Petit-fils de paysans, Henry Petiot naît à Épinal le 19 janvier 1901 où son père, Charles Petiot, officier, est alors en garnison. Sa mère est Odile Grosperrin. Étudiant des facultés de droit et de lettres de Grenoble, il travaille la géographie sous la direction de Raoul Blanchard, le père de la géographie alpine, et son mémoire Briançon, esquisse de géographie urbaine est publié en 1921. Il prépare ensuite l'agrégation d'histoire et géographie, à l’université de Lyon. Il est reçu à l'âge de 21 ans[2].
Il est successivement professeur d’histoire à Chambéry, Amiens et Paris, puis au lycée Pasteur de Neuilly. Dès les années 1920, il débute dans la carrière littéraire : de 1918 à 1922, Pierre Coutras publie des poèmes et nouvelles de son ami Henry Petiot[3]. En 1923, il fonde avec Georges Gimel la revue littéraire trimestrielle Tentatives, qui paraîtra jusqu'en 1924. Outre des synthèses sur de grands écrivains, un numéro spécial est consacré à Stendhal. La revue se fait le relais des publications de la NRF et propose des passages traduits de livres en langue étrangère.
En 1924, il épouse Madeleine Bouvier et le couple adopte Francis[4]. Dès son premier volume d’essais, Notre inquiétude (1926 - Prix Paul-Flat), il adopte le nom de plume Daniel-Rops[5], qu’il utilisera tout au long de sa prolifique carrière littéraire[6]. Un roman est publié en 1929, L'Âme obscure, et de nombreux articles paraissent dans diverses publications périodiques, dont Le Correspondant, Notre temps, La Revue des vivants.
À partir de 1931, alors qu'il revient au catholicisme[7], sous l'influence, notamment, de dom Alexis Presse, abbé cistercien de Tamié (Savoie) puis de Notre-Dame de Boquen (aujourd'hui Côtes-d'Armor), il participe, sur le conseil de Gabriel Marcel, aux activités de l'Ordre nouveau, dont il partage les orientations personnalistes. Il contribue activement à en diffuser les idées, dans des livres où il est parfois difficile de faire le partage entre sa réflexion personnelle et la doctrine du mouvement auquel il se rattache, livres qui font de lui un des représentants de l'effervescence intellectuelle des non-conformistes des années 30 : Le Monde sans âme, Les Années tournantes, Éléments de notre destin.
Après 1935, ses liens avec l'Ordre nouveau se distendent quelque peu et il collabore aux hebdomadaires catholiques Sept, puis Temps présent. Jusqu'en 1940, il publie plusieurs romans (L’Âme obscure en 1929, Mort, où est ta victoire ? en 1934, L’Épée de feu en 1939), des biographies et des essais (Psichari en 1922, Notre inquiétude en 1927, Le Monde sans âme en 1930, Rimbaud, le drame spirituel en 1935, Pascal et notre cœur, Par-delà notre nuit, Réflexions sur la volonté), dirigeant chez Plon la collection « Présences », dans laquelle il édite l'ouvrage La France et son armée de Charles de Gaulle, dont il devient l'ami.
Entre 1941 et 1944, il écrit Le Peuple de la Bible et Jésus en son temps[8], début d'une œuvre d'histoire religieuse qui se poursuivra avec la monumentale Histoire de l'Église du Christ interrompue par sa mort en 1965 (14 volumes publiés).
Parallèlement, retrouvant dans cet engagement certains de ses anciens compagnons d'Ordre nouveau, il participe aux travaux de plusieurs mouvements fédéralistes européens, adhérant au groupe La Fédération, puis au Mouvement fédéraliste français. Il est, de 1957 à 1963, l'un des cinquante gouverneurs de la Fondation européenne de la culture fondée par Denis de Rougemont.
Il est élu membre de l'Académie française le 3 mars 1955 au fauteuil d’Édouard Le Roy[1], le même jour que Jean Cocteau et François Albert-Buisson. Il a 54 ans et, au moment de son élection, est le plus jeune membre de l’Académie. Il aura ce mot : « Immortel, on ne l'est que pour la vie. »
Par décision du tribunal d’Épinal du 4 juillet 1958 a lieu une modification de son acte de naissance : il s'appellera désormais « Jules Charles Henri Petiot-Daniel Rops ».
De 1962 à 1965, il préside l'Association des amis de La Varende.
C’est à Tresserve qu’il réside habituellement. Il y possède une bibliothèque contenant dix mille livres. Son épouse meurt en 1975.
Daniel-Rops, auteur de plus d'une vingtaine d'ouvrages sur l'histoire du christianisme, est sans doute l'écrivain le plus lu dans les milieux catholiques de la France d'après-guerre.
Œuvres
1926 : Notre inquiétude
1926 : Sur le théâtre de H. R. Lenormand
1927 : Le Vent dans la nuit
1928 : Le Prince menteur
1928 : Carte d’Europe
1929 : L'Âme obscure
1930 : Deux hommes en moi, Paris, Plon, 254 p. Rédaction achevée en août 1928, selon la première édition.
1931 : Fauteuil 24 : Édouard Estaunié
1932 : Les Années tournantes
1932 : Le Monde sans âme
1933 : Péguy
1933 : Severa
1934 : Mort, où est ta victoire ?
1934 : Éléments de notre destin
1935 : Le Cœur complice
1935 : La Misère et nous
1936 : La Pureté trahie
1936 : Rimbaud, le drame spirituel
1937 : Le Communisme et les Chrétiens (en collaboration)
1937 : Ce qui meurt et ce qui naît
1937 : Tournant de la France
1938 : Présence et poésie
1938 : Le Courtinaire
1938 : La Maladie des sentiments
1938 : La Main d’un juste
1938 : La France veut la liberté (en collaboration)
1939 : L’Épée de feu
1939 : Le Mystère animal : l’animal cet inconnu (en collaboration)
1939 : Une campagne de “Temps présent” : la paix par le Christ (en collaboration)
Toujours au cinéma, dans le film Le Tonnerre de Dieu (1965) le personnage du curé, joué par Daniel Ceccaldi, évoque brièvement le nom de Daniel-Rops dans un échange avec le vétérinaire, incarné par Jean Gabin.
↑Publié en 1945, Jésus en son temps fut peut-être le plus grand succès de librairie de Daniel-Rops. Traduit en plus de quatorze langues, il fut vendu à 500 000 exemplaires.