Selon Michel Le Séac'h, les macronades sont une allusion aux « raffarinades », petites phrases de Jean-Pierre Raffarin lorsqu'il a été Premier ministre de Jacques Chirac entre 2002 et 2005, et qui sont formées sur les tartarinades (vantardises de Tartarin de Tarascon)[1].
Le terme de « macronade » est utilisé dès juillet 2015 et aurait été inventé par Julien Dray[2],[3]. Il devient plus répandu à partir de l'élection d'Emmanuel Macron comme président de la République. Sa démission du ministère de l'Économie et des Finances en 2016 avait déjà donné lieu à une rétrospective des « macronade[s] » par le HuffPost[4]. Le terme de « macronerie » est utilisé dans les rangs socialistes, « le suffixe renvoyant cette fois directement à ânerie[5] ». Le terme « macronisation », également assez polémique, est aussi lié au nom de cet homme politique.
Analyse
La perception des macronades évolue avec le temps. Durant la campagne présidentielle d'Emmanuel Macron de 2017, ces phrases sont vues positivement comme une marque de sincérité et de franc-parler. Une étude de l'institut Odoxa indique que 62 % des Français considèrent qu'Emmanuel Macron avait raison de s'exprimer ainsi lors de la campagne[6]. Les macronades rythment l'élection présidentielle de 2017 et sont citées dans différents livres au sujet de la campagne[7].
Le directeur de l'IFOPFrédéric Dabi écrit en 2018 que « les Français ont perçu dans ces propos [les macronades] une approche paternaliste et de la dureté »[8].
Exemples de « macronades »
Cette liste, non exhaustive, présente certaines citations d'Emmanuel Macron (avant ou durant son mandat présidentiel) ayant entrainé une polémique au niveau médiatique :
« La vie d'un entrepreneur est bien plus dure que celle d'un salarié »[9], ;
« Vous n'allez pas me faire peur avec votre T-shirt. La meilleure façon de se payer un costard c'est de travailler »[10],[9] , ;
« En même temps », campagne présidentielle de 2016-2017 ;
« Si c’était pas la France, vous seriez 10 000 fois plus dans la merde ! »[19],[20],[21], ;
« Le problème des urgences dans ce pays, c’est que c’est rempli de Mamadou »[20],[22].
Critiques
Emmanuel Macron est régulièrement accusé de mépris de classe pour ses petites phrases[9]. Depuis son élection, il a dû s’expliquer plusieurs fois sur certaines de ses déclarations perçues comme dures ou arrogantes[16],[23].
Lors d'une interview en , Emmanuel Macron annonce qu’il fera désormais « très attention » à ses « petites phrases » qui ont, selon lui, nourri « un procès en humiliation »[24]. Précisant que « cela suppose une conversion personnelle », il affirme que « dans le système où nous vivons, cette franchise n’est peut-être plus possible ». Enfin, il déclare que son « statut de président rend sans doute cette parole asymétrique », qu'au cours des vingt dernier mois : « J’ai beaucoup appris de ces vingt mois. Ça m’a scarifié »[16].
Dans une nouvelle interview en , Emmanuel Macron dit exprimer des regrets sur ses phrases « terriblement blessantes » : « Il y a des mots qui peuvent blesser et je pense que ce n’est jamais bon et même inacceptable. Le respect fait partie de la vie politique et donc j’ai appris ». Toutefois il estime nécessaire de « bousculer le système » et selon lui : « On ne fait rien bouger si on n’est pas pétris d’un respect infini pour chacun »[23].
« Achetez vite ma macronade /
Elle guérit tous les malades /
Et empêche toutes les bastonnades /
Elle provoque des embrassades /
Rejoignez-nous chers camarades /
Car nous sommes tous en croisade /
Pour éviter la débandade /
Il y a ma macronaaade »
Frédéric Fromet a aussi écrit le une chanson sur le thème des macronades, Magic Jupiter, parodie de Magic in the air de Magic System[27].
Certaines « macronades » entrent dans la culture populaire. Le film Le Retour du héros (2018) en intègre une dans ses dialogues[28]. Khaled Freak a remixé plusieurs macronades[29].
↑Le Monde avec AFP, « Pour Macron, les aides sociales coûtent un « pognon de dingue » sans résoudre la pauvreté », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).