Hôtel de MortemartHôtel de Mortemart
L’hôtel de Mortemart est un hôtel particulier situé au no 27 rue Saint-Guillaume, dans le 7e arrondissement de Paris[1]. Il est, depuis la fin du XIXe siècle, le siège de l'Institut d'études politiques de Paris[2]. Il s'agit d'un hôtel Grand Siècle. HistoireTerrain (IXe siècle - 1663)Le terrain correspondant au n°27 appartient à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés à partir du Moyen Âge. Il est vendu à la famille de Jean-Pierre de Mesmes au XVIe siècle et demeure entre les mains de la famille jusqu'en 1643. Ses difficultés financières l'obligent à vendre le terrain à son créancier, Jean du Cornet. Il vend le terrain le 21 janvier 1661 à François de Matignon[3] pour 9 000 livres[4]. Propriété de la famille de Mortemart (1663-1683)François de Matignon vend à son tour le terrain à Gabriel de Rochechouart de Mortemart, pair de France, proche de Louis XIII et père de madame de Montespan[5], en 1663[6]. Il se situe alors dans une rue appelée rue des Rosiers[7]. Il est attenant à une propriété du maréchal Charles de La Porte, l'hôtel de La Meilleraye[8]. L'architecte Jean Marot est engagé pour décider de l'architecture du bâtiment[9] et crée les plans de l'hôtel[10]. La construction est lancée en juillet 1663 et coûte 73 000 livres[4]. L'hôtel de Mortemart devient habitable vers 1665[4]. Pierre Rain remarque que l'hôtel était, eu égard aux hautes fonctions de son propriétaire, alors gouverneur de Paris, « de proportions relativement modestes »[7]. La façade qui donne sur la cour intérieure de l'hôtel ne dispose que de cinq fenêtres. L'aile droite du bâtiment sert alors d'écuries[8] pouvant accueillir dix chevaux[4]. Le bâtiment dispose toutefois déjà d'un escalier monumental intérieur, qui donne sur le premier étage[8]. Au milieu du jardin[11] était aussi situé un bassin avec un jet d'eau, ajout luxueux que le duc de Mortemart réussit à obtenir grâce à ses bonnes relations avec les échevins de Paris[12]. La fille du duc de Mortemart, Madame de Montespan, séjourne fréquemment dans l'hôtel particulier[13]. Michel Lambert et Jean-Baptiste Lully sont probablement venus à l'hôtel[4]. Gabriel de Rochechouart loge son enfant dans un autre hôtel particulier, au 14 rue Saint-Guillaume, construit vingt ans auparavant par Marot, et dont Pierre de la Laure s'était chargé de superviser la construction[4],[14]. Gabriel de Rochechouart vit au 27 rue Saint-Guillaume jusqu'à sa mort[15], en 1675[16]. Mourant endetté, son frère Louis de Rochechouart est contraint de régler le reste à payer du terrain acheté par Gabriel[3]. Élisabeth-Angélique de Montmorency-Bouteville loue l'hôtel de 1681 jusqu'en 1683[4]. Propriété de la famille de Ragareu (1683-1788)L'hôtel est saisi et revendu aux enchères[3] à Pierre de Ragareu, conseiller du roi de France[11]. Il cesse de s'appeler officiellement « hôtel de Mortemart »[4]. Il est flanqué, sur l'arrière, de l'hôtel de La Meilleraye, rue des Saints-Pères[4]. Plusieurs peintures de Jean-Honoré Fragonard sont exposées dans l'hôtel au XVIIIe siècle avant d'être revendues[17]. Lorsque Ragareu meurt en 1709, l'hôtel est transmis à une de ses trois filles, Marie-Anne de Ragareu, puis à la sœur de cette dernière lorsqu'elle meurt quelques mois plus tard, mariée au fils de Nicolas-Joseph Foucault[4]. Impécunieux, la famille loue un étage de l'hôtel au fils de Jean-Baptiste de Montesson de 1752 à 1770. L'hôtel est alors loué à Antoine de Quélen jusqu'en 1772[4]. En 1775, l'hôtel passe à une branche cousine, la famille de Labriffe[4]. Reventes successives (1788-1879)L'hôtel est revendu en 1788 à la famille du marquis de Lambert pour 160 000 francs[4]. Le marquis émigre à la Révolution française et sa femme divorce de lui afin que l'hôtel de Mortemart ne soit pas saisi. Il est revendu à sa mort, en 1805, pour 120 000 francs à Claude-Gabrielle de Pertuis et son fils Léonor-Anne-Gabriel de Pracomtal[4]. Ils le revendent au bout de quatre ans pour 115 000 francs à Alphonse-Hubert de Latier de Bayane[4]. Lorsque ce dernier meurt, c'est sa nièce, Catherine de Rochefort d'Ally[7], qui devient propriétaire de l'hôtel. N'occupant que le rez-de-chaussée, elle loue le premier étage à Charles Adolphe Wurtz, qui y demeure jusqu'en 1882[4]. De Rochefort d'Ally conserve la propriété de l'hôtel jusqu'en 1868, date de sa mort[4]. Elle lègue alors l'hôtel à William O'Kerrins. La famille cherche à vendre l'hôtel pour 390 000 francs en 1877, mais ne trouvant d'acheteur, le divise en plusieurs appartements et les loue[7]. Campus de Sciences Po (depuis 1879)En 1879, l'École libre des sciences politiques fondée par Émile Boutmy rachète l'hôtel de Mortemart, pour 380 000 francs[18],[3] (soit 410 000 francs tous frais compris[19],[8]), aux O'Kerrins. L'achat peut avoir lieu grâce à la généreuse donation d'un million de francs (4M€ de 2022[19]) de Maria Brignole Sale De Ferrari, duchesse de Galliera[12]. Il est ordonné par Édouard André, président du conseil d'administration de l'établissement[3]. L'école ne peut emménager immédiatement, notamment car elle doit respecter les baux des anciens locataires[4]. Des travaux sont réalisés à partir de 1882[4]. Hippolyte Taine conseille Boutmy sur l'aménagement du bâtiment à privilégier[4]. Si Pierre Rain rapporte que les travaux furent réalisés « sans trop grands frais »[7], Georges Pillement remarque que l'hôtel a été « complètement transformé »[20]. Ce qui était jadis des grands salons sont aménagés afin d'accueillir, au rez-de-chaussée, ce qui est aujourd'hui la bibliothèque René Rémond[19], et, à l'étage, des salles de classe[7]. Le sous-sol du 27, qui était jadis une cuisine et une soute à charbon, est aménagé[4]. Le bâtiment est prêt à partir de [15]. Les bureaux de l'administration sont installés au premier étage, et à l'étage supérieur, des appartements privés dédiés au directeur de l'école[12]. En , Sciences Po acquiert l'hôtel d'Eaubonne, situé au 25 rue Saint-Guillaume, adjacent au 27[21] ; une communication est créée entre les deux hôtels[4]. Des travaux importants ont lieu à la fin des années 1930. Le n°29 adjacent, hôtel du Lau d'Allemans, avait été acheté en 1912 pour 424 000 francs, sans que des travaux ne soient réalisés du fait de la Première Guerre mondiale[3]. Le directeur, Eugène d'Eichthal, décide au début des années 1930 de faire aménager l'hôtel. Il y fait construire un bâtiment moderne donnant sur le jardin, qui accueille les amphithéâtres[7]. L'hôtel de Mortemart est alors relié à l'hôtel du Lau d'Allemans par des couloirs permettant de passer du « Grand hall », appartenant à l'hôtel du Lau d'Allemans, au « Petit hall », qui jouxte la bibliothèque et qui était jadis l'entrée du n°27[4]. Lors de la transformation de l’École libre des sciences politiques en Institut d'études politiques de Paris, la propriété des deux hôtels est transférée à la Fondation nationale des sciences politiques, qui chapeaute l'institut parisien[22]. En 1948, la façade de l'hôtel est reconstruite dans un style classique par Henri Martin. Il redessine les grilles d'entrée de l'hôtel[21]. Il avait déjà créé les grands amphithéâtres de l'hôtel dans les années 1930[21]. Les n°25, 27 et 29 de la rue Saint-Guillaume voient leur entrée unifiée sur un emplacement qui correspond à l'entrée de l'hôtel du Lau d'Allemans, dans l'axe du « Grand hall »[4]. Aujourd'hui, l'hôtel de Mortemart abrite la direction de l'IEP et de la Fondation nationale des sciences politiques, ainsi que des salles de cours et des amphithéâtres, dont l'amphithéâtre Boutmy. Cette implantation a cimenté la présence de Sciences Po dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés[15]. Le sous-sol de l'hôtel est en partie occupé par 7 km de rayonnages de la bibliothèque de Sciences Po, qui y stocke une partie de ses inventaires[23]. Articles connexes
Notes et références
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