Indicateur routier de Macquenoise

Dalle en céramique
de Macquenoise
dite « indicateur routier »
J. L. Hégly, l'auteur du dessin, précisait en 1959 qu'il « n'a pas été collationné avec l'original : l'orthographe des noms cités est donc donnée sous toutes réserves ».
J. L. Hégly, l'auteur du dessin, précisait en 1959 qu'il « n'a pas été collationné avec l'original : l'orthographe des noms cités est donc donnée sous toutes réserves ».
Dimensions 52 par 36 par 6 cm
Matériau grès cérame rouge
Période XVIIe siècle
Culture Époque moderne, inspirée de l'Empire romain
Date de découverte en 1947
Lieu de découverte Momignies
Coordonnées 50° 00′ 05″ nord, 4° 12′ 01″ est
Conservation Musée royal de Mariemont (réserve Ac.89/3)
Signe particulier Probable faux savant du début du XVIIe siècle
Géolocalisation sur la carte : Belgique

L'indicateur routier de Macquenoise ou de Momignies est une dalle en céramique gravée avant cuisson, portant une carte et un relevé des stations antiques entre Bavay et Massilia, trouvée à Momignies et conservée à Morlanwelz (Belgique).

Ce document aurait été réalisé au XVIIe siècle, d'après la technique utilisée, mais le contexte et la documentation dont il est issu est incertain.

Des spécialistes le qualifient de « faux savant », car il semble exclusivement basé sur ce qui était connu lors de sa fabrication, ou sur ce que l'on pouvait alors spéculer.

Découverte et conservation

Cette plaque aurait été dégagée de faible profondeur par des campeurs en 1947, en plusieurs morceaux[1], près de la chapelle de La Rouillie[2], sur le territoire de Macquenoise (commune de Momignies), à 10 km au sud de Chimay.

Elle est conservée dans la réserve du Musée royal de Mariemont, à Morlanwelz, sous le numéro d'inventaire Ac.89/3[3].

Historique des études de la dalle

En 1951, Jules Vannérus faisait l'hypothèse, basée sur l'étude des toponymes, que la dalle aurait eu pour modèle une carte antique inconnue. Toutefois, Paul Lebel (fondateur de la Revue archéologique de l'Est) déduisait de recherches publiées en 1952 que « le document serait l'œuvre d'un mystificateur instruit, qui aurait combiné des données empruntées à la table de Peutinger et à l'Itinéraire d'Antonin[4] », voire de l'Itinéraire de Bordeaux[5].

Depuis, bien que Jacques Chaurand n'envisage pas une mystification érudite moderne dans son article de 1992, celle-ci n'est toujours pas écartée par Tahar Ben Redjeb[6], voire est privilégiée par Marie-Thérèse Raepsaet-Charlier[7] (co-éditrice de la série de Recueil des Inscriptions latines de Belgique). Ainsi, la même année, cette dernière constate que, « dans la littérature récente », le « soi-disant "indicateur de Macquenoise" [est considéré être] un faux savant du début du XVIIe siècle ». De même, dans le 10e opus de la Carte archéologique de la Gaule intitulé L'Aube[8] et publié en 2005, Laurent Denajar ne retient que les conclusions critiques de Paul Lebel.

Il est alors significatif que le document n'a pas été inventorié par les recueils d'inscriptions latines, comme le tome 17-2 du Corpus Inscriptionum Latinarum de Gerold Walser (de), ou par les récents catalogues numériques d'inscriptions (comme Epigraphik-Datenbank Clauss-Slaby ou Epigraphic Database Heidelberg).

Les auteurs n'envisageant pas un faux savant

On notera que ni Vannérus, ni Chaurand, ne sont épigraphiste, archéologue ou antiquisant. Enfin, d'autres publications, parfois confidentielles et récentes, ont comme préalable non démontré que cette inscription serait la copie d'une carte romaine originale, plus ancienne que celles connues. Il est symptomatique que ces articles ignorent les travaux et conclusions des spécialistes[9]. Peut-être la rançon du succès des questions touchant au réseau routier romain, déjà présent au XVIIe siècle.

« Les circonstances assez troublantes de la trouvaille semblent corroborer cette dernière opinion [de Paul Lebel]. Le dernier mot, toutefois, ne semble pas avoir été dit dans ce débat. »

— Sigfried Jan De Laet 1952.

Inscription

Note : Transcription partielle (manque les toponymes et variantes indiqués sur la carte) basée sur le dessin de J. L. Hégly, dont « l'orthographe des noms cités est donnée sous toutes réserves ». Voir plutôt la photographie sur le portail ARTémis et l'étude toponymique et épigraphique de Deman 1965.

Première colonne :

Deuxième colonne :

Troisième colonne :

Quatrième colonne :

Annexes

Notes et références

  1. Elle se serait cassée lors de la cuisson, selon Deman 1965 (p. 115).
  2. 50° 00′ 05″ N, 4° 12′ 01″ E, cf. geoportail.wallonie.be.
  3. Voir la fiche de l'inventaire du Catalogue officiel des collections d'art et de Patrimoine culturel de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
  4. D'après la synthèse de Sigfried Jan De Laet 1952, p. 416.
  5. Selon Deman 1965.
  6. Tahar Ben Redjeb, « Une agglomération secondaire des Rèmes Nizy-le-Comte (Aisne) », dans Revue archéologique de Picardie, no 1-2, 1987, p. 34 (en ligne).
  7. Marie-Thérèse Raepsaet-Charlier, « Otto Cuntz (Ed.), Itineraria Romana. Vol 1. Itineraria Antonini Augusti et Burdigalense. Editio stereotypa editionis primae (MCMXXIX) ; Joseph Schnetz (Ed.), Itineraria Romana. Vol. 2. Ravennatis Anonymi Cosmographia et Guidonis Geographica. Editio stereotypa editionis primae (MCMXL) », dans L'antiquité classique, 61, 1992, p. 523 (en ligne).
  8. À propos des Textes et itinéraires antiques de l'époque romaine, l'indicateur révèlerait une voie douteuse de Reims à Avallon via Troyes (p. 164).
  9. Voir, par exemple, la bibliographie de Geneviève Lefebvre, en 2010.

Bibliographie

  • David Nicolas, « L’indicateur de Macquenoise, une source à réhabiliter ? », dans Découvertes récentes en Ardenne. Bulletin du Centre ardennais de recherches archéologiques, Charleville-Mézières, 2004, p. 67-73 (OCLC 800801622).
    Reprend et discute les éléments de son mémoire de 2002.
  • David Nicolas, Recherches sur les voies antiques dans le département des Ardennes [DEA de l’Université de Reims Champagne-Ardenne, sous la dir. de Claire Feuvrier-Prévotat], 2002, p. 7-19.
    « Objet épigraphique controversé et fabriqué au XVe – XVIIe siècles », selon François Pinnelli (Reims Histoire Archéologie) qui indique cette étude récente à propos de la dalle. David Nicolas est aussi l'auteur de la Carte archéologique de la Gaule, 8 (Les Ardennes) en 2011 (ISBN 978-2-87754-275-3).
  • Jacques Chaurand, « Apports et enseignements de l'indicateur routier de Macquenoise », dans Nouvelle revue d'onomastique, 1992, p. 33-51 (en ligne).
    S'abstient de commenter et de citer l'article de Lebel 1952 et qualifie ses conclusions ultérieures de « conjecture » (p. 41).
  • Albert Deman et Marie-Thérèse Raepsaet-Charlier, Les inscriptions latines de Belgique (ILB), Bruxelles, 1985, p. 6-7 note 1 (ISBN 2-8004-0865-0).
    Voir si, en 2002, l'inscription est mentionnée dans ILB² (ISBN 2-87031-205-9).
  • Martin Reuther (de), « Die Tontafelkarte von Momignies im Lichte der historischen Kartographie », dans Das Altertum, 13, 1967, p. 50-56 (ISSN 0002-6646).
    Considère que l'authenticité de la dalle n'est pas assurée.
  • Albert Deman, « Die straßenkarte von Momignies », dans Das Altertum, 11, 1965, p. 115-124 (ISSN 0002-6646) (en ligne).
    Reprend le dossier documentaire, épigraphique, et discute des objections sans trancher (note 1) : les circonstances de la découverte et l'état matériel ; le mode de représentation et la technique de gravure ; le contenu du document (p. 117).
  • Jean Louis Hégly, « L’indicateur routier de Macquenoise. Contribution à l’étude du réseau des chaussées antiques dans le Nord-Est de la France (région des Ardennes et de la Marne) », dans Bulletin de la Société archéologique champenoise, 2, Reims, 1959, p. 6-13, 4 fig. (en ligne).
    N'a pas consulté ni cité Paul Lebel.
  • Sigfried Jan De Laet, « Archéologie, 1952, 2 [L'indicateur routier de Macquenoise (Momignies)] », dans L'antiquité classique, 21-2, 1952, p. 416 (en ligne).
  • Paul Lebel, « La carte routière de Momignies (Belgique), un original antique ou un faux moderne ? », dans Revue archéologique de l'Est, 3, 1952, p. 43-51 (ISSN 1760-7264).

Article connexe

Liens externes