Patrick Salameh
Patrick Salameh, né le à Fréjus (Var), est un tueur en série et braqueur français. Il est surnommé le « Jack l'éventreur de Marseille ». Entre mai et , de nombreuses femmes disparaissent à Marseille, sans laisser de trace. Malgré les efforts fournis par les scientifiques, aucun corps n'est retrouvé. Un témoin-clé relance l'enquête et affirme que Patrick Salameh est l'auteur de ces disparitions. Lorsque son nom apparaît mêlé aux disparitions, les enquêteurs découvrent son lourd passé judiciaire. Il est condamné par la justice, en , en (en première instance), puis en (en appel), à la réclusion criminelle à perpétuité, peine assortie d'une période de sûreté de 22 ans pour enlèvement, séquestration et viol entraînant la mort. BiographieOriginePatrick Salameh est né le à Fréjus, dans le Var. Il est issu d'une grande famille d'origine libano-syrienne composée de 9 frères et sœurs. Lorsque Patrick est enfant, les Salameh déménagent dans la région de Marseille. L'enfance de Patrick Salameh est, selon ses propos, « un paradis peuplé de sauterelles et de papillons »[1]. Au début des années 1980, alors qu'il est âgé de tout juste 25 ans, Patrick Salameh devient gérant d'un restaurant, le « Rock Opéra Burger », situé au cœur des quartiers sensibles de Marseille. En 1983, Patrick Salameh se marie et devient père de deux enfants. La vie adulte de Salameh se déroule sans histoire, tant sur le plan familial que professionnel, son affaire s'avérant d'abord prospère. En 1988, Patrick Salameh voit toutefois ses revenus diminuer et son restaurant faire faillite. Ayant « toujours été dans la réussite jusque-là », Salameh ne supporte pas cet échec. Il semble que c’est à ce moment qu’il devient irritable et bascule dans la délinquance. Série d'attaques à main arméeEntre et , Patrick Salameh et une bande d'amis réalisent des cambriolages et braquages. Ils sévissent dans la région varoise. Ils s'introduisent chez des particuliers, les agressent et s'emparent de leurs biens. Ils seront surnommés « La Horde Sauvage » dans les médias. Lors des braquages du gang, Patrick Salameh est surnommé « Antoine ». Salameh et ses complices commettent cinq attaques à main armée, dont deux avec violences aggravées[2], qui vaudront au gang des circonstances aggravantes :
Détention préventive et tentatives d'évasionDébut , Salameh et ses comparses sont arrêtés et incarcérés à la prison des Baumettes. En détention préventive, Patrick Salameh est accusé par ses complices d'être l'auteur des violences, ce qu'il nie. Il perd alors définitivement son restaurant, placé en liquidation judiciaire, ce qui accroît son envie de « se venger de la société »[2]. Dans la nuit du 26 au , Salameh tente de s'évader de prison, en donnant des somnifères à son codétenu. Ensuite, il appâte l'un de ses gardiens en promettant de lui donner 15 000 francs, si ce dernier « ferme les yeux ». Salameh scie les barreaux de sa cellule, puis il chute en tentant d'escalader le mur d'enceinte et se fracture la jambe. La détention préventive de Salameh et de ses comparses dure plus de quatre ans, avant l'ouverture du procès de « La Horde Sauvage »[2]. Procès, condamnation et détentionLe , débute le procès de « La Horde Sauvage » devant la cour d'assises de Draguignan. Âgé de 36 ans, Patrick Salameh comparaît accompagné de ses trois comparses. À l'issue d'une semaine de procès, les jurés délibèrent pendant quatre heures afin de déterminer les peines des quatre accusés. Lors des réquisitions, l'avocat général requiert 20 ans de réclusion criminelle à l'encontre de Patrick Salameh. Le , Patrick Salameh, décrit comme étant « d'une extrême dangerosité » est condamné à 20 ans de réclusion criminelle, pour vol à main armée, séquestration, torture et attentat à la pudeur. Condamné à la peine maximale, Salameh conçoit toujours plus de ressentiment et de désir de vengeance vis-à-vis de la société. Durant ses années d'incarcération, Salameh se consacre à l'écriture et surtout à la peinture, révélant un réel talent. Il peint des toiles qui seront exposées dans plusieurs galeries. Les œuvres de Patrick Salameh sont révélatrices d'un personnage torturé[3]. Libérable à compter de , ses premières demandes de libération lui sont refusées entre 1999 et 2004. Libération et tentative d'enlèvementSalameh est libéré, en , après plus de 16 ans de détention. Libéré en fin de peine, sa vie reprend alors son cours. Il retrouve sa famille, expose ses œuvres et travaille également comme chef de chantier[3]. De 2005 à 2008, aucun crime ni disparition ne lui sont attribués. Le , Patrick Salameh prend en auto-stop Laurie, 19 ans, après que celle-ci ait raté son bus, afin de l'emmener jusqu’au lycée Diderot[4]. Lors de trajet, Salameh lui propose un travail d’été, sous le nom d'Alain Cortès, et lui demande son numéro de téléphone, afin qu'il puisse la contacter par la suite. Effrayée par le comportement de Salameh, Laurie refuse. Après plusieurs insistances de Salameh, elle décide cependant de lui laisser une adresse mail. Après avoir déposé Laurie devant son lycée, Salameh s'en va[5]. Patrick Salameh fixe, au total, trois rendez-vous à Laurie, devant l'arrêt de bus devant lequel il l'a accostée, mais la jeune fille ne s'y rend pas[5]. Première disparitionDurant l'après-midi du mercredi , Fatima publie une annonce pour proposer ses services de baby-sitting. Se faisant passer pour un homme divorcé, Salameh la contacte dans le but garder ses enfants et lui donne rendez-vous à 15h au Métro Malpassé, sans mentionner son nom. Il lui précise que sa femme viendra la chercher au volant d'une Volkswagen grise à la sortie du métro. Ce dernier se situe non loin de la garçonnière de Patrick Salameh. Mehdi, le petit ami de Fatima l'accompagne sur les lieux, puis ils se quittent peu avant le rendez-vous. Ils conviennent ensemble de se rappeler dans quelques heures, mais , deux heures plus tard, son petit ami reçoit un étrange texto spécifiant : « j'ai rencontré une ancienne amie, je serai de retour ce week-end. » Ne reconnaissant pas le comportement de sa copine, ni sa manière d'écrire, Mehdi s'inquiète aussitôt et tente de la joindre, mais n'y parvient pas car le téléphone de Fatima est éteint et le restera pour toujours. Le lendemain, sa famille et son petit ami, inquiets de ne pas avoir de nouvelles, se rendent au commissariat pour signaler la disparition de la jeune fille. Les enquêteurs vont retracer l'appel téléphonique que Fatima a reçu pour le babysitting. L'appel a été émis depuis une cabine à la gare Saint-Charles de Marseille. Ce sera le seul élément dont la police disposera pour résoudre l'enquête. Enlèvement et séquestrationDans la nuit du 27 au , Salameh aborde Soumia El Kandadi, prostituée de 24 ans, sur le boulevard Sakakini en lui proposant 400 euros pour une passe à son domicile. Il l’emmène en voiture jusqu’à son domicile et la fait entrer. Peu après l'arrivée de la jeune femme, Salameh change de comportement, en se montrant agressif et violent. Il insulte, frappe et traîne sa victime par les cheveux, avant de la violer quatre heures durant. Salameh emmène ensuite Soumia dans la salle de bains, dans laquelle elle dira qu'un corps s'y trouvait, et menace de la tuer si elle se débat. À l'issue de l'agression, Salameh relâche Soumia, en lui donnant 900 euros[6]. En octobre et novembre 2008, la Cité phocéenne est marquée par la disparition de trois prostituées, en l'espace de trente-trois jours[7].
Une témoin-cléLa première piste des enquêteurs fait référence à un tueur en série[11] qui sévit à Marseille. Il enlève et tue des femmes du même profil: des prostituées étrangères. Les enquêteurs ne disposent ni d'indice et ni de suspect potentiel. Cependant, une révélation bouleverse le cours de l'enquête : une prostituée marocaine, Soumia El Kandadi[12], donne aux enquêteurs le nom d'un homme qui peut être le coupable. Il s'agit de Patrick Salameh qui, dans la nuit du 27 au , la séquestre et la viole. Lorsque son calvaire prend fin, elle remarque qu'un corps inerte gît dans la baignoire de son agresseur. Ce dernier lui aurait précisé : « voilà le sort que je réserve aux femmes qui ne m'obéissent pas. » Les déclarations de Soumia mettent les enquêteurs sur la piste de Patrick Salameh. Une autre piste va les conforter dans leur suspicion. Le téléphone de l'une des prostituées continue d'émettre un signal après sa disparition. Les services de police localisent ce dernier et le retrouvent dans un quartier de Marseille. C'est un enfant qui a récupéré la carte SIM, qui lui a été remise par un certain Patrick Salameh. Patrick Salameh s'est emparé des cartes SIM de ses victimes et les a données. Cette technique permet de faire croire aux policiers que les disparues sont toujours en vie, puisque leur numéro de téléphone continue d'émettre un signal localisable. Arrestation, incarcération et mise en causeDans la soirée du , les enquêteurs arrêtent Salameh et le placent en garde à vue. Son domicile de Saint-Mitre est perquisitionné, dans le but de retrouver des indices. Soumia, la jeune femme ayant subi les sévices de Salameh, guide les enquêteurs sur le lieu où elle aurait aperçu le cadavre d'une femme et où Patrick emmenait les prostituées avec qui il passait la nuit. Il s'agit de sa garçonnière, petit studio adjacent à son domicile principal, qui est passée au peigne fin. Les enquêteurs ne retrouveront pas le corps évoqué par Soumia, mais retrouvent cependant de l'ADN appartenant à Iryna Sytnyk et Zineb Chebout, ainsi que certains de leurs effets personnels comme des bijoux et des sous-vêtements. Les deux prostituées ont donc bien fréquenté la garçonnière de Salameh, mais aucune trace de sang n’est découverte. Lors de sa première audition, Salameh nie fréquenter les prostituées[13]. Il réfute toute accusation de disparitions ou de meurtres, en se disant « rangé » de la délinquance et de tout crime. Le , Salameh est mis en examen pour « enlèvement et séquestration » et « violences ayant entraîné la mort », à l'encontre d'Iryna Sytnyk et de Zineb Chebout, et placé en détention provisoire à la Prison des baumettes[13]. Bien que peu d'éléments permettent d'établir sa culpabilité, des battues sont organisées, mais ne permettent aucune découverte de corps. Le , une reconstitution a lieu, mais Salameh refuse de collaborer. À la suite de cette reconstitution infructueuse, le domicile de Salameh est de nouveau perquisitionné et permet de détecter une trace de sang. Quelques semaines plus tard, les analyses ADN établissent que le sang retrouvé appartient à Christina Bahulea[14]. Le , Salameh est extrait de la Prison des baumettes et placé en garde à vue pour la disparition de Christina. Le lendemain, Salameh est mis en examen « enlèvement et séquestration » et « violences ayant entraîné la mort », à l'encontre de Christina Bahulea, et regagne sa cellule d'isolement[15]. Lien avec une autre affaireLes enquêteurs élargissent leurs recherches et se demandent si Cristina, Zineb et Iryna sont les seules victimes de Patrick Salameh. Ils font alors le lien avec Fatima Saiah[16]. Il s'agit d'une jeune étudiante de 20 ans, portée disparue à Marseille quelques mois plus tôt avant la disparition des prostituées. Durant l'après-midi du mercredi , Fatima publie une annonce pour proposer ses services de baby-sitting. Un homme divorcé la contacte pour garder ses enfants, durant l'après-midi. L'homme donne rendez-vous à Fatima à 15h au Métro Malpassé. Il ne lui indique pas son nom. Il lui précise que c'est sa femme qui viendra la chercher au volant d'une Volkswagen grise à la sortie du métro. Ce dernier se situe non loin de la garçonnière de Patrick Salameh. Ce jour-là, le petit ami de Fatima l'accompagne sur les lieux, puis ils se quittent peu avant le rendez-vous. Ils conviennent ensemble de se rappeler dans quelques heures. Deux heures plus tard, son petit ami reçoit un étrange texto spécifiant : « j'ai rencontré une ancienne amie, je serai de retour ce week-end. » Ne reconnaissant pas le comportement de sa copine, il s'inquiète aussitôt et tente de la joindre. Il n'y parvient pas car le téléphone de Fatima est éteint et il le restera pour toujours. Le lendemain, sa famille et son petit ami, inquiets de ne pas avoir de nouvelles, se rendent au commissariat pour signaler la disparition de la jeune fille. Les enquêteurs vont retracer l'appel téléphonique que Fatima a reçu pour le babysitting. L'appel a été émis depuis une cabine à la gare Saint-Charles de Marseille. Ce sera le seul élément dont la police disposera pour résoudre l'enquête. Une personne sans domicile fixe ayant pour habitude d'utiliser la cabine téléphonique de la gare va être interrogée et va formellement reconnaître Patrick Salameh. Le , Salameh est extrait de la Prison des baumettes et placé en garde à vue pour la disparition de Fatima. Il nie de nouveau en être à l'origine et affirme être dénoncé à tort par la témoin le reconnaissant[17]. Il modifie cependant ses précédentes déclarations, en reconnaissant avoir fréquenté les trois prostituées, mais nie être à l'origine des disparitions[18]. N'ayant pas retrouvé l'ADN de Fatima chez Salameh, seul le témoignage de la sans domicile fixe l'incrimine à l'affaire[19]. Salameh est mis en examen, le , pour « enlèvement et séquestration » et « violences ayant entraîné la mort », à l'encontre de Fatima Saiah, dont le corps n'a pas été retrouvé[20]. Expertises et renvois devant les assisesLors de sa détention, Salameh est examiné par le Dr Daniel Zagury. Celui-ci conclut que Salameh ne présente aucune pathologie mentale et le qualifie de « psychopathe », en lui diagnostiquant des éléments caractéristiques de perversité sexuelle[21]. Sur la perversité sexuelle, l'expert conclut que la façon de Patrick Salameh de se présenter telle qu'un « Monsieur tout le monde » révèle un profil de « Dr Jekyll et Mr Hyde »[21]. Le , Patrick Salameh est renvoyé devant la cour d'assises d'Aix-en-Provence, pour les meurtres d'Iryna Sytnyk, de Cristina Bahulea et de Zineb Chebout (perpétrés entre octobre et )[22]. Il fait également l'objet d'un renvoi devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône, pour le meurtre de Fatima Saiah, trois semaines avant son premier procès, le [23]. Procès et condamnationsJugement en première instance de l'affaire des prostituéesLe procès de Patrick Salameh débute le , à la cour d'assises d'Aix-en-Provence[24]. Il comparaît pour enlèvement, de séquestration, de viol suivis de mort sur la personne d'Iryna Sytnyk, de Cristina Bahulea et de Zineb Chebout et pour la séquestration et le viol de Soumia El Kandadi, dont le témoignage avait conduit à son arrestation. Salameh arbore un air ordinaire, mais un regard froid. Lors du jugement, Salameh demande de nouveau son renvoi et incite les protagonistes à consulter son site internet, où il explique en détails ses faits et gestes. Il se dit toujours innocent des disparitions et du viol de Soumia. Selon Salameh, tout repose sur ses accusations verbales et des présomptions. Salameh, arbore un air ordinaire, mais un regard très dur. L'avocat général décèle en lui l'un des plus grands tueurs en série français du début du XXIe siècle[25]. Le , Patrick Salameh est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 22 ans. Il fait appel de cette décision[25]. Jugement en première instance de l'affaire SaiahSalameh comparaît de nouveau, le , devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône[26]. Il est jugé pour l'enlèvement suivi de la mort de Fatima Saiah, jeune lycéenne, dont le corps n'a jamais été retrouvé. L'avocate générale décrit le dossier comme atypique, car aucune trace de la disparue n'a été retrouvée chez l'accusé, alors que les témoignages accusent fortement Salameh[27]. Elle décrit les diverses tentatives d'enlèvement opérées par Salameh, avant la disparition de la victime : Laurie, qu'il avait pris en auto-stop et qu'il avait tenté de recontacter, puis une jeune femme elle aussi recrutée pour du baby-sitting qui s'était désistée[28]. Le , Patrick Salameh est également condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 22 ans. Il fait également appel de cette décision. Les deux procès de Salameh étant rapprochés, il est décidé de le rejuger en un seul procès[29]. Jugement en appel pour les deux affairesLe , Patrick Salameh est jugé en appel, devant la cour d'assises du Var. Il est alors âgé de 59 ans et incarcéré depuis 7 ans et 5 mois. Lors de jugement, Salameh nie toujours les quatre assassinats qui lui sont reprochés, dont les corps n'ont jamais été retrouvés. Là encore, Salameh est décrit comme « dangereux » et « difficilement curable », avec un risque de récidive très élevé[30]. Le , Patrick Salameh est à nouveau reconnu coupable des trois meurtres ainsi que du viol de Soumia. À la suite des délibérations, Salameh est une nouvelle fois condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 22 ans[31]. Patrick Salameh et ses avocats forment un pourvoi en cassation, lequel est rejeté le [32]. Vie en prisonIncarcéré depuis , Patrick Salameh sera accessible à une libération conditionnelle à partir de 2030[réf. nécessaire]. Notes et références
Voir aussiDocumentaires télévisés
Émission radiophonique
Bibliographie
Articles connexes
Liens externes
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