Les dénicheurs
Les enfants dénicheurs et Les enfants dénicheurs mordus par un serpent
Les dénicheurs est un ensemble constitué de deux groupes statuaires, Les enfants dénicheurs[1] et Les enfants dénicheurs mordus par des serpents[2]. Ces deux œuvres ont été créées en 1855-1857 par Auguste Jean Baptiste Lechesne. Les deux groupes sont installés à Caen depuis 1862, d'abord dans la cour de l'ancien séminaire des Eudistes, commune au musée des Beaux-Arts et à l'hôtel de ville, puis sur la place de la République à partir de 1882. Gravement détériorés pendant la bataille de Caen en 1944, ils sont désormais exposés dans un cadre muséal au Mémorial de Caen et à l'abbaye aux Hommes.[C 1]. LocalisationÀ partir de 1882, les deux groupes étaient situées sur la place de la République, côté ouest. Elle se trouvait entre le kiosque à musique (qui remplace la statue de Louis XIV) et l'ancien séminaire des Eudistes. Le groupe Les enfants dénicheurs se trouvait au nord, côté hôtel d'Oilliamson (rue Paul-Doumer après 1932) et le groupe Les enfants dénicheurs mordus par des serpents se trouvait au sud, côté hôtel Daumesnil. Actuellement les deux groupes sculptés sont séparés[C 1] :
HistoireLa création des œuvresLes modèles en plâtre des deux groupes sont présentés à l'exposition universelle des Beaux-arts de 1855[3],[4]. Il remporte une mention honorable lors de cette exposition[5]. Les deux bronzes définitifs sont présentés au Salon de peinture et de sculpture de 1857[6]. Les deux œuvres sont relativement bien reçues par leurs contemporains. Pour Théophile Gautier, « Les Dénicheurs forment comme les deux chants d'une idylle antique ». Il considère que « de la convention de l'ornement [Auguste Lechesne] a ramenés au vrai [ce monde animé qui fourmille dans les feuillages des arabesques] ; et bientôt, les détachant des frises où ils battaient des ailes, trainaient leurs écailles imbriquées, ou se suspendaient à la volute d'un rinceau, il les a isolés en groupe en les mêlant à la figure humaine, et en a tiré un parti tout nouveau »[7]. Dans La Lumière, le critique estime que les deux groupes sont « des œuvres d'entrain et d'une entente parfaite »[8]. Selon Claude Vignon, les deux groupes, en plâtre, sont « des académies très étudiées sur nature et des compositions dramatiques et mouvementées, où toutes les difficultés de la statuaire semblent avoir été réunies pour être vaincues », la critique concédant toutefois que « le modelé des nus est un peu sec »[9]. Louis Auvray estime que dans les bronzes « il y a du mouvement, de l'effet, mais les nus demanderaient un peu plus d'étude »[6]. Les deux installations à CaenAuguste Lechesne obtient en 1859 la charge d'une classe de sculpture, créée pour lui à l'école des Beaux-Arts de Caen, installée dans l'ancien séminaire des Eudistes[A 1]. Cette classe s'installe dans une nouvelle aile construite en 1861 sur la rue Saint-Laurent[B 1],[C 2]. À la fin des années 1850 et au début des années 1860 en effet, l'ancien séminaire, qui regroupe les différentes institutions municipales[note 1], fait en effet l'objet d'importants travaux d'extension. Les différents bâtiments, anciens et nouveaux, s'organisent autour d'une grande cour aménagée en jardin public, qui devient le pivot de cet ensemble architectural, inauguré en 1861[C 4]. Cette année-là, une grande exposition est organisée par la Société des beaux-arts de Caen. Auguste Lechesne, membre de cette société savante[B 2], fait partie du comité organisateur[B 3]. Les deux groupes sont installés de part et d'autre du bassin aménagé au centre du jardin[B 4]. En 1862, Auguste Lechesne fait don des deux groupes à la ville[C 1],[note 2]. Les œuvres sont exposées à demeure dans la cour d'honneur[10],[C 1]. Deux autres groupes d'Auguste Lechesne, Combat et frayeur et Victoire et reconnaissance, sont installés dans la cour [11],[note 3]. Le 29 avril 1882, Albert Mériel est le premier maire de la ville élu au suffrage universel masculin. Il continue la politique de « républicanisation » de la cité engagée par son prédécesseur Paul Toutain[14]. Au conseil du 18 août, le conseil municipal vote le principe du réaménagement de la place Royale, renommée à la même occasion place de la République. Il est prévu d'aménager un square au centre de la place. Entouré d'une grille, il s'organise autour d'un grand espace circulaire, au milieu duquel doit être placé un kiosque à musique remplaçant la statue de Louis XIV (retirée dès septembre 1882[15]). De ce grand rond-point partent des allées rayonnantes délimitant des parterres plantés de fleurs et d'arbustes[C 5]. Le réaménagement de la place est confirmé au conseil municipal du 13 novembre 1882[16] et les travaux sont menés principalement au début de l'année 1883 en vue de l'exposition régionale organisée cette même année[17],[note 4]. Afin d'orner la partie Ouest de la place, les deux groupes sont installés de part et d'autre de l'allée reliant le kiosque à l'ancien séminaire[C 1]. En avril 1884, est installé du côté Est de la place le monument en l'honneur de Daniel-François-Esprit Auber[20],[note 5]. L'installation des Dénicheurs et du monument à Auber dans le cadre du réaménagement de la place s'inscrit dans le mouvement de statuomanie à l’œuvre en France dans la deuxième partie du XIXe siècle[22]. Leur sauvetage puis leur destruction partielle dans les années 1940Lors de l'Occupation, les forces allemandes exigent en la mobilisation des métaux non ferreux. La loi du 11 octobre 1941 relative à l'enlèvement des statues et monuments métalliques en vue de la refonte prévoit que « sera procédé à l'enlèvement des statues et monuments en alliage cuivreux sis dans les lieux publics et dans les lieux administratifs, qui ne présentent pas un intérêt artistique ou historique »[23]. Les deux groupes sont inscrits sur la première liste de 1941[24]. Le préfet du Calvados écrit deux fois au secrétaire d'État à l’Éducation nationale pour les sauver. Parallèlement, un des adjoints au maire intervient auprès de Louis Hautecœur, secrétaire général des Beaux-Arts[note 6],[24]. L'édile justifie son intervention en soulignant que « ces œuvres de moyenne dimension d'ailleurs sont véritablement les meilleurs morceaux de sculpture qu'il existe à Caen. Œuvres du bon sculpteur caennais Auguste Lechesne (1815-1888), leur sujet et leur grâce s'harmonisent parfaitement au cadre qui les entoure. On peut dire, sans crainte d'être taxé d'exagération, que leur disparition serait une perte au point de vue de l’urbanisme comme au point vue de l'art »[24]. Les œuvres sont enlevées de leurs socles[24]. Mais la ville obtient exceptionnellement leur sauvetage en offrant en échange 400 kg de bronze en vrac, soit le double de leur valeur estimée[24],[C 1]. Lors de la bataille de Caen en juin-juillet 1944, les œuvres sont gravement mutilées[24]. Du fait de leur état, elles n'ont pas été replacées dans l'espace public, mais sont exposées dans le cadre d'expositions consacrées à la seconde guerre mondiale. Le groupe Les enfants dénicheurs est exposé au Mémorial de Caen[C 1]. Le groupe Les enfants dénicheurs mordus par un serpent est déposé dans les collections du musée de Normandie[24]. Il fait partie de l'exposition temporaire de ce musée Bronzes en péril, organisée dans la salle de l'Échiquier du château de Caen du 1er mai au [25]. Il est désormais exposé à l'hôtel de ville (dans l'ancienne porterie de l'abbaye aux Hommes) dans le cadre de l'exposition permanente Un été 44, la vie continue[C 1]. Dans le cadre du premier budget participatif de la Ville de Caen, il est demandé la réinstallation en centre-ville de plusieurs statues déplacées après la Seconde guerre mondiale (Les dénicheurs, le Centaure et Bacchante[note 7] et le monument à Demolombe [note 8]). Mais à ce jour, seul ce dernier a été réinstallé en 2024 sur la place de la République, à son emplacement d'origine[26]. DescriptionLes deux groupes mettent en scène deux dénicheurs d'oiseaux représentés nus. Dans le groupe Les enfants dénicheurs, l'un d'eux est debout. De son bras droit, il se protège les yeux des coups de bec de deux oiseaux qui l'attaquent. La mère oiselle a « le bec tendu, les plumes hérissées »[7]. La main gauche du maraudeur laisse tomber un nid qui se déverse au sol avec ses oisillons. Le second enfant est à genoux. Il enserre la taille de son ami de son bras gauche et saisit de sa main droite un serpent sorti des broussailles et qui veut le mordre[6]. Dans le groupe Les enfants dénicheurs mordus par un serpent, l'enfant debout hurle et soutient dans ses bras un autre enfant tombant au sol, mordu par un serpent enlacé à sa jambe[6]. Selon Théophile Gautier, les enfants « se débattent en vain dans [les] replis [du serpent], effarés et tordus comme les fils de Lacoon dans les nœuds de l'hydre »[note 9],[7]. À leurs pieds, Auguste Lechesne a « pathétiquement éparpillé les oisillons sur les débris de leur nid brisé »[7]. Sont inscrites à la base cette maxime en vers[6],[2],[27] : « Dieu seul a droit sur tout ce qui respire » sur Les enfants dénicheurs, « Ne pouvant rien créer, il ne faut rien détruire » sur Les enfants dénicheurs mordus par un serpent. Les deux œuvres reposaient sur des piédestaux octogonaux.
Notes et référencesNotes
Références
Voir aussiArticles connexesLiens externes
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