Le mont Pèlerin se situe sur la rive nord-est du Léman, principalement sur la commune de Chardonne, une faible part du versant nord-ouest étant localisé sur la commune de Puidoux. Il est immédiatement bordé par deux autres reliefs d'élévation légèrement inférieure : le mont Vuarat (985 m) à l'est et le mont Chesau (982 m) au nord. Cet ensemble de relief est séparé des Préalpes vaudoises par la vallée de la Veveyse entre Châtel-Saint-Denis et Vevey.
Avec le mont Vuarat et du mont Chesau, le mont Pèlerin forme un relief périphérique des Préalpes suisses appartenant à la molasse charriée (ou molasse subalpine)[2],[3]. Contrairement à la molasse du plateau (située au nord) qui demeure relativement peu déformée, la molasse charriée est soumise aux contraintes exercées par la poussée vers le nord des nappes des Préalpes suisses. Ces contraintes se traduisent par une déformation de la molasse et son charriage sur la molasse du plateau, représentée ici par la molasse à charbon (Chattien tardif)[3],[4]. Le mont Pèlerin est ainsi délimité à l'ouest par la faille inverse Broye - Bois de Tey, qui lui permet de chevaucher la molasse à charbon, et à l'est par une légère voûte anticlinale à hauteur de la commune d'Attalens. Cette dernière est chevauchée par des écailles de molasse rouge (Chattien précoce)[3],[5],[6].
Les couches du mont Pèlerin appartiennent plus précisément à la molasse d'eau douce inférieure. Ce sont des dépôts fluviatiles résultant d'une première phase de comblement du bassin molassique suisse. Ils oscillent entre des grès grossiers à la base (grès d'Attalens[7]) et des poudingues préférentiellement développés au sommet de la série[3],[8]. Ces derniers représenteraient 30 à 50 % de la série. Ils forment des bancs épais de 1 à 10 m qui ressortent fréquemment et constituent les falaises ou proéminences qui caractérisent les flancs du mont Pèlerin et le vignoble de Lavaux. Les bancs sont séparés par des intervalles marneux qui affleurent rarement.
Des gisements palustres riches en matière organique, quelques niveaux charbonneux et des gisements de feuilles fossiles[9] ont aussi été décrits[3]. L'épaisseur totale de la série n'est pas connue en raison de l'érosion des séries sommitales par le charriage des unités sus-jacentes mais son épaisseur actuelle est estimée entre 700 et 1 000 m[2],[3]. Les coquilles de mollusque identifiées à Châtel-Saint-Denis fournissent un âge compris entre le Chattien et l'Aquitanien[10] (Oligocène tardif - Miocène précoce). Cet âge est corroboré par les gisements de micromammifères qui sont tous attribués à la biozone MP27[11],[12] (Chattien).
Les galets des poudingues du mont Pèlerin sont de petites tailles (4 à 5 cm) mais certains peuvent atteindre jusqu'à 33 cm[2]. Ils sont enrobés dans une matrice composés de grains calcaires, rarement de quartz, feldspath ou micas, et englobés dans un ciment calcaire peu développé. La prépondérance de roches sédimentaires dans les poudingues et la rareté en matériel magmatique et métamorphique démontrent que les apports sédimentaires sont restreints aux Préalpes suisses dont la proximité a favorisé une accumulation de matériels grossiers sous la forme d'un immense cône alluvial.
Distribution pétrologique des galets des poudingues[2]
Le sommet et la localité ont donné leur nom à la Société du Mont Pèlerin, club promouvant le libéralisme et qui s'y réunit chaque année. Elle fut fondée en 1947 par Friedrich Hayek et accueillit des grands penseurs libéraux, au premier rang desquels Milton Friedman.
↑ abc et dRudolf Trümpy et Arnold Bersier, « Les éléments des conglomérats oligocènes du Mont-Pèlerin : pétrographie, statistique, origine », Eclogae Geologicae Helvetiae, vol. 47, no 1, , p. 119-66 (DOI10.5169/seals-161830).
↑ abcde et fMarc Weidmann, 1244 Châtel-Saint-Denis, Swisstopo, coll. « Atlas géologique de la Suisse », , 57 p. (lire en ligne).
↑« Molasse à Charbon » , sur Lexique lithostratigraphique de la Suisse (consulté le ).
↑Hans Schardt, « Coup d'œil sur la structure géologique des environs de Montreux », Bulletin de la Société Vaudoise des Sciences Naturelles, vol. 29, no 112, , p. 241-255 (DOI10.5169/seals-263595).
↑(gsw) Oswald Heer, Flora tertiana Helvetiae : Die tertiäre Flora der Schweiz, Winterthur, .
↑(gsw) E. Beaumberger, « Zur Tektonik und Altersbestimmung der Molasse am schweizerischen Alpennordrand », Eclogae Geologicae Helvetiae, vol. 24, no 2, , p. 205-222 (DOI10.5169/seals-159033).
↑B. Engesser, N.A. Mayo et Marc Weidmann, « Nouveaux gisements de mammifères dans la molasse subalpine vaudoise et fribourgeois », Mémoires suisses de paléontologie, , p. 1-38.
↑(gsw) B. Engesser, « Die Eomyidae (Rodentia Mammalia) der Molasse der Schweiz und Savoyens. Systematik und Biostratigraphie », Mémoires suisses de paléontologie, vol. 12, , p. 1-144.