Louis MadelinLouis Madelin
Louis Émile Marie Madelin, né le à Neufchâteau (Vosges) et mort le à Paris 16e (Seine), est un historien et un homme politique français, membre de l'Académie française. Il est spécialiste de la Révolution et du Premier Empire, auteur d'une monumentale Histoire du Consulat et de l'Empire. BiographieFamilleLouis Madelin est le cinquième des dix enfants de Marie Bonnet et Amédée Madelin. Sa famille maternelle est issue de la haute bourgeoisie parisienne. Son grand-père maternel Jules Bonnet est avocat et doyen de l'ordre. Son arrière-grand-père est bâtonnier, député de Paris, vice-président de la chambre et défenseur du général Moreau poursuivi par Napoléon en 1804 pour ne pas avoir dénoncé la conspiration de Cadoudal et Pichegru. La famille Madelin, originaire de Sallanches en Savoie, s'établit en Lorraine au milieu du XVIIIe siècle. Le père de Louis, Amédée, étudie le droit à la Sorbonne aux côtés d'Émile Gebhart et d'Émile Baudelot. Procureur impérial à Neufchâteau en 1870, il est un temps pris en otage par l'occupant allemand. En 1874 il est nommé procureur de la République à Bar-le-Duc. En 1880, Amédée Madelin est acculé à la démission en raison de ses opinions religieuses et politiques et devient avocat. Orléaniste, il échoue à se faire élire député comme candidat conservateur en 1885 et 1889[2]. Louis Madelin a, entre autres, pour frère le général René Madelin, père d'Antoine Madelin, et pour sœur Geneviève Madelin, épouse de Léon Zeller et mère d'Henri Zeller et d'André Zeller. En 1898, Louis Madelin épouse Émilie Baudelot avec qui il aura quatre enfants. À la suite de son décès en 1910, il se marie en secondes noces avec Marthe Clavery, en 1912. Celle-ci meurt en 1973 à 92 ans. FormationEn 1878, Louis Madelin entre à l'école Fénelon de Bar-le-Duc où l'enseignement est assuré exclusivement par des prêtres et des séminaristes, son père ayant une aversion pour les lycées de l'État. Après son baccalauréat, il intègre la faculté de lettres de Nancy en 1888. Ayant obtenu sa licence, il devient, le , le plus jeune agrégé de France. Il suit l'enseignement de l'École nationale des chartes, mais démissionne en deuxième année pour postuler à l'École française de Rome. Ayant choisi de consacrer sa thèse à Joseph Fouché, il séjourne de 1895 à 1897 en Italie, où il accède aux archives de Florence, Venise, Naples, Milan et du Vatican. Le , au bout de six années de préparation, Louis Madelin soutient à la Sorbonne ses thèses pour le doctorat ès lettres devant un jury composé de Ernest Lavisse, Émile Gebhart, Alphonse Aulard, Henry Lemonnier, Ernest Denis, Charles Dejob et présidé par Alfred Croiset. Lavisse attaque la thèse en français, jugeant cette biographie comme une « réhabilitation » de Fouché. Madelin n'obtient que la mention honorable. En dépit de la censure universitaire, et grâce à l'abondance d'articles de presse, le livre de Madelin est un succès de librairie contribuant à sortir le personnage de Fouché de sa seule légende noire[3]. Il est un temps chargé de cours libres à la Sorbonne. Il n'obtiendra jamais de chaire universitaire, refusant à maintes reprises des postes dans l'enseignement secondaire. En 1922, il postule à la succession d'Alphonse Aulard à la chaire d'histoire de la Révolution française à la Sorbonne. Il se retire de la compétition après une campagne où Ernest Labrousse déclare à son sujet : « À la Sorbonne. Un détracteur de la Révolution va-t-il enseigner l'histoire de la Révolution ? »[4]. Entrée dans le monde des lettresL'Académie française couronne le Fouché de Louis Madelin du prix Thiers. S'il échoue à plusieurs reprises à se faire publier par la Revue des Deux Mondes, il collabore à La Nouvelle Revue et à Minerva. Il écrit des chroniques historiques pour La Revue hebdomadaire et des recensions de livres d'histoire dans le bulletin critique. En 1902, il entre dans la Société des études historiques. En 1906, il fait paraître La Rome de Napoléon, récompensé du prix Gobert de l'Académie française. Un extrait de son ouvrage lui permet enfin d'entrer à la Revue des Deux Mondes. En 1907 il effectue avec l'Alliance française une tournée de quatre mois aux États-Unis et au Canada. Il donne soixante-quinze conférences sur l'Empire et est reçu par le président Theodore Roosevelt. À son retour en 1908, des articles élogieux relatent les succès de ses conférences. Il est sollicité pour écrire une synthèse sur la Révolution et une autre sur L'Histoire du Consulat et de l'Empire pour la collection L'Histoire de France racontée à tous de la librairie Hachette. Il est accueilli par la Société des gens de lettres et Le Foyer. Première guerre mondialeDurant la Première Guerre mondiale, Louis Madelin est mobilisé dès 1914 comme sous-officier au 44e régiment d'infanterie territoriale avant d'être affecté par le général Heer au quartier général de la région fortifiée de Verdun, devenu en quartier général de la 2e armée, dont le chef est alors Philippe Pétain. Passé sous-lieutenant, il est appelé par Nivelle en 1917 à la « section information » du Grand Quartier général[5],[6]. Chevalier de la Légion d'honneur à titre civil en 1913, Louis Madelin est titularisé dans cet ordre à titre militaire en [7]. Il est démobilisé en 1919 avec le grade de lieutenant et la croix de guerre. Politique
Son père, avocat à Bar-le-Duc, s'était présenté candidat pour la Meuse aux élections législatives en 1885 et 1889 en tant que représentant de Philippe d'Orléans, le comte de Paris, sans y parvenir. Louis Madelin se présente quant à lui comme républicain progressiste en 1910 dans les Vosges, dans la circonscription de Saint-Dié. Il y est battu par le radical Constant Verlot et ne se représente pas en 1914. Il est sollicité par la droite en 1919 pour être de nouveau candidat mais refuse, préférant s'occuper de la formation de son Parti de réorganisation nationale ou mouvement IVe République. Il accepte finalement la proposition aux élections législatives suivantes, figure sur la liste menée par Maurice Flayelle et est élu député des Vosges de 1924 à 1928 sous la bannière de la Fédération républicaine, conservatrice. Il soutient le gouvernement de Raymond Poincaré puis critique le traité de Locarno. En 1928, il choisit l'arrondissement de Mirecourt pour faire campagne au nom de l'Union nationale mais échoue face au radical René Porterat, malgré l'appui financier apporté par des patrons comme Georges Laederich. Il renonce à se présenter à une élection sénatoriale partielle en décembre[8]. Homme de lettresEn 1927, Louis Madelin est élu face à Tristan Bernard au fauteuil numéro 5 de l'Académie française, où il remplace Robert de Flers ; son successeur sera Robert Kemp. En 1934, il succède à Lyautey à la présidence de l'Association des Amis du berceau de Jeanne d'Arc, qui co-organise avec les Compagnons de Jeanne d'Arc des manifestations apolitiques rassemblant plusieurs milliers de personnes de 1937 à 1939 à Domrémy. En tant qu'académicien français, il devient membre associé de l'Académie de Stanislas à Nancy[9]. De 1936 à 1953, il publie la grande œuvre de sa vie, l'Histoire du Consulat et de l'Empire :
Fin de vie et mortEn , il participe à la création et prend la présidence d'un « comité d'honneur pour la libération du maréchal Pétain », rapidement interdit par le gouvernement à la suite de protestations d'anciens résistants[10],[11]. Il est membre en 1951 du comité d'honneur de l'Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain[12]. Louis Madelin conserve des attaches avec sa région natale et passe chaque année plusieurs semaines dans la propriété familiale de la Trouche, près de Raon-l'Étape[13]. À Paris, il réside 123 avenue Mozart (16e arrondissement)[14]. Mort à l'âge de 85 ans le dans le 16e arrondissement de Paris, il est inhumé au cimetière de Grenelle (division 7) dans la même ville[15]. DistinctionsEn 1943, l'Académie française lui décerne le prix Antoine-Girard. Il est promu officier de la Légion d'honneur en 1930, reçu par le général René Madelin commandant la 19e division d'infanterie à Rennes. En 1956, il accède au grade de commandeur dans cet ordre, distinction remise par l'académicien Henry Bordeaux. Publications
Sources
Notes et références
Voir aussiBibliographie
Liens externes
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