Fille de François Antoine Gabriel Bovet, capitaine et futur général, et de Françoise Louise Anne Audebert, son épouse, Anne Marie Bovet naît à Metz en 1855[1]. Sa ville natale est rattachée à l’Empire allemand en 1871 par le traité de Francfort, après la guerre franco-prussienne. Elle a alors 16 ans.
En , alors âgée de 45 ans, elle épouse à Siemiechów, dans le diocèse de Tarnów, Paul Sébastien Guy Jean Deschamps de Bois Hébert[Note 2], son cadet de près de dix ans[2],[3]. Elle prend le titre de marquise de Bois-Hébert.
Dès 1888, Anne Marie Bovet fréquente le salon de Juliette Adam et entre ainsi à La Nouvelle Revue où elle s’exerce à la critique littéraire. Elle voyage ensuite en Irlande pour le compte de La République française, journal de Léon Gambetta, un proche de Juliette Adam, et tire de ses voyages un récit paru en 1889. Elle adopte alors le nom de plume Marie-Anne de Bovet, ainsi que le pseudonyme de Mab, formé par ses initiales[9].
Parfaitement bilingue, elle participe à plusieurs revues et journaux, français et anglais, et donne des traductions d’ouvrages anglais. Elle écrit également beaucoup pour La Vie parisienne, qui se fait une spécialité des tableaux de mœurs et des différentes modes en cours à Paris et ailleurs.
On peut noter sa participation au journal féministe La Fronde[10], dès 1897, année de sa fondation par Marguerite Durand : Anna Marie Bovet y publie régulièrement des articles, parmi lesquels « Ménagère ou courtisane » du , où elle s’en prend à Maupassant et Proudhon pour leurs discours sur les femmes. Elle écrit : « Qu’on laisse ainsi les femmes ordonner leur vie à leur guise et à leurs risques, le plus honnêtement possible. Quand on aura démontré que le métier de portefaix convient mieux à l’homme, inapte par contre à celui de nourrice, on a découvert l’Amérique. […] Quant à la valeur intellectuelle, elle se jauge à une mesure unique. Si ce qu’une femme écrit est bon, on le lit, sinon on le laisse. C’est une épreuve très sûre, qui épargne bien des flots d’encre et de lieux communs. »[11] Dans l'article « L’Éternel féminin » du , Marie-Anne de Bovet rejette la catégorisation des femmes. Elle proteste ainsi contre les préjugés misogynes et défend l’intelligence féminine.
Durant l’affaire Dreyfus, elle se positionne au côté des nationalistes et écrit le dans La Libre Parole, journal fortement antisémite, un article intitulé « Aux braves gens » en soutien à la veuve du lieutenant-colonel Henry, auteur des faux. Elle y lance un appel pour une souscription qui doit permettre à cette veuve de poursuivre en diffamation les accusateurs de son mari. Elle écrit : « Et c’est très beau, cette fraternité d’armes qu’enveloppent les plis d’un drapeau dont tous, à titre égal, sont les défenseurs, tous versant leur sang pour lui quand il le leur commande, celui qui a tout à perdre comme celui qui n’a presque rien à y gagner, les trous à la peau pansés d’un bout de ruban ou de galon qui, aux uns de donne que la gloire, aux autres à peine un peu de beurre sur leur pain. »[13] Marie-Anne de Bovet se montre très prompte à défendre le sentiment patriotique et surtout la grandeur de l’armée.
Grande voyageuse, elle écrit essentiellement sur l’Irlande — elle y consacre trois ouvrages — et sur l’Algérie à la fin de sa vie, mais elle visite également l’Écosse, la Grèce et la Pologne.
Sa renommée est importante, elle fait partie du monde des salons, de la vie mondaine et de la littérature populaire de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle. De 1893 à 1930, elle a publié pas moins de 35 romans, sans compter ses autres ouvrages.
En 1935, elle est établie à Alger, où elle écrit ses souvenirs[14].
En , les journaux relatent la vente du mobilier et de la bibliothèque de sa maison de Gien, contenant de nombreux ouvrages dédicacés, vente qu'elle organise elle-même[15]. Elle continue d'apparaître, jusqu'en , dans la rubrique mondaine de L'Écho d'Alger, sous le nom de marquise de Bois-Hébert[16],[17]. Elle meurt à l'asile de Villejuif le [18].
Postérité
Metz, sa ville natale, a rendu hommage à son talent en nommant une rue du quartier du Sablon en son honneur.
Œuvre
Récits de voyage
Lettres d’Irlande, Paris, Guillaumin et Cie, 1889.
Trois mois en Irlande, article illustré extrait du Tour du Monde, Hachette, 1891[19].
Le Beau Fernand, Hachette, 1906. Prix Montyon de l'Académie française.
La repentie, Lemerre, 1907
Et l’Amour triomphe, Nilsson, 1907
Après le divorce, Lemerre, 1908
La Jolie Princesse, Lemerre, 1908
La Folle Passion, Lemerre, 1909
Défends ta femme contre la tentation, Nilsson, 1910
La Dame à l'oreille de velours, Lemerre, 1911
La Terre refleurira, Lemerre, 1913
Le Fils de l'autre, Lemerre, 1914
La Dernière de sa Race, Lemerre, 1924
La Dame d’Antibes, Lemerre, 1927
Veuvage blanc, éditions de la Mode nationale, 1930
Bérengère, éditions de la Mode nationale, 1931
Varia
Le Général Gordon, Paris, Firmin Didot, 1890
Charles C. F. Gréville, Les Quinze premières années du règne de la reine Victoria. Souvenirs d’un témoin oculaire, Firmin Didot, 1888, traduit et annoté par Marie-Anne de Bovet
Charles C. F. Gréville, La Cour de Georges IV et de Guillaume IV. Souvenirs d’un témoin oculaire, Firmin Didot, 1888, traduit et annoté par Marie-Anne de Bovet (extrait du journal de Charles C. F. Gréville, secrétaire du conseil privé)
Marguerite de Lostanges, comtesse de Béduer, Les Chanoinesses de Remiremont pendant douze siècles : 620 à 1792, introduction de Marie-Anne de Bovet, Tequi, 1900
« L'Homme rouge » (nouvelle), Je sais tout no 10, 15 novembre 1905
↑Aussi orthographié des Champs de Bois Hébert ou Deschamps de Boishébert.
↑Marie Anne de Bovet ne semble pas assister à ces hommages. Son nom n'est jamais cité à cette occasion dans la presse. La cérémonie n'est plus mentionnée après 1939.
Références
↑Acte de naissance no 1128, , Metz, Archives municipales de Metz (vue 331/362).
↑Transcription de l'acte de mariage no 637 contracté le à Siemiechów, , Paris 7e, Archives de Paris.
↑MariageLa famille des Champs de Boishébert sur archive.org.
↑Acte de décès no 1348, , Dijon, Archives départementales de Côte-d'Or [lire en ligne] (vue 138/264).
↑Jules Verne qui la cite dans son roman P'tit-Bonhomme (partie 1, chapitre 1) a utilisé cet ouvrage pour sourcer son roman (cf. Alexandre Tarrieu, Dictionnaire des personnes citées par Jules Verne, vol. 1 : A-E, éditions Paganel, 2019, p. 129).
↑Augustin Berque, L'Algérie: terre d'art & d'histoire ... Ouvrage publié sous les auspices du Gouvernement général de Algérie, Ancienne imprimerie V. Heintz, (lire en ligne), p. 357.
Marie Anne de Bovet, petite notice biographique, sans nom d’auteur, date et éditeur, numéro de notice : 107502526 à la BNUS
Han Ryner, Le Massacre des Amazones : études critiques sur deux cents bas-bleus contemporains : Mesdames Adam, Sarah Bernhardt, Marie-Anne de Bovet, Bradamante, Jeanne Chauvin, Alphonse Daudet…, Paris, Chamuel, 19--?, 300 p.