Le diocèse d'Autun s'étendait avant 1789 sur le territoire de l'ancienne civitas Aeduorum. Il était divisé en vingt-quatre archiprêtrés et comprenait plus de six cents paroisses. L'évêché d'Autun était suffragant de l'archevêché de Lyon.
La dénomination exacte du diocèse est « diocèse d'Autun », l'évêque ayant le droit de se dire « évêque d'Autun, Chalon et Mâcon, abbé de Cluny » :
par adjonction du nom de ces deux sièges épiscopaux supprimés en 1801 (ces deux villes étant dans le nouveau diocèse créé en 1801), et dont le titre peut être porté à titre de simple référence historique (bulle du pape du 19 juillet 1853) ;
par relèvement du titre abbatial de Cluny (l'abbaye étant dans le diocèse), en raison de sa notoriété (bulle du pape le 15 décembre 1962).
La question du premier évêque d'Autun
Nombre d'auteurs donnent Reticius, Rheticius ou Rétice pour premier évêque : Duchesne (Fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule, tome 2 - XVIIe siècle), chanoine Gagnare (Histoire de l'Église d'Autun, 1774, p. 10), Ch. Boëll (grand séminaire d'Autun, 1934), le chanoine Bardy (Dictionnaire de théologie, 1937)[1].... Grégoire de Tours, particulièrement bien informé sur l'Église d'Autun, affirme formellement que Rétice en a été le premier évêque[2].
Pour autant, Amâtre est pendant deux ou trois siècles donné pour premier évêque[3]. C'est pourquoi le chanoine Gagnare se préserve des critiques en citant Amâtre comme premier évêque d'Autun "à ce qu'on croit" avant d'écrire trois pages plus loin que « Reticius est le plus ancien évêque d'Autun dont on ait une existence assurée »[1].
La Gallia Christiana de Claude Robert, dont la première édition du tome 4 concerné date de 1728, est le premier texte plaçant Amâtre comme premier évêque ; il place également plusieurs évêques entre son Amâtre et Rétice, dont un Martin jusque-là inconnu[4].
L'abbé Terret affirme qu'Amâtre est le premier évêque d'Autun dans son Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastiques (t. 5, col. 907), où il dit : « saint Amateur, premier évêque [d'Autun][1], d'après la tradition de l'Église Éduenne (cf. calendrier des missels 121 et 135 de la bibliothèque d'Autun »[3]. A. de Charmasse fait de même avant de reconnaître discrètement Rétice[3].
Sous le nom de saint Amand, Amâtre était particulièrement vénéré sur son tombeau au cimetière de Saint-Pierre-l'Étrier ; les tombes de Rétice et de Simplice s'y trouvent aussi[5]. Les partisans d'Amâtre se basent sur les martyrologes anciens et les livres liturgiques éduens. Le martyrologe le plus ancien, d'où sont tirés tous ses successeurs, est le « martyrologe hyéronimien »[n 1] qui dit pour le 26 novembre : « Augustiduno depositio sancti Amatoris episcopi », sans plus de renseignements. Côté livres liturgiques éduens, la plus ancienne mention d'Amâtre est dans le martyrologe éduen du XIIIe siècle[7]. Le bréviaire éduen paru en 1489 mentionne Amâtre mais, contrairement aux autres évêques, aucune indication biographique n'est indiquée, fut-elle prouvée fausse ou non (les biographies des autres évêques font le cas échéant état de versions même démontées fausses) – autrement dit, les auteurs du bréviaire éduen n'avaient aucune indication biographique vraie ou fausse sur Amâtre[8]. En 1666 D'Alliot, secrétaire de l'évêque d'Autun Gabriel de Roquette, commence sa liste des évêques d'Autun avec Rheticius – peut-être prend-il simplement la suite de Grégoire de Tours qui lui aussi avait sans ambiguïté donné Rheticius. Maints autres exemples indiquent jusqu'au XVIIe siècle un accord général sur ce que Amâtre a été le premier évêque d'Autun et que la datation n'est pas possible[4]. Puis en 1686 D'Alliot rédige une nouvelle liste, avec Amâtre en tête ; il est possible que son évêque visait à rehausser le prestige de l'épiscopat d'Autun en plaçant le premier évêque au IIe siècle et en le rattachant indirectement aux premiers apôtres. En 1700 apparaît dans les officia propria æduensia le premier office d'Amâtre, avec une première leçon aux termes assez vagues pour ne pas s'avancer au-delà de ce qu'Amâtre a été le premier évêque d'Autun après le martyre de saint Andoche. Amâtre comme premier évêque d'Autun est donc une invention du XVIIe siècle et en réalité il n'est pas possible de même seulement lui donner sa place exacte dans la chronologie des évêques d'Auxerre : il est "probablement parmi les premiers évêques, peut-être dans la première dizaine des occupants du siège" - et c'est tout ce que l'on peut affirmer à son sujet[2].
En conclusion, le premier évêque d'Autun n'est pas Amâtre ou Amateur mais bien Rétice[2].
Un Martin est mentionné dans La Grande Encyclopédie[9] (fin XIXe siècle) mais son nom n'apparaît pour la première fois dans la littérature ecclésiastique qu'en 1728[4].
? : saint Amatre Ier[13] (ou Amator) dit Amateur d'Autun[14]. Sa datation est très incertaine (voir ci-dessus "La question du premier évêque d'Autun"). Fête le 26 novembre.
650 - 659 :saint Racho d'Autun, Ragnobertus Augustudunensis ecclesie episcopus[21] Ne pas confondre avec saint Roch. Son nom apparaît deux fois dans le martyrologe de l'église d'Autun : V Kalendas Febroarii : Augustuduno, sancti Rachonis, episcopi et confessoris ; et Nonas Decembris : Civitate Edua, translatio sancti Rachonis, episcopi et confessoris[22].
692 : Ansbert (ou Ansebertus, ou Ausbertus, ou Aubertus) ; cité en 996 lorsqu'il lègue par testament à son église cathédrale et à l'oratoire Saint-Léger le village de Tres Valles, future possession de la future abbaye de la Bussière[25].
~920 - † ~929: Hervé de Vergy[31] (ou Hervaeus, ou Herivaeus), dit aussi Hervé de Chalon, neveu du précédent, fils du comte Manassès Ier de Chalon. Le jour de son intronisation il donne au chapitre de la cathédrale Saint-Nazaire d'Autun l'autorisation de battre monnaie[32]
1572 - † avril 1585 : Charles Ier d'Ailleboust (ou Carolus). Armes: " D'azur au chevron, accompagné de trois étoiles, celle de la pointe soutenue d'un cœur, le tout d'or "[43]
29 avril 1585 - 17 juillet 1588 : François Humblot, docteur en Théologie à la Sorbonne, nommé évêque d'Autun mais le siège restera vacant n'ayant aucune juridiction diocésaine lorsque celui-ci est envoyé en Angleterre par le Pape Sixte V ayant pris connaissance des initiatives de ce dernier en faveur des pauvres, le nomme aumônier apostolique.
Philibert-Claude Groult (1761-?), docteur de l'ancienne Sorbonne, vicaire général de Mâcon. Insermenté, exilé pendant la Révolution[47]. Le cardinal légat le nomma le 15 septembre 1802, administrateur du diocèse d'Autun pendant la vacance du siège. Devint ensuite vicaire général d'Autun sous François de Fontanges et ses successeurs[48].
[Berthelot et al. 1886] M. Berthelot, Dreyfus et al., La Grande Encyclopédie - Inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts, vol. 4 : Artibonite - Baillie, Paris, éd. H. Lamirault et Cie, , 1200 p., sur archive.org (lire en ligne), p. 808-809.
[Mas-Latrie 1889] M. le comte de Mas-Latrie, Trésor de chronologie, d'histoire et de Géographie pour l'étude et l'emploi des documents du Moyen Âge, Paris, V. Palmé, (lire en ligne), p. 1379-1380.
[Régnier 1988] Jean Régnier, Les évêques d'Autun, .
Benoît Rivière (dir.), Sylvie Balcon-Berry (dir.), Jacques Madignier (dir.), Christian Sapin (dir.) et André Strasberg (dir.), Autun, la grâce d'une cathédrale, Paris, Éditions Place des Victoires, coll. « La grâce d'une cathédrale », , 441 p. (ISBN978-2-8099-1882-3).
Liens externes
(en) Charles Cawley, « « Bishops of Autun » (évêques d'Autun) », dans « Lyon archbishopric », ch. 2, sur fmg.ac/MedLands (Foundation for Medieval Genealogy).
(en) « Diocese of Autun », Annuaire pontifical, sur catholic-hierarchy.org.
Notes et références
Notes
↑Langlois dit du martyrologe hyéronimien : « Dès le temps de Grégoire de Tours, un livre romain d’origine, quoique sans caractère officiel, le martyrologe hyéronimien, fut introduit en Gaule et adapté à l’usage du pays »[6].
↑ ab et cJean Berthollet, « Questions gallo-romaines et du Haut Moyen Âge – La question des évêques. Le premier évêque d'Autun », dans Discussions et documents, coll. « Annales de Bourgogne », (lire en ligne), p. 38.
↑[Langlois 1901] Charles-Victor Langlois, Histoire du Moyen Âge (section III : « La liturgie gallicane et la liturgie romaine en Gaule »), , sur wikisource.org (lire en ligne), chap. 5 (« La papauté et les ducs austrasiens »).
↑Siège vingt ans, selon le Trésor de Chronologie[10].
↑ ab et cExistence incertaine, selon le Trésor de Chronologie[10].
↑« Le martyrologe romain fait mémoire de Saint Pragmace », Magnificat, no 240, , p. 307.
↑ a et bDonné comme saint par le Trésor de Chronologie[10], pas par La Grande Encyclopédie[9].
↑Nom donné par La Grande Encyclopédie[9] et par le Trésor de Chronologie. Ce dernier, qui est la seule de ces deux sources à le donner comme saint, émet cependant des réserves sur l'existence de cet évêque et précise qu'il est nommé par Le Cointe, sans sources[10].
↑ a et bNom donné par le Trésor de Chronologie[10]. La Grande Encyclopédie ne le mentionne pas[9].
↑Notice chronologique sur l'église d'Autun, 1847. Cité par Anatole de Charmasse, Prieuré Saint-Racho-lez-Autun, Mémoires de la Société Éduenne, t. 10, p. 15.
↑Martyrologe Eduen ms, (Bibliothèque Nationale, no 9883).
↑Jules Marion, Notice sur l'abbaye de La Bussière (Côte-d'Or), vol. 4, Bibliothèque de l'école des chartes, (lire en ligne), chap. 1, p. 550.
↑ abcdefgh et iAutre forme nominale donnée par le Trésor de Chronologie[10].
↑Autre forme nominale donnée par La Grande Encyclopédie[9].
↑(en) Charles Cawley, « Walo », dans « Lyon archbishopric », ch. 2 : « Bishops of Autun », sur fmg.ac/MedLands (Foundation for Medieval Genealogy) (consulté le ).
↑Cartulaire de l'Eglise d'Autun (acte du 30 Juin 900)
↑(en) Charles Cawley, « Herve de Dijon », dans « Lyon archbishopric », ch. 2 : « Bishops of Autun », sur fmg.ac/MedLands (Foundation for Medieval Genealogy) (consulté le ).
↑"de Vergy" donné dans La Grande Encyclopédie[9] et dans Medlands[30].
↑Abbé Jacques-Paul Migne, Dictionnaire de Numismatique, Petit-Montrouge, J.P. Migne, (lire en ligne).
↑Nom donné par le Trésor de Chronologie avec un point d'interrogation[10]. La Grande Encyclopédie ne le mentionne pas[9]. Existence incertaine.
↑(en) Charles Cawley, « Aganon de Mont-Saint-Jean », dans « Lyon archbishopric », ch. 2 : « Bishops of Autun », sur fmg.ac/MedLands (Foundation for Medieval Genealogy) (consulté le ).
↑(en) Charles Cawley, « Etienne de Bâgé », dans « Lyon archbishopric », ch. 2 : « Bishops of Autun », sur fmg.ac/MedLands (Foundation for Medieval Genealogy) (consulté le ).
↑(en) Charles Cawley, « Robert de Bourgogne », dans « Lyon archbishopric », ch. 2 : « Bishops of Autun », sur fmg.ac/MedLands (Foundation for Medieval Genealogy) (consulté le ).
↑(en) Charles Cawley, « Humbert de Bâgé », dans « Lyon archbishopric », ch. 2 : « Bishops of Autun », sur fmg.ac/MedLands (Foundation for Medieval Genealogy) (consulté le ).
↑"neveu de Girard de Beauvoir" est donné par La Grande Encyclopédie[9].
↑(en) Charles Cawley, « Jean d´Arcis-sur-Aube », dans « Lyon archbishopric », ch. 2 : « Bishops of Autun », sur fmg.ac/MedLands (Foundation for Medieval Genealogy) (consulté le ).
↑[Pastoret 1828] Marquis de Pastoret, Ordonnances des roys de France de la troisième race, vol. 18 : depuis le mois d'avril 1474 jusqu'au mois de mars 1481, , sur books.google.fr (lire en ligne), « Lettres patentes de Louis XI, Luxeul, février 1477 (1476 avant Pâques) ».
↑"de Cheverny" est donné par La Grande Encyclopédie[9].
↑Cette dénomination est donnée par La Grande Encyclopédie[9].
↑Maulévrier-Langeron est donné par La Grande Encyclopédie[9]. Le Trésor de Chronologie ne le mentionne pas[10].
↑Gouttes, évêque constitutionnel, est donné par La Grande Encyclopédie[9].
↑« Gazette de Paris du 2 août 1791 », Mémoires de la Société Éduenne, t. 32, , p. 154.
↑Pourvu de la cure de Montbellet (arrondissement de Mâcon, en 1788, remplacé le 15 mai 1791 à la suite d'un serment restrictif. Il était sur la liste des otages volontaires après le retour de Varennes[46].
↑[Victor 1847] Léonard Victor, Notice biographique sur l'abbé Groult, vicaire général de Nevers, Nevers, impr. Fay, , sur _ _ _.
↑ a et bDate donnée par l'Annuaire pontifical[49].
↑[Boissière 1951] Jules Boissière (abbé), Le Ménil-Germain au XVIIIe siècle – Son église, ses curés, ses vicaires, ses nobles, ses inhumés dans l'église, Lisieux, éd. Morière, , 79 p., p. 56-60.
↑Forme nominale donnée par l'Annuaire pontifical[49].