Michel Manoll occupe une place de tout premier plan dans l’univers des Lettres. L’originalité de son art poétique réside dans une exaltation de l’humain porté aux plus hautes notes d’un lyrisme très personnel, sous-tendu par une certaine mystique de la beauté. La stance manollienne, généralement d’un ample mouvement, se déroule harmonieusement, formant un tout où s’épousent intimement le fond et la forme. C’est en esthète, doté d’une fine culture, que Michel Manoll a accompli son œuvre et s’est généreusement intéressé à celle de ses pairs.
Originaire de la région de Nantes, il fut très tôt marqué par la disparition de son père dans l’enfer de Verdun. C’est à Alençon qu’il fera ses études et rencontrera Thérèse Tulasne qui deviendra son épouse. Il partage son élan vers la poésie avec un condisciple qui porte nom Adrian Miatlev. Il entre en contact avec Saint-Pol-Roux, Pierre Reverdy et Max Jacob et entretient avec eux de fructueux et déterminants échanges. Fin 1935, après son mariage à Solesmes, Michel Manoll ouvre une librairie de livres anciens à Nantes, Place Bretagne. C’est au printemps 1936 qu’un tout jeune visiteur, qui n’est autre que René Guy Cadou, franchit le seuil de la librairie. Michel deviendra son mentor en poésie. Après cette expérience au cours de laquelle une revue éphémère Le Pain blanc voit le jour, Michel Manoll et son épouse vont exercer le métier d’enseignants au collège Notre-Dame à Saint-Calais, dans la Sarthe. Michel est professeur de lettres, Thérèse enseigne le dessin et la musique.
L’œuvre écrite de Manoll est abondante, tant dans le domaine de la poésie (plus de vingt titres) que dans celui de l’essai et des ouvrages pour la jeunesse. On retiendra sur le poète ce jugement de Pierre Reverdy : « Je vous suis depuis que vous êtes apparu, et je vous ai connu avant même que vous ayez la moindre idée de ce que vous étiez capable de faire. Et je vois toute la distance parcourue, l’étoffe qu’a prise votre personnalité, l’étiage de votre valeur. Vous le devez à la géhenne. C’est là que vous recevez votre trempe, et c’est cela qui donne à votre voix ce timbre, cet accent qu’elle n’aurait jamais eus si vous aviez trouvé, devant vous, le chemin ouvert et facile ; c’est cela aussi qui fait de vous le meilleur, le plus fort, le plus profond des poètes de votre bord. Vous savez, rien ne vaut d’être écrit d’une main non jaillie d’une source de sang. »[réf. nécessaire]