Grand Dictionnaire historique
Le Grand Dictionnaire historique, ou Le mélange curieux de l'histoire sainte et profane, est un ouvrage de Louis Moréri publié en 1674. ContenuIl s'agit de l'un des premiers dictionnaires français consacrés aux noms propres. Moréri s'inspire du Dictionarium historicum, geographicum ac poeticum de Charles Estienne, qu'il cite dans sa préface. Voltaire le considère comme « le premier en toute langue, ceux des Estienne n'étant qu'une courte nomenclature pour l'intelligence des anciens auteurs[1]. » Le sous-titre donne l'ambition de l'ouvrage : Rapportant en abrégé les vies des Patriarches, juges et rois de l'Ancien Testament, des souverains pontifes de l'Église, des Saints Pères et docteurs orthodoxes, des évêques des quatre églises patriarcales, des cardinaux et prélats célèbres et des hérésiarques, celle des empereurs de Rome, de Grèce, d'Allemagne ; païens, chrétiens et ottomans ; des rois, des princes illustres et des grands capitaines ; des auteurs grecs et latins, anciens et modernes ; des philosophes, des inventeurs des arts et autres personnes de toute sorte de professions, renommées ou par leur érudition, ou par leurs ouvrages, ou par quelque action éclatante ; faisant remarquer les plus importants traités des auteurs ; les opinions particulières des philosophes, et les principaux dogmes des hérésiarques ; et contenant la description des états, empires, royaumes, provinces, villes, îles, montagnes et fleuves considérables de l'ancienne et nouvelle géographie, où l'on remarque exactement les bornes, la situation et les qualités des pays ; les mœurs, les coutumes, le gouvernement et la religion des peuples ; avec l'histoire des conciles généraux et particuliers, synodes, conciliabules et autres assemblées ecclésiastiques en parlant des villes où elles ont été tenues ; le nom, l'établissement et la propagation des ordres religieux et militaires, et la vie de leurs fondateurs ; et l'histoire fabuleuse des Dieux et héros de l'antiquité païenne ; le tout enrichi de remarques et dissertations curieuses, tant pour l'éclaircissement des difficultés de chronologie que pour la décision des controverses historiques. En publiant ce vaste ensemble de matériaux puisés dans les nombreux recueils, galeries, dictionnaires ou autres généalogies, l’auteur cherche non seulement à proposer un tableau de l’histoire universelle, des origines mythologiques et bibliques à l’époque moderne, mais encore d’offrir un catalogue exhaustif des hommes illustres dont les trajectoires doivent, dans une perspective pédagogique et morale, servir de modèles d’action et de vertu[2]. De son vivant, Moréri ne voit paraître que la première édition, et prépare une partie de la seconde, qui est terminée par Parayre, premier commis de son protecteur, le marquis de Ponponne. Se succèdent ensuite Jean Le Clerc, Vaultier[3], Louis Ellies Dupin, Claude-Pierre Goujet et Étienne François Drouet, rédigeant d'innombrables nouvelles notices en tenant compte des remarques figurant dans le Dictionnaire historique et critique de Pierre Bayle. « On ne s'attendait pas que l'auteur du Pays d'amour, et le traducteur de Rodriguez entreprit dans sa jeunesse le premier dictionnaire de faits, qu'on eût encore vu. Ce grand travail lui coûta la vie. L'ouvrage réformé et très augmenté porte encore son nom, et n'est plus de lui. C'est une ville nouvelle bâtie sur le plan ancien. Trop de généalogies suspectes ont fait tort surtout à cet ouvrage si utile. On a fait des suppléments remplis d'erreurs », déclare Voltaire[4]. RéceptionLe succès est immédiat, avec de nombreuses éditions successives, françaises, hollandaises et suisses, et des traductions en anglais, allemand, néerlandais, italien et espagnol. Victor Hugo y puise les indications historiques qui figurent dans La Légende des siècles et dans ses romans[5]. Cependant le résultat de toutes ces additions et interventions est fortement critiqué pour ses nombreuses erreurs et son manque de cohérence : « Les gens censés sont fâchés d'y trouver toutes les momeries du jansénisme, les prétendus miracles du diacre Pâris, etc. Il est aisé d'apercevoir que des personnes de différents états, de différentes religions, de différents partis, de différents génies ont contribué à cette augmentation. C'est la tour de Babel. Il y règne une confusion grotesque, par la diversité des langues et des esprits. Les mensonges, les erreurs, les contradictions y fourmillent. Un livre de cette espèce, pour être bon, aurait dû être le fruit des travaux d'un seul rédacteur », déplore De Feller[6]. Pierre Bayle entreprend son Dictionnaire historique et critique dans le seul but de corriger les erreurs trouvées dans le Moréri. Il déclare cependant ne pas souhaiter « que l’idée méprisante que cela pourra donner de son travail diminue la reconnaissance qui lui est due. J’entre dans les sentiments d’Horace à l’égard de ceux qui nous montrent le chemin. Les premiers auteurs des dictionnaires ont bien fait des fautes ; mais ils ont mérité une gloire dont leurs successeurs ne doivent jamais les frustrer. Moréri a pris une grande peine qui a servi de quelque chose à tout le monde, et qui a donné des instructions suffisantes à beaucoup de gens. Elle a répandu la lumière dans des lieux où d’autres livres ne l’auraient jamais portée et qui n’ont pas besoin d’une connaissance exacte des faits[7]. » Éditions
— 1680 : Mort de Louis Moréri —
Bibliographie
Notes et références
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