Liste de champignons toxiques

L'amanite phalloïde, responsable d'environ 90 % des décès dus à une intoxication par les champignons.

Les intoxications alimentaires par consommation de champignons sont fréquentes : 546 cas signalés à l'Institut de veille sanitaire en France métropolitaine en 4 mois (du 1er juillet au ).

Elles ont presque toujours comme origine une confusion avec un champignon comestible.

Il faut toujours identifier ou faire identifier (par un pharmacien par exemple) les champignons avant leur consommation, sur des critères scientifiques (ainsi, contrairement à une idée reçue, un champignon consommé ou rongé par des animaux n'est pas forcément sans danger mortel : les limaces consomment des amanites phalloïdes mortelles pour l'homme).

En cas de doute, il est conseillé de consulter son pharmacien.

Mycotoxicologie

« L'évolution des connaissances mycotoxicologiques doit amener à prendre de plus en plus de précautions avec la consommation des champignons[1] ». Outre les ingestions accidentelles (consommation de champignons mortels mal connus ou de champignons comestibles accompagnés par un toxique qui s'est glissé dans le panier par mégarde), de nombreuses intoxications apparaissent pour différentes raisons : toxicité passée inaperçue pendant des années (paxille enroulé, gyromitres, tricholome équestre…), consommation à l'état cru ou surconsommation. « L'apparition de l'intoxication peut être liée au champignon lui-même, à son âge, au fait qu'il soit parasité, ou peut-être à sa localisation géographique. Des substances nocives peuvent aussi apparaître plus tard, après la cueillette, lors du transport, de la conservation et de la préparation culinaire du champignon. Ou bien des molécules toxiques, telles les hémolysines, peuvent disparaître lors de ces traitements. La toxicité du champignon peut aussi ne se révéler qu'associée à certains aliments comme l'alcool. Ou elle peut n'apparaître que chez certains sujets, intolérants à une ou plusieurs substances, allergiques, ou simplement paniqués à l'idée d'avoir peut-être consommé une espèce mortelle. L'intoxication peut aussi être en lien avec la pollution qui environne le champignon. Enfin, les champignons pourraient être toxiques de manière silencieuse, c'est-à-dire que la consommation d'un plat ne produira aucune réaction, mais des consommations répétées pourraient être nocives pour l'organisme. Les risques seraient alors à long terme, et on pense à ce sujet à la contamination métallique ou radioactive, et au potentiel mutagène ou cancérigène de certaines substances fongiques[2] ».

En France

La Direction générale de la santé et l’Institut de veille sanitaire alertent régulièrement les amateurs de champignons et rappellent les conseils basiques[3].

Les symptômes de type diarrhée, vomissements, nausées, tremblements, vertiges, troubles de la vue, etc. doivent inciter les patients et professionnels de santé à « appeler sans délai le centre 15 ou le centre antipoison le plus proche » en mentionnant la consommation récente de champignons. À titre d'exemple, il y a eu 388 cas enregistrés d’intoxications par champignons par l'INVS et les centres antipoison et de toxicovigilance (CAPTV) pour la seule région Midi-Pyrénées le 1er juillet et le , contre 61 cas la même période en 2010, en raison d'un été plus humide en 2011, favorable aux émergences précoces de champignons.

Liste des champignons toxiques pour les humains

« Tous les champignons sont comestibles, certains une seule fois. »

— Dicton tchèque[4]

Cette liste est limitée aux champignons supérieurs, les plus fréquemment trouvés en zone tempérée de l'hémisphère nord, toxiques par ingestion.

Pour la description détaillée des syndromes et des toxines naturelles, voir Intoxication par les champignons. En outre certains champignons peuvent aussi être toxiques de par les métaux lourds (plomb, cadmium, mercure, radionucléides) que certaines espèces accumulent facilement et parfois en grande quantité, y compris pour des champignons souterrains (truffes dont Elaphomyces granulatus notamment)[5].

Syndrome phalloïdien

Les symptômes apparaissent entre 6 et 24 h après l'ingestion. Ce sont des troubles digestifs violents et une hépatite aiguë qui peut devenir fulminante (mortelle) entre les 3e et 5e jours. Ce syndrome est responsable à lui seul de 90 à 95 % des décès dus à une intoxication par les champignons.

Syndrome gyromitrien

La gyromitrine contenue dans ces espèces, un dérivé de l'hydrazine, est neurotoxique et serait à l'origine de cas de sclérose latérale amyotrophique[6],[7]. Ce syndrome se manifeste par un début des troubles brutal qui survient entre 6 et 12 heures après l'ingestion. Il est marqué par une asthénie, des vertiges, des céphalées, des douleurs abdominales, des vomissements et parfois des diarrhées.

Amanita muscaria.

Acrosyndrome (acromélalgie, érythermalgie)

Coprin noir d'encre, Coprinopsis atramentaria

Accompagnés d'alcool, provoquent des troubles :

Bolet Satan.
Entolome livide.

Troubles digestifs isolés apparaissent moins de six heures après ingestion.

Syndrome hémolytique

Morilles

Elle concerne l'ingestion de champignons crus contenant des hémolysines thermolabiles.

Intoxications inconstantes et aux mécanismes inconnus

Nouvelles espèces toxiques (syndromes à l'étude)

  • Le tricholome équestre ou bidaou (Trichiloma equestre) : plusieurs décès en France en 2000 et 2001. Les intoxiqués, qui présentent une rhabdomyolyse aiguë (destruction des cellules musculaires) en auraient fait une consommation excessive.
  • Russula subnigricans (nise kuro hatsu 偽黒初, groupe de la Russule noircissante): rhabdomyolyse aiguë ; plusieurs décès au Japon, et à Taiwan [11].
  • Sugihira také (Pleurocybella porrigens) : plusieurs décès au Japon en 2004, la plupart des intoxiqués étaient des insuffisants rénaux avec symptômes évoquant une encéphalopathie métabolique[12].
  • Podostroma cornu-damae (Japon 2002) : le décès serait dû à une (des) « substances ayant provoqué une thrombopénie, diminution rapide des plaquettes sanguines (...). Champignon très dangereux car les toxines pénètrent la moelle osseuse »[13].

Références

  1. Jean-Mary Couderc, « Données nouvelles sur les champignons supérieurs toxiques », Mémoire de l'Académie des Sciences, Art et Belles Lettres de Touraine, t. 21,‎ , p. 155 (lire en ligne).
  2. Aurélie Roux, Intoxications par les champignons réputés comestibles, Sciences pharmaceutiques, 2008, p.18
  3. Recommandations, Direction générale de la santé et l’Institut de veille sanitaire
  4. (cs) Robert Brinda, Fyzikální fyzici, E-knihy jedou, , p. 84.
  5. pages 39-43
  6. (en) Emmeline Lagrange et Jean-Paul Vernoux, « Warning on False or True Morels and ButtonMushrooms with Potential Toxicity Linked toHydrazinic Toxins: An Update », Toxins, vol. 12, no 8,‎ (DOI 10.3390/toxins12080482, lire en ligne, consulté le ).
  7. Pierre Kaldy, « Un champignon lié à des cas de maladie de Charcot : la fin d'une énigme médicale vieille de plus de dix ans », Sciences et avenir, vol. 895,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. « Empoisonnement par le Clitocybe acromelalga - Ki-no-ko fungi », sur enfantdesarbres.canalblog.com, (consulté le )
  9. « Analyse taxinomique d'une espèce toxique : Clitocybe amoenolens Malençon - Ki-no-ko fungi », sur enfantdesarbres.canalblog.com, (consulté le )
  10. « The bitter End... l'amertume de la mort par l'Hypholome en touffe ニガクリタ - Ki-no-ko fungi », sur enfantdesarbres.canalblog.com,‎ (consulté le )
  11. « Fausse russule noircissante (ニセクロハツ) mortel - Ki-no-ko fungi », sur enfantdesarbres.canalblog.com,‎ (consulté le )
  12. « Intoxication causée par Lepista graveolens - Ki-no-ko fungi », sur enfantdesarbres.canalblog.com, (consulté le )
  13. « Les atroces souffrances infligées par », sur enfantdesarbres.canalblog.com, (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Guillaume Eyssartier et Pierre Roux, Le guide des champignons : France et Europe, Paris, Belin, , 1119 p. (ISBN 978-2-7011-5428-2)

Liens externes