Après le succès de 15e Round, Bernard Lavilliers crée un album-concept engagé, revendicatif et virulent aux couleurs jazz-rock, consacré au « pouvoir des religions, de l'argent, des femmes - ou de leur impossibilité à l'exercer »[3],[4]. Le texte de l'album est écrit à Saint-Malo, où vivait Lavilliers à l'époque[5]. La première partie de l'album, qui occupe la face A du 33 tours, est un titre fleuve de plus de dix-sept minutes constitué d'une suite de morceaux, notamment Urubus, dans lequel il compare les banquiers multinationaux américains aux vautours du même nom qui vivent au nord du Brésil[4].
La face B du disque vinyle n'a « rien à voir avec le côté sombre et très bizarre de la première » avec Fortaleza, qui parle d'une aventure au Brésil, Rue de la soif, La promenade des Anglais et Bats-toi, qui décrit la période durant laquelle Lavilliers a écrit l'album, où se croisent « les fameux autonomes anarchistes, les Brigades rouges, des intellectuels qui pensaient que les partis étaient tous pourris [...] et qui prenaient les armes »[5].
L'album est enregistré au studio de la Grande Armée à Paris et mixé au Château d'Hérouville par André Harwood, assisté de Jean-Luc Lemerre.
Sortie et accueil
À sa sortie, l'album connaît un relatif insuccès (il sera malgré tout certifié disque d'or en 1982[6]) mais le public le suit, comme les 6 000 personnes qui, pendant cinq jours, l'acclament à l'hippodrome de Pantin cette même année.
Lavilliers dira quelques années plus tard que si l'album « n'a pas marché au départ, il s'est plutôt bien vendu sur la durée »[7]. Le peu de succès initial de Pouvoirs peut s'expliquer en partie par le peu de passages télévisés et radio de l'album, mais à la suite de l'énorme triomphe commercial de O gringo en 1980, notamment avec Traffic et Stand the Ghetto, « les programmateurs se sont jetés dessus », car ils savaient qu'il faisait « 5 à 10 000 personnes par concert », prenant alors le train en marche, alors qu'auparavant, il faisait l'objet de quelques articles dans certains journaux, mais ne passait pas en radio - à part FIP qui diffusait San Salvador, extrait du Stéphanois[8].
Différentes versions de l'album
Deux versions de l'album existent :
la version originale parue en LP en 1979, dans laquelle le titre Pouvoirs est un unique morceau de 17 minutes.
la réédition CD de 1990 : Bernard Lavilliers et Jean-Luc Lemerre, assistés de Bruno Sourice, ont remixé l'ensemble. Le titre La peur y est alors tronqué et découpé en deux parties.
Il existe deux pressages du disque vinyle de 1979 : l'un avec uniquement écrit le titre "Pouvoirs" sur la face A du disque[9], l'autre avec les six titres composant "Pouvoirs" écrits sur cette même face[10].
Postérité
En 2016, Lavilliers décide de revisiter Pouvoirs en concert, chose qu'il avait peu faite depuis sa sortie : d'abord lors des Francofolies de la Rochelle en juillet[11] et lors d'une dizaine de dates à l'automne[12],[7]. Il l'a décidé au vu du contexte après s'être rendu au Brésil en , « à un moment où la présidente Dilma Rousseff est destituée, après une attaque frontale des vieux barons contre elle, dans un pays où la vie politique a toujours été agitée », ce qui lui a « remis en tête cette idée des pouvoirs, politique, financier, juridique, médiatique », ajoutant que Rousseff s'est « fait assassiner par tous les pouvoirs » et que « les vautours lui tournaient autour »[13]. Il parle aussi du contexte des chansons[8]. L'album est remixé et réédité le en 2CD « Digisleeve tirage limité », le deuxième CD propose trois reprises : "La Promenade des Anglais" (Jeanne Cherhal), "Frères de la Côte" (Feu ! Chaterton) et "Frères Humains synthétisés" (Fishbach).
↑Dans les deux pressages vinyles de 1979, la face A comporte six titres notés sur le disque, tandis que sur le verso de la pochette, il est noté sept titres, le premier titre de la face A La Peur est non noté alors que les sous-parties du second titre de cette face, Frères de la côte (Aventuriers de l'entresol et Gens de pouvoirs) figurent.