Au décès de son père, en 1219, Raoul devait avoir une douzaine d'années. Dès 1220, Hugues X de Lusignan réussit à obtenir d'Henri III d'Angleterre la garde des domaines poitevins de son jeune cousin[10]. Alix garde, jusqu'à son décès en 1245, la gestion des fiefs normands d'Eu et anglais d'Hastings et de Tickhill. Raoul II souscrit aux actes de sa mère jusqu'en 1226[11] avant d'en devenir l'auteur l'année suivante[12].
Lors du soulèvement d'Hugues X de Lusignan en 1242, pendant la guerre de Saintonge, Raoul II se joint à la révolte féodale sans apporter un soutien militaire. Ainsi, il espère conserver la faveur du roi de France et la possession du comté d'Eu[18] : les revenus générés par les baronnies anglaises sont de faible importance comparés au comté normand. Les priorités et les contraintes politiques de Raoul et de sa mère Alix éloignent le seigneur d'Exoudun des solidarités familiales en vigueur depuis plus d'un siècle et demi. Cette position, inhabituelle, chez un membre d'un sous-lignage[3] amorce le déclin du réseau familial.
En 1244, Henri III d'Angleterre donne l'ordre de faire remettre à Alix d'Eu toutes les affaires qui se trouvent sur ses terres anglaises, à nouveau confisquées[19], et ordonne à la comtesse de remettre le château de Tickhill à un gardien royal qui le tient désormais pour le fils aîné du roi[20]. À partir de cette date, le roi d'Angleterre assure la gestion des deux baronnies qui ne seront jamais restituées aux héritiers d'Alix[21],[18].
Succession
Raoul II d'Exoudun n'ayant que pour seule héritière une fille unique, Marie d'Exoudun, fait passer les possessions du sous-lignage[3] d'Exoudun en dehors du patrimoine Lusignan, l'affaiblissant d'autant.
Description : Type équestre de chasse à droite. Le cheval au pas. Le cavalier, nu-tête, vêtu d'une cotte, tient de la main droite un petit chien sur la croupe du cheval, et de la gauche, les rênes ; le cor en bandoulière voltige derrière lui.
Légende : ✠ SIGILLVM : RADVLPHI : DE : ISSOVDVNIO : FIL' : COM : AVG
Légende transcrite : Sigillum Radulphi de Issoudunio, filii comitis Augi.
↑ ab et cJosé Enrique Ruiz Doménec, « Système de parenté et théorie de l’alliance dans la société catalane (environ 1000-environ 1240) », Revue Historique, no 262, , p. 305-326 (lire en ligne [PDF])
José Enrique Ruiz Doménec propose de substituer à la notion généalogique de branche cadette le concept de « sous-lignage » : issu d'une souche principale qui en encadre les membres, il est toujours prêt à combattre à son service.
↑ a et bClément de Vasselot de Régné, Le "Parentat" Lusignan (Xe – XIVe siècles) : structures, parenté vécue, solidarités et pouvoir d’un lignage arborescent, vol. 4 : Annexes 7 à 10 - Bibliographie (Thèse de doctorat en histoire médiévale, sous la direction de John Tolan et de Martin Aurell), Université de Nantes, , Annexe 10 : Tableaux de filiation et schémas, chap. 11 (« Le sous-lignage d'Eu »), p. 170
↑« Documents relatifs du prieuré de Notre-Dame de Fontblanche (1220-1665) », dans Mémoires de la Société de statistique, sciences, lettres et arts du département des Deux-Sèvres (éd. Gustave Babinet de Rancogne), vol. XII, Niort, Clouzot, (lire en ligne), IV, p. 11-14
1242, 17 octobre, château de Civray : Raoul [II] d'Exoudun, comte d'Eu, prend sous sa protection le prieuré Notre-Dame de Fontblanche, que son père avait édifié et doté, et confirme les donations faites par sa mère, Alix [d'Eu], de la dîme d'une partie du blé et du vin sur toute sa terre du diocèse de Poitiers et de Saintes, la moitié du Breuil d'Alaine à Civray, la maison de Glande à Coulon et les acquisitions de Jean Girard, prévôt de Melle, léguées à Alix qui les a donné au prieuré à l'exception du bois de Puy-Archambault. Il confirme également les donations par Jean Girard de sa maison de la Forêt à Melle, appelée depuis le Petit Fontblanche et de vignes à Pissot et à Beauchamp. Il ajoute une rente de 10 livres tournois annuelles que lui et sa mère laissent au prieuré, soit 100 sous à percevoir à Villeneuve, 100 à Beauvoir et 10 à Belleville, un four à Sainte-Soline, vendu par Guillaume Challe et son frère Constantin à sa mère et la liberté de circuler et de vendre sans péage et droit de vente dans toute sa terre. Les hommes du prieuré chargés de percevoir la dîme et ceux qui alimentent les deux luminaires qui brillent continuellement dans l'église de Melle sont exemptés de taille, de collecte, de service d'ost, de corvée et de toute coutume.
↑Notes et documents pour servir à l'histoire de l'abbaye Saint-Pierre de Maillezais, au Diocèse de Luçon (Vendée) : depuis sa fondation (vers CMLXXVI) jusqu'à son érection en évêché par le pape Jean XXII (XIII août MCCCXVII) (éd. Louis Delhommeau), Paris, , no 147
1233, septembre : Raoul [II] d'Exoudun, seigneur de Benet, abolit en faveur des moines de Maillezais la coutume selon laquelle ils devaient servir un repas à l'abbaye aux prévôts de Benet, le jour de la foire de Maillezais [24 juin].
↑« Cartulaire de la Chatille : 1234-1339 », dans Archives historiques du Poitou (éd. Alfred Richard), t. VII, Poitiers, Oudin, (lire en ligne), LXIII, p. 52-53
1237 :Raoul [II] d'Exoudun, fils du comte d'Eu [Raoul Ier d'Exoudun], donne à la Maison-Dieu de Montmorillon un quart de la prairie de Thenet, en échange d'une redevance annuelle de 5 sous marchois, payables à son prévôt de Villeneuve de Thenet et promet de garder et de défendre la possession de ce pré. Pierre Ribaud, qui pourrait avoir des droits sur le pré, confirme la donation.
↑Clément de Vasselot de Régné, Le "Parentat" Lusignan (Xe – XIVe siècles) : structures, parenté vécue, solidarités et pouvoir d’un lignage arborescent, vol. 4 : Annexes 7 à 10 - Bibliographie (Thèse de doctorat en histoire médiévale, sous la direction de John Tolan et de Martin Aurell), Université de Nantes, , Annexe 10 : Tableaux de filiation et schémas, chap. 10 (« Le sous-lignage de Vouvant »), p. 169
Geoffroy II de Lusignan, seigneur de Vouvant est le cousin germain de Raoul Ier d'Exoudun, père de Raoul II.
↑Fœdera, Conventiones, Litteræ, et cujuscunque generis Acta Publica inter reges Angliæ et alios quosvis imperatores, reges, &c., ab. A.D. 1101 ad nostra usque tempora habita aut tractata (éd. Thomas Rymer), vol. I : pars I (1066-1272), Londres, Record Commission on Historical Manuscripts, (lire en ligne), Littera Regis Angliæ comiti Marchiæ, p. 159
1220, 10 mars, Westminster : Henri [III], roi d'Angleterre, écrit à Hugues [X de Lusignan], comte de la Marche, pour le remercier de sa fidélité. Concernant la promesse faite par son père, le roi Jean, d'accroître ses terres, il rappelle que lui ont été remises Saintes, la Saintonge et l'île d'Oléron. Il le remercie d'avoir refusé de se rallier au roi de France, Philippe [II] Auguste, en échange de la seigneurie d'Issoudun. Il lui annonce qu'il demande à Alix, comtesse d'Eu, de ne pas revendiquer les châteaux de son mari, car il assure bien leur garde, selon l'honneur de la comtesse et de son fils, Raoul [II]. Au sujet des fiefs promis à G[uy V], vicomte [de Limoges], à Hugues Grossin et à Hélie de la Vergne, par le roi Jean, et écrit en ce sens à sa mère, [Isabelle d'Angoulême].
↑Cartulaire du comté d'Eu (manuscrit. latin, copie du XIIIe siècle, d'après original perdu), Paris, BnF, coll. « manuscrit latin » (no 13904), xiiie siècle, fo 67 vo–68 ro :
« Sciant omnes presentes et futuri quod ego, Radulphus de Issoudun, filius Radulphi quondam comitis de Augi, et Aelize, comitisse Augi, concessi et confirmavi ecclesie Beate Marie de Augo et canonicis ibi Deo servientibus quinquaginta duas minas frumenti et quinquaginta duos solidos parisiensis recipiendos in vicecomitatu de Criolio quam omnia Aeliza matris mea, tunc vidua, contulit dictis canonicis in puram et perpetuam elemosinam possidendam et hanc donationem factam per manum Aelize matris mee, ego et heredes mei tenemur contra omnes garantizare. Et ut hoc ratum et inconcussum permaneat imperpetuum presens scriptum sigilli mei munimine roboravi. Actum est hoc anno Domini M° CC° XX° VII°, mense decembri. »
1227, décembre : Raoul [II] d'Exoudun confirme la charte par laquelle sa mère Alix, comtesse d'Eu, avait donné à la Collégiale Notre-Dame d'Eu une rente de 52 mines de froment et de 52 sous parisis pour l'entretien de deux prêtres dans l'abbaye d'Eu.
↑Veterum scriptorum et monumentorum, historicorum, dogmaticorum, moralium, amplissima collectio (éd. Dom Edmond Martène), t. I, Paris, (lire en ligne), col. 1209
1227, 24 mars, Vendôme : Geoffroy [II], vicomte de Châtellerault, Raoul [II] d'Exoudun, Aimery du Bois et Simon de Cimall, à la demande d'Hugues [X] de Lusignan, comte de la Marche et d'Angoulême, se portent garants des conventions entre lui et le roi de France, Louis [IX], et prêtent serment, si le comte attentait à ces accords de venir personnellement à Bourges dans les quarante jours se constituer otages.
↑Cartulaire de l'évêché de Poitiers ou Grand-Gauthier (éd. Louis Rédet), t. X, Poitiers, coll. « Archives historiques du Poitou », (lire en ligne), no 8, p. 14-15
1228, 28 mars, Poitiers, palais épiscopal :Raoul [II] d'Exoudun, chevalier, fait hommage lige pour le château de Civray à son cousin, Hugues [X] de Lusignan, comte de la Marche, en présence de l'évêque de Poitiers, seigneur éminent pour ce fief.
↑ a et bClément de Vasselot de Régné, Le "Parentat" Lusignan (Xe – XIVe siècles) : structures, parenté vécue, solidarités et pouvoir d’un lignage arborescent, vol. 1 : Texte (Thèse de doctorat en histoire médiévale, sous la direction de John Tolan et de Martin Aurell), Université de Nantes, (lire en ligne [PDF]), p. 277
↑Close Rolls of the reign of Henry III preserved in the Public Record Office : A. D. 1242-1247 (éd. Henry Maxwell Lyte), Londres, (lire en ligne), Pro comitissa Augi, p. 157
↑Calendar of the Patent Rolls of the reign of Henry III preserved in the Public Record Office (éd. Henry Maxwell Lyte), t. III : 1232-1247, Londres, (lire en ligne), p. 420
Février 18, Woodstock.
↑Calendar of the Charter Rolls preserved in the Public Record Office (éd. Henry Maxwell Lyte), vol. I : Henry III, A.D. 1226-1257, Londres, (lire en ligne), p. 279
↑Les registres d'Innocent IV (1243-1254) recueil des bulles de ce pape (publ. Élie Berger), t. I, Paris, Ernest Thorin, (lire en ligne), no 2665 : Philippæ, relictæ comitis Augi, Indulget ut, quamdiu vidua fuerit, privilegiis olim eidem comiti concessis gaudeat., p. 397 :
« Fidei puritas et integritas devotionis quam quondam R[adulfus] comes Augi vir tuus, crucesignatus, ad nos et Romanam Ecclesiam habuit. »
1247, 6 mai, Lyon : Le pape Innocent [IV] accorde à Philippa [de Dammartin], veuve de Raoul [II d'Exoudun], comte d'Eu, compte tenu de la pureté et de l'intégrité de la dévotion que son défunt mari avait envers l’Église romaine, et du fait qu'il s'était croisé, de pouvoir jouir de tous les privilèges autrefois accordés à son mari pendant le temps de son veuvage.
« La dite Aalis en son vivant maria son filz à la fille au duc de Bourgongne, l'an CCXXII, laquelle mourut tantost après, et gist à Foucarmont dedans le chueur, et y sont ses armes de cheu temps. »
↑Le chartrier de l'Abbaye prémontrée de Saint-Yved de Braine, 1134-1250 (éd. Elèves de l'Ecole des Chartes, dir. Olivier Guyotjeannin), Paris, École nationale des chartes, coll. « Mémoires et documents de l’Ecole des chartes » (no 49), , B 15, p. 336-337
1240 : Raoul [II] d'Exoudun, comte d'Eu, confirme la donation faite à Notre-Dame-et-Saint-Yved de Braine par son épouse défunte, Yolande de Dreux, d'une rente de 10 livres provinois sur la terre de Paars, qui est du fief du comte de Braine, [Jean Ier de Dreux].
↑Layettes du trésor des chartes, de l'année 1247 à l'année 1260 (éd. Joseph de Laborde), t. III, Paris, Plon, (lire en ligne), no 4293, p. 326-327
1256, 5 octobre, Poitiers : Marie [d'Exoudun], comtesse d'Eu, dame de Civray, Chizé, Melle, Benet, La Mothe et Villeneuve, décide de conférer la châtellenie de Chizé à son époux, Alphonse de Brienne et demande à son suzerain, Alphonse, comte de Poitiers, de le recevoir à l'hommage lige.
1246, novembre, Paris : Philippa, comtesse d'Eu, [veuve de Raoul II d'Exoudun] fait hommage lige au comte de Poitiers, Alphonse, de la garde des terres que son mari défunt tenait dans le comté de Poitiers. Elle lui a remis en gage le château de Civray pour qu'il le tienne pendant cinq ans. Elle lui versera annuellement pour l'entretien du château et de la garnison la somme de 120 livres, à raison de 40 livres en trois annuités puis il lui rendra le château, sauf si d'ici là elle a perdu la garde en s'étant
remariée auquel cas le comte gardera le château jusqu'à la majorité de l'héritier. À sa restitution, elle et les héritiers du château devront donner des garanties au comte que le château lui sera remis lorsqu'il en fera la demande. Elle jure sur les Évangiles, que les châteaux de Melle, de Chizé et toutes les autres forteresses qu'elle tient de lui seront remises si cela lui était demandé. L'héritier, lorsqu'il aura atteint sa majorité sera tenu de faire de même.
↑Inventaires et documents publiés par ordre de l'Empereur : Collection de sceaux (éd. Louis Douët d'Arcq), t. I, Paris, Henri Plon, (lire en ligne), no 920 : Raoul d'Issoudun, Fils du comte d'Eu (1230), p. 412
↑ a et bInventaires et documents publiés par ordre de l'Empereur : Collection de sceaux (éd. Louis Douët d'Arcq), t. I, Paris, Henri Plon, (lire en ligne), no 920 bis : Raoul d'Issoudun, Fils du comte d'Eu (1230) / revers, p. 412
remplacer "sept pendants" par "six pendants".
↑ a et bSigillographie du Poitou jusqu'en 1515 : étude d'histoire provinciale sur les institutions, les arts et la civilisation d'après les sceaux (éd. François Eygun), Poitiers, Société des Antiquaires de l'ouest, , no 305, pl. X, p. 204
↑ a et bClément de Vasselot de Régné, Le "Parentat" Lusignan (Xe – XIVe siècles) : structures, parenté vécue, solidarités et pouvoir d’un lignage arborescent, vol. 3 : Annexes 3 à 6 (Thèse de doctorat en histoire médiévale, sous la direction de John Tolan et de Martin Aurell), Université de Nantes, , Annexe 4 : Catalogue des sceaux de la famille de Lusignan, chap. VI (« Comtes d'Eu / Raoul II d'Exoudun / sceau [1230] »), p. 321-322
Sigillographie du Poitou jusqu'en 1515 : étude d'histoire provinciale sur les institutions, les arts et la civilisation d'après les sceaux, éd. François Eygun, Poitiers, Société des Antiquaires de l'ouest, 1938, no 305, p. 204 et pl. X.
Bibliographie
Clément de Vasselot de Régné, Le "Parentat" Lusignan (Xe – XIVe siècles) : structures, parenté vécue, solidarités et pouvoir d’un lignage arborescent, Thèse de doctorat en histoire médiévale, sous la direction de John Tolan et de Martin Aurell, Université de Nantes, 4 vol., 2 797 p., décembre 2018. [lire en ligne]