Khirbat Umm Burj, aussi appelé Umm Burj ou Oumm Bordj, est un ancien village arabepalestinien qui se trouvait à 17 km au nord-ouest d'Hébron. Il occupait quelque 30 dounams sur la crête d'une colline, à environ 430 mètres au-dessus du niveau de la mer. Rattaché dans l'organisation de la Palestine mandataire au sous-district d'Hébron, il a perdu sa population pendant la guerre de 1948.
Toponymie
D'après Edward Henry Palmer(en), Umm Burj signifie « la mère de la tour »[1]. Selon les archéologues israéliens Amir Ganor et Boaz Zissu, Umm Burj pourrait être une corruption de Kefar Bish, nom d'un village juif du premier siècle ; mais ce point de vue s'oppose à celui de Samuel Klein, pour qui Kefar Bish se survit dans le nom de la ruine voisine de Khirbet al-Bis[2],[3].
Histoire
Le site a été occupé dès l'âge du fer. Il s'y trouvait une grande nécropole, comprenant un lieu de culte (église ou synagogue), des bâtiments résidentiels et de nombreuses installations agricoles[4]. À la fin du dix-neuvième siècle, d'importants vestiges chrétiens sont repérés dans les environs[5]. Un érudit finlandais, Aapeli Saarisalo, visitant le site d'Umm Burj au début du vingtième siècle, y identifie des ruines d'origines byzantine et arabe[6].
Période ottomane
En 1838, Umm Burj est mentionné en tant que village, situé entre Gaza et les montagnes, mais relevant de la juridiction d'el-Khulil[7].
En 1863, Victor Guérin, étant passé à quelques kilomètres au nord, décrit, « sur une montagne, le village d'Oumm-Bordj, qui domine au loin la contrée »[8].
Une liste de villages ottomans établie vers 1870 lui attribue une population masculine de 150 hommes, et 25 maisons[9],[10].
En 1874, Charles Clermont-Ganneau relève à proximité du village la présence d'un puits appelé Bîr Hârûn, surmonté d'un appareil grossier et près duquel se trouvaient des auges creusées dans de gros blocs de pierre[11].
En 1883, le Survey of Western Palestine(en) du PEF décrit Umm Burj ainsi : « Un village en ruine, avec une tour centrale, qui n'est apparemment pas ancienne ; des grottes et des citernes alentour, et un puits »[12]. Pour Walid Khalidi, l'hypothèse selon laquelle la tour ne serait pas ancienne pourrait être erronée[13].
Mandat britannique
Selon le recensement de la Palestine de 1931, Umm Burj et Sanabra, classés dans le sous-district d'Hébron, comptaient ensemble une population de 119 musulmans, et un total de 26 maisons[14].
D'après les statistiques de 1945(en), le village possédait une population de 140 musulmans[15],[16] et 13 083 dounams de terre[16] ; sur ce total, 28 dounams étaient irrigués ou utilisés pour les plantations et 3 546 dounams exploités pour les céréales[17], tandis que 15 dounams étaient classés en zones bâties (urbaines)[18].
Les villageois s'approvisionnaient en eau potable à trois puits situés aux abords nord du village[13].
Le moshav de Nehusha[21] s'est créé en 1955 sur d'anciennes terres d'Umm Burj, à l'ouest du site du village[22]. Fermé en 1968, il s'est rouvert en 1981.
Archéologie
Dans les années 1995-2012, des recherches archéologiques de terrain ont été menées à Khirbet Umm Burj pour le compte de l' Autorité des antiquités d'Israël. Elles ont conduit à la découverte de deux églises byzantines et d'une inscription juive gravée sur le montant de la porte d'une chambre souterraine insérée dans un système de tunnels secrets[23]. Les activités archéologiques se sont poursuivies au nom de l'Autorité en 2013[24] et en 2014[25].
↑Boaz Zissu and Amir Ganor, Survey and Excavations at Ḥorbat Burgin in the Judean Shephelah: Burial Caves, Hiding Complexes and Installations of the Second Temple and Byzantine Periods, ʿAtiqot (publication of the Israel Antiquities Authority), Issue 58 (2008), p. 63; Boaz Zissu, « Survey and Excavations at Ḥorbat Burgin in the Judean Shephelah: Burial Caves, Hiding Complexes and Installations of the Second Temple and Byzantine Periods », 'Atiqot, no 58, , p. 60–64 (JSTOR23464336)
↑Samuel Klein, The Twenty-four City Councils in Judea (ארבע ועשרים בולאות שביהודה), Vienna 1933, p. 293 (Hebrew)
Victor Guérin, Description géographique, historique et archéologique de la Palestine, vol. 1, t. 2 : Judée, Paris, Imprimerie nationale, , 426 p. (lire en ligne)
(de) Albert Socin(en), « Alphabetisches Verzeichniss von Ortschaften des Paschalik Jerusalem », Zeitschrift des Deutschen Palästina-Vereins, vol. 2, , p. 135–163 (lire en ligne)
En anglais
(en) Charles Simon Clermont-Ganneau, [ARP] Archaeological Researches in Palestine 1873-1874, translated from the French by J. McFarlane, vol. 2, Londres, Palestine Exploration Fund, (lire en ligne)
(en) Eric Mills (éd.), Census of Palestine 1931. Population of Villages, Towns and Administrative Areas, Jérusalem, Gouvernement de Palestine, (lire en ligne)
(en) Edward Henry Palmer(en), The Survey of Western Palestine : Arabic and English Name Lists Collected During the Survey by Lieutenants Conder and Kitchener, R. E. Transliterated and Explained by E.H. Palmer, Comité du Palestine Exploration Fund, (lire en ligne)
(en) Edward Robinson et Eli Smith, Biblical Researches in Palestine, Mount Sinai and Arabia Petraea : A Journal of Travels in the year 1838, vol. 3, Boston, Crocker & Brewster, (lire en ligne)
(en) Département des Statistiques, Village Statistics, April, 1945, Gouvernement de Palestine, (lire en ligne)