Le MUR, acronyme de modulable, urbain et réactif, est une association française fondée en 2003 et dont l’objet est de promouvoir l’art contemporain et l’art urbain en particulier. Association française d'intérêt général, de type loi de 1901, elle a été fondée autour du peintre et sculpteur français Jean Faucheur, du situationniste Thomas Louis Jacques Schmitt dit « Thom Thom »[1], de Malitte Matta et du collectionneur Bob Jeudy.
L'association propose à des artistes urbains, à des graffeurs, de s'exposer de manière éphémère sur un mur situé au niveau du 107 de la rue Oberkampf, dans le 11e arrondissement de Paris ; un nouvel artiste expose une œuvre toutes les deux semaines. La nouvelle œuvre remplaçant la précédente, elle perpétue ainsi le principe d'un art urbain éphémère[2],[3],[4].
Historique
Selon l'entretien entre Jean Faucheur et Thomas Schmitt[5] De à , le double panneau publicitaire à l'intersection des rues Oberkampf et Saint Maur (dans le XIe arrondissement de Paris) devient un « spot » de l'art urbain parisien. Un peu comme un squat vertical, les deux panneaux « 4 par 3 » d'affichage gérés à l'époque par la société Giraudy sont brouillés. Le détournement systématique du panneau par Thomas Schmitt génère un premier cercle de rencontres : Nomad, Vast, L'Atlas, affirmant que le stree-art s'infiltre bien dans le XIIIe arrondissement, malgré des décors uniformes à la Jacques Tati[6] où il découpait les affiches à l'angle de la Place Verte et de la Rue Oberkampf, devenu entretemps le M.U.R.[7].
L'année suivante (-), Thomas Schmitt invite Jean Faucheur à venir coller une affiche sur le panneau détourné depuis presque un an. Faucheur présente alors une série d’œuvres réalisées dix ans auparavant, en commençant par une scène tricolore, Gran' Popa Scalp. C'est ensuite la série des échantillons[8]. Le cercle s'élargit en 2002 en un collectif éphémère d'artistes. L'objectif de ce groupe, baptisé Une nuit, est de remplacer en une nuit les affiches publicitaires du 11e et 20e arrondissement par des œuvres originales de 4 mètres sur 3 réalisées dans le squatt artistique de l'association Arts et Toits. Le collectif revendique sa première action le [9].
En , et jusqu'en , à l'occasion du tournage du clip de Youssou N'Dour et Pascal Obispo, So many men, le MUR est intégralement recouvert d'un papier bleu permettant l'incrustation. Une fois le tournage achevé, Thom Thom réalise un double megalogo[10].
Période « Réservé aux autistes » (janvier 2003-janvier 2007)
Dans les premiers jours de 2003, le double panneau Giraudy est retiré. Un nouveau bardage est mis en place par Dauphin avec un panneau sous plexiglas côté cour et un petit panneau (200 × 150 cm) côté jardin. Ce panneau est accompagné d'un écriteau indiquant « Avis aux artistes, ce panneau vous est spécialement réservé pour donner libre cours à votre imagination. » Quelques heures après sa pose, l'écriteau est détourné par Thom Thom en « Avis aux autistes etc. »[11],[12]
Cette situation persiste jusqu'en 2007. Deux nouvelles actions « une nuit » ont lieu le puis le [13].
En , les statuts de l'association MUR sont déposés. Dès lors, le projet d'un « mur-galerie » est proposé aux autorités[14]. Le Comité de l'art dans la ville donne un avis favorable en [15].
Première période officielle (2007-février 2009)
L'inauguration officielle a lieu, en présence de Georges Sarre, le jeudi [16]. La première affiche « légalement collée » est signée par Gérard Zlotykamien. Un double panneau, installé par Clear Channel pour le compte de la mairie est mis en place de manière temporaire. Les travaux de restaurations sont annoncés. La dernière affiche collée sur le « MUR vert » est celle de RERO[réf. nécessaire].
Seconde période officielle (depuis mai 2009)
Le nouveau MUR (teinte puce) entre en fonction en avec l'affiche phosphorescente de Pierre Huyghe qui rend hommage à Manhu, membre décédé des Frères Ripoulin. D'août à décembre, le MUR présente des affiches d'abord exposées à la Fondation Cartier lors de « Né dans la rue - Graffiti »[17]. En octobre 2010, parait aux éditions Kitchen 93 Le MUR/The Wall, un premier livre-catalogue qui regroupe toutes les œuvres exposées officiellement depuis Gérard Zlotykamien jusqu'à Ella et Pitr[18].
Le MUR en activité
Les modes d’intervention sur le panneau sont libres et multiples. Les artistes utilisent les matériaux de leur choix, comme l'aérosol, l'acrylique, la colle, l'encre. Généralement ils créent des œuvres de 3 × 8 mètres pour respecter le cadre. Cependant, ceci reste aussi un choix.
En 2009, l'association collabore[19] à l’exposition « Né dans la rue – Graffiti », qui s'est déroulée à la Fondation Cartier du au [20]. La Fondation Cartier a invité les artistes Alëxone, le collectif 1980, Fancie, Jean Faucheur, WK Interact, Honet, NP 77, Poch, RCF 1, Sun7 et Thom Thom à créer des œuvres en public[19]. Ces œuvres furent exposées un mois puis affichées sur le mur d’Oberkampf[21].
Exposition « 400ML »
Le MUR gère aussi « 400ML Project », une exposition à l’initiative des collectionneurs Mathilde et Gautier Jourdain de bombes customisées par des artistes urbains du monde entier[22],[23]. Quand Jean Faucheur offre une bombe aérosol customisée à Gautier Jourdain, ce dernier ne pensait pas qu’il consacrerait deux ans de sa vie à la réalisation de cette collection unique : 400 bombes réalisées par 400 artistes internationaux[22]. Le titre du projet est choisi en référence à la contenance européenne standard d’une bombe aérosol (400 millilitres). Cette collection achevée, Gautier Jourdain eut l'initiative de la céder au MUR pour sa diffusion.
La bombe aérosol est l’objet fédérateur qui symbolise le mieux l’art de la rue. Tous les artistes ne l’utilisent pas. Pour autant, qu’ils soient adeptes du collage, des stickers ou des performances, tous se reconnaissent dans ce symbole. Dès lors, 400 artistes urbains emblématiques dans le monde ont accepté de travailler sur ce support. L’exposition a été montrée pour la première fois en à la Maison des Métallos à Paris . Depuis cette date, « 400ML Project » est devenue une exposition itinérante[24].
Engagement
Durant les législatives 2022, une fresque de Mode2 pro-NUPES es affichée sur le M.U.R. et accusée de "promotion illégale selon l’opposition de droite[25]. Bob Jeudy a également été proche de Philippe Séguin[7].
Liste (non exhaustive) des artistes présentés sur le MUR
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Jusque-là tout va bien : propos de Jean Faucheur recueillis par Thomas Schmitt ; présenté par Daniel Cresson, Critères éditions (col. Critères urbanité), 2004 (ISBN2-9519455-4-X) BNF40053893[65]
Florence Pacaud, « Le MUR, de l'illégalité à l'institution », entretiens avec Thomas Schmitt, 2011[3] sur le site de France Culture (18/5/2011)
Florence Pacaud, « À coup de griffes sur les murs », entretiens avec Thomas Schmitt, 2011[4] sur le site de France Culture (18/5/2011)
↑Selon Ambre Viaud, « L'association MUR est un projet collectif qui propose à plusieurs artistes d'exposer successivement leur travail. Régulièrement, un artiste affiche son œuvre sur un grand panneau à l'angle de la rue Oberkampf et de la rue Saint Maur à Paris. Chaque nouvel artiste est lié aux autres, chaque nouvelle affiche recouvrant la précédente. » ; cf. Ambre Viaud, Street Art, Un musée à ciel ouvert, édition Palette, coll. L'Art & La Manière, 2011, p. 6 (ISBN2358320846) ; cet ouvrage comporte 31 pages, avec de nombreuses illustrations en couleur, cf. notice BNF FRBNF42519702.[réf. à confirmer]
↑Jean Faucheur et Thomas Schmitt, « Avant-propos », Le Mur / The Wall, Kitchen 93, Bagnolet, 2010 (ISBN2-85980-015-8), p. 10-19 (distribution de l'ouvrage Critique Livres SAS).
↑Antoine Besse, « Urban Free Style pour le Mur de l'Art », Zurban 24 septembre 2003.
↑J.H., « Les artistes supplantent la pub », Le Parisien, 3 mai 2007.
↑Aurélie Sarrot, « De l'art à la place de la pub », Métro, 25 janvier 2007.
↑à propos de l'œuvre d'Alëxone : Billboard painting exhibited at Fondation Cartier and subsequently pasted on the MUR, on the rue d'Oberkampf. Paris, 2009 Patrick Nguyen and Stuart Mackenzie, Beyond the Street: The 100 Leading Figures in Urban Art, gestailten, p. 185.
↑Stéphanie Genestar, « Né dans la rue - Graffiti - Fondation Cartier pour l'art contemporain - Du 7 juillet au 10 janvier 2010. », LCI, (lire en ligne)
↑ a et bMarie Lechner, « Lâcher de 400 bombes à Paris », Libération, (lire en ligne)
↑Léonor de Bailliencourt, « 400 ml Project », Pixelcréation, (lire en ligne)