Son bisaïeul, Louis, sous Louis XVI était chirurgien major des gardes françaises, chevalier de Saint-Louis. Son aïeul, Marie-Louis François Xavier, lieutenant-commandant du château d'If de la ville de Marseille. Son père Étienne-Louis, sur les conseils et sous le haut patronage d’un proche parent, Richard d’Aubigny, administrateur des hôpitaux de Paris et directeur général des Postes, était entré dans cette dernière administration. Nommé à Montpellier il épouse le la fille d’un de ses collègues, Jeanne Falque. De ce mariage naîtront trois enfants. Un premier fils qui suivit la carrière de son père, une fille et trois ans plus tard Jean-François le futur sculpteur[1].
Devenue veuve, sa mère épouse en secondes noces M. Héral, un musicien. La nouvelle famille s’installe à Lyon. M. Héral se comporte en véritable père et décèle chez Jean-François Legendre des dispositions artistiques qu’il encourage. C'est ce dernier qui va lui faire découvrir les arts et lui permettre d'entrer à l'école de dessin de Lyon]. Le jeune homme sensible à ce dévouement accole le nom de son beau-père au sien en signe de reconnaissance.
En 1810, Jean-François Legendre-Héral commence donc ses études artistiques à l’École spéciale des arts de dessin de Lyon, future École des beaux-arts. Il se fait vite remarquer par sa vive intelligence, son travail, son application et son caractère aimable. Il s’oriente vers la sculpture et devient alors élève de Joseph Chinard. À la fin de sa première année il obtient un prix avec la mention honorable, et un second l’année suivante. À la mort de Chinard en 1813, il devient élève de Joseph-Charles Marin (grand prix de sculpture de 1812).
Carrière
En 1818, son maître Marin démissionne. Fait peu ordinaire, le jeune homme alors âgé de 23 ans et à peine sorti de l’École est appelé à prendre la place de son maître. Il est nommé professeur de sculpture par décret royal délivré par le maire de Lyon, le baron Rambaud le . Jean-Marie Bonnassieux et Hippolyte Flandrin seront ses élèves.
Dès l’année suivante, Legendre-Héral expose à Paris au Salon du Louvre de 1819 un Jeune Lutteur qui lui vaut la médaille d’or. Toutefois la critique ne l’épargne pas et un salonnier du Moniteur universel se demande si certaines parties ne sont pas moulées d’après nature.
La classe de sculpture attire difficilement ses élèves par manque de vente d’œuvres d’art et par l’insuffisance des applications de cet art à l’industrie. Legendre-Héral sollicite un congé pour se rendre à Paris et à Rome afin de se perfectionner.
Le maire de Lyon, le baron Rambaud et le préfet du Rhône, Lezay-Marnesia, obtiennent du duc Decazes, ministre de l’Intérieur que Legendre-Héral puisse partir pour deux ans. Le voyage est aux frais de la ville. En échange, le sculpteur s’engage à professer pendant dix ans et à réaliser deux commandes en marbre de la Ville pour le musée[2]. Ces deux œuvres seront Léda et Eurydice. Eurydice fut envoyée au Salon de 1822 et le gouvernement en commanda une réplique pour le musée des Beaux-Arts de Bordeaux.
À son retour à Lyon, Legendre-Héral épouse le une de ses élèves, Lucie Wable[3]. Le peintre Pierre Révoil, alors directeur de l’École des beaux-arts et professeur de peinture, fut l'un des témoins du marié. De cette union naîtront trois enfants, deux filles — dont l'une meurt à cinq ans — et un fils.
Le il est à Paris pour traiter, avec la députation de l'Hérault, de la réalisation d'une statue équestre de Louis XIV pour la ville de Montpellier. Cette même année, il est reçu à l’Académie de Lyon dans la classe des Belles-Lettres et Arts.
En 1828, il s'installe au nord du cours Charlemagne, sur la presqu'île Perrache, en face de la Maison Brumiel armurier[4]. Bon vivant, il invite ses camarades à venir chez lui. Cette maison est aujourd'hui remplacée par la gare de Lyon-Perrache.
Son fils Charles épouse une Américaine puis part aux États-Unis où il devient général pendant la guerre de Sécession, puis ambassadeur en Chine, au Japon, et enfin ministre. Il sert de modèle à son père, en particulier pour la statue de Giotto dans le jardin du Palais Saint-Pierre à Lyon.
Le , sa fille récemment mariée meurt en couches à l’âge de 21 ans.
Affaibli par une maladie de moelle épinière, il s’installe en 1849 dans un domaine à Marcilly dont il fait l'acquisition. Il y meurt le .
Après sa mort, son élève Louis Léopold Chambard achève les retouches du bas-relief de l'École des mines, et la tête formant la clef de l'archivolte de la porte[6].
Sa veuve meurt le dans le palais de l’Institut, où Jean-Marie Bonnassieux et Hippolyte Flandrin, anciens élèves de Legendre-Héral, avaient obtenu du Gouvernement qu’elle puisse finir ses jours.
Il est enjoint par son ami Henri Orsel de réaliser une statue plus petite que nature pour clore le débat[7].
Legendre-Héral répondra en 1823 par son Silène ivre, beaucoup plus petit que nature qu’il reproduit deux fois, une fois pour le musée des Beaux-Arts de Lyon, une seconde pour le comte d’Artois (futur Charles X).
Œuvres
Dessin
Cheval, dessin au crayon, localisation inconnue[8].
Jésus-Christ, dessin au crayon, localisation inconnue[9].
Estampe
1844, Buste de Madame de Wable, née de Meuse, belle-mère de l'artiste. Eau-forte, localisation inconnue[10].
Apôtres, 1825, bas-reliefs rectangulaires en plâtre destinés à la décoration du maître-autel ,
Apôtre, 1825, plaques rectangulaires en plâtre, dont le sommet est en demi-cercle ; bas-reliefs destinés à la décoration du maître-autel ;
Le Christ et les douze apôtres, 1825, ensemble de statuettes du maître-autel de l'ancien grand séminaire de Brou, dessiné et commandé par Mgr Devie. Autel en marbre gris clair veiné de forme rectangulaire. Sous la table d'autel une frise sculptée en dentelle comme celle de Brou. Dessous se trouvent quinze niches architecturées avec colonne, chapiteaux corinthiens et baie trilobée en haut. La répartition est de neuf niches sur l'avant et trois niches de chaque côté et, à l'intérieur, quinze statuettes de bronze doré rapportées et fixées reposant sur un socle de marbre sur lequel sont entrelacées en métal doré. Les statuettes représentent le Christ et les douze apôtres. Judas l'Iscariote est remplacé par Matthias auquel il faut ajouter saint Paul, ainsi que Luc et Marc (l'autel a coûté près de 8 000 francs). Le grand séminaire ferma en 1907 et l'autel fut acquis en 1939 par maître Villefranche père, avocat à Bourg pour 5 000 francs. En 1941, l'autel est placé dans la nouvelle église du Sacré-Cœur de Bourg-en-Bresse. Il fut démonté en 1968 pour répondre à la nouvelle liturgie.
Jeune femme ornant la tombe de la famille Monnier, 1827. Statue de marbre plus petite que nature. La Jeune femme debout serrant de la main droite une croix sur sa poitrine, de sa main gauche tombante, deux boutons de fleurs. Sur le tombeau on lit l’inscription « À la mémoire d’Adelaïde Monnier, née Grillet, décédée le à l’âge de 46 ans »[11] ;
Ange priant, 1835. Surmonte la tombe d’Antoine Pinet mort à 4 ans[12].
Henri IV, 1829. La tête en calcaire de cette œuvre, abîmée par la pollution, fut remplacée par un moulage lors de la restauration de 1985. L'original est conservé à Lyon aux musées Gadagne ;
Buste de Louis-Philippe 1er, duc d'Orléans, roi de France, 1830, plâtre dont l'artiste se propose d'en faire tirer des copies en fonction des commandes dans une lettre en date du destinée au préfet.
Portrait du préfet Lezay Marnesia en Hermès, buste en plâtre ;
Ferdinand Philippe d'Orléan, buste en plâtre, 1844.
œuvres disparues, détruites lors des restaurations des galeries du palais des Beaux-Arts de Lyon :
La mort d'Epaminondas, 1813, plâtre bas-relief ;
L'Amour endormi, 1813, plâtre, exposé au Louvre en 1817 ;
Narcisse se mirant, 1815, plâtre, exposé au Louvre en 1817 ;
Hébé, 1815, plâtre, exposé au Salon du Louvre de 1817.
Palais de justice : La Ville de Lyon accueille les Arts, le Commerce, l'Industrie et l'Agriculture, 1847, bas-relief, entrée, salle des pas perdus (mur est).
Saint Jean le Précurseur et les Évangéliste, 1838, cinq bas-reliefs en marbre décorant les panneaux du coffre de la chaire. Au milieu le Précurseur et sur les autres faces les Évangélistes sans aucun symboles qui les caractérisent, ils se reconnaissent aux monogrammes placés à leurs côtés[17].
faculté de médecine : Buste de Paul-Joseph Barthez (1734-1806), docteur en médecine, 1826. Dans une lettre datée du 28février1826, il annonce l'achèvement de ce buste précisant qu'il reste à le faire sécher et luire et qu'il l'a réalisé à partir du portrait peint par Jean-Jacques Bestieu. La statue en bronze de Paul-Joseph Barthez se trouvant à l'entrée de l'université est inspirée de son œuvre, et deux copies à l'identique de son buste sont conservées au musée Atger et dans le hall de la faculté de médecine de Montpellier. Buste en terre cuite à la française, sur piédouche quadrangulaire.
1837, Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, naturaliste, professeur d’histoire naturelle au Muséum, créateur de la ménagerie du Jardin des Plantes. Buste en plâtre, 52cm de haut, exposé au Salon de Paris de 1838. Conservé dans la salle d’Assemblée des professeurs[19]. Répétition du même buste en plâtre bronzé au Jardin des Plantes dans les anciennes galeries de zoologie, premier étages, salle des Oiseaux ou de l’Horloge[20] ;
Reims, musée des Beaux-Arts : Colbert, 1844, maquette en terre cuite d'environ 30 cm de haut, projet non abouti d'une statue pour sa ville natale de Reims. Colbert debout, la tête nue, avec le vêtement du temps sur un petit socle en bois sur lequel est inscrit « don de l'Académie de Reims en 1854 ».
Psyché ou l’Éveil de l’âme, 1842, représente une jeune fille assise essayant de saisir un papillon posé sur son genou. Plâtre exposé au Salon de Paris en 1841 et à la Société des Amis des arts de Lyon en 1847, le marbre au Salon annuel de Paris en 1844. Statue d’abord placée au Musée du Louvre puis au château de Saint-Cloud d’où elle disparaît pendant la guerre de 1870-1871[21] ;
L'Éveil de l'âme, Salon de 1844, détruit dans l'incendie de 1871.
La Sculpture et la Peinture appuyées sur un bas-relief antique, 1841. Figurines signalées par Alfred Nettement, auraient été faites pour Mme de Mirbel qui voulut les couler en or pour orner un bracelet[17].
Buste du duc d'Orléans, Salon des artistes français de 1843.
Portrait en médaillon de François Bouche, avocat, député du Tiers des sénéchaussées de Forcalquier et Sisteron aux États Généraux, 1844, médaillon en marbre. Fut réalisé lors d’une excursion à Forcalquier pour graver dans la pierre les traits du dernier député vivant de l’Assemblée constituante[17].
La Halte des artistes lyonnais à l'Île Barbe, 1824, huile sur toile sur laquelle Legendre-Héral est représenté par le peintre Antoine Duclaux, musée des Beaux-Arts de Lyon.
Jean-Marie Bonnassieux, « Le modèle de Giotto enfant de Legendre-Héral », Revue du Lyonnais, I, 1886, p. 354.
Stanislas Lami, Dictionnaire des sculpteurs de l'École française du XIXe siècle, Paris, réédition de 1970, p. 289.
J. Birot, Legendre Heral, sculpteur lyonnais, 1796–1851, discours de réception du , par M. le Dr J. Birot.
Maryannick Lavigne-Louis, « Legendre Jean François, dit Legendre-Héral (1796-1851) », in : Dominique Saint-Pierre (dir.), Dictionnaire historique des académiciens de Lyon 1700-2016, Lyon : Éditions de l'Académie, 2017, p. 786-788 (ISBN978-2-9559433-0-4).
Catherine Chevillot, « La sculpture au XIXe siècle à Lyon : école ou École ? », in : Le Temps de la Peinture, Lyon 1800-1914, Lyon, Fage Éditions, 2007, p. 144–151. — Catalogue de l'exposition au musée des Beaux-Arts de Lyon en 2007.