Paul Demiéville né à Lausanne le et mort à Paris le est un sinologuefrançais d'origine suisse ayant marqué les développements des études sinologiques en France au XXe siècle.
Il est le fils de Paul Demiéville[1] (26 décembre 1855, Châtillens - 16 mars 1947 Lausanne), professeur à la polyclinique médicale et chirurgicale de la faculté de médecine de Lausanne (1892-1927) et membre du conseil de santé et des hospices[2].
Biographie
Musicologue de formation, il commence l’étude du chinois à Londres en 1915 avant de poursuivre ces études à l’École des langues orientales vivantes.
Il devient au Collège de France le disciple d’Édouard Chavannes (1865-1918) et apprend aussi le sanscrit avec Sylvain Lévi (1863-1935) et le japonais. Diplômé de l’École des Langues orientales en 1918, il est nommé membre de l’École française d'Extrême-Orient en 1920 et séjourne à Hanoi (1920-1924). De 1924 à 1926, il enseigne à l'Université d'Amoy dans le sud-est de la Chine le sanscrit et la philosophie. De 1926 à 1930, il est pensionnaire, puis directeur de la maison franco-japonaise de Tōkyō où il est rédacteur en chef du Hōbōgirin, dictionnaire encyclopédique du bouddhisme.
Lorsqu'il rentre en France en 1930, il prend la nationalité française (naturalisé par décret le ) et est nommé professeur de chinois à l'École des langues orientales en 1931. En 1945, il devient directeur d'études à l'École pratique des hautes études, IVe section où il donne un enseignement de philosophie bouddhique jusqu'en 1956. En 1946, il est nommé professeur au Collège de France en remplacement de Henri Maspero à la chaire de langue et littérature chinoise jusqu'à sa retraite en 1964. En 1951, il entre à l'Académie des inscriptions et belles-lettres[3].
Il a été, de 1945 à 1975, le directeur de la revue T'oung Pao. La disparition durant la Seconde Guerre mondiale des trois grands sinologues Paul Pelliot (1878-1945), Henri Maspéro (1883-1945) et Marcel Granet (1884-1940) le laisse seul maître des études sinologiques en France durant la période de l'après-guerre. Son rayonnement s'étend non seulement sur la Chine et le Japon, où il avait conservé des liens avec des savants chinois et japonais au cours de ses séjours dans ces pays, mais également, à divers titres, en Belgique, en Italie, aux États-Unis. Son œuvre, qui comprend environ 180 livres et articles sans compter les comptes rendus et les notices bibliographiques, a été réunie pour une bonne part dans les Choix d'études sinologiques et les Choix d'études bouddhiques.
Publications
Les versions chinoises du Milindapañha. Bulletin de l’École française d’Extrême-Orient 1924.
Un traité d’architecture chinoise : Le Ying-tsao-fa-che de Li Ming-tchong des Song. idib 1925.
L'état actuel des études bouddhiques, Lausanne, Tiré à part de la Revue de théologie et de philosophie. 1926. 25 pp..
Notes d’archéologie chinoise : I. L’inscription de Yunkang ; II. Le Buddha de K’o-chan ; III. Les tombeaux des Song méridionaux. idib 1929.
Sur l’authenticité de Ta-tch’eng-k’i-sin-louen.Bulletin de la Maison franco-japonaise. 1932.
L’origine des sectes bouddhiques d’après Paramârtha. Mélanges chinois et bouddhiques, I. 1935.
en collaboration avec G. Ecke, The Twin Pagodas of Zayton. A Study of later Buddhist Sculpture in China. 1935[4].
Le concile de Lhassa. Une controverse sur le quiétisme entre bouddhistes de l'Inde et de la Chine au VIIIe siècle de l'ère chrétienne. Paris, PUF. 1952 (43 pp), réed. 1987, 2006[5].
Matériaux pour l’enseignement élémentaire du chinois : écriture, transcription, langue parlée nationale. Paris 1953. 175 pp.
Anthologie de la poésie chinoise classique, Paris, Gallimard, 1962 (sous la direction de Paul Demiéville). Publié sous les auspices de l'UNESCO dans le cadre de la Collection UNESCO d'œuvres représentatives.
Le bouddhisme chinois, dans Henri Charles Puech, Histoire des religion, Paris, Gallimard, Pléiade, réed, Folio 1999.
Entretiens de Lin-tsi (traduction), Paris, Fayard, 1972.
Choix d'études sinologiques, Leyde, E. J. Brill, 1973 [lire en ligne].
Les débuts de la littérature en chinois vulgaire. Paris. Académie des Inscriptions et des Belles Lettre 1952, Langue et littérature chinoise, Enigmes taoïstes, langue et littérature chinoise. Kyoto 1954, La situation religieuse en Chine au temps de Marco Polo[6].
Choix d'études bouddhiques, Leyde, E. J. Brill, 1973 [lire en ligne].
Le concile de Lhasa, Institut des hautes études chinoises, 1987, ASIN : 2857570406.
Titres et travaux de Paul Demiéville 1948, cote BNF 8-LN27-72002[7].
Bibliographie
Jean-Pierre Diény, « Paul Demiéville (1894-1979) », École pratique des hautes études, 4e section, sciences historiques et philologiques. Livret 2. Rapports sur les conférences des années 1981-1982 et 1982-1983, 1985 [lire en ligne].
Madeleine Paul-David, « Paul Demiéville », Arts asiatiques, vol. 36, , p. 67-68 (lire en ligne)
Jacques Gernet, « Notice sur la vie et les travaux de Paul Demiéville, membre de l'Académie », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 130, no 3, , p. 595-607
Yves Hervouet, « Paul Demiéville et l'École française d'Extrême-Orient », Bulletin de l'École française d'Extrême-Orient, vol. 69, no 69, , p. 1-29 (DOI10.3406/befeo.1981.3354, lire en ligne)
Jacques Heurgon, « Allocution à l'occasion de la mort de M. Paul Demiéville, membre de l'Académie », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 123, no 1, , p. 140-143 (lire en ligne)
Revues critiques de ses œuvres
Lévy Roger, « Paul Demiéville. Le concile de Lhasa », Politique étrangère, vol. 19, no 1, , p. 95-96 (lire en ligne)
André Bareau, « P. Demiéville. Entretiens de Lin-tsi », Revue de l'histoire des religions, vol. 185, nos 185-2, , p. 231-232 (lire en ligne)
Lévy Roger, « Paul Demiéville. Choix d'études sinologiques (1921-1970) », Politique étrangère, vol. 40, no 1, , p. 99-101 (lire en ligne)
Références
↑Madeleine Paul-David, « Paul Demiéville (1894-1979) », Arts Asiatiques, vol. 36, no 1, , p. 67–68 (lire en ligne, consulté le )
↑(en) Gustav Ecke et Paul Demiéville, The Twin Pagodas of Zayton: A Study of Later Buddhist Sculpture in China, Harvard University Press, (lire en ligne)