Le Réduit est la partie la plus importante de l'ordre d'opération no 13 (ordre Réduit) du qui ordonne un nouveau dispositif de défense, fondé sur le principe de la dissuasion (stratégie de dissuasion). La défense en profondeur, avec les troupes frontières, notamment sur le Jura et le Rhin, les troupes mobiles dans le Moyen-Pays et la position fortifiée dans les Alpes, complétée par la destruction des importantes voies de communication nord-sud et, pour l'assaillant, la perspective d'un combat prolongé en montagne, doit exercer un effet dissuasif sur l'adversaire.
D'une manière plus générale, la fortification des Alpes fut planifiée dès les années 1930. Ayant connu son apogée durant la Seconde Guerre mondiale, elle tomba en désuétude en raison des changements géopolitiques survenus en Europe (fin de la guerre froide), de la modernisation de l'armement et des réformes dont fut l'objet l'Armée suisse elle-même.
En 1933, le gouvernement suisse prend des dispositions pour établir des fortifications dans les montagnes suisses. Les travaux s'effectuent durant toute la décennie suivante.
Le généralHenri Guisan se rend compte bien vite, au début de la Seconde Guerre mondiale, que la Suisse ne peut pas résister à une invasion allemande sur le plateau, essentiellement formé de rase campagne. L'armée se voit donc attribuer la tâche de construire dans les Alpes un noyau bien fortifié : le réduit national.
Le de la même année, Henri Guisan convoque les officiers lors du rapport du Grütli pour y exposer sa nouvelle stratégie, tout en voulant redonner confiance à l'armée et à la population dans leur volonté de résistance[2].
Le but de son nouveau plan est de défendre les objectifs stratégiques les plus importants pour l'Allemagne : les axes de communication à travers les Alpes. En cas d'attaque, l'ennemi doit faire face à une longue et épuisante guerre de montagne pour finalement trouver les principaux itinéraires rendus impraticables : les tunnels et les ponts sont minés dans ce but.
Mais le plan a aussi l'inconvénient de laisser le plateau suisse et sa population avec des défenses moindres, d'autant que la majeure partie de l'industrie y est concentrée. Le plan prévoyait également le transfert d'une partie de l'appareillage industriel dans le réduit alpin.
De 1940 jusqu'à la fin de la guerre, l'armée construit 21 000 ouvrages fortifiés[réf. nécessaire]. Cet ensemble de fortification présente la particularité d'être entièrement et astucieusement camouflé : faux rochers, fausses falaises, fausses cabanes ou maisons, fausses granges, etc.[3],[4]
Ordres et zones d'opérations pendant l'occupation Réduit (Ordre d'opération no 13 du )
Le tableau montre les troupes de combat proprement dites (infanterie, troupes légères). Elles sont appuyées par l'artillerie (52 000 hommes), les troupes du génie (30 000 hommes), les troupes d'aviation et de défense contre avions (30 000 hommes), les troupes sanitaires (30 000 hommes), les troupes d'approvisionnement alimentaire (7 000), les troupes de transport motorisé (9 000), le train (14 000), le service auxiliaire (200 000) et le Service complémentaire féminin (SCF) (15 000 femmes).
Démantèlement
Une bonne partie de ce dispositif, obsolète, coûteux et ne répondant plus aux exigences militaires, fut progressivement démantelée après guerre. Certaines constructions peuvent maintenant être visitées, comme le Fort de Pré-Giroud à Vallorbe.
D'autres forts importants ont toutefois été modernisés et sont toujours actifs, comme le Fort de Dailly sur la rive droite du Rhône près de Saint-Maurice (le Fort de Savatan étant maintenant occupé par l'académie de police et les galeries de la rive gauche ayant été abandonnées au début des années 1990). D'autres bunkers, en particulier ceux destinés au commandement et à l'aviation, sont encore utilisés par l'Armée suisse.
Voir aussi
Bibliographie
Pascal Bruchez, Dailly, une batterie d’exception : les Tourelles de 15 cm (1952-2012), Saint-Maurice, Association Saint-Maurice d’Études Militaires, (ISBN978-3-908544-69-2)
Pierre Delévaux, Histoire des troupes de forteresse de la Suisse romande, Saint-Maurice, Association Saint-Maurice d’Études Militaires, (ISBN978-3-908544-63-0)
Bernard Dubuis, La Forteresse abandonnée, Martigny, Pillet, (ISBN2-940145-43-1)
Hans Fuhreret al., Forts et fortifications en Suisse : Sargans, Gothard, Saint-Maurice et autres ouvrages de défense, Lausanne, Payot, (ISBN2-601-03116-6)
Jean-Jacques Rapin, De la Garnison de St-Maurice à la Brigade de forteresse 10 (1892-2003), Saint-Maurice, Association Saint-Maurice d’Études Militaires, 2004.
Jean-Jacques Rapin, L'Esprit des fortifications : Vauban, Dufour, les forts de Saint-Maurice, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2003. (ISBN2-88074-593-4)
Julius Rebold, Histoire de la construction des ouvrages fortifiés fédéraux : 1831-1860 et 1885-1921, Saint-Maurice, Association Saint-Maurice d’Études Militaires, 2017 (ISBN978-3-906812-02-1)