Protection hygiéniqueUne protection hygiénique, protection périodique ou protection menstruelle est un dispositif amovible, utilisé principalement lors des menstruations, pour recueillir les écoulements sanguins d'origine utérine. Ces protections peuvent être internes, insérées dans le vagin, tel un tampon ou une coupe menstruelle ou externes, placées contre la vulve, telle une serviette hygiénique ou une culotte menstruelle. Ces protections peuvent ainsi être jetables ou réutilisables. HistoriqueDurant l'Antiquité, les femmes utilisent par exemple des tampons faits de bandes de coton, de lin ou de laine enroulés autour d'un morceau de bois ou des bâtonnets ouatés pour absorber le sang des règles[1]. À Alexandrie, les femmes utilisent des phulakaia[Quoi ?] qui sont collectées par d’autres femmes et après utilisation jetées à la mer[2]. Chez les Égyptiens, ces tampons sont également utilisés à des fins contraceptives[1],[3]. Il est rapporté qu'au IVe siècle, Hypatie aurait lancé un de ses linges menstruels taché de sang à un prétendant afin de le faire fuir[4],[5]. Au Moyen Âge en Occident, les femmes n'utilisent pas de protection particulière et laissent le sang s'écouler. Celui-ci peut-être absorbé par leurs jupons[1]. Au XIXe siècle, les premières serviettes hygiéniques, lavables, apparaissent. Un guide allemand du XXe siècle indique la manière de confectionner une culotte menstruelle, et ce dispositif consiste alors en une ceinture à laquelle est attachée par des boutons-pression une large serviette amovible, qui s'étend du nombril jusqu'aux reins[3]. Les premières protections hygiéniques industrielles jetables apparaissent à la fin du XIXe siècle. Elles ont cependant peu de succès[3]. En 1896, la première serviette hygiénique est commercialisée aux États-Unis, par Johnson & Johnson, toutefois sans se populariser[6]. Durant la Première Guerre mondiale, les infirmières se confectionnent des serviettes hygiéniques avec de la ouate et de la gaze, attachées avec des épingles à nourrice[3]. Les serviettes ne sont produites industriellement qu'à l'issue de la Première Guerre mondiale[7]. La société Kimberly-Clark s'en inspire pour commercialiser son premier modèle de serviette hygiénique nommé Kotex en 1921, en même temps que Johnson & Johnson lance le modèle Modess. Ces protections sont alors amovibles, et se fixent grâce à des épingles ou des ceintures qui se fixent à la taille. L'apparition d'une bande adhésive permettant de se passer d'épingles survient une cinquantaine d'années plus tard[6]. TypesDeux types de protections sont distinguées : les protections externes, portées contre la vulve, et les protections internes, placées dans le vagin. Elles peuvent être à usage unique ou réutilisables. Protections externes
Protections internes
UsageLes serviettes hygiéniques, les tampons et les protège-slips jetables sont les protections hygiéniques les plus couramment utilisées, tandis que les coupes menstruelles, les serviettes lavables et les éponges sont d'usage moins courant[6]. Certaines personnes font le choix de ne pas porter de protection hygiénique, et pratiquent soit le flux instinctif libre (méthode de gestion des menstruations qui consiste contracter le périnée pour directement déverser le sang des règles dans les toilettes[9]) soit le free bleeding (à l'origine un mouvement féministe qui souhaite briser le tabou autour des règles, vise à ne plus utiliser de protections périodiques et laisser couler le sang le long des cuisses[10]). ÉconomieMarché mondialEn 2014, l'industrie de l'hygiène féminine réalise plus de 3 milliards de dollars de bénéfices[11]. La même année, le chiffre d'affaires du secteur est égal à 423 millions d'euros en France[3]. Le marché est principalement divisé entre Procter & Gamble, Johnson & Johnson, Kimberly-Clark et Nana à l'échelle mondiale[3]. CoûtDepuis 2017, le site de la BBC[12] met à disposition un outil de calcul du coût d’utilisation de protections périodiques jetables entre l’âge de survenue des ménarches et l’âge actuel de l’utilisatrice. Taxe tamponEn France, le taux de TVA appliqué aux protections périodiques, est passé de 20 % à 5,5 %, le . GratuitéEn ÉcosseLe , le parlement écossais a voté en faveur de la gratuité des protections périodique visant à lutter contre la précarité menstruelle. C'est une première mondiale. En vertu de cette loi, le gouvernement écossais doit permettre à toute personne ayant besoin de serviettes hygiéniques ou de tampon en Écosse de les obtenir gratuitement. Nicola Sturgeon, la première ministre écossaise, n'a pas hésité de partager son enthousiasme en affirmant sa « fierté d’avoir voté pour cette loi révolutionnaire, qui fait de l’Écosse le premier pays au monde à fournir des protections périodiques gratuites à toutes celles qui en ont besoin »[13]. En FranceDepuis 2019, l'université de Lille organise des distributions de serviettes périodiques gratuites. En 2021, le ministère de l'enseignement supérieur définissait comme objectif la mise en place de 1500 points de distribution dans l'ensemble des résidences universitaires, des restaurants universitaires et des services de santé universitaires (SSU), afin d'assurer l'accessibilité et la gratuité complète des protections périodiques. CompositionEn 2016, le magazine français 60 Millions de consommateurs publie une enquête qui met en évidence la présence de substances chimiques dans les protections hygiéniques. Plusieurs produits analysés présentent des traces de dioxine, de dérivés halogénés, de glyphosate ainsi que des résidus des pesticides[15]. En 2017, un rapport de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) en France publie les résultats d'une enquête sur la composition de protections hygiéniques. Elle met en évidence la présence de plusieurs substances chimiques à l'état de trace dans les tampons, les serviettes hygiéniques et les protèges-slips. Parmi ses substances, figurent principalement des dioxines, des furanes, de l'EOX, et des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP). Ces composants sont cependant présents dans des quantités très faibles, dont il est estimé qu'ils n'entraînent pas de danger grave et immédiat. À la suite de cette enquête, la DGCCRF saisit l'Anses pour qu'elle mène une évaluation des risques liée à une exposition à ses substances chimiques[16],[17] En 2018, l'Anses épingle les fabricants de protections hygiéniques, en détectant une «liste effarante» de composés toxiques[18], dont la présence peut être expliquée par la mauvaise documentation de la provenance des matériaux de fabrication, que même les auditions des fabricants n'a pu préciser. Ils estiment néanmoins qu'à l'exception d'un fabricant, les produits incriminés n'ont pas été ajoutés intentionnellement, mais plutôt issues d'une contamination des matières premières ainsi que des procédés de fabrication. Cette agence conclut à une absence de risque sanitaire par voie cutanée du fait des concentrations très faibles de ces produits, mais admet que leurs calculs ne tient pas compte des risques liés aux perturbateurs endocriniens ni des effets sensibilisants qu'ils peuvent provoquer[19]. La composition des protections hygiéniques, notamment jetables, sont inconnues. En France, il n'existe pas de règlementation ou de normes sur la conteneur en diverses substances dans les protections hygiéniques, car il s'agit de produits de consommation classique[17]. Notes et références
AnnexesBibliographie
Articles connexesLiens externes
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