Pascal Cribier

Pascal Cribier, né le à Louviers (France) et mort le à Paris 6e[1], est un architecte paysagiste français.

Avec près de cent-quatre-vingts jardins publics ou privés dessinés en trente années de carrière, Pascal Cribier illustre aux côtés de Patrick Blanc, Louis Benech et Gilles Clément une génération de jardiniers à la fois héritiers d'André Le Nôtre par l'esprit[2], le sens de l'espace[3], et révolutionnaires par les techniques écopaysagères employées.

Biographie

Les quatre cents coups (1953-1973)

Né en Normandie, fils d'un cadre administratif[4], Pascal Cribier vit à Paris une enfance indisciplinée et joyeuse avec ses deux frères dans un deux pièces de la Porte de Vincennes[3]. Dès l'âge de dix ans, il se passionne pour la Renault 8 Gordini et les courses automobiles de Montlhéry[3].

Il quitte le lycée Voltaire[4] à l'âge de quatorze ans pour travailler dans un studio de photographies publicitaires[2]. Un physique avantageux lui permet de gagner sa vie en posant pour les magazines[2]. À seize ans, il a les moyens de s'acheter un kart et, sans avoir le permis, participe à des compétitions[3]. Inscrit dans un lycée technique d'Argenteuil[4], l'École nationale des professions de l'automobile GARAC, il est renvoyé de celui-ci[3].

Sans baccalauréat, il fréquente dans l'heureuse confusion de l'après-Mai 68 l'université de Vincennes et dessine frénétiquement voitures et circuits de course[3]. En 1971, tout en devenant un adepte de la plongée sous-marine[4], il intègre pour trois années l'équipe de France de kart[3]. En 1972[2], il présente ses dessins à l'École nationale supérieure des beaux-arts et est admis dans une section d'arts plastiques.

Cette même année 1972, un ami d'ami[3], Éric Choquet, acquiert huit hectares dominant une falaise du pays de Caux, à Varengeville[2]. En suivant les conseils de Robert Morel, un ami originaire du lieu, Pascal Cribier, qui a vingt ans, entame le travail titanesque d'aménager le site[2], le Bois de Morville. Les trois hommes, durant leurs weekends, inventeront pour ce terrain impossible une série de jardins paysagers, aussi surprenants que la main de l'homme paraît absente.

Architecte paysagiste (1974-1989)

Dès 1974, Pascal Cribier se tourne vers l'architecture et l'urbanisme et est admis en troisième année d'architecture de l'Université Paris-VI, où l'attire un enseignement politiquement orienté à gauche[3]. C'est là qu'il se lie avec un autre étudiant, le futur urbaniste Patrick Ecoutin[3]. Il décroche le diplôme DPLG en 1978. Toujours impliqué dans son projet varengevillois, il travaille pendant deux années au bureau d'études d'un pépiniériste[4] de Nemours et, en 1980, s'établit comme architecte paysagiste[4] indépendant.

Reçu dans une société[2] de millionnaires, il trouve ses chantiers, souvent à l'étranger, par relation, guidé par les affinités personnelles, sans créer d'entreprise, montant des équipes de spécialistes en fonction des besoins[2]. Il les réalise en accordant autant sinon plus d'écoute aux attentes du client que de soin aux effets optiques (perspectives, évolution des couleurs...)[3]. Pour Pascal Cribier, qui aime à se définir avant tout comme jardinier[5], créer un jardin c'est d’abord rencontrer un commanditaire, public ou privé, et un site : un jardin n’est ni un pastiche, ni un décor, c’est un lieu où les questions économiques, de maintenance et d’entretien, l’emportent sur les aspects formels et esthétiques.

La reconnaissance (1990-2015)

En 1990, il accède à la notoriété[3] en travaillant aux côtés de Louis Benech à la réhabilitation du jardin des Tuileries dessiné par André Le Nôtre, chantier qui durera six années[4]. Il est invité à donner des conférences, y compris à l'université, à partir de 1993[6]. En 1995, il entame une collaboration de vingt ans avec le futur directeur du musée Picasso, Laurent Le Bon[2].

Tout en continuant son travail de « jardinier », il enseigne depuis 1994[4] à l’École nationale supérieure des arts décoratifs et à l’École nationale supérieure du paysage de Versailles[6]. Ami du dendrologue Francis Hallé, il fonde en 2012 les Rencontres botaniques de Varengeville-sur-Mer, symposium annuel réunissant botanistes et jardiniers, scientifiques et artistes.

Âgé de soixante deux ans mais physiquement diminué, il met fin à ses jours dans son appartement du jardin du Luxembourg dans la nuit du mardi 3 au mercredi 4[7] novembre 2015 en se tirant une balle avec un fusil de chasse après avoir fait ses adieux à ses amis[2].

Œuvre

Principales réalisations

Jardins de bâtiments publics

Parcs publics ou privés

Urbanisme

Reconversions

  • 2000-2002 : requalification de la zone industrielle Mi-Plaine à Chassieu et du couloir de la chimie à Feyzin.
  • Requalification de la zone industrielle Lyon la Mouche.

Écologie paysagère

Jardins privés

Projets interrompus

Expositions

  • « Pascal Cribier, les racines ont des feuilles… », espace Électra, Paris, du au  ; espace EDF Basacle, Toulouse, de janvier à

Citations

  • « Ce ne sont pas les paysagistes qui font le paysage, c'est l'économie, la politique, les décisions administratives[9]. »
  • « Nous ne voyons que la moitié d'un arbre[10]. »

Notes et références

  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. a b c d e f g h i et j Michel Guérin, « Pascal Cribier, mort d'un grand jardinier », in Le Monde, Paris, 12 novembre 2015.
  3. a b c d e f g h i j k et l S. Vincendon, « Pays (pas) sage », in Libération, Paris, 30 juillet 2009.
  4. a b c d e f g et h « Biographie Pascal Cribier », in Who's who, Laffite Hébrard, Levallois-Perret, 2015.
  5. P. Cribier, « Avant propos », in Pascal Cribier : itinéraires d'un jardinier, op. cit..
  6. a et b Fleur Pellerin, « Hommage à Pascal Cribier », ministre de la Culture et de la Communication, Paris, 6 novembre 2015.
  7. S. Vincendon, « Pascal Cribier, tout un paysage », in Libération, 5 novembre 2015.
  8. « Le "jardin des merveilles" du futur bâtiment », sur ens-paris-saclay.fr (consulté le ).
  9. G. Allix, « La destruction d'un paysage unique », in Le Monde, Paris, 8 septembre 2010.
  10. Frédéric Joignot, « L'arbre, allié de taille », in Le Monde, Paris, 20 novembre 2011.

Annexes

Revue de presse

Bibliographie

Article connexe

Vidéos

Liens externes