Le tableau suivant contient la plupart des rôles créés par les plus importantes hautes-contre françaises aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les rôles retenus y sont répertoriés car ils s'avèrent particulièrement significatifs, ou font partie de la distribution d'opéras écrits par des compositeurs majeurs travaillant en France durant cette période.
Ce tableau a été élaboré en utilisant et en comparant les données contenues dans les textes et les ressources en ligne indiqués plus bas. Il ne vise pas à avoir un caractère exhaustif, mais à esquisser un panorama significatif, sur une longue période, du chant lyrique français. Il s'étend chronologiquement de Bernard Clédière à Joseph Legros.
↑Clédière crée d'abord des rôles de Haute-taille, puis chante en parallèle les rôles de Haute-contre. Juturne, Admète et Thésée furent ses trois grands rôles de Haute-taille, avant qu'il crée des grands rôles de Haute-contre dont Atys, Bellérophon et Alphée
↑il y avait déjà eu deux représentations privées au juin 1670
↑tandis que dans « Cadmus et Hermione » le protagoniste était encore une « baisse-taille », à partir de cet opéra Lully choisit le genre vocal de la « haute-contre » pour les rôles de jeune premier (Grove, I, art. « Cadmus et Hermione », p. 676)
↑ a et blieu et date rapportés par Pitou (… Genesis …, art. « Atys », p. 164)
↑dans cet opéra, avec le rôle d’un TritonLouis Gaulard Dumesny débuta à l’Opéra comme « taille » (Grove, I, art. « Dumesnil, [Duménil, Dumény, Du Mesny, du Mény] », p. 1273)
↑cf. Thomas Corneille, Psyché : Tragédie, éd. Luke Arnason (mémoire de maîtrise sous la direction de Georges Forestier), Université Paris-Sorbonne, 2005 (accessible en ligne dans le site de l'Psyché, Université du Manitoba).
↑Dumesny qui avait joué d’abord le rôle mineur de la deuxième Furie, succéda à Clédière dans le rôle principal aux suivantes représentations parisiennes de cet opéra, en étant promu de « haute-taille » à première « haute-contre ». Clédière, pour lui, passa à la Musique du Roi (Grove, I, art. « Cledière, Bernard », p. 879)
↑Généralement chanteur de rôle de Taille (comme la fameuse Méduse dans Persée), Desvoyes crée au cours de carrière des rôles écrits avec la clef d'Ut 3, avec un grand ambitus qui ne dépasse que très peu la note sol 3, mais reste néanmoins très tendu, comme les rôles typiques de Haute-contre.
↑selon Pitou (… Genesis …, art. « Dumenil », p. 214) Dumesny pourrait avoir interprété le rôle de Turnus ; selon The New Grove Dictionary of Opera (I, art. « Dumesnil, [Duménil, Dumény, Du Mesny, du Mény] », p. 1273) il fut, beaucoup plus vraisemblablement, le protagoniste (cf. aussi Magazine de l’opéra baroque)
↑selon Théodore de Lajarte, on rapportait que Colasse et feu (soit, Jean-Baptiste) Lully étaient les compositeurs (Pitou, ...Genesis..., art. "Les Saisons", p. 308)
↑Engagé en 1689 à l'Opéra de Lyon avec sa femme Marguerite, il s'installe avec elle en 1695 à Paris lorsque le couple fut engagé par l'Académie de musique. On ne mentionne point son nom dans les chœurs. Probablement doubleur, le rôle du Printemps fut son unique personnage.
↑Boutelou n'est généralement indiqué par les sources que par son nom de famille; le prénom « Jean » est maintenant attesté par l'article sur le chanteur du Dictionnaire de l'Opéra de Paris sous l'Ancien Régime (1669-1791) (tome I (AC), ad nomen ). À ne pas confondre avec les deux fils, Marin, également chanteur à l'Académie Royale de Musique dans la seconde moitié des années 1700, et Antoine, ténor à la Chapelle royale à partir de 1707.
↑selon Pitou, « Ariadne et Bacchus » (… Genesis …, ad nomen, p. 158)
↑le Grove Dictionary (II, art. « Europe galante, L’ », p. 1273) soutient que le rôle de haute-contre aurait été celui de Silvandre, mais cela doit être erroné (cf. par exemple Magazine de l’opéra baroque)
↑Poussin, qui mourrait tout jeune après 1705 (Pitou,...Genesis..., article: "Poussin, Mme", p. 295), avait été engagé comme haute-taille (Le magazin de l'opéra baroque, page: Cassandre), mais il créerait des rôles importants de haute-contre dont Pylade, qui deviendrait ensuite l’apanage des plus grandes hautes-contre du siècle, de Muraire à Legros.
↑ajouté, pendant les huit mois qu'il resta à l'affiche, comme entrée ultérieure au « spectacle coupé » (assemblage d'extraits d'opéras sans aucun essai de les unifier), Les Fragments de M. De Lully, représenté par la première fois à l'Académie royale de musique le 10 septembre 1702 (Pitou, …Genesis…, article: « Les Fragments de Lully », p. 192; ...Rococo..., article: « Spectacle coupé », p. 502
↑erronément attribué à Lully (Le magazin de l'opéra baroque); pour l'attribution erronée, cf. Pitou, …Genesis…, articles: « Les Fragments de Lully », p. 228, et "Cariselli", p. 192
↑Le livret appelle ce chanteur « Boutelou fils »; son prénom, Marin, est maintenant rapporté par l'article sur le chanteur du Dictionnaire de l'Opéra de Paris sous l'Ancien Régime (1669-1791), tome I (A-C), ad nomen ) où, de plus, il est désigné par erreur comme "basse taille". À ne pas confondre avec son père Jean, également interprète de cet opéra, et son frère cadet Antoine, ténor à la Chapelle royale à partir de 1707.
↑Son nom apparait pour la première fois en 1703 dans la section des choristes du livret d'Ulysse de Jean-Féry Rebel. Il débute en tant que soliste au dit an dans les petits rôles de Corite et d'un Compagnon d'Idas lors d'une reprise de Persée.
↑Ce chanteur a débuté dans les chœurs lors de la reprise de Tancrède de Campra en 1707.
↑Rentré à l'ARM en 1704 selon Amelot, il commence d'abord comme choriste puis débute en tant que soliste en 1707 dans le rôle d'Aquilon lors d'une reprise du Ballet des Saisons de Collasse.
↑Au temps de sa jeunesse Denis-François Tribou se produisit comme chanteur au Collège Louis Legrand de la Compagnie de Jésus à Paris, où il était étudiant (Arthur Pougin, Un ténor de l'Opéra au XVIIIe siècle. Pierre Jélyotte et les chanteurs de son temps, Paris, Fischbacher, 1905, p. 26) et où il existait une remarquable tradition d'activités théâtrales. Il débuterait, d’un grand succès, à l’Opéra le 13 novembre 1721 dans le rôle du Soleil lors d’une reprise de Phaéton de Lully, et il en deviendrait première haute-contre de 1727 à 1739, quand son attitude réfractaire à l’égard du nouveau style musical introduit par Jean-Philippe Rameau l’amena à prendre sa retraite et à rejoindre, en 1741, la Musique du Roi comme maître de téorbe (Pitou, …Rococo…, ad nomen, p. 526 ; Grove, IV, ad nomen, p. 808)
↑ a et bLe Dictionaire des Théatres de Paris accorde fautivement le nom de Buseau au créateur de ce rôle.
↑Engagé comme haute-contre des rôles par l'ARM dans la saison 1710-1711, il commence sa carrière de soliste dans les Festes vénitiennes.
↑Il est engagé comme Haute-contre des rôles en 1710 et ses compétences l'autorisent également d'assurer la fonction de maître de musique. Son début de soliste est en 1712 dans l'Idoménée de Campra.
↑Ce rôle strictement de divertissement est écrit en clef d'Ut 3 dans le manuscrit de la partition, mais a été créé par Marie-Catherine Poussin, la femme de la Haute-contre Michel Poussin.
↑Il aurait débuté à l'Opéra à Marseille et ne chante uniquement qu'un rôle de Furie dans Médée & Jason, avant de se cantonner au chœur jusqu'à 1714, année où il se retire.
↑avec le rôle d’un « Sacrificateur » Chopelet pris sa retraite de l’Opéra, après que, depuis 1702, à cause d’une maladie, il avait dû se contenter de rôles mineurs quoique bien nombreux (Grove, I, ad nomen, p. 850)
↑Muraire (ou Murayre) se joignit à l’Opéra en 1715 ; il en deviendrait la première haute-contre depuis 1719 jusqu’à sa retraite en 1727, au grand regret du public, après une longue maladie (Grove, III, ad nomen, p. 523)
↑la distribution donnée résulte du livret original publié par le site en ligne Les Livrets Baroques.
↑ ab et cLe livret original ne contient que le nom de famille de l'interprète, mais il devrait presque certainement s'agir du plus jeune membre de la famille Boutelou, Antoine, dont le père et le frère aîné, respectivement Jean et Marin, avaient été membres de la troupe de l'Académie Royale de Musique dans les décennies au tournant du siècle. Antoine, quant à lui, était ténor à la Chapelle royale et ne participait donc pas aux représentations publiques de l'Académie, bien qu'il puisse à la place jouer dans les performances lyriques à la cour. Les informations sur la nomenclature de la famille Boutelou, traditionnellement source de confusion considérable, sont tirées du Dictionnaire de l'Opéra de Paris sous l'Ancien Régime (1669-1791), tome I (AC), ad nomina .
↑depuis la saison 1718-19 Cochereau prit sa retraite de l’Opéra et fut remplacé dans sa position par Muraire (Grove, I, art. « Cochereau, Jacques », p. 893)
↑Ce chanteur est engagé comme Haute-contre des rôles en 1713 mais se cantonne d'abord dans les chœurs. Ce n'est que lors de la reprise en 1715 de l'Europe galante de Campra qu'il commence sa carrière de soliste.
↑Il intègre l'ARM lors de la saison 1719-1720, d'abord dans les chœurs lors d'une reprise du Carnaval & la Folie de Destouches, puis débute en tant que soliste dans Polydore.
↑Il entre à l'ARM comme Haute-contre des chœurs lors de la saison 1720-1721. Son premier rôle en chef est celui d'un Plaisir lors de la reprise en 1720 de Thésée.
↑Sa carrière commence à Lyon en 1727. Il intègre l'ARM l'année suivante selon Amelot. Il va doubler Tribou, en commençant par la reprise de Roland en 1728, tout en assurant des petits rôles en chef.
↑cette entrée est une révision de l’entrée écrite par Campra lors de la présentation du ballet-pastiche « Les Fragments de M. De Lully » le 10 septembre 1702, quand le rôle travesti grotesque de Nérine avait été chanté par J. Boutelou.
↑Jélyotte avait débuté à vingt ans, le 11 juin 1733, dans le petit rôle de « un Grec », dans une reprise du ballet héroïque « Les festes grecques et romaines » de Colin de Blamont ; dans peu d'années il relèverait Tribou dans la position de première haute-contre de l’Académie Royale et serait regardé comme l’un des plus grands artistes de ses jours
↑nouvelle entrée ajutée dans une reprise du ballet héroïque Les fêtes grecques et romaines pour faire place à l'astre naissant, Jéliotte
↑protagoniste de la troisième entrée « Les Fleurs, fête persane » ajutée à la troisième représentation (selon Pitou il ne se serait agi que d'un remaniement dû à l’intolérance du public à l’égard du déguisement au sexe opposé de la couple protagoniste, ...Rococo..., art. « Les Indes galantes », p. 285)
↑il s’agit de la quatrième entrée ajoutée à « Les Indes galantes » (selon Pitou cette entrée fut ajuté seulement le 16 juillet 1744, ...Rococo..., ad nomen, p. 285)
↑la première du mars 1745, donnée lors du mariage du dauphin avec l'infante d'Espagne, fut d’abord la seule représentation de l’opéra ; il fut quand même repris, d’un grand succès, à l'Académie royale de musique, le 9 février 1749 et le 21 février 1754 avec le deuxième haute-contre de l’Opéra, La Tour, jouant le rôle du titre
↑ cet opéra fut donné, à l’origine, en languedocien; ensuite, Mondonville serait contraint de traduire l'ouvrage en français, du fait qu'avec le départ de Jélyotte et de Mlle Fel, il n'y avait plus d'acteurs gascons à l'Opéra
↑représenté originellement le 27 novembre 1748, dans une version partiellement différente, en ouverture de la saison du théâtre des Petits Appartements à Versailles, sur le Grand Escalier des Ambassadeurs, avec une distribution réunissant Madame de Pompadour et d’autres nobles de la Cour
↑Le théâtre du Palais-Royal sera détruit par un incendie le 6 avril 1763
↑Jéliotte avait abandonné l’Académie Royal de Musique et de Danse depuis 1755, mais il ne quitta pas la Cour et continua de donner ses services au roi et à la reine pour les programmes d’opéra à Fontainebleu et à Versailles jusqu’au 9 novembre 1765, lorsqu’il réussit finalement à prendre sa méritée retraite dans son village natal près de Pau (Pitou, … Rococo …, ad nomen, p. 301)
↑cet opéra, composé sur un vieil livret remanié du 1727 (Les Pèlerins de la Mecque), fut le dernier opéra-comique donné à Vienne par Gluck. Le premier rôle d’Ali fut confié à une haute-contre de l’Opéra de Paris (Grove, III, ad nomen, p. 1288-89); selon Amedeusonline le nom du chanteur était Godard : en effet, un ténor nommé Godart est cité comme le premier interprète du rôle-titre en Deucalion et Pyrrha de Giraud et Montan-Berton (1755) et du petit rôle de Mercure dans Les Surprises de l’amour de Rameau (1757)
↑cette pièce, qui avait été donnée originellement, comme acte de ballet héroïque, au château de Fontainebleau, le 13 octobre 1754, fut représentée au public comme deuxième entrée du ballet héroïque « Les fêtes lyriques » (dont la première entrée était constituée par Lindor et Ismène de Louis-Joseph Francœur et la troisième par Érosine, de Pierre-Montan Berton). Cette pièce ne doit pas être confondue avec Anacréon, autre acte de ballet créé par Rameau en 1757 sur un livret de Gentil-Bernard, dont l'intrigue est différente et qui fut ajouté comme troisième entrée aux Surprises de l'amour
↑cette pièce fut donnée comme dernier acte de l’opéra-ballet « Les fragments nouveaux » de différents auteurs
↑remaniement de « Ernelinde, princesse de Norvège »
↑dans cet opéra le rôle du protagoniste adolescent, Colin, une sorte de Cherubino languissant de se marier, est assigné à un soprano, tandis que la haute-contre est reléguée à un rôle traditionnel de bailli au cœur sec : à Legros on avait originellement distribué le rôle de Lubin, mais celui-ci lui « déplaisait à tel point qu’il refusa d’abord de l’interpréter. Quand toutefois il fut devant le perspective d’aller finir en prison pour désobéissance, il changea d’idée et monta sur les planches comme le bailli » (Pitou, ...Rococo... , art. « La Cinquantaine », p. 118)
↑Rousseau débuta à l’Opéra, à l’âge de dix-neuf ans, avec le petit rôle d’un sylvain dans ce drame lyrique ; il serait ensuite tenu peut-être pour la dernière véritable haute-contre de l’Académie Royale (cf. Jérôme Lalande, Voyage en Italie (2/1786), p. 204-5, cité par Mary Cir, op. cit.) et, après la retraite de Legros, en 1783, on l’adjoindrait à Lainez comme premier ténor, même si une maladie grave parue au commencement des années 1790 mina la continuité de sa carrière et le conduisit à une morte précoce en 1800, quand il n'était pas encore âgé de quarante ans (Pitou, ...Rococo..., ad nomen, pp. 477-478). Les sources n'ont traditionnellement transmis que la lettre initiale, J, du prénom de ce chanteur. Le nom complet est mentionné dans la liste des membres de la loge maçonnique Saint-Jean d'Écosse du Contrat Social (Organico dei fratelli a talento della Loggia parigina ...), rapportée en Appendice dans: (it) Zeffiro Ciuffoletti et Sergio Moravia (éds), La Massoneria. La storia, gli uomini, le idee, Milan, Mondadori, 2004, (ISBN978-8804536468).
↑inauguration du nouveau siège de l’Académie Royale de Musique
↑Renaud fut la dernière création de Legros qui prit sa retraite dans ce même an 1783, au grand regret non seulement du public : de La Ferté, intendant des Menus-Plaisirs du roi, reconnut la grande valeur de Legros dans la compagnie de l’Académie en le désignant comme le premier chanteur de l’Opéra et en assurant la Cour que Legros était le plus qualifié (ou mieux encore, le seul qualifié) pour en occuper le poste vacant de directeur (Pitou, …Rococo…, art. « Legros, Joseph », p. 339). Legros fut remplacé, come première haute-contre de l’Opéra, par son substitut, Étienne Lainez, et par J. Rousseau
Ouvrages imprimés
Sylvie Bouissou, Pascal Denécheau et France Marchal-Ninosque (directeurs d'ouvrage), Dictionnaire de l'Opéra de Paris sous l'Ancien Régime (1669-1791), Paris, Classiques Garnier, 2019, tome I (AC), (ISBN978-2406090656)
(en) Mary Cyr, "On performing 18th-century Haute-Contre Roles", Musical Times, vol 118, 1997, p. 291-5, reproduit ensuite en Mary Cyr, Essays on the Performance of Baroque Music. Opera and Chamber Music in France and England, Ashgate Variorum, Aldeshot (UK)/Burlington, VT (USA), 2008, (ISBN978-0-7546-5926-6) (essay no. IX)
(en) Spire Pitou, The Paris Opéra. An Encyclopedia of Operas, Ballets, Composers, and Performers – Genesis and Glory, 1671-1715, Greenwood Press, Westport/London, 1983 (ISBN0-313-21420-4)
(en) Spire Pitou, The Paris Opéra. An Encyclopedia of Operas, Ballets, Composers, and Performers – Rococo and Romantic, 1715-1815, Greenwood Press, Westport/London, 1985 (ISBN0-313-24394-8)