Bolet SatanRubroboletus satanas Rubroboletus satanas
Bolet Satan
Rubroboletus satanas, le Bolet Satan, auparavant Boletus satanas[1], est une espèce de champignons (Fungi) basidiomycètes du genre Rubroboletus dans la famille des Boletaceae. Toxique et plutôt rare, bien connu de nom par les cueilleurs mais souvent mal identifié, il est caractérisé par son chapeau blanchâtre et sa chair modérément bleuissante à la coupe. TaxonomieLe nom correct complet (avec auteur) de ce taxon est Rubroboletus satanas (Lenz) Kuan Zhao & Zhu L.Yang[2]. L'espèce a été initialement classée dans le genre Boletus sous le basionyme Boletus satanas Lenz[2]. SynonymesRubroboletus satanas a pour synonymes[2] :
PhylogénieConnu à l'origine sous le nom de Boletus satanas, le Bolet Satan a été décrit par le mycologue allemand Harald Othmar Lenz en 1831. Lenz avait eu connaissance de plusieurs rapports faisant état de réactions indésirables de personnes ayant consommé ce champignon et s'était apparemment senti malade à cause de ses "émanations" en le décrivant, d'où l'épithète sinistre du nom[3]. Le mycologue américain Harry D. Thiers a conclu que le matériel provenant d'Amérique du Nord correspondait à la description de l'espèce[4], mais des tests génétiques ont depuis confirmé que les collections de l'ouest de l'Amérique du Nord représentaient Rubroboletus eastwoodiae, une espèce différente. Une analyse génétique publiée en 2013 a révélé que B.satanas et plusieurs autres bolets à pores rouges font partie du clade "dupainii" (nommé d'après B.dupainii), et sont éloignés du groupe principal de Boletus (y compris B.edulis et ses proches) au sein des Boletineae. Cela indique que B.satanas et ses proches appartiennent à un genre distinct[5]. L'espèce a donc été transférée dans le nouveau genre Rubroboletus en 2014, avec plusieurs espèces alliées de bolets à pores rouges et à oxydation bleue[6]. Des tests génétiques sur plusieurs espèces du genre ont révélé que R.satanas est le plus étroitement apparenté à R.pulchrotinctus, une espèce morphologiquement similaire mais beaucoup plus rare qui se trouve dans les régions méditerranéennes. ÉtymologieLe latin rubro dans le nom de genre Rubroboletus fait référence à la rougeur du pied et des tubes. Tandis que l'épithète spécifique satanas fait référence à Satan ou au diable, ramenant également aux couleurs rouges "sataniques" de ce bolet ainsi qu'à sa toxicité. Noms vulgaires et vernaculairesCe taxon porte en français les noms vernaculaires ou normalisés suivants : Bolet Satan, Bolet de Satan, Bolet satanique, Bolet du diable, Bolet diabolique, en réfèrence à son épithète spécifique satanas. Description du sporophoreLes Bolets sont des champignons, pour la plupart mycorhiziens, dont l'hyménophore, constitué de tubes et terminés par des pores, se sépare facilement de la chair du chapeau. Ce chapeau d'abord rond, recouvert d'une cuticule, devient convexe à mesure qu’il vieillit. Ils ont un pied (stipe) central assez épais et une chair compacte. Le Bolet Satan est le plus gros des Bolets d'Europe, son chapeau peut atteindre voire dépasser 30 cm, il est également très connu pour sa toxicité. Ses caractéristiques morphologiques sont les suivantes : Son chapeau mesure 5 à 25 cm, il est blanc pur au départ, il ressemble alors à une boule de neige, il s'étale ensuite en un large dôme aplati et tourne au blanchâtre à gris mastic, parfois avec des tons grisâtres plus accentués, ou encore olivâtres ou rosâtres[7]. Il est le seul bolet du genre Rubroboletus à chapeau blanchâtre typiquement sans nuances de rose au niveau du chapeau, bien que cela ne soit pas impossible sur de rares cas, vers la marge. L'hyménophore présente des tubes jaunes puis olivâtres, légèrement bleuissant, soutenant des pores fins, d'abord jaune puis vite rouge orangé à rouge sang, bleuissants[7]. Ils deviennent orangeâtre à jaunâtre chez les vieux spécimens. Son pied est souvent obèse, nettement renflé à la base, faisant 5 à 15 cm de long pour 3 à 10 cm de large, typiquement jaune à orange en haut puis rose vif à rouge en bas, mais parfois entièrement rouge. Il est orné d'un fin réseau concolore ou plus au moins rouge, assez difficile à distinguer par rapport à ceux d'autres bolets[7]. La chair est blanchâtre ou jaunâtre, faiblement ou modérément bleuissante d'un bleu ciel à la coupe au contact de l'air, plutôt lentement. Sa saveur est douce et son odeur est généralement désagréable, de plus en plus écœurante avec l'âge, nauséeuse, de viande avariée[7].
Caractéristiques microscopiquesSes spores mesurent 12 à 15 µm x 5,5 à 6,5 µm[8], elles sont allongées-fusoïdes[7]. GalerieVariétés et formesRubroboletus satanas f. crataegi est une forme xanthoïde (jaune, décolorée) sans tonalités roses, au stipe jaune et aux pores jaunes à oranges[9],[10]. Habitat et distributionC'est un champignon ectomycorhizien, thermophile et calcicole, il apparaît en été et au début de l’automne dans les régions méridionales dans les bois de feuillus, sous les hêtres, les chênes, ou les charmes. Assez rare, surtout dans les régions du nord, ce bolet ne pousse que pendant les périodes chaudes et ensoleillées[11], on le trouve souvent après les gros orages de fin d'été[7]. Rubroboletus satanas est largement répandu dans toute la zone tempérée, mais il est rare dans la plupart des localités signalées. En Europe, il se rencontre principalement dans les régions méridionales et est rare ou absent dans les pays septentrionaux. Au Royaume-Uni, ce bolet ne se trouve que dans le sud de l'Angleterre. il est rare en Scandinavie, se rencontrant principalement sur quelques îles de la mer Baltique où les conditions sont favorables, avec un sol très calcaire[12]. Dans la région méditerranéenne orientale, il a été signalé dans la forêt de Bar'am dans la région de la Haute Galilée dans le nord d'Israël[13], ainsi que sur l'île de Chypre, où il est associé au chêne doré (Quercus alnifolia). Il a également été documenté dans les régions de la mer Noire et de l'Anatolie orientale en Turquie[14], ainsi qu'en Crimée et en Ukraine[15], sa répartition pouvant s'étendre jusqu'à l'Iran au sud[16]. Dans le passé, R. satanas a été signalé dans les zones côtières de la Californie et du sud-est des États-Unis[17], mais ces observations concernent plutôt Rubroboletus eastwoodiae, une espèce étroitement apparentée. ToxicitéMalgré son nom, le Bolet Satan n'est pas réellement dangereux pour la vie d'un adulte en bonne santé. Sa toxicité est d'ordre gastrointestinale, sa consommation entraînera nausées, diarrhées, diarrhées sanglantes et vomissements répétés. Son degrès de toxicité apparaît variable selon les individus. Il est particulièrement toxique si consommé cru, mais, même cuite, sa chair reste nocive, des intoxications sévères ayant été observées chez des personnes qui ont consommé des sujets jeunes et bien cuits. Ces intoxications sont extrêmement rares, son aspect caractéristique, son odeur repoussante et le fait qu'il devienne très rapidement véreux dissuadent de le consommer[18]. La bolesatine, une enzyme toxique, isolée des fructifications de R. satanas, est impliquée dans les intoxications[19]. La bolesatine est un inhibiteur de la synthèse des protéines et, lorsqu'elle est administrée à des souris, elle provoque une thrombose importante[20]. À des concentrations plus faibles, la bolesatine est un mitogène, qui induit la division cellulaire dans les lymphocytes T humains[21]. La muscarine a également été isolée à partir de R. satanas, mais on estime que ses quantités sont beaucoup trop faibles pour expliquer ses effets toxiques[22]. Le mycologue anglais John Ramsbottom a controversialement rapporté en 1953 que R. satanas était consommé dans certaines régions d'Italie et de l'ancienne Tchécoslovaquie[23]. Dans ces régions, le champignon serait consommé après une ébullition prolongée qui est censé neutraliser les toxines, bien que cela n'ait jamais été prouvé scientifiquement. Confusions possiblesLe nom du Bolet Satan est bien connu des cueilleurs de champignons, cependant, il est très souvent mal utilisé, les cueilleurs donnant ce nom à n'importe quel bolet bleuissant ou aux tons rouges, sans savoir réellement quels sont les critères d'identification utilisés pour reconnaître le Bolet Satan. Ces critères peuvent se définir comme les suivants : Chapeau blanchâtre, pores rougeâtres, pied rougeâtre à orangeâtre orné d'un réseau et chair modérément bleuissante. Il faut aussi ne faut pas oublier que R. satanas est la plus grand espèce de bolet trouvable en Europe, sa taille imposante et sa stature obèse pouvant aussi être un critère d'identification. Le Bolet Satan est loin d'être la seule espèce de bolet bleuissant à tons rougeâtres. D'autres lui ressemblent plus au moins, des toxiques comme des comestibles. Concernant les confusions possibles, on pourra noter les espèces suivantes :
Autres bolets toxiquesPar une croyance populaire et la diabolisation de cette espèce, le Bolet Satan est souvent considéré comme le seul bolet toxique en Europe. Il n'en est rien. En plus des autres espèces toxiques citées précédemment en tant que confusions possibles du Bolet Satan, on notera également les suivantes : Voir aussiBibliographie
Articles connexesLiens externes
Notes et références
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