Institut de recherche et coordination acoustique/musiqueIrcam Institut de recherche et coordination acoustique/musique (Ircam)
L’Institut de recherche et coordination acoustique/musique (plus connu sous son acronyme Ircam) est un centre français de recherche scientifique, d'innovation technologique et de création musicale, fondé par Pierre Boulez avec Michel Decoust et quelques autres, et dirigé depuis 2006 par Frank Madlener. Institut de recherche, de production mais aussi lieu de formation, de consultation et d'expérimentation, avec une volonté permanente d'interaction entre musique et scientifiques, l'Ircam se distingue des autres centres de recherche et de création de musique contemporaine[1]. D'une part, par les trois grands champs dans lesquels l'institut s'investit :
D'autre part, par ces actions de transmissions des pratiques musicales et technologiques. Sous la tutelle du ministère de la Culture et de la Communication et associé au Centre Pompidou dès sa création, l'Ircam est constitué en association loi de 1901. L'unité mixte de recherche (UMR 9912), hébergé par l'Ircam, a été fondé en 1995 en association avec le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et le ministère de la Culture et de la Communication. La faculté des sciences et ingénierie de Sorbonne-Université, anciennement l'université Pierre-et-Marie-Curie (UPMC), est l'une des tutelles de l'UMR depuis 2010.
HistoireL'Ircam a été fondé par Pierre Boulez, compositeur et chef d'orchestre à la demande du président de la République Georges Pompidou qui avait pour volonté de créer un institut pour la création musicale actuelle[2]. Pierre Boulez annonça la création et les objectifs généraux de l'Ircam lors d'une conférence de presse au théâtre de la Ville en . ActivitésComme laboratoire et lieu de transmission, l'Ircam anticipe les bouleversements de la révolution numérique sur les langages, les pratiques artistiques et les pratiques culturelles, en particulier dans le champ du spectacle vivant et des « arts du temps » (création musicale, opéra, danse, théâtre, vidéo, cinéma, design sonore). Il défend l'intérêt d'une Recherche et Développement indépendante, débouchant sur des applications artistiques avec, en retour, l'implication d'artistes dans des projets de recherche collective[3]. L'institut mise ainsi sur l'interdisciplinarité et mobilise des métiers et des publics complémentaires : les compositeurs, interprètes, ingénieurs du son, les chorégraphes et danseurs, les designers sonores et metteurs en scène, les vidéastes et plasticiens, les concepteurs de jeux vidéo, d'installations ou d'environnements interactifs, mais aussi les chercheurs, les informaticiens, les doctorants et les réalisateurs en informatique musicale… L'institut soutient également l'émergence de nouvelles signatures (Académie et Festival), de communautés d'utilisateurs passionnés par l'innovation technique (Forum), de pratiques culturelles inédites pour les publics, attirés par le monde numérique. Enfin la valorisation industrielle assure le transfert des technologies issues du labo Ircam dans un réseau plus vaste que celui de la création musicale[4]. En matière de production, l'Ircam mène ses expérimentations sur des scènes diverses (Scala, Royal Albert Hall, Philharmonie de Berlin, scènes et festivals nationaux) ou au sein de l'espace public, investissant tous les genres musicaux, du jardin sonore à l'opéra. En matière de formation, il propose des cursus au rayonnement international, un doctorat en recherche musicale et des actions hors les murs (Asie, Amérique latine). En matière de transmission et de démocratisation, il tente de mobiliser des publics éloignés des lieux de création, grâce aux Ateliers de la création pour les lycées professionnels, aux parcours artistiques destinés aux licences universitaires, aux parcours musique mixte pour les écoles, et aux ressources en ligne. En 2019, Ircam Amplify, est créé[5] pour développer les offres existantes et l'élargir au design sonore auprès de nouveaux publics. Les trois territoires d’Ircam Amplify rencontrent tous les usages du son aujourd’hui: 1. Le son comme environnement avec le design sonore[6], le son immersif[7] et la création de contenus inédits. 2. Les interfaces homme-machine avec la synthèse vocale[8], les nouveaux instruments de musique, la transformation du son et de la voix dans le spectacle vivant, le cinéma et le jeu vidéo. Le Monde a fait appel à cette société pour reconstituer l'Appel du 18 Juin du Général de Gaulle qui n'a jamais été enregistré par la BBC[9]. 3. Le son comme "data" qui est valorisé par l’indexation, la navigation intelligente dans des bases de données, et la recommandation d’offres musicales. BâtimentSitué sous la place Igor-Stravinsky qui a ultérieurement accueilli la fontaine Stravinsky (1983) réalisée par Niki de Saint-Phalle et Jean Tinguely, l'Ircam est complètement souterrain à sa création[10]. Pourquoi une construction en sous-sol ? L'une des raisons principales est la maîtrise de l'acoustique. En effet, moins de bruits parasites et de paramètres à prendre en compte en sous-sol. En 1990, la Tour de verre est édifiée par Renzo Piano, complétée en juin 1996 par la réhabilitation de l'École Jules Ferry et un bâtiment des bains-douches. L'Espace de projectionSalle à acoustique variable, l'Espace de projection n'est pas seulement une salle de concerts mais un espace pouvant être également utilisé comme studio d'enregistrement ou encore lieu d'expérimentations. Boîte étanche creusée à seize mètres de profondeur, Pierre Boulez surnommait cet espace pouvant projeter du son et de la lumière le « hangar luxueux »[11]. Les premiers concerts eurent lieu en 1978 avec des œuvres de York Höller (en), Jean-Claude Risset ou encore Stockhausen. En 2012, on achève l'installation d'un ambitieux système de spatialisation sonore dans l'Espace de projection. À la fois outil et objet de recherche, cet équipement combine deux systèmes de pointe en matière de reproduction du champ sonore, la WFS (en) (synthèse d'hologrammes sonores) et ambisonics (immersion sonore 3D). Les travaux menés trouvent leurs applications dans les domaines de la réalité virtuelle ou augmentée, le spectacle vivant, mais aussi le cinéma et les jeux vidéo. Ce dispositif constitué d'une ceinture de 264 haut-parleurs régulièrement répartis autour de la scène et du public pour la diffusion en WFS et d'un dôme de 75 haut-parleurs pour une diffusion tridimensionnelle en Ambisonics. Ces 339 haut-parleurs sont contrôlés par un ensemble d'ordinateurs gérant en temps-réel la spatialisation des sources sonores. L'Espace de projection a fermé ses portes en 2015 pour travaux et a rouvert en juin 2022[12] pour la Fête de la Musique, puis en janvier 2023 avec un concert de Jean-Michel Jarre[13]. La chambre anéchoïqueEntièrement recouverte de prismes (dièdres) de laine de verre, cette salle, communément appelé chambre anéchoïque est utilisée pour effectuer des mesures acoustiques s'affranchissant de l'effet de salle pour savoir comment le son se déplace et se développe dans l'espace[14]. Elle permet aux scientifiques et aux musiciens de quantifier des grandeurs acoustiques telles que puissances sonores, effets de directivité, niveau sonore. L'onde se retrouve piégée en cassant sur la pointe du dièdre. Les studiosLes studios de l'Ircam, au nombre de huit (en comptant la chambre anéchoïque), sont des boîtes autonomes et désolidarisées de la structure du bâtiment. En effet, les studios sont séparés du reste du bâtiment par une lame d'air périphérique allant de 5 à 50 cm ; de ce fait, il n'existe aucun pont phonique entre les structures. On y retrouve des studios d'expérimentations et d'enregistrements. La médiathèqueOuverte depuis juin 1996 à l'initiative de Laurent Bayle, la médiathèque a pour vocation de diffuser les fonds patrimoniaux de l'Ircam et développe des documents multimédia à visée pédagogique. Fonds unique concernant le domaine de la musique de 1945 à nos jours, elle regroupe la base BRAHMS (base de documentation sur la musique contemporaine)[15], des archives audiovisuelles et sonores[16], des catalogues d'œuvres, des analyses commentées du répertoire Ircam[17] ainsi que des articles scientifiques ou musicologiques[18]. Chronologie
Notes et références
AnnexesLiens externes
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