Marin-Pierre Gaullier
Marin-Pierre Gaullier dit Grand-Pierre, né à Morannes le , mort à Bouère le , colonel dans l'Armée catholique et royale du Maine, était l'un des chefs des chouans en Mayenne. Il dut son surnom à sa taille de près de 6 pieds (soit environ 1,95 m), à son grade, son instruction, sa bravoure et sa prudence. BiographieOrigineMarin-Pierre Gaullier, fils de Jacques Gaullier, notaire royal, et de Madeleine Letessier, est né à Morannes le . On ne sait rien sur sa jeunesse. Après avoir fait ses études dans une ville voisine, Angers ou la Flèche sans doute, il était revenu à Morannes travailler dans l'étude de son père. Grenadier de la RépubliqueIl avait vingt-cinq ans lorsqu'on forma, au mois d', le 1er bataillon de volontaires de Maine-et-Loire, parmi lesquels il se fit inscrire. Sa haute taille le fit placer parmi les grenadiers. Il suivit le bataillon à Nantes et à Guérande, d'où il partit le pour se rendre sur les frontières, à l'Armée du Nord, dirigée par La Fayette. Les grenadiers séparés du bataillon faisaient partie de l'avant-garde de l'armée qui soutint un violent combat, près de Longwy, le . Puis les grenadiers rejoignirent leurs camarades à Verdun, où leur chef, le lieutenant-colonel Nicolas-Joseph Beaurepaire, avait été nommé commandant de la place. La ville investie le par les Prussiens dut capituler le , Beaurepaire se suicida pour ne pas rendre la place aux ennemis. Le bataillon, rentré à Sainte-Menehould, fit alors partie de l'armée de Charles François Dumouriez, prit part, le , à la bataille de Valmy, le à la bataille de Jemmapes et le 29 de ce mois était cantonné à Liège. Les grenadiers séparés une seconde fois de leurs camarades étaient alors à Rurdorffle. Plusieurs auteurs, prétendent que Gaullier quitta son bataillon au mois de décembre en apprenant l'arrestation de son père et qu'en arrivant à Angers il fut informé que celui-ci était mort par suite de fatigues et de privations, peut-être même empoisonné. Il semble plus probable que Gaullier était encore à son bataillon le et même à la fin du mois[2]. Il est possible que ce soit après la mort du roi Louis XVI et peut-être même plus tard, que Gaullier quitta ses camarades pour rentrer à Angers[3]. On ne sait pas au juste à quelle date Gaullier quitta l'armée. Au mois de , il y eut des émeutes à Châteauneuf et à Durtal, à l'occasion du tirage au sort pour la levée de 300.000 hommes. Elles furent étouffées rapidement, mais furent suivies de nombreuses arrestations. C'est alors sans doute que Gaullier père fut arrêté, amené dans les prisons d'Angers où il mourut[4]. Ce serait donc seulement à la fin de ce mois, ou au commencement d'avril, que Gaullier fils serait arrivé à Angers. Armée vendéenneOn ignore ce qu'il devint ensuite, mais il est probable qu'il alla rejoindre les Vendéens, ou se joignit à eux, au mois de , lorsqu'ils occupèrent Angers. Après la bataille de Savenay, il vint avec Sarrazin, Jacques Bruneau de la Mérousière, d'Anthenaise, de Terves et autres, se cacher autour de Segré et prit part aux premiers combats livrés par les chouans d'Anjou aux républicains. Quand Sarrazin envoya Jacques Bruneau de la Mérousière pour soulever les royalistes des environs de Chàteauneuf, il le suivit et devint son lieutenant. ChouannerieGaullier alla offrir ses services à Monsieur Jacques (décembre 1794), qui le mit en relation avec Joseph-Juste Coquereau, et celui-ci le nomma commandant en second. Il remplaça son chef au mois de juin 1795 et se tint ordinairement dans le pays de Bouère, étendant son action de Château-Gontier à Sablé, Miré et Daon. Commandant de la 5e division de l'armée de Scépeaux avec comme lieutenants Louis Coquereau (frère de Joseph-Juste Coquereau), Chevreul, Pichon et Mercier. Il réunissait la compagnie de Fromentières avec Lezay dit Sabretout, Mercier, Mathurin Garreau, celle de Ruillé avec Michel Menant dit Francœur, celle de Bouessay avec Rozay dit La Gaîté, de Bouère avec Poirier dit La Justice, de Bierné avec Renard dit Giroflée de Souvigné avec Leroy dit Risque-Tout d'Auvers-le-Hamon, avec Chevreul dit Armand. Sa division, solide et aguerrie, tint la campagne de février 1795 jusqu'à la pacification d'avril 1796. Fin mai 1796, Gaullier conduisit une partie de ses hommes jusqu'au château de Beaumont à Saint-Laurent-des-Mortiers pour le désarmement, et les fit manœuvrer devant le général Delaage, qui fut surpris de leur bonne tenue et de leur instruction militaire[5]. Retiré à Bouère, Grand-Pierre, exposé à des vexations continuelles et même décrété d'arrestation le , se cacha, et, dès le premier appel des chefs royalistes, se mit de nouveau à la tête de sa division qui compta 2400 hommes. Dans l'armée catholique et royale du Maine du général de Bourmont, en 1799-1800, il commande la 1re légion (Château-Gontier)[6]. On signale sa présence à Souvigné au mois de ventôse an VII, et ses hommes sont accusés par la police républicaine d'avoir tué plusieurs patriotes de Ballée. Sa femme, mère depuis quelques mois[7], emprisonnée à la Rossignolerie à Angers, contribua beaucoup au soulagement des prisonniers. Elle put même en faire évader deux et ne recouvra sa liberté que le . L'explosion de la machine infernale[8] lors de l'attentat de la rue Saint-Nicaise le et les poursuites dont il fut l'objet à cette occasion forcèrent Gaullier à se cacher de nouveau. Il refusa l'année suivante de rentrer dans l'armée avec un grade correspondant au sien. Lors des Cent-Jours, il reprit les armes. Louis XVIII le nomma Chevalier de Saint-Louis, lui donna une pension de 900 francs., et en 1817, des lettres de noblesse, pour lui et son fils. Il mourut cette même année, le . Renée Letessier, sa veuve, qui mourut le âgée de 89 ans, repose à côté de lui dans la chapelle du cimetière de Bouère élevée en 1880 par sa belle-fille Marie-Clotile Le Doux, veuve de Pierre Gaullier[9]. Ses exploits ont servi à Victor Hugo pour son roman Quatre vingt-Treize:
Voir aussi
Sources et bibliographie
Notes et références
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