Selon la tradition, une génération avant la guerre de Troie, Hercule serait venu en Italie, où il aurait été reçu par les Potitii et les Pinarii. Il leur aurait enseigné une forme de culte, et les aurait instruit dans les rites, par laquelle il a ensuite été honoré. Le sacerdoce de ce culte a été réalisé exclusivement par des membres de ces deux familles, comme un gentilicium sacrum, mais au bénéfice de l'ensemble des citoyens.
La position des Potitii dans le culte était traditionnellement supérieure à celle des Pinarii. Ces derniers étaient, en effet, exclus du repas lors duquel les entrailles de la victime sacrificielle étaient consommées, prétendument parce qu'ils étaient arrivés en retard pour le banquet sacrificiel donné par Hercule.
Les Potitii et les Pinarii détinrent la prêtrise d'Hercule pendant près de neuf cents ans, jusqu'à ce qu'Appius Claudius Caecus, lors de sa censure, en 312 av. J.-C., achetât les Potitii, par le paiement de 50 000 livres de cuivre, afin qu'ils instruisent les esclaves publics dans les rites sacrés. Cet acte d'impiété aurait été puni par Hercule : d'après la tradition rapportée par Tite-Live[7], la gens Potitia, alors composée de douze familiae ou branches et comptant jusqu'à trente mâles en âge de puberté, périt tout entière dans l'année. Claudius lui-même fut atteint ; quelques années après, il perdit entièrement la vue[8], ce qui serait à l'origine de son surnom.
La colère d'Hercule montre qu'il est sacrilège de modifier les règles existantes. « La tradition lie en quelque sorte les Potitii à leur culte : une fois celui-ci cédé à autrui, donc abandonné, la gens disparaît... Dans la mentalité romaine l'existence historique d'une gens et la permanence de ses cultes sont indissolublement liées »[9].
[Bloch 1883] Gustave Bloch, Les origines du sénat romain : recherches sur la formation et la dissolution du sénat patricien (thèse de doctorat ès lettres soutenue à l'université de Paris), Paris, E. Thorin, coll. « Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome » (no 29), , 1re éd., 1 vol., VII-334, in-8o (24 cm) (OCLC422028909, BNF30114157, SUDOC012058025, lire en ligne [fac-similé]).
[Van Berchem 1967] Denis van Berchem, « Sanctuaires d'Hercule-Melqart : II », Syria : revue d'art oriental et d'archéologique, t. 44, fasc. 3-4, , p. 307-338 (DOI10.3406/syria.1967.8502, lire en ligne [fac-similé], consulté le ).