence ; elle est nommée supérieure un an plus tard. Le 20 janvier 1835, Mère Olympe et ses compagnes revêtent pour la première fois l'habit religieux. En septembre 1835, les premières constitutions sont rédigées par Langrez. En mars 1836, les sœurs ajoutent l’adoration eucharistique diurne tout en continuant l'éducation des enfants pauvres. L'adoration ne devient perpétuelle (jour et nuit) qu'en 1843, huit jours après la mort de Mère Olympe. La communauté compte alors 11 sœurs de chœur, 4 sœurs coadjutrices et se charge de 70 enfants[15]. La congrégation est approuvée le par Joseph-Marie Graveran, évêque de Quimper, et reconnue un peu plus tard par le gouvernement sous le titre de sœurs de l'adoration perpétuelle. Le 10 mai 1851, une maison est fondée à Recouvrance, qui est transférée le 29 septembre 1856 à Coat-ar-Guéven, également à Brest. L'institut devient de droit pontifical le par le décret de louange du pape Pie IX[16]. Il est définitivement approuvé par le Saint-Siège le [17]. La congrégation fusionne le [11],[18].
Activité et diffusion
Les sœurs se consacrent à l'enseignement de la jeunesse et au soin des malades.
↑Joseph Martin Maillaguet, Le miroir des ordres et instituts religieux de France, t. I (A-F), Avignon, Amédée Chaillot, (lire en ligne), p. 235-236
↑« Jean-Marie de la Mennais et la congrégation des prêtres de Saint-Méen (1825-1828) », Études mennaisiennes, no 16, (lire en ligne [PDF])
↑ ab et cHenri Fouqueray, La mère Saint Félix : fondatrice des sœurs de l'Immaculée-Conception de Saint-Méen, Immaculée-Conception, (lire en ligne), p. 23-30, 40, 51-56, 62-71, 111-117
↑Jérôme Gondreux, « La morale politique : Lamennais, Victor Cousin et les doctrinaires », dans Sébastien Hallade (dir.), Morales en révolutions : France, 1789-1940, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », (ISBN9782753560147), p. 49
↑Auguste Laveille, Jean-Marie de La Mennais (1780-1860), t. I, Paris, Poussielgue, (lire en ligne), p. 449 & 488-489
↑Pierre Perrin, Les idées pédagogiques de Jean-Marie de la Mennais, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », (ISBN9782753539716), p. 122-123
↑Office central des Œuvres charitables, La France charitable et prévoyante : tableaux des œuvres et institutions des départements, Paris, E. Plon, Nourrit, (lire en ligne), « Finistère : soins des malades à domicile », p. 15
↑Guy Mesnard, La Vie consacrée en France: ses multiples visages, Solesmes, (ISBN9782852741980), p. 322-323
↑Ernestine de Trémaudan, Comment s'est fondée en Bretagne une institution de charité, Paris, Jules Gervais, (lire en ligne), p. 77-162
↑Louis Kerbiriou, La congrégation de l'Adoration perpétuelle : Au service des orphelines et face au tabernacle, Brest, Le Grand, (lire en ligne), p. 5, 98-111 & 198
↑« Fin de la reconnaissance légale de la congrégation de l’Adoration perpétuelle du Saint-Sacrement de Quimper », La Croix, (lire en ligne)
↑« Où sommes-nous ? », sur soeurs-stmeen35.catholique.fr (consulté le )
Bibliographie
Henri Fouqueray, La mère Saint Félix, fondatrice des sœurs de l'Immaculée-Conception de Saint-Méen, 1789-1874, Saint-Méen-le-Grand (Ille-et-Vilaine), Immaculée-Conception, (BNF32120502, lire en ligne)
Louis Kerbiriou, Les sœurs de l'Adoration perpétuelle, servantes des orphelines et gardiennes du tabernacle, Brest, Le Grand,
Marie Lidou, Jean-François Corvaisier - prêtre du diocèse de Rennes (1780-1849) : Une Contribution à l'histoire religieuse de Haute-Bretagne, Saint-Méen, les Sœurs de l'Immaculée, (BNF34663453)
Charles Molette (préf. Guy Duboscq), Guide des sources de l'histoire des congrégations féminines françaises de vie active, Éditions de Paris, , 477 p. (BNF34573500)
anonyme, La Mère Marie-Julie d'Auvergne (1778-1845) et l'Institut des Religieuses de l'Immaculée Conception de Buzançais, Desclée de Brouwer,