En 1990, une « RSS moldave pridnestrovienne » (ou république moldave du Dniestr, RMD) a été proclamée dans la région par un certain nombre de responsables soviétiques locaux conservateurs opposés à la perestroïka. Lors de la dislocation de l'URSS en 1991, la Moldavie est devenue indépendante tandis que la RMD a déclaré que la déclaration d'indépendance de la Moldavie était mal conçue parce qu'elle proclamait le pacte Hitler-Staline comme illégitime, ce qui, selon la Transnistrie, implique que le fleuve Dniestr doit redevenir la frontière orientale de la Roumanie. La RMD ajoute que le rive gauche du Dniestr n'a appartenu la plupart du temps ni à la principauté de Moldavie, ni au royaume de Roumanie avant la signature du pacte entre l'URSS et l'Allemagne nazie : c'est la doctrine dite des « Quatre piliers de Transnistrie ». En fait, Dubăsari rive gauche a bien appartenu par moments à la Moldavie médiévale (1430-1546) et la RMD contrôle Bender-Tighina sur la rive droite, transgressant ainsi elle-même sa doctrine. De plus, pendant la guerre de Transnistrie de 1992, certains villages ont changé de mains entre le gouvernement de la RMD et la Moldavie proprement dite, et aujourd'hui la moitié du raion de Dubăsari préfère l'obédience reconnue du gouvernement de Chișinău à celle non-reconnue de la RMD.
Politique étrangère
Les documents gouvernementaux de la Transnistrie indiquent que la république a « établi et maintenu des relations amicales avec les pays en quête de reconnaissance » : la république d'Abkhazie, la république d'Artsakh (jusqu'en 2023) et la république d'Ossétie du Sud.
Il cherchait à entretenir des relations avec d'autres pays étrangers et des organisations internationales, en particulier celles d'Europe, considérées comme « d'une importance primordiale ». L'orientation pro-européenne était la conséquence d'une « compréhension générale des valeurs fondamentales de la civilisation mondiale. Beaucoup d'intérêts étrangers de la Pridnestrovie résident dans ce domaine. L'importance d'une inclusion harmonieuse de la Pridnestrovie dans la communauté démocratique internationale rend nécessaire une coopération active ». Une autre voie importante était la coopération avec l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe en raison de son importance « en tant que médiateur dans le processus de négociation entre la Moldavie et la Pridnestrovie... pour assurer la stabilité régionale ». L'objectif de la Transnistrie était de « s'appuyer sur l'expérience européenne à l'avenir pour son développement politique, économique, scientifique et technique positif et culturel »[1].
La Transnistrie membre de la Communauté pour la démocratie et les droits des nations (en russe : Сообщество за демократию и права народов), communément connue sous le nom de Commonwealth des États non reconnus[2] et plus rarement en tant que CIS-2 (Содружество непризнанных государств, СНГ-2), organisation internationale regroupant plusieurs États de facto, dont la particularité est d'avoir une reconnaissance très limitée de la part de la communauté internationale, et d'être soutenus par la Russie. Celle-ci ne soutient plus la république d'Artsakh (qui s'est effondrée en 2023) et s'est attachée à consolider ses conquêtes en Ukraine du Sud-Est, renonçant jusqu'à présent à faire la jonction avec la Transnistrie. Un modus vivendi s'est ainsi établi : le gouvernement de la Moldavie n'empêche pas ou ne cherche pas activement à empêcher les représentants d'autres États d'interagir avec le gouvernement de la Transnistrie[3] et en échange, la Russie a ralenti ses actions pour renverser le gouvernement pro-européen de la Moldavie élu en 2016 et attend les élections de novembre 2024[4].
États qui reconnaissent formellement la Transnistrie comme indépendante
Avec d'autres États, dans la position commune 2009/139/PESC du Conseil du 16 février 2009, l'Albanie a soutenu « le renouvellement des mesures restrictives à l'encontre des dirigeants de la région transnistrienne de la république de Moldavie. »[5]
Officiellement, de jure, la Biélorussie, alignée sur les positions de la Russie, ne reconnaît pas la Transnistrie comme indépendante mais de facto les entreprises et les responsables biélorusses et russes traitent la Transnistrie comme indépendante.
Avec d'autres États sur la position commune 2009/139/PESC du Conseil du 16 février 2009, la Bosnie a soutenu « le renouvellement des mesures restrictives à l'encontre des dirigeants de la région transnistrienne de la république de Moldavie. »[5]
Avec d'autres États sur la position commune 2009/139/PESC du Conseil du 16 février 2009, la Croatie a soutenu « le renouvellement des mesures restrictives à l'encontre des dirigeants de la région transnistrienne de la république de Moldavie. »[5].
Avec d'autres États sur la position commune 2009/139/PESC du Conseil du 16 février 2009, la Géorgie a soutenu « le renouvellement des mesures restrictives à l'encontre des dirigeants de la région transnistrienne de la république de Moldavie. »[5]
Avec d'autres États sur la position commune 2009/139/PESC du Conseil du 16 février 2009, le Liechtenstein a soutenu « le renouvellement des mesures restrictives à l'encontre des dirigeants de la région transnistrienne de la république de Moldavie. »[5]
Avec d'autres États sur la position commune 2009/139/PESC du Conseil du 16 février 2009, la Macédoine du Nord a soutenu « le renouvellement des mesures restrictives à l'encontre des dirigeants de la région transnistrienne de la république de Moldavie. »[5]
Pour la Moldavie, la Transnistrie devrait être une région autonome du pays, au même titre que la Gagaouzie. Le Premier ministre moldave Vlad Filat souhaitait voir la présence de l'armée russe remplacée par des casques bleus ou par une mission civile internationale et espérait le soutien européen. Le l'UE adopte le traité de Lisbonne et crée le nouveau poste de haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité : le vice-Premier ministre de Moldavie Victor Osipov(en) déclare alors : « Notre tâche est d'attirer l'attention sur la question transnistrienne » […] « nous parlons d'un conflit et d'une administration qui a et développe des capacités militaires, et d'une situation très fragile qui pourrait se détériorer et créer des risques dans l'Est de l'Europe. Les expériences d'autres conflits gelés montrent que ce n'est pas une bonne idée d'attendre qu'un incident majeur se produise ». Le , la Moldavie présente à l'ONU une résolution appelant au « retrait complet et inconditionnel des forces militaires étrangères du territoire de la république de Moldavie, y compris de la Transnistrie ». 64 États membres votent pour la résolution, 83 s'abstiennent et 15 votent contre, parmi lesquels la Russie, l'Arménie, la Corée du Nord, le Nicaragua, la Syrie et le Venezuela.
Avec d'autres États sur la position commune 2009/139/PESC du Conseil du 16 février 2009, le Monténégro a soutenu « le renouvellement des mesures restrictives à l'encontre des dirigeants de la région transnistrienne de la république de Moldavie. »[5]
Avec d'autres États sur la position commune 2009/139/PESC du Conseil du 16 février 2009, la Norvège a soutenu « le renouvellement des mesures restrictives à l'encontre des dirigeants de la région transnistrienne de la république de Moldavie. »[5]
Lors d'une visite à Kiev, le président russe Dmitri Medvedev s'est dit favorable à un « statut spécial » pour la Transnistrie sans préciser s'il entendait par là l'autonomie proposée par la Moldavie ou l'indépendance réclamée par les dirigeants transnistriens, et a réaffirmé le rôle « important et stabilisateur » de l'armée russe face à l'« impérialisme moldave, roumain et occidental ». Des personnalités russes ont appelé à reconnaître la république séparatiste[6]. Depuis 1991, la Russie reconnaît officiellement la souveraineté moldave sur la Transnistrie ; en 2012 le Kremlin a exprimé sa « volonté de trouver une solution légale pour la Transnistrie en respectant l'intégrité territoriale de la Moldavie » mais le Vladimir Poutine a abrogé cette déclaration, abrogation pouvant permettre à la Russie de reconnaître officiellement la sécession transnistrienne[7], comme elle l'a déjà fait avec l'Abkhazie ou l'Ossétie du Sud en Géorgie[8].
Avec d'autres États sur la position commune 2009/139/PESC du Conseil du 16 février 2009, la Serbie du Nord a soutenu « le renouvellement des mesures restrictives à l'encontre des dirigeants de la région transnistrienne de la république de Moldavie. »[5] En novembre 2015, des hommes politiques serbes ont participé à une conférence à Tiraspol. À la fin de la conférence, ces politiciens ont adopté une résolution proclamant que « la république moldave de Transnistrie (PMR) et la république de Serbie sont intéressées à élargir leur coopération multiforme avec la fédération de Russie, y compris dans la sphère militaro-politique ».
Avec d'autres États sur la position commune 2009/139/PESC du Conseil du 16 février 2009, la Turquie a soutenu « le renouvellement des mesures restrictives à l'encontre des dirigeants de la région transnistrienne de la république de Moldavie. »[5]
La position de l'Ukraine a évolué à mesure qu'elle sortait de la sphère d'influence russe. En juin 1992, le président ukrainien pro-russe de l'époque, Leonid Kravtchouk, a déclaré que l'Ukraine garantirait l'indépendance de la Transnistrie en cas d'union moldo-roumaine. En 2014, alors que la Crimée se détachait de l'Ukraine pour rejoindre la Russie, le président ukrainien de l'époque, Petro Porochenko, a déclaré que « la Pridnestrovie n'est pas un État souverain, mais le nom d'une région autonome le long de la frontière entre l'Ukraine et la Moldavie ». En 2017, le président transnistrien Vadim Krasnosselski a déclaré que la Pridniestrovie « entretient traditionnellement de bonnes relations avec l'Ukraine et nous voulons les maintenir ». Depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la Pridniestrovie apparaît comme une « exclave russe dans le dos de l'Ukraine »[9].
Positions prises par les organisations internationales
L'Union européenne a pris note et s'est félicitée des « objectifs de la position commune 2009/139/PESC du Conseil du 16 février 2009, renouvelant des mesures restrictives à l'encontre des dirigeants de la région transnistrienne de la république de Moldavie »[5]. L'UE a été invitée à relancer les négociations pour le format 5+2.
↑(en) Ministère des Affaires étrangères de la république moldave pridnestrovienne, « About Republic », sur Ministère des Affaires étrangères de la république moldave pridnestrovienne, (consulté le ).
↑(en) Eiki Berg et Scott Pegg, « Scrutinizing a Policy of "Engagement without Recognition": US Requests for Diplomatic Actions with De Facto States », Foreign Policy Analysis(en), vol. 14, no 3, , p. 388–407 (lire en ligne, consulté le ).
↑(ro) Iurii Botnarenco, « Primele atacuri din Rusia după victoria Maiei Sandu. Jirinovski: Chișinăul va încerca să ocupe Transnistria pe cale militară. Trebuie să o apărăm », Adevărul, (lire en ligne)
↑Laurent Lagneau, « Guerre en Ukraine : La Russie accentue sa pression sur la Moldavie », dans Zone militaire du - [2].
Florent Parmentier, « La Transnistrie Politique de légitimité d'un Etat de facto », Le Courrier des Pays de l'Est, vol. 2007/3, no 1061, , p. 69-75 (lire en ligne, consulté le ).