Jane Margaret Soons, née le à Great Gonerby au Royaume-Uni et morte le à Christchurch, est une géomorphologueanglaise naturalisée néo-zélandaise. Une des premières femmes docteure en géographie à l'université de Glasgow, sa carrière est bloquée par un environnement favorisant ses collègues masculins. Elle immigre en Nouvelle-Zélande où elle gravit rapidement les échelons jusqu'à être en 1971, la première femme professeure à l'université de Canterbury. Spécialisée en géomorphologie glaciaire, elle étudie la construction et l'évolution du paysage de la Nouvelle-Zélande et influence durablement par ses méthodes la discipline. Ses recherches sont récompensées de nombreux prix.
Biographie
Formation
Jane Soons naît le 18 juin 1931 dans une famille d'ouvriers[1]. Elle grandit dans un cottage du petit village anglais de Great Gonerby[2]. À onze ans, Jane Soons remporte une bourse pour étudier à l'école pour fille Kesteven et Grantham(en) et commence l'année où Margaret Thatcher est préfète à l'école[3]. En 1949, elle remporte une autre bourse, cette fois pour entrer à l'université de Sheffield. Si au début elle n'est pas particulièrement intéressée par la géographie qui est « just one of those things (juste une de ces choses) » qu'elle étudie, la discipline la fascine rapidement[3]. Elle obtient un Bachelor of Arts en 1952, un Diploma of Education(en) en 1953 puis passe cinq mois à étudier la géomorphologie à l'Université de Strasbourg[2]. En 1958, elle soutient son doctorat sur The geomorphology of the Ochil Hills (La géomorphologie des Monts Ochil) qui traite de l'érosion par les eaux de fontes des glaciers[4]. Elle devient ainsi l'une des premières femmes titulaires d'un doctorat en géographie de l'université de Glasgow[5],[6],[7].
Départ pour la Nouvelle-Zélande
Après avoir enseigné dans deux universités britanniques, elle s'estime négligée dans sa carrière, décrivant le milieu avec « un sentiment inné que ce n'était pas un monde de femmes »[3],[7]. Par l'intermédiaire du géographe néo-zélandais George Jobberns(en), elle apprend l'ouverture d'un poste de chargé de cours à l'autre bout du monde, au département de géographie de l'université de Canterbury. Dans la Grande-Bretagne des années 1960, l'idée qu'une femme puisse combiner une carrière universitaire et une vie de famille était considérée comme étrange[3]. Les Néo-Zélandais, estime-t-elle plus tard, étaient, dans l'ensemble, plutôt moins anti-femmes et plus détendus[3].
Carrière en Nouvelle-Zélande
Au département de géographie de Christchurch, elle indique s'être sentie acceptée. Elle estime que l'on attendait d'elle qu'elle fasse tout ce que les hommes faisaient[7]. Un travail acharné la conduit à une promotion, une promotion la conduit à des opportunités de recherche, une recherche la conduit à un poste de professeure et un poste de professeure fait d'elle une pionnière à l'université de Canterbury[6]. Elle marque les esprits par ses conférences enthousiastes, sa capacité à tisser des liens entre les personnes et son mentorat auprès de jeunes géomorphologues et des futures générations de femmes scientifiques[7]. Pendant de nombreuses années, elle est la seule femme membre du personnel de l'université[8],[9]. En 2019, sept des dix-sept membres du personnel du département de géographie étaient des femmes[10]. Elle en prend la direction en 1990 jusqu'à sa retraite en 1992 où elle devient professeure émérite[11]. N'étant pas connue comme étant du genre à rester inactive, elle enseigne à la Canterbury Workers' Educational Association et est secrétaire d'associations sportives[3].
Mort
Soons est morte à Christchurch le 8 septembre 2020, à l'âge de 89 ans[12]. Selon ses contemporains, elle a réussi “in a male dominated world, without modelling herself on men,” (dans un monde dominé par les hommes, sans se modeler sur les hommes)[7]. Ses étudiants et collègues se souviennent d'elle pour sa gentillesse, ses encouragements et son soutien continu à leur travail[7]. L'université de Canterbury nomme le bâtiment de géographie en son honneur en juin 2021.
Travaux
Jane Soons est connue à l'échelle nationale et internationale pour ses recherches sur les héritages de la glaciation sur le paysage néo-zélandais[6]. Dans les années 1960, avec John Rayner elle introduit une nouvelle manière d'étudier la géomorphologie en mêlant facteurs climatiques et érosion du sol[2]. Elle étudie particulièrement les glaciers, leur érosion et donc la forte dispersion des sédiments dans la vallée de Rakaia[13]. Elle réalise de nombreuses premières observations géomorphologiques, comme sur la stratigraphie des éboulis dans la chaîne Craigieburn(en)[14]. Elle suit l'évolution du glacier François-Joseph ce qui permet de contribuer aux débats sur les changements environnementaux dans le centre de l'île du Sud[7]. Ses méthodes de terrain basées sur l'observation minutieuse, les liens de cause à effet et l'attention à la présentation et l'interprétation des résultats marquent deux générations de géographes en Nouvelle-Zélande[2].
Elle est présidente de l'Union internationale de recherche sur le quaternaire et la coordonnatrice du Comité national de recherche sur le quaternaire pour la Société royale de Nouvelle-Zélande[2].
En 2017, Soons a été sélectionnée comme l'une des 150 women in 150 words(en) de la Royal Society Te Apārangi, liste célébrant les contributions des femmes à la connaissance de la Nouvelle-Zélande[18].
Jane M. Soons, « Rainfall/runoff relationships at Cass, in the South Island high country » [« Relations pluie/ruissellement à Cass, dans le haut pays de l'île du Sud »], Journal of Hydrology (New Zealand), vol. 9, no 2, , p. 192–201 (ISSN0022-1708, lire en ligne, consulté le )
(en) James Shulmeister, Jane M. Soons, Glenn W. Berger et Margaret Harper, « Environmental and sea-level changes on Banks Peninsula (Canterbury, New Zealand) through three glaciation–interglaciation cycles », Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology, vol. 152, no 1, , p. 101–127 (ISSN0031-0182, DOI10.1016/S0031-0182(99)00035-8, lire en ligne, consulté le )
Jane M. Soons, « The glacial sequence in part of the Rakaia Valley, Canterbury, New Zealand », New Zealand Journal of Geology and Geophysics, vol. 6, no 5, , p. 735–756 (ISSN0028-8306, DOI10.1080/00288306.1963.10423621, lire en ligne, consulté le )
Jane M. Soons et F. W. Gullentops, « Glacial advances in the Rakaia Valley, New Zealand », New Zealand Journal of Geology and Geophysics, vol. 16, no 3, , p. 425–348 (ISSN0028-8306, DOI10.1080/00288306.1973.10431369, lire en ligne, consulté le )
Jane M. Soons et J.N. Rainer, « Micro-Climate and Erosion Processes in the Southern Alps, New Zealand », Geografiska Annaler: Series A, Physical Geography, vol. 50, no 1, , p. 1–15 (ISSN0435-3676, DOI10.1080/04353676.1968.11879768, lire en ligne, consulté le )
Notes et références
(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Jane Soons » (voir la liste des auteurs).
↑ abcd et eEditorial, « Jane Mary Soons: distinguished New Zealand geographer », New Zealand Geographer, vol. 57, no 2, (lire en ligne [PDF])
↑ abcde et fAnne Coldron, A most remarkable woman: the story of Professor Jane Soons, Macmillan Brown Library, Research essay (Department of Sociology), Life History Project Series,
↑Yvonne Battiau-Queney, « Relief, tectonique, érosion en Nouvelle-Zélande d'après de récentes publications/ Landforms, tectonics and denudation in New Zealand, from recent publication », Géomorphologie : relief, processus, environnement, vol. 5, no 1, , p. 73–84 (DOI10.3406/morfo.1999.976, lire en ligne, consulté le )
↑(en) Paul Augustinus, « Periglacial research in New Zealand: a review », South African Journal of Science, no 98, , p. 64-70 (lire en ligne)
↑(en) New Zealand Ministry for Culture and Heritage Te Manatu Taonga, « Jobberns, George », sur teara.govt.nz (consulté le )
↑« Erskine Grants Announced », University of Canterbury Chronicle, vol. 10, no 5 27, , p. 1 (lire en ligne)
↑« Jane Soons », Royal Society Te Apārangi (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
Anne Coldron, A most remarkable woman: the story of Professor Jane Soons, Macmillan Brown Library, Research essay (Department of Sociology), Life History Project Series,