Rue Théodore-Ozenne
La rue Théodore-Ozenne (en occitan : carrièra Teodor Ozenne) est une voie de Toulouse, chef-lieu de la région Occitanie, dans le Midi de la France. Situation et accèsDescriptionLa rue Théodore-Ozenne est une voie publique. Elle se situe dans le quartier Saint-Étienne, dans le secteur 1 - Centre. Elle naît de la rue du Languedoc à la hauteur de la place des Carmes. Cette rue large de 20 mètres était, lors de son aménagement, la plus large de la ville. Elle est rectiligne orientée au sud-est en direction de l'entrée du Jardin des Plantes. Elle coupe d'abord la rue d'Aussargues, puis reçoit sur son côté droit la rue du Colonel-Pointurier et donne naissance sur son côté gauche à la rue de la Pleau. Elle traverse ensuite la grande-rue Nazareth avant de donner naissance, sur sa gauche, à la rue Caminade, puis à la rue Sesquières, et de recevoir la rue Furgole. Elle donne naissance sur son côté droit à la rue Escoussières-Montgaillard. Elle n'est reliée à la rue Jules-de-Rességuier que par un escalier. Elle délimite le côté sud-ouest du Jardin royal et se termine au carrefour des allées Jules-Guesde. La chaussée compte une voie de circulation automobile dans chaque sens. Elle appartient à une zone de rencontre et la vitesse y est limitée à 20 km/h. Il existe une bande cyclable de chaque côté. Voies rencontréesLa rue Théodore-Ozenne rencontre les voies suivantes, dans l'ordre des numéros croissants (« g » indique que la rue se situe à gauche, « d » à droite) :
TransportsLa rue Théodore-Ozenne est parcourue et desservie sur toute sa longueur par la ligne de bus 44, ainsi que, entre la grande-rue Nazareth et la rue du Languedoc, par la navette Ville. Au nord, la rue Théodore-Ozenne aboutit également à la place des Carmes, où débouche la station du même nom, sur la ligne de métro . Au sud, sur les allées Jules-Guesde, se trouvent également les arrêts de la ligne de bus 66. Il existe plusieurs stations de vélos en libre-service VélôToulouse le long de la rue Théodore-Ozenne ou à proximité : les stations no 45 (10 rue Théodore-Ozenne), no 46 (1 place des Carmes) et no 67 (35 allées Jules-Guesde). OdonymieLe nom de la rue rend hommage à Théodore Fulgence Ozenne[1], né à Paris en 1814, mort à Toulouse en 1898, banquier toulousain et président de la chambre de commerce. Il fut également adjoint au maire et occupa les fonctions d'administrateur du Bureau de bienfaisance à partir de 1890, des Hospices à partir de 1891, et du Mont de Piété à partir de 1893. À sa mort, il légua une partie importante de ses propriétés à la ville de Toulouse des châteaux et des terrains de la campagne toulousaine pour les lycées de garçons et de filles (actuels lycée Bellevue et Raymond-Naves)[2]. Il fut également une personnalité de la vie culturelle de la ville, mainteneur des Jeux floraux, et il légua l'hôtel d'Assézat à la ville à la condition qu'on y installe les sociétés savantes locales, dont l'Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres[3]. La dernière partie de la rue Théodore-Ozenne, entre la rue Caminade et la rue Jules-de-Rességuier, correspond à une ancienne rue qui débouchait à la porte Montgaillard, une des portes secondaires du rempart de la ville. Elle était pour cette raison dénommée, au moins depuis la fin du XIIIe siècle, rue de la Porte-Montgaillard (carraria Portae Montis Gaillardi en latin, 1282) ou, plus simplement, rue Montgaillard (carraria Montis Gaillardi en latin, 1325)[4],[5]. En 1794, pendant la Révolution française, on lui donna le nom de rue du Jardin-Public, car elle aboutissait au Jardin Royal, renommé Jardin Public à la même époque[6]. HistoireMoyen Âge et période moderneAu Moyen Âge, l'actuelle rue Théodore-Ozenne n'existe pas. Il y a bien une rue étroite, qui naît au carrefour de la rue Caminade et va jusqu'à la porte Montgaillard (emplacement au devant de l'actuel no 26)[7]. Cette porte est une des portes secondaires du rempart de la ville. Elle existe déjà au début du XIIIe siècle, puisque, lors de la croisade des Albigeois, des combats y opposent les croisés, menés par Simon de Montfort, aux Toulousains révoltés. Un pont, défendu par une deuxième tour, permet de franchir le fossé qui entoure le rempart. Au-delà s'étend une plaine marécageuse, traversée par le Sauzat et les ruisseaux qui descendent de la butte du Calvinet et de Pech David. La porte est reconstruite et consolidée vers 1346, et au début du XVIe siècle[8]. La population profite de la proximité d'un puits public, simplement désigné comme le puits Montgaillard. Il se trouve au centre de la petite place qui se forme au carrefour de la rue des Brassiers (actuelle rue Sesquières) et de la rue Caminade[9]. La rue est principalement bordée d'écuries et de granges. Elle connaît une faible activité, principalement liée à sa position à l'entrée de la ville : c'est pour cette raison qu'on y trouve plusieurs auberges et hôtelleries. Les plus importantes sont l'« hostellerie à l'Image de Saint-Pierre », tenue à la fin du XVIe siècle par un certain Barthélémy Coder, qui se trouve près du puits Montgaillard (emplacement de l'actuel no 25), et l'hôtellerie du Faucon, tenue au milieu du XVIe siècle par un certain Jean Martel (emplacement de l'actuel no 23). Les autres auberges n'ont pas d'enseignes spéciales[10]. La rue commence à se transformer à partir du milieu du XVe siècle. Le développement de l'administration royale favorise l'émergence d'une classe de spécialistes du droit – hommes de loi, jurisconsultes, notaires, avocats. La proximité du Château Narbonnais, occupé par la sénéchaussée, puis par le parlement, attire une nouvelle population dans la rue Montgaillard. Les familles de parlementaires les plus puissants font construire des hôtels particuliers pour manifester leur richesse. Ainsi, en 1550, Étienne Potier, seigneur de La Terrasse, notaire et greffier des présentations au parlement, fait construire un hôtel entre la grande-rue Nazareth (actuel no 28) et la rue Montgaillard (actuel no 10)[10]. En 1616, les capitouls délibèrent de créent réer une Académie d'équitation, pour les exercices militaires des jeunes gens de la ville. Ils établissent un manège sur un terrain appartenant à la ville, entre les deux portes Montgaillard. L'année suivante, on fait construire un manège couvert, long de 23,40 m et large de 10,80 m. On accorde également à la nouvelle institution deux tours des remparts, pour le fourrage des chevaux[11]. C'est une des premières académies d'équitation du royaume, sur le modèle de l'Académie fondée à Paris en 1594 par Antoine de Pluvinel[N 1]. L'Académie toulousaine continue à fonctionner, même après la création par les États de Languedoc, en 1640, d'une académie de Province à Montpellier. Les jeunes gens y apprennent à monter à cheval, mais on leur enseigne également les armes, la musique et les mathématiques. Chaque année, on distribue comme prix « aux mieux faisant des armes », deux épées, l'une en argent et l'autre damasquinée[12]. C'est seulement au XVIIIe siècle que s'élèvent les constructions, comme les deux petites maisons des d'Albis de Belbèze (actuel no 21)[10]. Au no 5, en 1664 noble Claude de Saint-Félix, sieur de Couladère, capitoul en 1646-1647[10]. Au no 16, vers 1670, Antoine d'Albis, conseiller au Parlement, secrétaire du roi, puis, son fils Pierre-Thomas d'Albis ; en 1727, son fils Denis d'Albis, conseiller aux requêtes du Parlement en 1727, conseiller honoraire en 1768 ; en 1751, son fils Jean-François-Denis d'Albis de Belbèze, seigeur de Thil et de Bretx, conseiller aux requêtes en 1751, conseiller à la Grand-Chambre en 1770, membre de l'Académie des Jeux-Floraux en 1779[13]. Au no 9, en 1783, Jean-François-Denis d'Albis de Belbèze[10]. L'institution de l'Académie d'équitation est plusieurs fois suspendue et rétablie, selon les capitouls en fonction. Elle rencontre pourtant un grand succès tout au long du XVIIIe siècle. En 1784, le directeur inaugure dans le manège une Course de chevaux donnée au public. Ce spectacle attire une foule si nombreuse, qu'une tribune s'écroule[14]. En 1745, l'ancienne porte gothique, avec ses créneaux et ses mâchicoulis saillants, parut aux capitouls, un monument d'un aspect désagréable dans le voisinage des nouvelles promenades, et on décide d'abattre sa partie supérieure et d'employer les matériaux à la clôture du cimetière Saint-Sauveur (emplacement de l'actuelle place Dominique-Martin-Dupuy). En 1747, elle est finalement démolie et reconstruite dans le goût du style néo-classique par le maître-maçon Foulquier. L'année suivante, on procède à de nouveaux embellissements. Jean-Marc Arcis, fils du sculpteur Marc Arcis, y sculpte les blasons des capitouls. Enfin, en 1749, la tour qui défend le pont sur le fossé, est également démolie, et les matériaux utilisés pour les réparations du logis de l'Écu, dans l'enclos de la Maison commune (emplacement de l'actuel square Charles-de-Gaulle)[15]. Époque contemporaineLa Révolution française apporte quelques bouleversements. Pendant la Terreur, entre 1793 et 1794, plusieurs parlementaires toulousains sont inquiétés. En 1793, l'hôtel d'Albis de Belbèze (ancien no 16) et l'immeuble voisin (ancien no 9), qui appartiennent à Jean-François-Denis d'Albis de Belbèze, sont vendus comme biens d'émigré[16]. En revanche, l'Académie d'équitation ne cesse pas de fonctionner. Elle sert à former les cavaliers des troupes révolutionnaires. En 1809, elle est reconstituée sous le nom d'École d'équitation, et désignée dans la troisième classe des Écoles impériales[14]. Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, les municipalités toulousaines se préoccupent d'améliorer l'urbanisme et la circulation dans les rues de la ville. En 1865, sous l'impulsion du maire Jean Patras de Campaigno, le projet de l'ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, Urbain Maguès, est retenu. Il s'organise autour de la percée de deux grandes voies qui traversent la ville du nord au sud, la rue Longitudinale, et d'est en ouest, la rue Transversale. La première partie de la rue Longitudinale – renommée rue d'Alsace-Lorraine –, entre le boulevard de Strasbourg et la place Rouaix, est ouverte entre 1869 et 1873[17]. Dans le même temps, la première partie de la rue Longitudinale – renommée rue de Metz – est percée entre la place du Pont-Neuf et la place Étienne-Esquirol[18]. Peu avant, en 1867, la porte Montgaillard est démolie, permettant de dégager l'espace entre les allées Saint-Michel (actuelles allées Jules-Guesde) et le Jardin Royal[4]. La place Montgaillard ne date que du siècle dernier, elle a été créée sur l'emplacement d'un terre-plein qui se trouvait entre la porte de l'enceinte de la ville et la tour avancée qui commandait le ponceau jeté sur les fossés des fortifications. Ce terre-plein s'appelait,alors, par extension, l'Esplanade. Sur le côté ouest, où se sont élevées les nouvelles constructions, se trouvait le Manège[11]. En 1893, la municipalité d'Honoré Serres de se préoccupe d'achever les travaux des deux rues de Metz et d'Alsace-Lorraine. Entre 1894 et 1897, les travaux prolongent la rue de Metz vers l'est, de la place Étienne-Esquirol au boulevard Lazare-Carnot[19]. Entre 1899 et 1904, c'est la rue d'Alsace-Lorraine qui est prolongée au sud entre la place Rouaix, la place des Carmes et la place du Salin. Elle devient, en 1906, la rue du Languedoc[20],[21]. Mais dès 1900, le conseil municipal décide de compléter ces travaux par le percement d'une nouvelle rue, large promenade bordée d'arbres, entre la place des Carmes et le Jardin des Plantes. Le projet en est approuvé en 1904 : ce sera la future rue Théodore-Ozenne[22]. Les travaux en sont menés entre 1908 et 1912[23],[24],[25]. La rue Montgaillard disparaît, absorbée par la nouvelle rue[4]. Surtout, ce sont plusieurs hôtels particuliers qui sont démolis, totalement ou en partie. Entre la rue du Languedoc et la rue d'Aussargues, la rue traverse les jardins des hôtels Bérenguier-Maynier (actuel no 4), Puymaurin (actuel no 6) et Dahus (actuel no 9). De ce dernier, seul le corps de logis principal avec sa tour subsiste, isolé. Dans la grande-rue Nazareth, c'est l'hôtel de Paulo (ancien no 39 grande-rue Nazareth) qui est emporté par les démolitions. Quelques travées et la tour seulement subsistent de l'hôtel de Maussac (actuel no 8 bis), tandis que les bâtiments en fond de cour de l'hôtel Potier de La Terrasse sont démolis (actuel no 10). Entre la rue Caminade et la rue Escoussières-Montgaillard, enfin, le percement de la rue entraîne la disparition complète de l'hôtel d'Albis de Belbèze.
Dans le même temps, de nouvelles constructions sont élevées, dans le style éclectique alors en vogue dans les milieux bourgeois de la ville. Les propriétaires font principalement appel aux architectes toulousains qui répondent à leurs goûts. En 1907, Eugène Curvale est chargé en 1907 d'élever de nouveaux bâtiments pour fermer la cour de l'hôtel Potier de La Terrasse (actuel no 10)[26]. Paul Bonamy construit entre 1906 et 1907 l'immeuble Berry, à l'entrée de la rue, face à la place des Carmes (actuel no 2)[27]. En 1909, Joseph Dargein fait élever de nouveaux bâtiment dans la cour de l'hôtel Bérenguier-Maynier (actuel no 4)[28]. La même année, Marius Pujol construit un immeuble à l'angle de la rue de la Pleau (actuel no 11)[29]. En 1910, Gabriel Galan aménage de nouveaux communs et des écuries en arrière de l'hôtel de Puymaurin (actuel no 6)[30]. Il commence l'année suivante la construction de l'immeuble voisin, achevé en 1913 (actuel no 13)[31]. En 1911, Barthélemy Guitard construit la maison du docteur Marie, à l'angle de la rue d'Aussargues (actuel no 7)[32], et Barthès un immeuble à l'angle de la rue Caminade (actuel no 12)[33]. L'année suivante, on retrouve Paul Bonamy, qui construit une maison en face (actuel no 23)[34]. En 1912 encore, l'entrepeneur Lasserre construit, dans le style néo-gothique, l'immeuble du docteur Albert Bernardin (actuel no 3)[35]. En 1913, Joseph Gilet construit un immeuble pour M. Brocqua (actuel no 5)[36], et Barthélémy Guitard un immeuble à l'angle de la rue Caminade (actuel no 25)[37], ainsi que deux immeubles qui lui font face (actuels no 16 et 18)[38],[39], ou encore l'architecte Lacoste pour les immeubles voisins (actuels no 27 et 29)[40],[41]. Les constructions se poursuivent après la Première Guerre mondiale, respectant le style des autres immeubles du début du siècle, ne laissant paraître les influences de l'Art déco que dans des éléments du décor, comme pour l'immeuble construit en 1922 par Carsalade à l'angle de la grande-rue Nazareth (actuel no 15)[42] ou l'immeuble élevé en 1926 par les frères Antoine et Pierre Thuriès (actuel no 22)[43]. En 1924, Louis Linder construit un immeuble sur l'ancien rempart (actuel no 24)[44] puis, entre 1925 et 1927, un immeuble à l'angle de la rue Sesquières (actuel no 14)[45]. Des immeubles aux lignes plus modernes sont élevés après la Seconde Guerre mondiale, comme pour l'immeuble qui vient remplacer les dépendances d'Albis (actuel no 21)[46]. C'est surtout le siège du Crédit agricole de Toulouse, qui est élevé entre 1950 et 1954 sur une partie des terrains de l'hôtel Dahus, sur les plans de l'architecte Jean Valette (actuel no 9)[47]. Patrimoine et lieux d'intérêtJardin RoyalHôtels particuliers
Immeubles et maisons
Personnalité
Notes et référencesNotes
Références
Voir aussiBibliographie
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